Chapitre Vingt-Trois




"The hope is a waking dream" 
"L'espoir est un rêve éveillé" 
Aristote

"Happiness is not something ready made. It comes from your own actions."
"Le bonheur n'est pas quelque chose de prêt à l'emploi. Il vient de vos propres actions "
Dalai Lama



POV BELLA

Writing poems » - Ludvico Einaudi]


Rosalie était partie rejoindre Emmett pendant que j'étais restée dehors. Jasper me serrait toujours dans ses bras et alors que nous marchions à travers le parc de l'hôpital, je regardais les gens qui défilaient dans les allées. Certaines personnes étaient en fauteuil roulant, d'autres les poussaient et d'autres encore se déplaçaient avec leur perfusion. Elles étaient là pour diverses raisons mais mon attention se porta plus particulièrement sur la petite fille aux cheveux blonds qui était assise sur les genoux de sa mère quelques bancs plus loin. Son visage était strié de larmes alors qu'elle serrait fortement son ours contre elle. Elle avait sa tête posée contre la poitrine de sa mère qui lui caressait affectueusement les cheveux alors que ses yeux rougis fixaient l'horizon. Son regard était vide et par moment elle enserrait sa fille plus fortement comme pour se prouver qu'elle était près d'elle. J'ignorais la raison de leurs pleurs mais je ne pouvais rester plus longtemps dans cet endroit où je commençais à étouffer alors que des sentiments d'angoisse m’assaillaient. Jasper m'interrogea du regard alors que je me mis à trembler. Une main posée sur son torse et un maigre sourire semblèrent le rassurer, mais il n'était pas dupe. Un regard vers le banc  lui permit de comprendre mon malaise. Quand il posa ses yeux à nouveau sur moi, je lui fis signe que je voulais m'en aller. Nous prîmes la direction du hall. Il me suivit en silence jusqu'aux ascenseurs.

« Bee, ça va ! » me demanda-t-il.

« Ouais » soufflai-je.

« Je.. ça te dit qu'on aille manger tous les quatre ! Il est bientôt 19h et je pensais.. que la bouffe serait meilleure en dehors de cet hôpital, non ? »

« Ouais mais... tu ne devais pas garder le fils de Peter ? »

« Si, mais quand Rose m'a appelé, j'ai demandé à Makenna de le garder ! »

« Makenna ? »

« Ouais.. une amie » me dit-il en rougissant.

« Une amie ? Ou une petite amie ? » lui demandai-je en lui souriant.

« Disons qu'on apprend à se connaître ... »

« Ok.. c'est cool ! » lui dis-je.

Savoir que mon ami avait peut-être rencontré quelqu'un qui semblait le rendre heureux au vu des sourires et de la gêne qu'il venait d'exprimer me mettait du baume au cœur.

« Alors, ça te dit qu'on mange tous ensemble ? » me redemanda-t-il.

« Euh... je sais pas ... je … j'ai promis à Edward que je serais là quand il se réveillerait et je ne voudrais pas ... »

« Tu ne m'as pas dit que les médecins avaient prévu son réveil dans deux jours ? »

« Si mais ... »

« Donc Bella, il ne se réveillera pas avant ! Tu ne voulais pas aller dans un hôpital il y a de cela quelques jours et là tu veux y rester ? Je sais que c'est pas pareil mais.

« Ok, écoute ... je vais en parler avec Rose et Em', j'irai voir le médecin puis ensuite si tu veux ... on ira manger ! Ok ? »

« D'accord ! »

Alors que nous arrivions à l'étage, je vis Rose et Emmett dans le couloir. Ce dernier était assis par terre les genoux repliés contre lui, tandis que Rose lui caressait le dos. Face à cette vue qui me semblait trop familière, je me mis à courir vers eux. Rose, qui avait dû m'entendre arriver, se retourna et se leva brusquement afin de m'attraper par les épaules me stoppant dans ma course. Mes yeux s'humidifièrent alors que défilaient devant mes yeux des images du jour de la mort de ma mère. Prise de spasmes, j'avais du mal à respirer.

« Bella ? »

« … » Je la regardais tentant de voir dans son regard si quelque chose de grave venait de se passer. Elle dut voir la panique dans mes yeux car elle me serra contre elle.

« Il n'y a rien de grave, ils sont en train de lui remettre des agrafes parce que sa blessure s'est légèrement rouverte ! » me murmura-t-elle juste avant de relâcher son étreinte.

« Mais ... » l’interrogeai-je du regard.

« C'est Emmett qui s'en est aperçu et il a alerté les infirmières ! Ça ne devrait plus être long ! »

« J'ai ... eu ... » murmurai-je alors que mon corps semblait se détendre.

« Peur ?»

« Ouais ! »

A cet instant, la porte de la chambre s'ouvrit et le médecin ainsi que deux infirmières sortirent de la chambre.

« Docteur ? » l'interpellai-je alors qu'il prenait la direction opposée.

« Oui ? » me dit-il se tournant face à moi.

« Je, co ... comment va-t-il ? » demandai-je.

Il posa sa main sur mon épaule me faisant lever la tête vers lui.

« Il va bien ! Plusieurs de ses agrafes se sont détachées, il nous a fallu en remettre d'autres car la plaie s'était rouverte. »

« D'accord.. il va bientôt se réveiller ou pas ? » dis-je dans un murmure.

« Demain ou dans les jours qui suivent ! Nous avons arrêté les perfusions qui le maintenaient endormi. Mais comme nous ignorons comment son corps va réagir, il pourrait se réveiller demain, après-demain ou... »

« ... » je hochais la tête tout en me mordillant la lèvre.

« Ne vous inquiétez pas ... il va bien ! »

« Je ... »

« Oui votre ami m'a expliqué.. » me dit-il en désignant Emmett.

Je regardai l'ami en question qui trouvait tout à coup le sol intéressant. Il balançait son pied d'avant en arrière. 

« Merci ! » dis-je au médecin.

« De rien.. mais pensez à vous reposer et.. à manger » me dit-il en jetant un œil vers une des infirmières que j'avais vue plus tôt dans la journée.

« Promis

Le médecin s'éloigna et je retournai auprès de mes amis qui étaient désormais entrés dans la chambre.

Je m'approchai du lit d'Edward et attrapai sa main. Tout en fixant son visage endormi, je caressais de mon pouce le dessus de sa main. Aucun de mes amis ne parlait, cette ambiance lourde commençait à me peser. Jusqu'à ce qu'Emmett ne s'excuse. Rose lui avait expliqué la raison de mon aversion pour les hôpitaux et surtout pourquoi ma réaction avait été aussi extrême la veille. Tout en le regardant droit dans les yeux, je lui avais répondu que je ne lui en voulais pas. Le souffle qu'il avait laissé échapper de sa poitrine me permit de comprendre qu'il craignait ma réaction.

« Si on allait manger ! » dis-je.

« Tu ... » commença Rose, qui s'était approchée de moi.

« Non c'est bon ! Le médecin m'a dit qu'il ne se réveillerait pas avant demain et Jasper m'a proposé qu'on aille manger tous les quatre dans le snack juste en face alors ! » dis-je en haussant les épaules.

« D'accord, comme tu veux ! » reprit Rose.

« Tu es sûre ? » me demanda Jasper.

« Ouais ... et puis j'avoue que j'ai un peu faim ! » dis-je en souriant.

« Ok ! »

« Vous ... » dis-je en leur faisant signe que je souhaitais rester seule.

« Ouais, on attends dehors ! » reprit Emmett.

« Merci ! » soufflais-je.

Mes amis sortirent de la pièce et refermèrent la porte derrière eux. Je me retrouvais seule avec Edward. Tenant toujours sa main dans la mienne, je me penchai et déposai un baiser sur son front juste avant de glisser mon autre main dans ses cheveux.

« Je vais manger ... je ... » commençai-je.

Je secouai la tête de droite à gauche réalisant ce que j'étais en train de faire.

