Chapitre Sept

POV BELLA

En m'approchant d'Edward pour le saluer, je réalisais que ses joues étaient légèrement creusées et il semblait avoir maigri aussi. Edward me dévisageait, une lueur étrange dans ses yeux. Il semblait content de me voir tout en craignant ma réaction. Je lui en voulais de ne pas m'avoir rappelée mais en même temps je n'allais pas faire un esclandre chez ses parents et puis il ne m'avait rien promis. Il s'approcha doucement me fixant droit dans les yeux guettant mes réactions. Il se baissa afin de venir déposer un baiser sur ma joue. La sensation de ses lèvres sur ma peau était divine et je fermais les yeux appréciant son souffle chaud sur mon cou. 

« Bonjour Bella » me chuchota-t-il

Je voulais lui répondre mais le son de ma voix resta bloquée dans ma gorge. Je relevais la tête vers lui et il sourit. Je devais être rouge comme une pivoine. Esmée interrompit ce petit aparté en nous proposant de nous installer sur le canapé afin qu'elle puisse nous servir nos apéritifs. Je rejoignais donc Rosalie qui était déjà installée dans le canapé. Emmett quant à lui devait être allé aider Esmée. Carlisle versa du champagne dans chacune des coupes présentes sur la table. Je me demandais ce que l'on fêtait. Rosalie se pencha vers moi avant de me chuchoter quelque chose à l'oreille.

« Carlisle vient d'être promu directeur adjoint de l’hôpital où il travaille » me dit-elle

« Ah.. »

Je tournais la tête. Je vis Edward qui me fixait sans vergogne depuis le fauteuil où il venait de s'installer. Mes yeux s'accrochèrent à ces deux émeraudes. Puis il baissa la tête, comme si....s'il était gêné.. embêté...inquiet... ouais.. surement mais en même temps ta présence peut aussi le gêner...alors ne te fais pas trop de film.. hein... oui.. c'est vrai...Je secouais la tête afin de remettre mes idées en place. Je voulais savoir pourquoi il était là et surtout pourquoi Rosalie ne m'avait rien dit. Esmée et Emmett revenaient de la cuisine avec deux plats contenants des toasts et des petits fours. Carlisle nous parla de sa promotion et Esmée semblait ravie de ce changement de statut. En même temps, son mari n'allait plus travailler les week-ends et ils pourraient ainsi profiter l'un de l'autre. Nous discutions de la galerie et des prochains artistes qu'Esmée allait exposer. 

« Bella, Nahuel doit passer jeudi prochain pour t'amener les toiles. Il te faudra les accrocher là où étaient celles de Benjamin » me dit-elle

« Oui Esmée, pas de souci ! » répondis-je

« Je viendrais t'aider si tu veux ! » me proposa Emmett.

« Si tu veux Em' mais je pense que je devrais m'en sortir ? »

« Mouais.. avec ta taille de nain ! »

« Em', je ne suis pas si petite que ça ! » rétorquais-je

« Mais si tu es ma petite puce ! » me dit-il en m'attrapant par les épaules et en me serrant contre lui.

Nous rigolions tous les deux. Emmett et moi, nous nous étions beaucoup rapprochés depuis l'incident avec Benjamin. Il jouait un peu le rôle de grand frère protecteur, trop parfois. Quand nous sortions, dès qu'un homme m'approchait, je le voyais plisser des yeux et il ne me quittait pas des yeux guettant les moindres faits et gestes déplacés. Il lui arrivait même d'effrayer ces hommes quand certains se montraient trop entreprenants. J'avais dû lui expliquer que j'étais assez grande et que je savais me défendre. Depuis, il ne me fit plus aucune remarque même si du coin de l’œil, il continuait de vérifier que tout se passait bien. 

« Esmée ? » entendis-je Carlisle appeler alors qu'Emmett et moi rigolions toujours.

« Oui ! » répondit-elle.

« Tu n'exposes plus Benjamin ? » demanda-t-il surpris.

A cette question, Emmett se tendit. Je me redressais et je sentis Rosalie attraper ma main. Je tournais ma tête vers elle et elle me souriait. Je fus immédiatement apaisée par son contact et son sourire même si je sentais des frissons désagréables me parcourir le corps. Cela faisait plus de trois semaines mais je n'étais toujours pas très à l'aise quand le sujet était abordé, me ramenant à des souvenirs plutôt désagréables. C'est la voix d'Esmée qui me sortit de mes songes. Je levais la tête et elle me regardait tout en répondant à son mari.

« Non, en effet, nous avons eu quelques soucis avec lui ! »

« Tu ne m'en avais pas parlé ! Ce n'est pas dans tes habitudes ! »

« Oui désolé mon chéri, ça m'est sorti de la tête et puis j'avais d'autres choses plus importantes à gérer. Disons qu'il n'a pas été très agréable ! »

Je regardais Carlisle pendant qu'il assimilait ce que venait de lui dire Esmée. Il semblait perplexe. Mais ce n'est pas sa réaction qui me surprit le plus mais celle d'Edward. Il avait les poings serrés et la mâchoire crispée. J'avais l'impression de revoir Emmett le jour de mon agression. Ses yeux me dévisageaient comme s'il cherchait à savoir ce qu'il s'était passé. Emmett qui s'était levé, posa une main sur l'épaule de son frère. Edward leva la tête vers lui. D'un geste de la tête, il invita son frère à le suivre. Edward suivait son frère mais il ne me quitta pas du regard jusqu'à ce qu'il soit sorti de la pièce. 

Une fois qu'Emmett et Edward furent partis, Esmée demanda à son mari de l'accompagner dans la cuisine. Elle avait besoin d'aide pour découper le rôti soi-disant. Carlisle la suivit. Je me retrouvais donc avec Rosalie qui n'avait toujours pas lâché ma main et qui dessinait de petits cercles sur le dessus de ma main dans le but de m'apaiser. Ce qui avait fonctionné soit-dit en passant. Ma respiration s'était calmée même si ma tête devait faire peur à voir !

« Ça va Bella ? » me demanda-t-elle

« Ouais ! »

« Je suis désolée, je ne savais pas qu'Esmée n'en avait pas parlé à Carlisle ! »

« C'est pas grave Rose ! Mais dis-moi comment se fait-il qu'Edward soit là ? Tu étais au courant ? »

« Euh.. »

« Rose ne me dit pas que tu savais qu'il serait là et que tu ne m'as rien dit avant ! »

Je me levais. Ma colère commençait à poindre. 

« Écoute Bella, si je t'avais dit qu'il était là, tu ne serais pas venue et puis Esmée a insisté. Elle doit.. »

« Elle doit quoi ! »

« Tu dois organiser un vernissage à la mi-juillet et Emmett et Edward doivent te donner un coup de main ! Esmée ne veut pas que tu sois seule à la galerie ce soir-là c'est tout ! Elle devait t'en parler ce soir ! »

« .. » je ne savais pas quoi penser.

Je me posais à nouveau sur le canapé me prenant la tête entre les mains. Je ne pensais pas croiser Edward même si au fond je m'y attendais mais devoir travailler ou passer une soirée en sa présence c'était une toute autre chose.

POV EDWARD

"On combat l'amour par la fuite, et la colère par le silence."
 Jean-Benjamin de Laborde 
« Chaque douleur est une mémoire » 
 Eric Fottorino

Depuis la soirée au « New Moon », je n'avais pas vu le temps passé. La police me tenait informé des suites de l'enquête concernant Tanya. C'est un appel de l'inspecteur Uley qui m'avait informé que Tanya avait violé son ordonnance en s'approchant à plusieurs reprises de Bella. Mais elle ne l'avait pas agressée. Comme elle ne s'était jamais présentée au rendez-vous fixés par son contrôleur judiciaire, il y avait un mandat d'arrêt contre elle mais personne ne savait où elle se trouvait. Je m'inquiétais toujours autant pour Bella et j'essayais toujours de l'appeler mais à chaque fois je tombais sur sa messagerie. Je ne savais pas pourquoi je faisais ça surtout que je devais l'effrayer avec ses appels anonymes. Le bar tournait bien et nous avions même enregistré une hausse des recettes depuis deux mois. 

Depuis des semaines, j'oscillais entre mon bar et mon appartement au grand dam d'Emmett qui essayait de me faire sortir. Je passais mes journées enfermé dans mon bureau à faire mon travail ou à boire. Puis lorsque le bar fermait, je rentrais chez moi pour m'effondrer sur le lit. Les seules fois où j'avais envie de voir du monde, j'appelais Emmett qui venait passer quelques heures chez moi, au moins au début. Il profitait de ce temps là pour essayer de me faire réagir mais je n'en avais pas envie. Sans elle, quel intérêt. Alors ce soir-là, j'appelais Kate. Je ne l'avais plus appelé depuis notre dernier échange où elle avait tenté de m'ouvrir les yeux. J'avais bu plus que de raison et j'avais envie de tout oublier. Il avait suffit d'une seule fois, une seule petite semaine pour que Bella hante mon esprit. Mes pensées ne tournaient qu'autour d'elle et je l'avais traité comme une moins que rien, une pute comme le disait si bien Emmett et Kate. Et pourtant, je n'avais jamais autant désiré quelqu'un depuis Lauren. Je m'étais alors décidé à appeler Kate pour m'offrir une partie de baise monumentale espérant ainsi vidé mon esprit et mon corps. L'alcool n'arrivait plus à atténuer ce manque qui se faisait grandissant depuis quelques jours. Ce manque d'elle. Mais la soirée n'avait pas pris la tournure que j'espérais même si...

Flashback :

Skin » - Zola Jesus]

Il était 23h quand je venais de terminer ma ixième bouteilles de whisky de la journée. J'étais affalé dans mon fauteuil. Le regard fixé sur les quais de l'Hudson. Les lumières des véhicules du boulevard devant moi défilaient à un rythme effréné. Je me demandais ce que Bella pouvait bien faire à cet instant. Mon cœur se serrait douloureusement, comme à chaque fois que je pensais à elle. Les souvenirs, si lointains pourtant, étaient encore bien présents dans mon esprit. C'est comme si je pouvais toucher sa peau sous mes mains, m’enivrer de son parfum doux et sucré, sentir ses cheveux doux et soyeux glisser entre mes doigts et me perdre dans ses yeux chocolats. Je voyais mon reflet dans la vitre. Je me perdais dans l'image qui était en face de moi. Ce corps éclairé par les lumières de la ville n'était plus le mien. Je n'étais plus qu'un corps vide. J'avais les yeux cernés, les joues creusées et le pantalon de jogging que je portais me tombait sur les hanches. Chacune de mes côtes était devenue visible sous ma peau fine. J'avais maigri mais en même temps ma seule source d'alimentation depuis des semaines se résumait à mes cadavres de bouteilles de whisky qui jonchaient le sol de mon appartement. Mon propre reflet me renvoyait à quelques mois en arrière avant que Marcus et Bobby ne m’emmènent à Londres. A ces souvenirs d'autres m'assaillaient, moins heureux, comme si mon esprit souhaitait que je lâche prise. Ces souvenirs, c'étaient ceux avec Lauren. Ce soir-là, celui où tout a basculé. Lauren devait partir pour l'Europe et j'avais prévu de tout plaquer pour la suivre. Je devais la demander en mariage. Elle semblait soucieuse mais je n'y avais pas prêté attention. Je pensais qu'elle angoissait du fait que nous serions éloignés l'un de l'autre. Nous avions fait l'amour dans mon bureau et nous devions allés au restaurant juste après pour que je puisse faire ma demande. Emmett nous avait même surpris. Il s'était excusé et était reparti. Puis nous nous étions câlinés sur mon canapé. Tout devait être parfait. Mais rien ne s'était passé comme je l'avais prévu. Après notre étreinte, Lauren était devenue subitement distante. Quand je lui avais demandé ce qu'il y avait, je ne me doutais absolument pas de la bombe qu'elle allait faire exploser. 

« Edward, je ne peux pas rester, ce soir ! » 

« Pourquoi ? » 

« Je pars pour Rome, toute à l'heure ! » 

« Très bien, laisse-moi passer chez moi et je pars avec toi ! » 

« Non ! » avait-elle claqué. 

« Comment ça non ? » avais-je répondu surpris. 