« Je dois être folle ! » repris-je plus pour moi-même. « Je te parle et je ne pense pas que tu m'entendes, même si les médecins m'avaient dit que je devais parler à ma mère parce qu'elle pouvait m'entendre ! Mais je n'y ai jamais cru ! » dis-je en souriant « Mais bon.. heureusement que je suis seule parce qu'on me prendrait pour une folle si quelqu'un me voyait te parler comme si tu étais éveillé ! Enfin ! » terminai-je en souriant de mon monologue.

« Donc ... je reviens ... après c'est promis ... repose-toi ! » lui murmurai-je avant de déposer un nouveau baiser sur sa joue cette fois-ci.

Je quittai la chambre en repensant à ce que je venais de faire et dire. « Repose-toi ! ». … Bella il dort ... que veux-tu qu'il fasse ? ... Qu'il danse la gigue ? ... Non mais ça tourne pas rond chez toi ... il ne va pas s'enfuir non plus ... rhâââ lalala ... 

Une fois dans le couloir je croisai le regard intrigué de mes amis.

« Pourquoi tu souris ? » me demanda Jazz.

« Pour rien.. juste que.. non rien laisse tomber.. !! » répondis-je.

« Comme tu veux ! » me dit-il avant de passer un bras autour de mes épaules et de prendre la direction de l'extérieur.

Installés tous les quatre confortablement sur les banquettes en cuir usé du restaurant face à l’hôpital, je regardais à travers les vitres le va-et-vient incessant des ambulances tandis qu'un vieux morceau de Nina Simone résonnait dans le snack. 
Mes amis discutaient depuis plusieurs minutes mais mon esprit était dans la chambre 135 avec Edward. Je repensais à tout ce qui c'était passé ces dernières quarante-huit heures et je réalisais que pour une fois tout allait bien se terminer. Un sourire se dessina sur mon visage alors qu'une larme silencieuse coula le long de ma joue. Je me sentais bien malgré la situation. Il me tardait qu'Edward se réveille pour lui avouer ce que je ressentais. 

« Bee ? » m'interpella Em'.

« Oui ? » dis-je en le regardant alors qu'il venait de me sortir de mes réflexions.

« Euh ... qu'est-ce que tu veux manger ? » me dit-il tout en me désignant de la tête la serveuse qui se trouvait devant notre table.

« Euh ... un cheeseburger, une portion de frites et un grand coca ! S'il vous plaît ! » demandai-je.

La serveuse repartit et je vis que mes trois amis me dévisageaient.

« Tu vas bien ? » me demanda à nouveau Jazz.

« Ouais, ça va mieux ... disons que je me sens soulagée.. pour une fois les choses se terminent plutôt bien, non ? »

« Oui ! » me répondit-il.

« Ah, au fait ton téléphone Bee ! » me dit Rose en me tendant mon téléphone portable.

« Où est-ce que ... » commençais-je avant qu'elle ne me coupe.

« C'est l'inspecteur Uley qui me l'a donné hier soir  et je n'ai pas pensé à te le rendre. »

« Merci ! »

Je tentais d'allumer mon téléphone mais il n'y avait apparemment plus de batterie.

« J'ai mis le chargeur dans ton sac, là-haut ! » reprit Rose lorsqu'elle me vit faire.

« Oh Merci ! »

« Le téléphone d'Edward est aussi dans ton sac, tu le lui rendras ! »

« Ouais » soufflai-je.

Mes amis reprirent leur discussion prévoyant déjà une soirée tous ensemble dès qu'Edward pourrait sortir de l'hôpital. Emmett avait fermé le bar jusqu'à mercredi et avait appelé ses parents pour les prévenir. Ils avaient voulu rentrer mais Em' les en avait dissuadé précisant que Edward allait bien et que de toutes façons, ils le verraient dans moins de dix jours maintenant. La serveuse arriva quelques minutes plus tard avec nos plats. Nous mangions tout en discutant de tout et de rien, comme si mes amis essayaient d'éviter le sujet. Par moment, je voyais bien que ça démangeait Emmett. Il voulait en savoir plus, et je pouvais le comprendre, mais il avait respecté mon silence tout comme Rose et Jazz, pensant probablement que je lui en parlerais plus tard. Moi ou Edward.

Le soleil commençait à se coucher, je décidais alors de retourner auprès d'Edward. Il me manquait autant qu'il me tardait qu'il se réveille.

Mes amis m'enlacèrent l'un après l'autre tout en me glissant des mots de réconfort au creux de l'oreille. Rose m'avait promis de revenir le lendemain tandis qu'Emmett et Jazz devait retourner au bar pour y remettre de l'ordre suite au départ précipité de Em' hier soir.


[ « Damage Control » - Chris Pureka]


Je remontais doucement croisant des malades et leurs familles dans les couloirs. Alors que j'arrivais devant la porte, je vis un policier en uniforme. Je me demandais ce qu'il pouvait bien faire là. Une fois à sa hauteur, je le saluai.

« Bonsoir ! »

« Bonsoir Madame. » me dit-il.

« Je.. je peux savoir ce que vous faites devant la chambre de mon ami ? » lui demandai-je.

« Eh bien, c'est l'inspecteur Uley qui m'envoie ! »

« Pour.. pourquoi ? » demandai-je craignant la réponse qu'il allait me donner.

« Eh bien, Melle Denali a été libérée il y a une heure. ! »

Un frisson d'effroi parcourut alors tout mon corps. Je serrai les poings en réalisant ce qu'il venait de me dire.

« Co ... comment ? »

Au même moment la porte de la chambre s'ouvrit et l'inspecteur Uley en sortit.

« Mademoiselle Swan ! » me dit-il.

« Qu'est-ce qui se passe ? Comment se fait-il que cette folle ait pu être libérée ? » dis-je un peu sèchement sentant la colère et la rage revenir à grand pas.

« Je ... son oncle ! » dit-il l'air navré.

« Son oncle ! » dis-je un peu fort alors qu'un membre du personnel médical me fit signe de baisser d'un ton.

« Venez » me dit-il tout en m'entraînant vers la salle d'attente située au bout du couloir.

Je le suivis et m'asseyais dans un des fauteuils tandis qu'il s'installait face à moi.

« Comme nous n'avons aucun témoignage et que son oncle a réussi à faire en sorte que l'enregistrement audio, qui a été fait alors que Monsieur Cullen nous avait appelé, ne puisse être recevable, le juge a autorisé sa mise en liberté sous caution. Elle doit normalement rester consignée chez son père jusqu'au procès sauf si nous apportons de nouvelles preuves ! » me dit-il.

« Je ... dites-moi que je rêve ! » repris-je « Cette folle tente de tuer mon ami, m'agresse et elle peut sortir tranquillement ? »

« Je sais ! Je suis aussi surpris que vous ! De peur qu'elle ne tente à nouveau de s'en prendre à vous, j'ai préféré mettre un agent devant votre porte ! »

« Merci ! » dis-je à moitié soulagée.

Uley tenta de m'offrir un léger sourire malgré la situation. Je bouillais de l'intérieur, me demandant comment de telles choses pouvaient être possibles. Je repensais soudain à ce qu'il venait de me dire « ... apportons de nouvelles preuves ».

« Je.. vous voulez m'interroger ? » demandais-je.

« On doit se  voir demain, non ? »

« Je sais mais est-ce que mon témoignage peut faire en sorte qu'elle réintègre la cellule dans laquelle elle était il y a à peine une heure ? »

« Eh bien ... »

« Oui ou non ? » demandais-je sur un ton un peu plus sec le regard vrillé sur lui.

« Oui mais ... »

« Mais ? »

« Mais il faudrait que vous veniez au poste pour que cela soit recevable, qu'on puisse entre autre vous enregistrer et vous faire signer le procès-verbal ! »

« Ok, on y va ! » dis-je d'un ton décidé.

« Mais ? »

« Laissez-moi deux minutes, je vais appeler mes amis pour les prévenir, je passe voir Edward et on y va ! »

« Comme vous voulez ! »

Je lui fis signe de la tête avant de me diriger vers la chambre d'Edward. J'attrapai mon téléphone portable, le branchait sur une des prises et l'allumait. Pendant ce temps je j’allais près de l'homme que j'aimais. Je lui pris la main avant d'approcher mon visage du sien. 