« Je pars mais seule et... je.. je ne veux pas que tu me rejoignes ni maintenant, ni jamais ! » 

« Mais.. » 

« Edward c'est fini ! Je suis désolée» 

Mon cœur avait alors explosé en milliers de morceaux. La colère et la douleur avaient pris le dessus. Elle ne pouvait pas..Je l'avais regardé et le regard froid et distant qu'elle m'avait lancé m'avait fait l'effet d'un coup de poignard. La vérité que je venais de lire dans ses yeux me tordit le ventre. Elle jouait avec moi depuis le début de notre relation. Dans un excès de rage, je lui avais empoigné les bras et je l'avais secoué afin qu'elle me dise qu'elle plaisantait, que tout ceci était une mauvaise blague, un pari, tout mais pas la réalité. Je ne l'entendais pas crier, je ne l'entendais pas hurler, me supplier que je la lâche parce que je lui faisais mal. Puis deux bras m'avaient encerclé, Emmett. Je m'étais effondré et je répétais « je suis désolé » telle une litanie en regardant Lauren. Elle s'était agenouillée et m'avait déposé un baiser sur ma joue en me demandant pardon. Puis elle était partie. Je pensais avoir vécu le pire. Pendant plusieurs jours, je m'étais enfermé chez moi, pleurant et hurlant ma douleur tout en buvant afin d'oublier, de calmer cette souffrance qui broyait mon cœur et mon âme. N'ayant pas la conscience du temps, je dirais quelques jours ou peut être quelques heures plus tard, deux policiers étaient venus à mon domicile. J'avais été emmené au poste de police. Je m'étais laissé faire tel un pantin. J'avais été placé en cellule de dégrisement jusqu'à ce que chaque once d'alcool se soit échappée de mon corps. Puis j'avais été emmené en salle d'interrogatoire et le pire est arrivé. J'étais accusé de viol et de violences envers Lauren. 

A ce moment-là c'est comme si je m'étais fait tirer une balle en plein cœur, mon monde s'effondrait. Je ne comprenais pas. J'avais été agressif, oui, mais jamais je ne l'avais pas violée. Je n'aurais jamais pu faire ça à qui que ce soit. J'avais tout déballé et c'est ce qui avait causé ma perte. Emmett avait voulu témoigner mais j'avais convenu avec mon avocat qu'il en était hors de questions. Je ne voulais pas mêler ma famille à cette histoire. Ils souffraient déjà assez des conséquences de ma rupture et des accusations qui étaient portées à mon encontre. Mon père avait faillit se faire virer de l'hôpital parce qu'il avait pris ma défense. Emmett se faisait insulter dans la rue. Quant à ma mère, certaines de ses amies lui avaient tourné le dos en disant qu'elle ne souhaitait pas fréquenter l'abjecte personne qui avait mis au monde un monstre. J'avais demandé à voir Lauren, pour comprendre, comprendre pourquoi elle avait fait ça, comme si m'avoir fait souffrir, ne lui avait pas suffit. Mon avocat qui avait tenté de se renseigner, m'avait alors expliqué qu'elle ne voulait qu'une seule chose, de l'argent. Je venais d'hériter de mon grand-père d'une somme plus que généreuse, une somme qui m'aurait permis de vivre sans travailler jusqu'à la fin de mes jours. Je n'avais pas fait le rapprochement entre notre rencontre et ce qui avait été publié à l'époque dans les journaux. Mr Masen, le père de ma mère, était le patron de « Masen Investissement ». Il achetait et revendait des biens immobiliers. C'est comme ça qu'Emmett et moi avions eu notre appartement offert pour nos vingts ans. Mais lorsqu'il est décédé, la presse avait annoncé qu'Emmett et moi, étions les riches héritiers de son entreprise qui valait plus de 10 millions de dollars. J'avais été pris pour un con et mon amour pour elle m'avait complètement aveuglé. Depuis ce jour-là, je m'étais promis de ne plus jamais faire confiance à une femme. Étant donné que mon casier était vierge, mon avocat avait réussi à négocier ma peine : 300 heures de travaux d'intérêt généraux que j'avais fait dans un centre pour SDF et des dommages et intérêts, j'avais dû verser un millions de dollars à Lauren. 

Les larmes qui dévalaient maintenant le long des mes joues, me sortirent brutalement de mes pensées. Décidé à me changer les idées, j'avais pris mon téléphone pour appeler Kate. Elle était arrivée quelques minutes plus tard. J'étais installé debout face à la baie vitrée quand elle pénétra dans mon appartement. C'est le son de sa voix qui m'avait sorti de ma léthargie. 

« Oh mon Dieu ! » cria-t-elle 

Je me retournais pour voir Kate, les deux mains sur la bouche, me détaillant du regard. Elle semblait choquée par ce qu'elle voyait. Qui ne l'aurait pas été. Puis son regard fit le tour de la pièce. Tout était en bazar. Personne n'était venu chez moi depuis trois semaines ou plus exactement je n'avais laissé entrer personne. Ma famille avait le double de mes clés mais j'avais bloqué le loquet de sécurité de telle sorte que personne ne puisse entrer.
Sur le sol, des bouteilles vides, des morceaux de verres cassés. Mon regard ne la quitta pas pendant qu'elle observait minutieusement l'appartement. Je réalisais alors que je n'aurais pas dû la faire venir car je n'avais aucune envie même pas celle de la baiser. Je me dégoûtais d'être comme ça. A cause d'une femme, qui de toute façon ne voudra pas de moi. Kate se déplaçait dans le salon tout en me jetant quelques coups d’œil. J'étais immobile au milieu du salon fixant un point invisible, loin. Puis je la vis partir vers la cuisine. Elle revint quelques minutes plus tard avec un sac poubelle. Voyant que je ne bougeais toujours pas, elle me fit asseoir sur le fauteuil et commença à ramasser les cadavres de bouteilles vides. Elle ouvrit une de mes baies vitrées, pour aérer surement. Elle rangea tout puis vint s’asseoir à côté de moi. Elle attrapa mes épaules et déposa ma tête sur ses jambes repliées. Elle déposa une couverture sur moi. Elle commença à caresser mes cheveux, c'était agréable mais ce n'était pas elle. 

« Edward ? » 

« .. » je ne pouvais pas répondre. Ma gorge était sèche et douloureuse des quantités d'alcool que j'avais ingérées. 

« Qu'est ce qui se passe ? » 

« .. »J'ai mal, avais-je envie de lui crier. Mon cœur s'était fermé et le désir que j'éprouvais pour Bella rouvrait mon cœur pour le laisser suinter de la rage que j'éprouvais envers moi-même. 

« C'est Bella ! » 

Je me tendis à ces paroles. 

« Écoute, Edward, tu vas te reposer, je vais rester là. Je ne bosse pas demain. Et demain on en parlera ! Tu ne peux pas te laisser aller comme ça ! » me dit-elle doucement 

« Merci » fut le seul mot qui franchit mes lèvres. 

« De rien et c'est gratuit ! » me dit-elle en souriant ! 

Je m'étais endormi rapidement. Le lendemain quand je m'éveillais, Kate n'était plus sur le canapé. Je me redressais et une violente douleur me percuta la tête. 

« Gueule de bois ? » entendis-je. 

« Mmmh » répondis-je. 

Kate s'approcha de moi avec un verre d'eau et de l'aspirine. Je me sentais vide. Mes muscles étaient douloureux. Mes yeux devaient être gonflés. Kate me souriait. Je lui rendais son sourire avant de la remercier d'être venue et surtout d'être restée. 

« Pas de souci Ed' ! Tu penses que tu peux te lever ! » 

« Ouais ! Il est quelle heure ? » 

« 14h ! » 

Je m'étais levé et j'avais suivi Kate à la cuisine. Elle avait préparé des pancakes. 

« Tu cuisines ? » lui demandais-je. 

« Bah quoi, je sais faire autre chose avec mes dix doigts, mon cher ! » dit-elle en souriant. 

« Ouais..(j'attrapais un morceau et croquais dedans)... mmmh c'est crô bon » dis-je la bouche pleine. 

A la vérité, cela faisait un bien monstre. Mon corps n'avait rien reçu de réellement solide depuis près de trois semaines et du coup je me régalais. 

« Tant mieux ! Il faut que tu manges ! Parce que là mon cher tu ressembles à un sac d'os presque ! Déjà que tu n'étais pas bien épais mais là ! » me dit-elle en désignant mon corps de sa main. 

« Ouais ! » 

« Et puis, il va falloir qu'on parle ! » 

« .. ». Je baissais les yeux et je pus constater que j'avais beaucoup perdu, en effet. Mais parler, je ne m'en sentais pas prêt. 

« Edward, ne pense même pas fuir cette discussion. » 

« Kate.., je me demande encore comment tu arrives à si bien me cerner ! » 

« Je travaille avec des mecs 5 jours sur 7 pratiquement 20h/24. Je ne vois ces personnes que pour le sexe mais j'observe énormément et j'arrive très vite à déceler certaines choses chez les hommes qui me paient ! Et depuis notre discussion de la dernière fois disons que je t'ai un plus cerné ! » 

« Mouais ! » 

« De toute façon Edward, on va parler ! Et crois-moi que quand je partirais d'ici, ça sera parce que tu iras mieux ! » 

« Je te crois et je te payerai pour ça ! » 

« Non tu ne me paieras pas ! Edward, tu es loin d'être comme mes clients habituels ! Tu ne m'as jamais considéré comme une pute, sauf peut être la dernière fois, soit, mais ce que je fais, je le fais parce que j'en ai envie, pas pour que tu me payes ! C'est bien clair ! » 

« Okay » dis-je en levant les mains. 

Kate était restée cinq jours avec moi. J'avais eu beaucoup de mal à ne pas boire. Mon corps avait dû éliminer les quantités d'alcool ingurgitées. J'avais donc passé deux jours allongé dans mon lit à me tordre de douleur. J'avais des crampes et des sueurs froides. Kate et moi, enfin surtout moi, avions beaucoup parlé. Je lui avais parlé de Lauren et de ce qui s'était passé.  

« Edward, tu ne peux pas en vouloir à toutes les femmes parce qu'elle s'est comportée comme ça ! » 

« Je sais ! » 

« Tu vas finir dur et froid comme la pierre si tu continues dans cette voie ! » 

« .. ». je pensais à celle qui pourrait réchauffer ce cœur dur et froid mais elle n'était plus accessible ! 

« Et avec Bella ? » 

« Je pense que j'ai tout raté et que j'ai certainement laissé filer la seule fille qui valait la peine parmi toutes celle qui sont passées dans mon lit ! » 

« Et tu ne peux rien faire pour changer les choses ? L'as-tu revu ? » 

« Je ne l'ai pas revue enfin si la dernière fois au New Moon mais elle était avec son...son petit ami c'est pour cela que je pense qu'elle ne voudra pas me revoir ! » 

« Oui, ils sont toujours ensemble ? » 

« Je n'en sais rien ! Je n'ai pas beaucoup bougé hormis entre mon appartement et mon bureau au bar tu sais ! » 

« Et bien, si c'est elle que tu veux, tu vas te battre pour la récupérer ! » 

« Kate, je ne veux pas ! Surtout si elle est avec quelqu'un ! » 

Kate se leva d'un bond et commença à hausser la voix. Je ne l'avais jamais vu aussi en colère. 

« Écoute moi bien Edward Cullen, tu vas me faire le plaisir d'arrêter tes conneries ! Tu vas bouger ton cul et te donner les moyens de récupérer cette fille ! Pour commencer, tu vas aller à la douche et tu vas te raser. Ensuite on discutera de la manière dont tu vas t'y prendre ! Parce que bien entendu tu ne peux pas te pointer chez elle la bouche en cœur ! Hein » 

« Kate, pas que je ne veux pas, mais je ne me sens pas prêt ! » 

« Trouillard ! » 

« Non ! » 

« Si et maintenant tu la fermes ! File à la douche et rase-toi. Je vais faire une course, je reviens ! » 

« Mais... » 

« Pas de mais ! Exécution ! » 

Je me retrouvais assis sur le lit quand je reçus en plein visage une serviette  de toilette. Kate sortit et je fonçais sous la douche. Une demi-heure plus tard, elle était de retour. Nous avions préparé à manger ensemble et nous avions continué à parler toute la soirée. C'est ainsi que pendant les deux jours suivants, Kate me traînait dehors la journée et qu'elle m'emmenait dans des endroits branchés le soir. Je m'étais fait draguer ouvertement par des bimbos sans cervelle. Autant l'homme que j'étais avant aurait céder mais celui que j'étais devenu en quelques jours grâce à Kate avait refusé toutes les propositions. Kate était rentrée chez elle me promettant de m'appeler très souvent afin de s'assurer que je ne me laisserais plus aller. 

Fin du flashback

J'avais donc gardé le contact avec Kate. Elle n'avait pas abandonné le fait que je devais tout faire pour récupérer Bella me rabâchant sans arrêt les mêmes choses concernant les questions que je me posais. C'est ainsi qu'elle me disait qu'il fallait que je me batte, que je lui montre ce que je ressentais. 