« Edward ... c'est Bella ... je vais devoir m'absenter ... j'ai ... j'ai quelque chose d'important à faire mais je reviens, c'est promis. »

Tout en lui disant ça, je sentis ses doigts serrer légèrement les miens.

« Edward ? » l'appelai-je mes yeux fixant son visage, guettant le moindre mouvement.

Mais rien ne vint. Ce devait être le fruit de mon imagination. Je secouai la tête et l'embrassai tendrement sur le front avant de ressortir de la chambre avec mon téléphone. J'appelai Jazz et lui demandai de me rejoindre au poste de police. Je n'avais plus de batterie et je souhaitais ne pas être seule pour faire ce que j'allais faire c'est à dire replonger dans les souvenirs trop frais et violents de cette soirée cauchemardesque.

« Ne vous inquiétez pas il ne quittera pas son poste et ... ah le voilà ... un deuxième agent va être avec lui ! » me dit Uley en désignant le policier qui venait de sortir de l'ascenseur.

Il lui donna ses instructions et nous prîmes la direction de son bureau.

Vingt minutes plus tard, je franchissais les portes du poste et retrouvais Jazz qui m'attendait.

On m'installa dans une salle d'interrogatoire et une femme vint m'expliquer ce qui allait se passer. Ils acceptèrent le fait que Jazz puisse être avec moi. Je ne savais pas quelles allaient être mes réactions mais j'avais besoin que mon ami puisse me soutenir. 

Durant tout l'interrogatoire, Jazz n'avait pas lâché ma main. Les questions avaient été très précises et le fait de raconter chaque détail de cette agression me perturba. Jazz découvrait en même temps que les policiers ce qu'il s'était passé chez Edward mais aussi la manière dont je l'avais vécu. Nous avions dû interrompre à plusieurs reprises l'interrogatoire lorsque j'avais été prise de crises spasmodiques incontrôlables. Jasper, fidèle à lui-même, avait su trouver les mots et les gestes pour me réconforter et m'apaiser à chaque fois. J'avais pu voir la tristesse et la douleur dans ses yeux lorsque je croisais son regard lors de mes réponses. Il m'avait offert quelques sourires comme pour me dire que tout était fini et que plus rien n'arriverait.

« C'est bon, je vais vous demander de patienter quelques minutes, le temps de tout mettre par écrit et ensuite je vous ferais signer les papiers ! »

« D'accord » répondis-je.

« Excusez-moi ? » demanda Jasper à l'agent.

« Oui ? » répondit un des agents qui avait pris ma déposition.

« Est-ce qu'avec ça on est sûr qu'elle restera derrière les barreaux ? »

« Monsieur, je ne peux pas vous le garantir, mais au vu de tous les éléments que vient de nous donner Mademoiselle Swan, je pense que oui ! »

« Merci ! » dit-il avant de passer un bras autour de mes épaules et de me guider vers l'extérieur.

Une demi-heure plus tard alors que j'étais plongée dans mes souvenirs de cette soirée, quelqu'un me demanda de le suivre pour signer les papiers. Cela fait, l'inspecteur Uley revint vers moi.

« Je vais faxer votre déposition au procureur et je vous tiens au courant ! »

« Merci ! »

« Merci à vous ! Il faudra aussi que j'interroge Monsieur Cullen ! »

« ... » je ne répondis pas mais le regard noir que je lui lançai le fit reprendre.

« Quand il sera en état, ne vous inquiétez pas ! »

« Merci » soufflai-je.

Épuisée et vidée par ses trois heures d'interrogatoire, Jasper me raccompagna à l'hôpital auprès d'Edward. Après m'avoir proposé de rester, il était reparti rejoindre son amie, Makenna.

Les deux policiers étaient toujours devant la porte lorsque j'entrais dans la chambre. 
Je me dirigeai vers Edward et dès que j'eus pris sa main, je me sentis mieux, comme si ce moment au poste n'avait jamais eu lieu. Je déposai un baiser sur sa joue et pris la direction de la douche. J'avais besoin de me relaxer avant de tenter de dormir. Une fois fait, je décidai de m'allonger sur le lit d'appoint. 

J'attrapai la main d'Edward comme la veille et regardai le ciel étoilé à travers les stores vénitiens. La nuit était claire, la lune éclairait partiellement la chambre.

« Je suis allée au poste de police, c'est pour ça que je suis partie toute à l'heure. Je ... Tanya a pu être libérée et je ne voulais pas qu'elle puisse s'en prendre une nouvelle fois à toi ! »

[ « Angel » - Sarah MacLahan ]


Une larme silencieuse coula le long de ma joue. La première d'une longue série.

« Je ... je voulais m'excuser.. je n'ai pas été très attentionnée envers toi ces derniers temps ... je ... ta musique, celle que tu as joué hier soir et bien ... Edward je ... » commençai-je avant de m'asseoir sur le lit déposant ma tête sur le bord de son lit. Je soufflais et mes mains tremblaient.

« Je ... » je relevai ma tête vers lui avant de poser mon regard sur ma main qui tenait la sienne. Je dessinai des cercles imaginaires sur le dessus de sa main avant d'y déposer un baiser.

Je me délectai de la douceur de sa peau alors que je tentai d'ordonner mes pensées qui étaient prises d'assaut par les milliers d'émotions qui me percutaient. Des papillons semblaient prendre leur envol dans mon ventre et je commençais à avoir chaud. Je posais mon regard sur son visage. Je voulais lui dire tellement de choses. Je savais que ce n'était pas très courageux de ma part puisqu'il ne pourrait pas me répondre ni me dévisager comme il savait si bien le faire. Mais au moins je ne craignais pas de perdre instantanément mes moyens, car chacun de ses regards et de ses sourires avaient le don de me rendre fébrile. Il l'ignorait ou tout du moins j'espérais qu'il n'est pas découvert l'effet qu'il avait sur moi. 
Je tentais de réunir mes pensées car après tout, il pouvait peut-être m'entendre. Je serrais sa main et soufflais pour me donner le courage de dire à voix haute ce qui me rongeait depuis plusieurs minutes. Incapable de le regarder, je posais mon front sur nos mains jointes.

« Je ... quand je t'ai dit qu'il fallait que ma tête réalise ce que mon cœur ne pouvait désormais plus nier ... je crois que tu as réussi à faire ça » commençais-je avant de relever mon visage vers lui « ... je t'aime Edward et ça me tue de ne pas avoir pu te le dire hier soir ... peut-être que tu ne serais pas allé ouvrir cette foutue porte, peut-être que si je te l'avais dit le jour où nous avons discuté, on aurait été chez moi ... je ... je voudrais tellement que tu te réveilles ... » murmurai-je.

Les larmes continuaient à glisser sur mon visage. Je les essuyais avec mon bras avant de poser à nouveau mes yeux sur lui. Il semblait si détendu. Je sentis alors ses doigts serrer ma main. Ça faisait deux fois en quelques heures, je ne pouvais plus rêver. Je me redressai vivement et m'approchai de lui sans jamais lâcher sa main.

« Edward ? » l'appelai-je en caressant ses cheveux de mon autre main.

« Edward, tu m'entends ? » répétai-je.

Au même moment, je sentis à nouveau ses doigts bouger. Mon cœur s'emballa et un sourire se dessina sur mon visage. J'attrapai la sonnette située au-dessus de son lit afin que quelqu'un vienne. Deux minutes plus tard, alors que je guettais le moindre mouvement sur son visage, une infirmière pénétra dans la chambre.

« Que se passe-t-il Mademoiselle ? » me demanda-t-elle.

« Je crois qu'il a bougé mais.. »

« Je vais chercher le médecin ! » me dit-elle avant de ressortir de la chambre.

« Edward ... je sais que tu peux m'entendre, reviens s'il te plaît ! » le suppliai-je.

Je ne l'avais pas quitté et quand le médecin entra dans la chambre quelques minutes plus tard, il semblait surpris.