Emmett et Rosalie venaient régulièrement me rendre visite ne cachant pas l'inquiétude qu'ils avaient eue à un moment. Ma mère m'avait également remonté les bretelles quand elle m'avait revu après cinq semaines car elle me trouvait maigri. C'était un fait, je mangeais mais mon appétit n'était pas aussi grand qu'avant. Les moments au bar avec Emmett et Jazz se passaient bien. Nous rigolions beaucoup et Jasper s'était avéré être une personne agréable, sur laquelle on pouvait compter. Il était étudiant en dernière année de commerce et venait de passer ses examens. Nous avions, avec Emmett, prolongé son contrat pour une année en lui laissant la liberté de partir à tout instant si jamais il trouvait mieux ! 

Nous approchions de la fin juin et mes parents devaient partir dans quelques jours. Ils nous avaient donc invité Rosalie, Emmett et moi à venir dîner. Mon père souhaitait également fêter sa promotion qui était désormais officielle et Esmée voulait me demander un service pendant son absence.
C'est ainsi que je me retrouvais ce vendredi soir devant la baie vitrée de chez mes parents à contempler le ciel. Emmett était venu me chercher et Rosalie devait nous rejoindre dans un peu plus d'une heure maintenant.

Une main venait de se poser sur mon épaule. Esmée, ma mère. 

« Nous avons eu une belle journée n'est-ce pas ? » me dit-elle.

« Oui, effectivement ! » dis-je sans détourner mon regard du ciel encore lumineux.

« Edward, j'ai quelque chose à te dire, mais je voudrais que tu ne le prennes pas mal ! »

Je me demandais ce qu'elle avait à me dire qui pourrait faire que je le prenne mal. Pleins de questions surgissaient. Je me tournais vers elle.

« Promis ! Je t'écoute »

Ma mère baissa les yeux vers le sol puis les releva vers moi en me donnant ce sourire rassurant qu'elle me donnait à chaque fois que j'allais mal quand j'étais enfant.

« Et bien beaucoup de choses se sont passées ces dernières semaines. Je dois partir dans quelques jours et c'est aussi pour ça que je vous ai demandé de tous venir ce soir ! Pour vous voir avant de partir un mois. Vous allez me manquer et je.... Je m'inquiète pour toi Edward ! Tu as maigri et tu as une mine affreuse. Je voulais savoir ce qui te tracasse à ce point là ? Tu n'as pas d'ennuis au moins ? »

« Maman, ... »

« Oui je sais, je m'inquiète toujours pour rien ! Mais c'est plus fort que moi, vous êtes mes enfants et quand l'un d'eux ne va pas bien, je me sens mal aussi ! Je suis une mère et il est normal que je ressente ces choses-là ! »

« Je sais Maman, mais ne t'inquiète pas ! Tout devrait s'arranger mais je .. peu importe ! Rassure-toi, tout ira très bien pour moi ! »

« Si tu le dis ! »

Elle fixa à nouveau la baie vitrée et semblait réfléchir.

« Il y a autre chose dont tu veux me parler ! »

« Oui.. en fait il y aura une sixième personne au repas ce soir ! »

« Ah.. et de qui s'agit-il ? Un ami de papa, un de tes artistes ! »

« Non, rien de tout ça ! C'est Bella, ma stagiaire et celle qui s’occupera de la galerie cet été ! »

Ma respiration se bloquait et j'essayais de digérer l'information que venait de me transmettre ma mère. Des sentiments familiers faisaient surface : joie, tristesse, peur, angoisse. Ma mère, qui avait dû voir mon changement d'attitude, passait sa main dans mon dos. Elle frottait doucement mon dos comme quand elle sentait que quelque chose me tracassait quand j'étais enfant. C'était simple mais rassurant. Nostalgie de l'enfance où jamais rien ne vous préoccupe.

« Edward, je sais que tu la connais ! Il s'est passé quelque chose entre vous, je ne sais pas ce que c'était ! Mais depuis tu sembles absent, tu t'enfermes sur toi même et ton visage est triste. Je ne sais pas à quoi je pensais en faisant ça derrière votre dos mais je voulais te donner la chance de t'expliquer avec elle, car elle... suis-moi, il faut que je te montre quelques chose ! »

Je suivis ma mère. Je me demandais ce qu'elle avait derrière la tête. Pourquoi pensait-elle que nous avions besoin de nous expliquer. Bella ne viendrait certainement pas et il fallait que je le dise à ma mère. Sachant que je suis ici, il me semble normal qu'elle décide de ne pas venir. Je me suis conduit comme un crétin et je payais les frais de ma connerie. Je suivis ma mère dans son bureau qui était une des pièces adjacentes du salon.

« Maman, je... »

« Non Edward, tu rentres, je vais ouvrir le coffre pour sortir ce que j'ai besoin et tu vas regarder! S'il te plait. »

Je sentis une présence derrière moi. Emmett était appuyé contre l'encadrement de la porte et regardait ma mère.

« Tu vas les lui montrer sans son accord ! » dit-il.

De quoi parlait-il ? Mon regard naviguait entre ma mère et mon frère essayant de comprendre de quoi ils pouvaient bien parler.

« Emmett, elle m'a confié ses toiles, ce qui veut dire que je suis en droit de les montrer à qui je veux ! »

« Mouais.. tu devrais attendre qu'elle arrive, elle pourrait les lui montrer elle même, non ? »

Ne comprenant toujours pas quel était le sujet de cet échange, je décidais d'interroger mon frère.

« Emmett, de quoi parlez-vous? »

« De rien ! »

« Je ne sais pas ce que vous me cacher, ni ce que tu avais à me montrer maman, mais je voulais te dire que Bella ne viendra pas ce soir! »

« Oh si elle va venir ! Elle ignore que tu seras présent ! Hein Maman ! » reprit Emmett.

« Euh.. » Ma mère semblait mal à l'aise.

« Vous ne lui avez pas dit que je serais ici ! » dis-je un peu fort.

« C'est une idée de maman et de Rosalie, j'ai eu beau leur dire que ce n'était pas une bonne idée mais bon... quand elles ont une idée dans la tête ces deux-là tu sais très bien qu'on ne peut rien y faire, ni moi, ni personne ! »

« Je suis désolée Edward, mais tu m'as promis de ne pas le prendre mal ! » me dit ma mère.