« L'infirmière m'a dit qu'il se réveillait ? »

« Je ne sais pas mais je lui parlais et ... »

« Et ? »

« Ne me prenez pas pour une folle mais quand ma mère était dans le coma, on m'avait dit qu'il fallait que je lui parle alors.. »

« Non c'est bien ... il vous entend vous savez ! »

« Si vous le dites.. donc ses doigts ont bougé, il a ... il a serré ma main ! » dis-je en regardant le médecin.

« Ok ! » me dit-il en attrapant une lampe dans sa poche.

Il souleva l'une après l'autre les paupières d'Edward en agitant la lumière devant ses yeux. Ses pupilles semblaient bouger. Surprise, j'interrogeai le médecin du regard.

« Oui, il est en train de se réveiller, ses pupilles sont beaucoup plus réactives qu'il y a une heure ! »

« Et ? » repris-je.

« Et il ne devrait pas tarder à se réveiller ! Continuez à lui parler, je reviendrai dans une heure ! »

« Merci ! »

« De rien ! » me dit-il en souriant.

Le médecin sortit de la chambre et le silence qui régnait il y a quelques minutes était revenu. Je me sentais heureuse et impatiente. Le sentiment de joie qui avait pris possession de mon corps était en train d'exploser alors que mes nerfs qui me tenaient debout depuis presque quarante-huit heures commençaient à lâcher. Je me sentais épuisée et pourtant alerte. Je ne voulais pas m'endormir alors qu'Edward risquait de se réveiller à tout instant. 
J'approchai encore plus mon lit de celui d'Edward. Assise en tailleur, je posai ma tête sur le bord de son lit tout en ayant le visage tourné vers lui. Je ne voulais pas lâcher sa main, ce contact me rassurait et c'était peut-être ce qui me permettrait de savoir s'il se réveillait.

« Tu sais ... il me tarde que tu te réveilles ... c'est bête mais je ne serai rassurée que lorsque tu ouvriras les yeux ... je ... Je ne sais pas pourquoi je te dis ça en fait ... mais même si tout le monde me dit que tu vas te réveiller ben … tant que je ne le verrai pas je ne serai pas totalement rassurée !! Les profondes angoisses ont la vie dure tu sais ! » 

Je relevai la tête fixant le point lumineux de la veilleuse perdue dans mes pensées. Puis les mots sortirent sans que je le réalise.

« Je ne sais pas comment tu t'y es pris mais tu as réussi à briser une à une les barrières que j'avais érigées autour de mon cœur. » dis-je en tournant ma tête vers lui « Je voulais te parler l'autre soir après que tu aies joué pour moi ! Mais je n'arrivais pas à trouver les mots, trop bouleversée par ta chanson. Je crois que je suis tombée amoureuse la première fois que tu es venu chez moi ! Tu semblais si fragile et si brisé alors qu'en façade tu affichais cette confiance inébranlable ! Mais c'est ce côté arrogant qui m'a rebuté au début puis au fur à mesure des séances, je t'ai vu autrement ! C'est aussi pour ça que j'ai accepté de coucher avec toi ! … »

« Puis ton silence m'a blessée ! Je crois qu'au fond de moi je voulais croire que je serais différente des autres ... tu m'as prouvé que c'était le cas or j'ai trop souffert par amour ! Et j'ai voulu me protéger mais toi, encore une fois ... tu as su subtilement détruire ce que j'avais consciencieusement mis en place depuis quelques années. Tu ... » soufflai-je.

« Tu étais là, à chaque fois avec ton sourire et cette façon de me regarder comme si j'étais ... je sais pas ... la chose la plus précieuse et la plus fragile qui puissent exister … et puis petit à petit ma carapace s'est fendue jusqu'au moment où, sur ta terrasse, elle a littéralement explosé ! Je.. tu ne dois pas être jaloux … car depuis le début je sais que c'est toi même s'il m'a fallu du temps pour le comprendre réellement. Je ... quand tu seras réveillé et que tu sortiras d'ici, je ne te laisserais plus partir ... je t'aime trop pour ça ... et s'il faut que je fasse des trucs insensés et bien je les ferai » dis-je en riant « … juste pour toi ... »

« Tu nous manques... tu me manques... » murmurai-je.

« Tu sais Emmett a déjà prévu un autre barbecue dès que tu pourras sortir ! Je suis heureuse d'avoir fait la connaissance de ton frère. C'est une personne extraordinaire ! Il trouve toujours les mots pour te faire rire même dans les situations qui ne s'y prêtent pas ! Et pourtant, on peut compter sur lui quoiqu'il arrive ! Mais je pense que tu le sais !»
Je repensais à notre échange lorsque j'avais décidé de remonter auprès d'Edward après notre repas au snack.

Flashback : 


Je venais de sortir du snack. Rose et Emmett me suivaient alors que Jasper me tenait par les épaules. Jazz m'avait embrassé, tout en m'enlaçant, il me demandait si je désirais qu'il reste. Je lui répondais que je pourrais gérer seule. Et à ce moment-là, la voix tonitruante d'Emmett résonna dans la rue. 
« Bien sûr qu'elle a pas besoin de toi !! Elle va être trop occupé avec Ed' ! » dit-il. 
« ... » je le regardais tentant de savoir où il voulait en venir. 
« Em' ? » demanda Rose qui semblait aussi perdue que moi. 
« Bah quoi ... tu crois quand même pas qu'elle le regarde dormir ! Je suis sûre que tu abuses de mon frère là-haut ! En fait il le fait exprès pour être seul avec toi et j'avoue qu'il aurait tort de s'en priver ! » dit-il en me faisant un clin d’œil et souriant de toutes ses dents. 
« Em' » dit Rose avant de lui coller une tape derrière la tête. 
« Aïe ... ça fait mal !! » 
« ... » Rose le regardait méchamment. 
« Bah quoi ! C'est pas vrai ? Ne me dis-pas que mon frangin n'en profite pas là-haut ! ... en même temps il rêve depuis des mois de dormir auprès d'elle et là, il l'a pour lui tout seul ! Putain et en plus il se fait dorloter par je ne sais combien d'infirmières ! Quel veinard !» reprit-il en commençant à rire. 
Jazz, Em' et moi explosions de rire sur le trottoir devant le visage déconfis de Rose. Jasper avait tenté d'expliquer ce qu'Emmett avait chercher à faire mais il reçut lui aussi une tape sur la tête. Mes deux amis semblaient être très impressionnés par ce petit bout de femme qui était devenue mon amie. Je ne cessais de rire devant la tête hilare d'Emmett qui lui-même n'arrêtait pas de rire. Il était plié en deux répétant certains mots qu'il venait de dire alors que Rose les bras croisés sur la poitrine tapait gentiment du pied sur le bitume. 
« Rose ! » l'interpellai-je en tentant de calmer mes rires. 
« Quoi ? » me dit-elle un peu en colère. 
« Je ... c'est Emmett et tu sais quoi ! Ça m'a fait du bien de rire comme ça ! Y a que lui pour sortir des bêtises pareilles dans un moment pareil mais c'est aussi pour ça que tu l'aimes non ? » 
« Mouais » dit-elle la bouche légèrement boudeuse. 
« Rose, bébé ... s'teu plaît ... tout va bien ... il va se réveiller et tout ira bien ... excuse-moi je pensais pas que ... » 
« C'est bon, je ... je trouvais ça déplacé vis à vis de Bee, c'est tout mais apparemment ... ! » dit-elle en me désignant alors que j'avais un sourire niais sur le visage. 
« Non je l'ai bien pris Rose, même si je me demandais où il voulait en venir  mais quand j'ai vu sa tête, j'ai su qu'il allait sortir une énorme connerie et la preuve ! Tu sais Em' n'aurait pas dit ça si Edward avait été au plus mal alors je ne lui en veux vraiment pas ! Au contraire. » lui répondis-je en souriant. 
« Ok! » dit-elle en esquissant un sourire. 
Chacun d'eux m'avait enlacée avant de partir. Le mot de la fin fut bien sûr pour Emmett qui me fit rire à nouveau. 
« Hey Bee ! Bonne nuit ! » me dit-il le regard lubrique.
Fin du flashback.

Un bâillement sorti de ma bouche alors que le médecin entra à nouveau dans la chambre.

« Désolé, j'ai frappé mais comme vous ne répondiez pas, je suis entré ! »

« Ce n'est pas grave ! »

Le médecin releva ses constantes et testa à nouveau ses réactions oculaires.

« Alors ? » demandais-je.

« Je pense qu'il sera réveillé demain ! Reposez-vous un peu en attendant! »

« Mais je ... »

« Ne vous inquiétez pas, son réveil est imminent mais vous avez du temps pour dormir ! »

« Merci » soufflai-je.

Dès qu'il fut sorti, j'éteignis la lumière de la chambre ne laissant que la veilleuse située au-dessus du lit d'Edward allumée. Je m'allongeais comme je pus tenant toujours aussi fermement que possible sa main. Je sentis à nouveau ses doigts bouger ce qui me fit sourire. 

« Je t'aime ... » murmurai-je avant de fermer mes yeux et de m'endormir au bout de quelques minutes.


POV EDWARD


J’entendais quelqu'un me parler mais je ne distinguais pas les mots même si les vibrations me procuraient un sentiment de sécurité et de bonheur. Une douce chaleur se faisait sentir au niveau de ma main. La sensation était agréable et je me sentais bien. J'ignorais où j'étais mais une douleur, à peine perceptible au départ commençait à être de plus en plus vive au niveau de mon ventre. Je tentais de bouger mais je n'y arrivais pas. Je commençais à paniquer et je voulus ouvrir les yeux mais je dus me résoudre au fait que je n'y arrivais pas non plus. 

Puis j'entendis une voix douce qui me parlait alors que je sentais qu'on me caressait les cheveux. Cette voix me calma aussitôt. Je tentais de bouger les doigts et je sentis alors une légère pression sur ma main. Je tentais de faire de même et je fus heureux de constater que j'y arrivais. Un souffle chaud semblait caresser mon visage alors qu'un doux parfum de freesia m'arrivait par vague. Bella. Je me demandais ce qu'elle faisait là et pourquoi je ne pouvais ni bouger, ni ouvrir les yeux. J'essayais en vain de me rappeler. C'est alors que le souvenir du sourire de Bella sur la terrasse me parvint puis des flashs de ce qui c'était passé par la suite se projetèrent derrière mes paupières. La sonnette de l'appartement, Tanya, le couteau, toute la soirée défila tel un film jusqu'au trou noir juste après avoir vu Bella frapper Tanya.

Une douleur fulgurante se fit sentir dans mon ventre et j'avais envie de hurler mais aucun son ne sortit. Et là, c'est comme si quelqu'un avait pu m'entendre car quelques minutes plus tard, la douleur s'estompa. J'entendais des bips réguliers et une voix. Cette voix, c'était la sienne. Elle réchauffa instantanément mon cœur même si je ne savais pas quand je pourrais bouger ni ouvrir les yeux. J'aurais dû angoisser mais la sonorité si particulière de sa voix m'apaisait. Si j'avais pu j'aurais souri.


POV BELLA

L'origine Nascosta » - Ludvico Einaudi ]


Les bips rapides du moniteur me sortirent de mon sommeil. Je me relevai et le visage d'Edward semblait crispé. J'appelai l'infirmière qui arriva rapidement.

« Que se passe-t-il ? » me demanda-t-elle.

« J'en sais rien mais son cœur semble avoir fait une embardée et regardez son visage ! Il doit avoir mal non ? »

« Impossible, il est sous antalgique ! »

« Ouais bah ils ne doivent pas être assez fort vos antalgiques, donnez-lui quelque chose ! »

« Je vais voir ce que je peux faire ! »

« Merci ! »

Elle ressortit.

« Edward c'est Bella, je sais que tu dois avoir mal, mais l'infirmière va venir te donner quelque chose ! »

Je serrai sa main et à nouveau je sentis la sienne me serrer un peu plus fortement que les dernières fois. Je souriais. Quelques minutes plus tard alors que je n'avais pas cessé de lui parler, le médecin entra et demanda à l'infirmière d'administrer un antalgique plus fort à Edward.

« C'est normal, nous avons arrêté les somnifères et les opiacés du coup il ressent désormais la douleur ! En règle général nous attendons le réveil du patient pour savoir à quel niveau se situe la douleur mais là, vu ce que l'infirmière m'a décrit, je pense qu'il devait souffrir ! Ça devrait aller mieux dans quelques minutes ! » me dit-il.

« Merci ! »

« Non, merci à vous ! Si vous n'aviez pas réagi, il aurait pu souffrir encore un long moment ! »

« ... »

« Je vous laisse ! À plus tard ! »

« D'accord ! »

Je regardai à nouveau Edward et son visage semblait à nouveau plus détendu. Je lui murmurai quelques mots avant d'attraper mon téléphone. Il était quatre heures du matin. Je me rallongeai sur mon lit et regardais à travers la fenêtre. Je dus m'endormir car je fus réveillée quelques heures plus tard par la visite d'une infirmière. Elle avait contrôlé les constantes d'Edward avant de lui ôter la perfusion d'antalgiques que le médecin lui avait administrés plus tôt. 

Il était six heures du matin et le soleil commençait à se lever. Je sortis de mon lit et admirai la vue sur le fleuve. Edward ne s'était toujours pas réveillé mais en repensant à ce qui s'était passé cette nuit, un sourire léger se dessina sur mon visage. Je décidai d'entrouvrir la fenêtre afin que l'air frais du matin puisse pénétrer dans la pièce. Des odeurs d'iode et d'herbe mouillée me parvenaient depuis le jardin situé juste en dessous de la chambre. Le parc était désert et seuls les bruits des mouettes et de quelques oiseaux se faisaient entendre. Je levais mes yeux vers le ciel. La lune était encore présente alors que de légères teintes roses orangées coloraient le ciel. Les quelques nuages disséminés avaient pris une teinte mauve tandis que les oiseaux présents semblaient faire la course. Je trouvais ce spectacle magnifique. 

« Si tu pouvais voir ça ! C'est la première fois que je vois toutes ces couleurs dans le ciel ! »

« Bella » entendis-je murmurer.

Je me retournai vivement et ce que je vis me fit bondir près du lit. Edward avait les yeux ouverts. Je m'approchai et attrapai sa main. Il fit alors glisser ses doigts entre les miens. Je me penchai au-dessus de lui souriant à m'en faire mal. J'étais si heureuse que mon cœur se déchaîna dans ma poitrine. Je fis glisser une de mes mains dans ses cheveux savourant la douceur de ces derniers. Nous nous fixions dans le silence le plus complet. Il esquissa un léger sourire. Des frissons de plaisir sillonnaient  ma peau lorsqu'il fit glisser son pouce sur le dessus de ma main.

« Tu pleures ? » me demanda-t-il.

« Non ... enfin oui mais c'est pas grave ... je ... je vais appeler le médecin. Je reviens ! » dis-je tout en m'essuyant les yeux.

Alors que je m'apprêtais à m'éloigner, je sentis sa prise sur ma main se renforcer.

« Reste » entendis-je dans un murmure.

« Je ... tu as besoin de quelque chose ? »

« De l'eau, j'ai soif »

« Ok, je reviens ! »

Je m'éloignai en lui faisant signe que j'allais juste à la salle de bains. Je le vis tourner légèrement la tête sur le côté. Et quand je revins dans la chambre avec le verre, mes yeux s'accrochèrent aux siens. Mon cœur se mit à battre plus fort. Des larmes dévalaient toujours sur mes joues mais le soulagement et la joie que je ressentais de le voir enfin réveillé ne me permettaient pas de les contrôler.
Je m'approchai du lit. Il tenta de se redresser avant de retomber lourdement sur le matelas.

« Laisse, je vais t'aider. »

« Merci ! »

Je glissais une de mes mains sous sa nuque tandis que j'approchais le verre de l'autre. Il l'attrapa avec son autre main mais son visage se crispa.

« Edward ? »

« C'est rien ... j'ai juste un peu mal ... » me dit-il avant de boire une gorgée.