« Et bien oui je te l'ai promis c'est pour ça que je vais partir, j'ai pas envie de gâcher la soirée ! Tu m'excuseras auprès de papa et de Rosalie. Pour Bella, elle n'a pas à savoir que j'étais ici !»

« Edward qu'est-ce qui s'est passé entre vous pour que tu penses qu'elle ne viendrait pas si tu étais là et …pour que toi tu veuilles partir ! » me dit-elle sur un ton sec les deux mains posées sur ses hanches.

« Maman, on t'a déjà dit qu'il ne s'était rien passé avec Rosalie, rien de grave ! Alors laisse-le tranquille ! » Reprit Emmett alors que je me dirigeais vers le salon.

« Edward ! » m'appela ma mère.

Je continuais d'avancer, me dirigeant vers la porte d'entrée afin de récupérer ma veste et de quitter la maison. Mais c'est sans compter sur mon père qui me stoppa avant d'arriver à la porte.

« Tu vas où ? » me demanda-t-il.

« Je rentre, désolé ! »

« Ah.. je peux savoir ce qu'il se passe ici » demanda-t-il en regardant à tour de rôle, ma mère et mon frère qui étaient désormais à l'entrée du salon puis moi.

« Je viens de lui dire que Bella sera là et il pense que ce n'est pas une bonne idée et il préfère partir ! » répondit ma mère sèchement les bras croisés sous la poitrine.

« Edward, je ne vois pas en quoi l'idée est mauvaise ! Je ne suis peut-être pas au courant des raisons pour lesquelles tu penses ça mais la fuite n'est pas une solution ! Et puis, on part un mois, ta mère se fait un sang d'encre depuis plusieurs semaines à ton propos alors tu pourrais au moins faire ça pour passer du temps avec nous avant que nous partions ! Non ? »

Je réfléchissais à ce que venait de me dire mon père.... Oui c'est exactement ça tu fuis... c'est tellement plus facile... tu m'as pourri l'existence avec ta Bella.. tes « je la veux ».. tes « elle me manque » et là.. tu sais qu'elle sera là et tu te barres... MAIS TU TE FOUS DE LA GUEULE DE QUI.... PUTAIN … 28 ans et pas foutu de se conduire en adulte.. alors tu te tournes.. tu t'excuses auprès de ta mère... tu vas voir ce qu'elle voulait te montrer et tu prends sur toi... pour ta mère... pour toi..pour elle ... J'avais dû rester immobile un long moment car ma mère s'était approchée et me tenait le bras tout en me regardant. Mes yeux étaient humides et je sentais la crise de panique arriver. 

« Mec, viens on va dehors..je te paye une clope » me dit Emmett.

« Je ne fume pas Emmett ! » claquais-je.

« Mouais.. suis-moi quand même ! »

« .. »

« M'man, P'pa, on sort on revient okay ! »

Je les vis acquiescer tous les deux et Emmet attrapa mon bras pour m'entraîner dehors. Nous nous installions dehors sur le banc situé contre une des façades de la maison.

« Bon.. j'voudrais que tu me dises pourquoi tu es si mal depuis des semaines et surtout pourquoi tu réagis comme ça ! Hein ! »

« .. » Je regardais mes pieds que je faisais bouger histoire de me concentrer et d'empêcher les larmes qui menaçaient de jaillir.

« Oh mec ! Tu réponds » me dit Emmett en me tapant l'épaule avec la sienne.

« Je ne suis pas mal ! Tout va bien ! »

« Ouais, tu es sur le point de chialer comme une gonzesse et tout va bien ! Te fous pas de ma gueule frérot ! Okay ! »

« .. »

« C'est bon je crois avoir compris ! T'as couché avec elle et en fait tu en veux plus.. sauf que vu que tu t'es comporté comme un parfait connard bah tu penses qu'elle ne veut plus te voir.. ou pire... tu t'imagines qu'elle va te casser la gueule et t'insulter ! Ouais ça doit être ça ... en même temps tu l'aurais pas volé ! Bella est une chouette fille et tu es un gros con de t'être comporté comme ça ! Tu aurais pu au moins la rappeler ! Mais non.. Monsieur est trop fier ! Une fille, une nuit et basta.. hein !»

« C'est bon t'as fini ! » dis-je alors que je sentais la colère monter en moi en entendant ses propos. Il avait raison mais je me haïssais suffisamment comme ça sans qu'il ne vienne en rajouter !

« Oh non j'ai pas fini ! » dit-il en se levant « Tu vas rester ici ce soir et tu vas assumer tes conneries ! Bella est une chouette fille qui d'après Rosalie a pris très souvent ta défense, alors tu vas arrêter tes jérémiades et ce soir tu vas bien te comporter avec elle ! Suis-je clair ! »

« Mais vous pouvez pas me foutre la paix avec Bella ! Je suis encore assez grand pour faire ce que j'ai envie ! » dis-je en criant alors que je me levais et partais vers ma voiture.

« C'est ça fuis ! Comme tu l'as toujours fait ! N'accepte pas les conseils et l'aide qu'on peut te donner ! Je pensais que tu avais compris depuis .. »

Je me stoppais alors que j'arrivais aux marches du perron. Je me retournais pour lui faire face. Mon frère avait toujours mené sa barque et s'en était toujours sorti. Malgré sa rupture avec Irina, il avait réussi à passer au dessus. Emmett pouvait avoir confiance en Rosalie, alors que moi je n'arrivais pas à faire confiance à nouveau à une femme. Peur d'être déçu, peur de souffrir à nouveau, peur d'être manipulé et qu'on se joue de moi. Encore une fois. 

« Ed', Bella n'est pas Lauren ! Elle ne sera jamais une personne comme ça ! C'est une fille généreuse, gentille, douce et qui mène sa tite vie tranquille en se souciant plus des autres que d'elle même ! » reprit-il.

Les mots d'Emmett résonnaient dans ma tête. Je voulais être avec elle mais je ne savais pas comment me faire pardonner. Je voulais lui faire confiance mais si elle ne me pardonnait pas. Je voulais être heureux mais j'ignorais si ce chemin était pour moi. Mon frère s'était approché et m'avait plaqué contre lui en passant un de ses bras derrière ma nuque.

The Beauty and the tragedy » - Trading Yesterday]

« Edward, arrête de te poser des questions. Agis. Bats-toi mais je pense que maman a raison tout compte fait. Viens, suis-moi ! »

J'essuyais les quelques larmes qui avaient coulées et essayait tant bien que mal de me reconstruire une tête à peu près potable. Nous rentrions à nouveau dans la maison. Mes parents n'étaient plus dans le salon. Je suivais mon frère jusqu'au bureau de ma mère. Esmée était en train de sortir des toiles de son coffre-fort.