« Je vais appeler le doc ! »

« Non ! »

« Je vais appuyer sur la sonnette et comme ça je reste là » dis-je en lui souriant.

Il hocha de la tête tout en me dévisageant. J'attrapai la télécommande du lit et relevai un peu le haut du lit avant d'appuyer sur la sonnette.

« Ça va comme ça ? » lui demandai-je.

« Ouais merci ! » me dit-il avant de faire une grimace alors qu'il cherchait à redresser.

« Edward reste tranquille ! »

« Ouais … je ... ça fait longtemps que je suis là ? » me demanda-t-il.

« Deux jours ! »

« Oh ! »

« Tu te souviens de ce qui s'est passé ? » lui demandai-je.

« Ouais, je ... tu vas bien ? » me demanda-t-il.

« Je ... oui beaucoup mieux depuis que tu es réveillé !» dis-je doucement en baissant les yeux. « Mais c'est plutôt à toi que je devrais le demander non ? »

« J'ai connu des jours meilleurs » me dit-il avant de grimacer.

Il semblait avoir mal et je commençais à trouver le temps long.

« Mais qu'est-ce qu'elles font ? » dis-je un peu vivement.

« Bella ... c'est bon ! J'ai mal mais ça va ok ! »

« Ouais » soufflai-je avant de me laisser tomber sur mon lit.

Je posai mon front contre le matelas ne sachant pas quoi lui dire.

...pourtant tout à l'heure, tu as su quoi lui dire ... ouais mais il dormait ... ouais mais ma belle va falloir lui dire ce que tu ressens ... tu as promis ... et Charlie dit toujours qu'une promesse doit toujours être tenue ... ouais ... 

Alors que je repensais à tout ce que je lui avais dit plus tôt, je sentis sa main se séparer de la mienne avant de la sentir dans mes cheveux.


POV EDWARD

Una Mattina » - Ludvico Einaudi ] (NA : parfois certaines musiques n'ont pas besoin de mots)


Bella avait la tête posée sur mon lit depuis quelques minutes. Je ne savais pas si elle dormait mais j'avais envie de passer mes doigts dans ses cheveux comme elle l'avait fait plus tôt avec moi. Je retirai ma main de la sienne et fis glisser mes doigts entre ses boucles brunes. Je fermai les yeux pour apprécier l'instant priant pour que personne ne vienne nous déranger. J'avais mal mais c'était supportable à côté de la douleur que j'avais ressenti lorsque je l'avais vu pleurer. Elle m'avait rassuré mais je n'étais pas dupe.

Elle avait dû rester là pendant les deux jours où j'avais été inconscient, persuadée d'être responsable de ce qui s'était passé ce soir-là. Quelque chose au fond de moi avait senti sa présence rassurante. Il m'avait semblé entendre sa voix et j'avais la quasi-certitude qu'elle m'avait parlé d'elle. J'avais ce sentiment étrange qu'elle m'avait dit qu'elle m'aimait sans en avoir le moindre souvenir. 
Puis ces trois petits mots qui faisaient partie de moi depuis des mois sortirent de ma bouche tel un souffle.

« Je t'aime » lâchai-je.
Je pensais la sentir se tendre ce qui avait stoppé mes caresses dans ses cheveux. Mais au lieu de ça, je l'avais senti souffler comme si elle avait bloqué sa respiration. Le silence qui régnait dans la pièce me paralysait. Je craignais ce qui allait suivre et pourtant...

« Moi aussi » murmura-t-elle.

Je croyais que j'avais rêvé mais lorsque je la vis lever son visage vers moi, je sus que ce n'était pas le cas. Elle me dévisageait alors que les bips du moniteur cardiaque s'emballèrent. Foutue machine. J'arquais les sourcils tout en souriant.

« Je vois que ça ne te laisse pas indifférent ? » reprit-elle.

« Tu devrais le savoir depuis le temps » dis-je.

« Oui ... je sais » me dit-elle en se levant.

Je la vis s'approcher de moi alors que ses yeux ne quittaient pas les miens. Ce que je découvris dans son regard ne calma pas les battements de mon cœur. Elle n'était plus qu'à quelques centimètres de moi lorsque je la vis défaire les électrodes accrochées sur ma poitrine. Je tournai mon visage vers elle.

« Je ne voudrais pas que nous alertions les infirmières ! » me dit-elle le sourire aux lèvres.

Je souriais littéralement et je la remerciais intérieurement car à cet instant mon cœur battait si fort que je pouvais en sentir les battements dans mes tempes. Ma respiration était devenue plus rapide. Elle devait être probablement dans le même état que le mien car sa poitrine se soulevait rapidement. 
Quand je posai mes yeux à nouveau sur elle, ses yeux étaient si proches que j'avais l'impression de me noyer dans son regard. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche pour savoir ce qu'elle voulait que je sentis ses lèvres se poser sur les miennes. Et là ce fut comme si une décharge électrique me parcourut le corps. La sensation de ses lèvres chaudes et douces sur les miennes me donnait un goût de paradis. J'avais tellement rêvé de pouvoir à nouveau l'embrasser que je fis glisser une de mes mains derrière sa nuque pour l'approcher encore plus de moi. Elle posa une main sur ma poitrine tandis que l'autre avait trouvé le chemin de mes cheveux. 
Ne souhaitant pas la relâcher et malgré la douleur dans mon ventre, j'entrouvris légèrement mes lèvres quémandant l'accès à sa bouche en faisant glisser délicatement ma langue sur ses lèvres. Le bonheur que je ressentis à l'instant même où elle m'y accorda l'accès calma instantanément la douleur. Il n'y avait plus qu'elle. Je me sentais vivant et les sentiments que j'éprouvais pour elle explosaient en un millier d'étoiles devant mes yeux clos. 

J'entendis vaguement une porte s'ouvrir mais ni l'un ni l'autre n'y avait vraiment prêté attention jusqu'à ce qu'un raclement de gorge se fasse entendre. Alors que je tournais la tête pour voir qui venait d'entrer, je pouvais encore sentir le regard de Bella sur moi.

« Je vois que vous êtes réveillé » constata l'infirmière.

« Ouais » répondis-je.

« Bien je vais chercher le médecin ! » nous dit-elle avant de quitter la pièce.

Je n'attendis pas qu'elle sorte pour me tourner vers Bella. Elle me souriait et j'avoue que je devais avoir un sourire niais scotché au visage. Elle vint déposer à nouveau ses lèvres sur les miennes dans un chaste baiser. Je posais ma main sur sa joue tout en la caressant, savourant par la même occasion la douceur de sa peau. Lorsqu'elle se recula, je la vis fermer les yeux et plaquer un peu plus son visage contre ma main. Elle rouvrit les yeux. Des milliers d'émotions s'échappaient de ces derniers gonflant mon cœur de joie.

« Je dois rêver ! » lâchai-je.

« Non ! » me répondit-elle.

« Je... » commençai-je.

« Edward, je ... » commença-t-elle en baissant les yeux.

Alors que je m'apprêtais à parler elle déposa son doigt sur ma bouche tout en me fixant droit dans les yeux. 

« L'autre soir … sur ta terrasse... ta chanson, et bien je voulais te dire à ce moment-là ce que je ressentais pour toi mais je n'arrivais pas trouver mes mots. Ça fait longtemps que je sais ce que je ressens pour toi mais il y a certaines choses de mon passé que tu ignores qui font que je ne voulais pas m'attacher à quelqu'un d'autre ! Mais l'autre soir avec tes paroles, et ce qui s'est passé avec Nahuel au MET, je me suis dit qu'il était peut-être temps. Mais ... »

« Tanya est arrivée ! » murmurai-je.

« Oui, si tu savais comme j'ai eu peur et quand je t'ai vu t'effondrer j'ai cru que jamais je ... c'est comme si mes pires cauchemars se déroulaient devant mes yeux ... » me dit-elle alors que des larmes affluaient à nouveau.

Dans un geste d'attention je l'attirai vers moi. Elle prit place sur le lit alors que je serrais sa main tout en essuyant les larmes qui dévalaient sur ses joues de mon pouce.

« Shhh Bella, je vais bien ... »

« Oui mais ... »

« Pas de mais ... » repris-je.

Elle leva son visage vers le mien et son regard semblait déterminé. Je cherchais dans ses yeux ce qu'elle voulait mais je n'eus pas à attendre longtemps.

« Tu as brisé ce que j'avais mis des années à construire » commença-t-elle.

« ... » Je commençais à angoisser mais elle dut le voir car elle poursuivit en  reprenant ma main, que je venais d'enlever, dans la sienne.

« Edward ce que je cherche à te dire c'est que tu as su me faire prendre conscience de mes sentiments envers toi ! »

« Oh ! » soufflai-je de soulagement.

« Je ... je ne veux plus être loin de toi ... je ... tu es important pour moi plus que tu ne peux l'imaginer ! Mon père m'a dit d'ouvrir mon cœur et je crois que tu avais déjà trouvé la clé ... » me dit-elle.

« ... » je la regardais fixement. Ses yeux brillaient à cause de ses larmes mais pas que.

« Je t'aime ! » me dit-elle alors qu'elle me fixait de son regard.

[« Hey, Soul Sister » - Train ]


Heureux, je l'attirai vers moi la plaquant contre mon torse malgré la douleur. Des larmes de joie dévalaient sur mes joues alors que je renforçais mon étreinte. Une de mes mains glissait dans ses cheveux alors que je plongeais mon nez dans ces derniers. Je sentais une de ses mains caresser mon bras me donnant quelques frissons. Son autre main bougea légèrement de manière à entrelacer mes doigts avec les siens. Je me sentais bien et pour rien au monde je ne voulais bouger. Je vis le médecin ouvrir la porte avant de la refermer, me faisant signe qu'il repasserait plus tard. Je hochais de la tête en signe d'approbation. 

J'ignorais combien de temps nous étions restés ainsi mais j'appréciais la chaleur qui se dégageait de son corps, réchauffant le mien légèrement. Mon visage était littéralement plongé dans sa chevelure, me permettant de m’enivrer de son parfum tout en me délectant de la douceur de ses cheveux. Sa respiration s'était calmée et le silence presque total me donnait cette douce sensation d'apaisement. Je la vis replier ses jambes doucement sur le lit.

« Je ne te fais pas mal ? » me demanda-t-elle.

« Non bien au contraire ! » dis-je tout en déposant un baiser sur le sommet de sa tête.

La douleur se réveillait doucement mais je ne voulais pas bouger. J'ignorais si elle dormait, ne pouvant voir son visage vu la position dans laquelle nous étions, mais je fermais les yeux pour mieux apprécier ce moment de douceur. Je dus m'endormir à nouveau car lorsque je me réveillais, Bella n'était plus à côté de moi.

Paniqué, je me redressai vivement me provoquant une violente douleur qui me fit hurler. Je la vis alors sortir de la salle de bains en courant.

« Edward ? » me dit-elle en s'asseyant sur le bord de mon lit, avant de se saisir de ma main que je serrai dès qu'elle fut en contact avec la mienne.

« Je ... j'ai cru que j'avais rêvé ! Alors j'ai voulu voir si tu étais là ! » lui dis-je en grimaçant.

« Edward ... je ne compte pas partir et non tu ne rêvais pas » me dit-elle juste avant de m'embrasser à nouveau.

Lorsqu'elle se recula, je ne pus m'empêcher de la contempler. Elle était magnifique et plus encore. Je ne trouvais pas de mots suffisamment justes pour décrire ce que je ressentais en l'admirant.

« Tu ne bouges pas, je vais appeler le médecin, je reviens ! »

« D'accord »

Je la vis sortir de la chambre et je soufflais fortement, relâchant l'angoisse qui m'avait tiraillé à mon réveil. Je n'avais pas rêvé et dans un geste d'apaisement, je fis courir mes doigts sur mes lèvres. 

Je me mis alors à sourire comme un imbécile, jetant ma tête en arrière sur l'oreiller, tout en fermant mes yeux et réalisant que tout ce qui s'était passé était bien réel. 
Quelques minutes plus tard, elle revint accompagnée du médecin. Après son examen, il m'informa que tout allait bien et que je pourrais sortir d'ici quelques jours. 

Une infirmière vint changer mon pansement et pendant ce temps, Bella sortit dans le couloir pour appeler mon frère. Je râlais mais le regard qu'elle me jeta me fit comprendre qu'elle allait revenir et que ça ne servait à rien que je grogne. Au moment de sortir, elle me fit le plus magnifique des sourires. Lorsque l'infirmière fut sortie, Bella revint dans la chambre et s'installa sur le lit avant que je ne lui tende ma main. Elle me dévisagea.

« Viens » murmurai-je avant de me décaler pour lui laisser de la place sur mon lit.

La dévisageant sans gêne je pus constater qu'elle n'avait pas beaucoup dormi vu les cernes qui se dessinaient sous ses yeux.

« Viens là ! » lui redis-je alors qu'elle n'avait pas bougé.

« Je... » commença-t-elle.

« Qu'est-ce qu'il y a Bella ? »

« Je vais te faire mal, non ? » me dit-elle en me fixant droit dans les yeux tout en mordillant ses lèvres.

« Si je te le propose c'est que ça ira.. et puis, je voudrais pouvoir te serrer dans mes bras.. j'ai assez attendu pour ça ! »

Je souriais et tendais à nouveau ma main. Elle l'a saisit tout en se moquant de mon air niais et s'allongea à côté de moi, posant sa tête dans le creux de mon épaule. Je fermais les yeux alors que je caressais ses cheveux délicatement. Je l'entendis souffler. Intrigué, j'ouvris les yeux et la regardais. Sa main se baladait sur mon torse dénudé me donnant la chair de poule. Elle semblait soucieuse mais je ne voulais pas lui forcer la main. Je voulais qu'elle me parle d'elle-même. Alors je posai ma main sur la sienne, entrelaçai mes doigts aux siens avant de porter celle-ci à ma bouche pour y déposer un baiser. 

Je fermais les yeux et savourais cette étreinte douce et chaleureuse. Mon cœur bondissait dans ma poitrine, Bella devait certainement l'entendre car je la vis se coller un peu plus à moi. J'attrapai alors sa jambe afin de la glisser sur mes jambes. Je caressais désormais ses cheveux d'une main et ses jambes de l'autre. C'est à ce moment que je constatais la tenue qu'elle portait. Ce short bleu en jean lui allait à ravir et j'étais heureux car il me permettait de faire courir mes doigts sur sa peau dénudée. Un sourire se dessina sur mon visage lorsque je l'entendis légèrement gémir et que, dans le même instant, sa peau se recouvrit de frissons juste avant que ces derniers ne la fasse légèrement trembler. J'aimais l'effet que je venais de lui faire sachant qu'elle me mettait dans le même état. 

Alors que mes mains continuaient à tracer des lignes imaginaires sur son épiderme, elle reprit ses caresses dessinant le contour des muscles de mon torse. Elle s'aventurait également sur mon ventre mais ces gestes semblaient plus légers comme si elle craignait de me faire mal.

« J'ai eu peur pour toi ! » murmura-t-elle.

« Je sais » répondis-je en renforçant mon étreinte au niveau de ses épaules alors que des souvenirs de ses yeux emplis de douleurs défilaient devant mes yeux.

Je déposai un baiser sur le sommet de sa tête. Nous restâmes un long moment dans les bras l'un de l'autre. Je savourais littéralement son contact et je savais que je ne m'en lasserais jamais. Je me demandais encore comment j'avais pu être aussi stupide. Je sentais ses lèvres sur mes côtes lorsqu'elle déposa quelques baisers et son souffle chaud se répandit comme une douce caresse sur tout mon torse. J'étais heureux et je ferai tout pour que ça dure. Je fermai les yeux et un sourire se dessina sur mes lèvres. 