« Ah vous êtes là les garçons ! »

« Oui M'man » répondit Emmett.

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Je m'étais appuyé contre la porte et je regardais mon frère aider ma mère à sortir les toiles. Elle enlevait les protections des œuvres qu'elle voulait me montrer toute à l'heure. Ma mère me regarda avant de s'écarter et ce que je vis me coupa le souffle. Des frissons me parcoururent le corps. Devant moi, des toiles magnifiques, riches en couleurs et qui étaient mises en valeur par différentes matières et textures mais aussi par des dessins au fusain. Des mains, des yeux, une mâchoire et un torse. Ce coup de crayon, cette manière de jouer avec l'intensité des traits, cette précision, cette délicatesse dans l'expression de sa créativité, cette façon maladroite d'accorder le tout pour donner de la profondeur à la toile et ces minuscules touches d'encre à certains endroits, je les connaissais. Mon regard se posa alors sur la dernière toile que venait de sortir Emmett, je fus comme submergé par  tout un tas d'émotions. Ce n'était pas un tableau quelconque. C'était irréel. Un fond noir sur lequel des colombes blanches étaient dessinées, quelques touches de bleu, de gris, ce qui ressemblait à du papier journal savamment déchiré et disposé ça et là et au milieu un nuage de blanc avec un visage de profil dessiné au fusain. Un détail attira mon attention. Un trait blanc, plus en relief que les autres dans lequel un fin trait bleu approfondissait celui-ci, descendait de l’œil vers le menton pour terminer sa course sur le bas de toile dans un nuage de bleu et de blanc. Mes larmes coulaient désormais sans que je ne puisse les contrôler. Les émotions qui émanaient de ces toiles étaient impressionnantes. Je me perdais dans ces couleurs. Au fur et à mesure que mon regard se posait sur chacune des toiles, je pouvais y déceler de la joie, de la peur, de la douceur, de la colère, de la tristesse et de l'a....Non impossible..

Ma mère s'était approchée, je pouvais sentir la chaleur qu'elle dégageait à côté de moi. J'étais transi de froid alors que dehors la chaleur était presque étouffante, des frissons arrivaient par flots prenant possession de mon corps et provoquant une chair de poule visible sur mes avant-bras. Mon cœur se serrait et ma respiration se faisait difficile dû aux divers sentiments qui s'abattaient à cet instant sur moi. Ça ne pouvait pas être les siennes. Pourtant mon esprit bataillait contre ma conscience pour me faire admettre ce que je cherchais à occulter depuis que j'avais posé mes yeux sur ces œuvres d'art. Mes yeux oscillaient désormais entre mes mains et une des toiles. Mes mains et mes yeux s'étaient ensuite posés sur mon torse avant de se diriger vers cette autre toile. Enfin mon regard se posa sur ce profil. Ma mère attrapa mon bras. Je sentais la chaleur de sa main se propager dans mon bras. Mon frère était immobile et regardait les toiles disposées devant lui, comme absorbé par ce qui était dessiné. Je fus moi-même à nouveau attiré par ces dessins. Les regardant tous, les uns après les autres, c'était mes mains, mon torse, ma mâchoire, mes yeux et mon profil. La seule personne à m'avoir dessiné de cette façon était celle qui avait réussi à toucher mon cœur pour la première fois depuis plus d'un an. Bella. A cette pensée, de nouvelles larmes coulèrent. Ma mère serra sa prise sur mon bras. Je sentais son regard posé sur moi. J'aurais voulu partir en courant tellement la réalité qui s'offrait à moi venait de me faire prendre conscience des erreurs que j'avais commises avec elle. Mais mes pieds ne voulaient pas bouger comme s'ils étaient fixés au sol. Je baissais la tête. J'aurai souhaité m'enfoncer dans le sol afin de disparaître. J'avais fui la plus belle chose qui m'était arrivé en étant parfaitement conscient de ce que je ressentais à l'époque. Comment avais-je pu laisser le bonheur m'échapper ainsi ?

« Edward... » me dit ma mère.

Je ne répondis pas. Trop mal à l'aise pour répondre quoi que ce soit.

« Regardes-moi ! » Elle glissa un doigt sous mon menton et me fit relever la tête vers elle.  

« Je vois comment tu agis depuis plus d'un an et je pense savoir ce qui s'est passé entre toi et Bella.. même si je n'approuve pas ce que tu as fait ou tout du moins la façon dont tu t'es comporté après, il faut que tu lui parles. Je pense que tu as compris, vu ta réaction devant ses toiles mais je pense que tu te trompes quant à ce qu'elle peut elle ressentir vis à vis de toi ! Alors si c'est elle ! Il te faut te battre pour ça ! »

Mes larmes n'avaient pas cessé de couler. Ma mère m'enlaça et je me laissais faire. Elle dessinait des cercles apaisants dans mon dos. Sa douce odeur maternelle réchauffa mon corps et mon cœur comme lors de mes premiers chagrins. Quand je relevais la tête mon frère n'était plus là. Ma mère me souriait tout en essuyant mes joues humides. J'esquissais un léger sourire. Elle venait, avec ses quelques mots, de m'offrir un mince espoir de récupérer Bella et je ne comptais pas, cette fois-ci, le laisser filer. J'allais faire tout ce que je pouvais pour la récupérer même si j'étais conscient que la tâche ne serait pas facile.

Ma mère me proposa d'aller prendre une douche et de me changer afin de me détendre avant l'arrivée de Bella et Rosalie. Porté par un envie dévorante de remettre un peu de bonheur dans ma vie, je partis en courant à l'étage devant le regard surpris de mon frère et de mon père. En montant, j'entendais le rire cristallin de ma mère puis ceux de mon frère et de mon père. 

La chaleur de l'eau avait réussi à me détendre et quand je m'étais observé dans le miroir, je pus constater que mon visage était terne et que des cernes violettes étaient encore présentes. Mes yeux avaient cependant retrouvé leur couleur et n'étaient plus rougis par les larmes que j'avais versées plus tôt.