Le bonheur à l'état pur, ce sentiment qu'Emmett et ma mère m'avaient décrit et que je n'avais jamais ressenti explosait en moi comme une trainée de poussière d'étoiles. Aimer ... et être aimer, ce mot pur et fort que tout le monde rêve de ressentir, ce même mot qui vous donne des ailes, qui vous laisse imaginer le meilleur et lorsque vous le touchez du bout des doigts, vous souhaitez ne jamais le laisser partir. 

Climb » - Miley Cyrus ]


Bella souffla fortement ce qui me sortit de mes songes. J'ouvrais les yeux et posais mon regard sur sa main qui se déplaçait sur ma peau.

« Il s'appelait Tyler... je ... c'était mon petit ami à l'époque.. nous nous étions disputés ... c'est ... Tyler avait perdu son frère et il s'en est toujours voulu ... alors il a cherché à se détruire ...  Tyler se droguait et buvait énormément.. quand je l'ai rencontré ... puis pour nous il est entré en cure ... je pensais que tout irait bien ... puis quelques temps plus tard, il a replongé et m'a entraînée avec lui dans sa chute ! » me dit-elle doucement.

Je pouvais sentir sa tristesse et la sensation humide d'une larme qui dévalait le long de mes côtes me fit réaliser qu'elle pleurait probablement. Je déposai à nouveau un baiser tout en appuyant un peu plus mes caresses dans ses cheveux.

« Ce soir-là quand je suis rentrée, je voulais lui dire qu'il devait se reprendre pour nous.. parce que sinon je le quitterai ... je l'aimais si fort que.. Tyler a été mon premier pour tout ... et c'est celui qui m'a permis de guérir de la perte de ma mère ... mais c'est aussi lui qui a rouvert mes blessures après son geste inconsidéré. Quand je suis rentrée ce soir-là, il ... il était allongé sur le canapé ! Au début j'ai cru qu'il dormait mais quand j'ai vu les bouteilles et la drogue sur la table, j'ai su ... Il était mort ... » reprit-elle.

« Je suis désolé » lui répondis-je alors que je pouvais sentir ses larmes couler plus fort.

« Il est mort d'une overdose alors que je n'étais pas avec lui ... je m'en suis toujours voulu ... si j'avais été avec lui, si nous ne nous étions pas disputés, il serait encore en vie aujourd'hui ... alors quand j'ai vu Tanya avec ce couteau, la seule chose que j'ai voulu faire c'était de l'éloigner le plus possible de toi mais … j'ai échoué. Alors quand je t'ai vu t’effondrer et perdre connaissance ... je ... » 

Je resserrai mes bras autour d'elle en essuyant de mon pouce les larmes qui coulaient. Son regard semblait vide et malgré tout je pouvais sentir sa main se cramponner à moi.

« J'ai cru te perdre.. comme ma mère, comme Tyler ... j'ai eu l'impression que ... tous ceux que j'aimais devait partir c'est pour ça ... que j'ai toujours voulu refouler les sentiments que j'éprouvais pour toi ... jusqu'à aujourd'hui ... » finit-elle.

« Bella ? »

Elle releva les yeux vers moi et j'encadrai son visage avec mes mains et essuyai les larmes qui étaient sur ses joues avec mes pouces. Je la dévisageais et ce que je vis dans son regard me troubla. Car au-delà de la tristesse et de la crainte, je pouvais y déceler de la tendresse et de l'amour. J'avançai mon visage vers elle et déposai cette fois-ci mes lèvres sur les siennes, un bref instant, avant de poser mon front contre le sien et de plonger mon regard à nouveau dans ses yeux.

« Bella, je suis là et je ne compte partir nulle part.. je comprends ce que tu viens de me dire et je ne peux pas te cacher que je suis le plus heureux des hommes depuis quelques heures ! »

« Ed' » commença-t-elle

« Shhh.. laisse-moi terminer » lui dis-je en déposant mon doigt sur ses lèvres.

« ... »

« Quand j'ai vu Tanya, je ne voulais pas qu'elle s'en prenne à toi et j'avais peur qu'elle le fasse à nouveau ... tu vas bien et je vais bien ... c'est le plus important. ... Tu voulais être celle qui était différente et bien tu l'étais et tu l'as toujours été ... mais l'homme stupide que je suis ne l'a découvert que trop tard. Mais maintenant que tu acceptes d'être avec moi.. je ne risque pas de te laisser t'enfuir ou même de partir loin de toi ... hors de questions. S'il faut que je me batte chaque jour pour te le prouver, ... pour ôter ses craintes qui sont malgré tout encore ancrées en toi, je le ferai ... » dis-je en déposant une de mes mains sur son cœur « Tant que je peux être avec toi ... » terminai-je avant de déposer mes lèvres à nouveau sur les siennes.

La sensation de ses lèvres sur les miennes était agréable, subtil mélange de douceur et de brutalité, comme si nous essayions l'un et l'autre de faire passer l'ampleur de nos sentiments dans ce baiser. Des milliers de décharges me parcouraient le corps alors que mes mains et les siennes tentaient d'absorber chaque détail du corps de l'autre. Je fis glisser mes bras autour de sa taille avant de la tirer sur moi. Je sentis une douleur violente dans le bas de mon ventre mais je n'en avais que faire, tellement la sensation de son corps, aussi léger qu'une plume, contre le mien me rendait ivre de joie et de bonheur. Mon cœur battait la chamade et je pouvais sentir les battements de celui de Bella contre ma peau. Alors que nous nous séparions à bout de souffle, Bella planta son regard dans le mien, souriant légèrement.

« Je t'aime » souffla-t-elle.

« Je t'aime aussi » répondis-je doucement.

Je regardais par la fenêtre perdu dans mes pensées. Le soleil brillait déjà éclairant la chambre d'un halo de lumière. Une légère brise passait par la fenêtre ouverte. Je commençais à entendre le subtil bruit de la ville qui s'éveille. Des voix, des cris d'enfants mais aussi les gazouillis des oiseaux et le cri des mouettes. Bella avait reposé sa tête au creux de mon épaule tandis que sa main serrait la mienne. Sa respiration, qui était plus vive au départ, se fit plus calme et la sensation plus appuyée de sa tête me fit comprendre qu'elle s'était endormie.

- « Repose-toi, mon amour » murmurai-je en déposant un baiser sur sa tête.

Je tournais ma tête à nouveau vers la fenêtre et repensais à ce qui s'était passé depuis mon réveil. J'avais l'impression de vivre un rêve éveillé depuis plusieurs heures, mais qui à chaque minute devenait de plus en plus réel. Je tenais dans mes bras celle que j'aimais. Je souris à cette pensée. Je n'y croyais plus et, comme si quelqu'un avait voulu me faire un cadeau, je me retrouvais ici dans cette chambre d'hôpital avec elle. Et pour couronner cet enchantement, Bella partageait les mêmes sentiments que les miens. 

Je savais que nous aurions encore des choses à nous dire mais je ne m'éloignerai plus jamais d'elle. Plus rien, ni personne ne viendrait troubler ce pour quoi je me suis battu. Cette plénitude que Bella venait de m'offrir était aussi précieuse que l'amour que je lui portais. Bella m'avait permis de découvrir que je pouvais aimer mais que je pouvais aussi être aimé. Elle n'avait aucune idée de tout ce qu'elle avait chamboulé dans ma vie, au point que je pouvais plus concevoir ma vie sans elle. Elle me disait que j'avais brisé ses barrières mais c'est elle qui avait détruit les miennes, pour me permettre de découvrir le bonheur auquel je ne pensais pas avoir droit, le bonheur que je refusais de vivre par peur de souffrir. J'avais souffert mais elle aussi et peut-être plus encore que moi et je ne sais pour quelle raison, je ne voulais plus qu'elle soit triste. Je voulais être celui qui saurait la faire sourire, la faire rire et qui lui permettrait d'être heureuse. 

Une larme de joie coula sur ma joue alors que le soleil éclairait son visage. Je tenais un ange entre mes bras, mon ange. Je me sentais si heureux que j'avais envie de hurler. 
Pour la première fois depuis longtemps, mon avenir semblait très lumineux, surtout si je le vivais à ses côtés.


Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...

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