J'enfilais mon jean et ma chemise blanche dont je relevais les manches. Après avoir tenté de coiffer mes cheveux, je redescendais afin d'aider ma mère. Arrivé en bas, je me dirigeais vers la cuisine. Mon père s'approcha et m'enlaça avant de me dire quelques mots réconfortants. Mon frère était en train d'aider ma mère. Puis le bruit d'un véhicule se fit entendre. Elles arrivaient. Sentant l'anxiété poindre et ne désirant pas lui faire face dans l'immédiat, je me dirigeai à nouveau vers la baie vitrée. Le soleil était encore haut et je pouvais sentir la chaleur se diffuser à travers la vitre malgré la climatisation. J'entendis la porte s'ouvrir et la voix de ma mère. Puis sa voix douce qui me réchauffa le cœur. Je me retournais. Je ne la voyais pas. Mon père était debout près d'un des fauteuils tandis qu'Emmett et ma mère étaient proches de l'entrée. Rosalie me salua de la tête avant de me sourire. Je lui rendis son sourire. Puis je la vis, dans sa belle robe blanche. Ses longues jambes fines étaient toujours aussi pâles mais je me doutais qu'elles devaient toujours être aussi douces. Sa robe mettait agréablement ses formes en valeur. Son visage en forme de cœur était resplendissant et ses yeux brillaient d'une lueur particulière pendant qu'elle observait la pièce. Ses cheveux étaient attachés en un chignon lâche laissant quelques unes de ses boucles tomber dans son dos et autour de son visage. Elle était magnifique. 

C'est à ce moment que mes peurs me rattrapèrent. Mes mains devinrent moites et ma respiration se fit plus vive. Mon regard ne l'avait pas quitté et je réalisais qu'elle venait de s'apercevoir de ma présence. Son corps entier s'était tendu. De surprise, de colère ? Je l'ignorais. Lorsque son regard s'accrocha au mien, je lui offris un léger sourire auquel elle ne répondit pas. Je tentais de garder un visage serein mais je commençais à avoir peur. Peur de ce rejet que je méritais mais que je ne pourrais supporter. Peur de souffrir par ma faute. Puis au bout de quelques secondes, je la vis s'avancer afin d'aller saluer mon père. Puis elle s'approcha de moi, sans jamais me quitter des yeux. Je sentais son parfum au fur et à mesure qu'elle approchait. Je ne pouvais défaire mon regard d'elle. J'étais seul avec elle, plus rien d'autre n'existait. J'étais comme hypnotisé mais en même temps craintif. Je me décidais à faire quelque pas. Je continuais de la regarder tout en m'approchant guettant la moindre de ses réactions. Puis doucement, je vins déposer un baiser sur sa joue. La sensation de sa peau sur mes lèvres m'ouvrit les portes de l'espoir. Je la voulais et rien ne m'empêcherais de tenter l'impossible pour qu'elle soit de nouveau mienne. Je reculais doucement afin de ne pas paraître trop entreprenant mais je restais au niveau de son cou pour lui chuchoter un « Bonjour Bella ». Elle avait les yeux fermés comme si elle appréciait l'instant. Je la vis entrouvrir la bouche mais elle ne dit rien. Elle leva ses yeux vers moi et ses joues étaient teintées d'un magnifique rose. A cette vue, mon cœur se réchauffa de l'effet que j'avais sur elle, libérant sur mon visage un sourire discret et sincère.

Ma mère nous sortit de notre bulle en nous proposant de nous installer. Bella se dirigeait vers le canapé et s'asseyait à côté de Rosalie. J'étais resté debout. Mon frère venait de partir en cuisine avec ma mère. Rosalie semblait chuchoter quelque chose à Bella. Puis le bruit des coupes posées sur la table en verre me sortit de mes pensées. Je m'installais sur le canapé et mon regard se posa à nouveau sur celle qui faisait désormais battre mon cœur. Puis nos yeux se croisèrent. Ce que je vis dans son regard me fit baisser la tête instantanément. Ma mère et Emmett étaient revenus de la cuisine et mon père était en train d'expliquer la raison de l'apéritif au champagne.

Ma mère engagea la conversation sur la galerie, ses artistes et elle demanda quelques petites choses à Bella. Je n'écoutais pas vraiment la conversation jusqu'à ce que j'entende la voix de mon frère. A ce moment là mes yeux quittèrent mon verre. Emmett tenait fermement Bella par les épaules et ils riaient aux éclats. Emmett semblait très, peut-être trop proche de Bella. Rosalie quant à elle semblait sereine malgré la proximité entre Bella et Emmett. Mon cœur se serra et je sentais un peu de colère monter dû à cette proximité. ... Jalousie mon pote... tu es jaloux... mais bon t'as rien à craindre.. c'est ton frère.. puis Rosalie ne semble pas y prêter attention puisqu'elle rigole elle aussi... alors zen... montre que tu peux te conduire bien.. 

Mon père me sortit de mes pensées lorsqu'il posa une question à ma mère. Il semblait surpris que ma mère ne lui ait pas dit qu'elle avait viré un de ses artistes. Quand ma mère répondit, je me tournais vers le canapé. Rosalie tenait la main de Bella tout en lui souriant. Emmett était tendu. Qu'est ce que ma mère et ses trois là nous cachaient. Bella semblait avoir peur. Son regard était vide et tout son corps tremblait légèrement. Ma mère nous expliqua alors qu'il y avait eu un léger souci avec Benjamin. Un léger souci. Vu l'état de Bella, le problème avait dû être plus important. Mais apparemment tout le monde semblait être au courant hormis mon père et moi. Ma colère, qui s'était insinué à travers tout mon corps lorsque je regardais les réactions de Bella, ne s'était pas atténuée avec les paroles de ma mère. Je serrais les poings et la mâchoire afin de ne pas exploser. Comment ma mère avait-elle pu nous cacher quelque chose ? Que s'était-il vraiment passé ? Cela devait être grave car malgré le visage serein de ma mère, elle avait légèrement blanchi à la question de mon père démontrant un certain malaise. Je fixais Bella du regard afin d'essayer de trouver une réponse à mes questions. Puis mon frère dû voir mon état, puisque je sentis sa main serrer mon épaule. Il me fixa et m'invita à le suivre. Nous nous installions au même endroit où nous nous étions installés il y a quelques heures. Emmett alluma une cigarette. Il n'était pas un gros fumeur mais il lui arrivait de temps en temps d'en fumer une pour le plaisir. Il me tendit son paquet et j'en attrapais une dans l'espoir qu'elle calmerait mes nerfs avant de cuisiner mon frère.

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...

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