Chapitre Vingt




« What does not destroy me, makes me stronger. »
"Ce qui ne me détruit pas, me rend plus fort"
Friedrich Nietzsche



POV BELLA 


[Gabriel Thorn - « Tear Drops »

Je sortais mes vêtements alors que le morceau venait juste de débuter. Cette sublime musique envahissait la pièce m'offrant une certaine sérénité. Je continuais de préparer les affaires que je souhaitais mettre parmi les vêtements que Rosalie avait déposé sur une des chaises. Les notes s'enchaînaient. Je devais aller prendre un douche mais je ne voulais pas sortir de cette pièce. Son parfum saturait l'air ambiant de la chambre renforçant ce sentiment de paix que dégageait cette mélodie. J'étais là, debout, alors que je venais d'ôter mon short. 

Le soleil qui traversait les vitres chauffait la peau de mes jambes dénudées. Le rythme calme donnait cette impression d'être dans une bulle. J'étais totalement hypnotisée par les notes qui s'enchaînaient avec une fluidité déconcertante. Mon regard était fixe, posé sur le toit des immeubles situés devant moi. Je les observais sans vraiment les regarder. Les accords joués me traversaient de part en part faisant éclater des milliers d'émotions dans tout mon être. 

Je fis quelques pas vers le lit avant de m'y asseoir. Je reculais lentement ramenant mes jambes contre ma poitrine. Je fis glisser mes bras autour avant de poser mon menton sur le sommet de mes genoux. Le regard sur le sol, absorbée par chacune des notes, je ne pensais à rien d'autre qu'aux milliers de sensations que me faisaient ressentir ce morceau. Je frissonnais mais c'était agréable. C'était comme si je flottais dans l'air. Le rythme s’accélérait par instant comme si de nouvelles émotions déboulaient au beau milieu de cet air triste et mélancolique pour redonner de l'espoir et de la vivacité à cette mélodie. Je me concentrais à nouveau sur chacune des notes aisément dévoilées et découvrait au-delà de la souffrance, de la peine et de la douleur, de la joie, de la douceur et de l'amour. Je réalisais alors pourquoi Emmett avait semblé si émotif, chez moi l'autre jour. Il connaissait ces morceaux, ces compositions et il savait que son frère avait retrouvé une part de lui en recommençant à jouer. Edward avait dû beaucoup aimer cette fille pour qu'il ait abandonné la musique pour elle. Aucune fausse note et beaucoup de rythme à certains moments ne laissaient aucun doute planer quant à sa maîtrise de cet instrument. Je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose. Je fermais les yeux afin que la musique puisse pénétrer chaque fibre de mon corps et de mon esprit.

Je restais immobile un moment savourant ce morceau alors que des images de ma mère, de mes amis et d'Edward défilaient devant mes yeux clos. Je ne comprenais pas comment quelqu'un pouvait pousser une personne a abandonner ce qui lui tenait à cœur et ce qui, quelque part, le faisait vivre. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans la peinture. Ça serait comme si on m'arrachait un bout de mon cœur ou de mon âme. Je vis avec mes dessins. Ils sont le reflet de mes émotions, de mes souvenirs, de mes désirs et de mes rêves. Alors imaginer qu'on ait pu priver Edward de sa musique me serra le cœur. Un doux parfum arriva sur mon visage alors qu'une larme silencieuse coulait sur ma joue. Je la sentais glisser sur mon visage. Puis la fraîcheur de l'eau qui dévalait le long de ma joue fut remplacée par une légère caresse à l'endroit même où cette goutte aurait dû poursuivre son chemin. J'ouvris les yeux. Edward se tenait devant moi. 

POV EDWARD 


Bella venait juste de me déposer un baiser sur la joue avant de me remercier d'être là. Je sentais encore la chaleur de ses lèvres sur ma peau. Je restais figé. Nous venions de discuter et je ne réalisais toujours pas qu'elle ne m'en voulait pas. Elle avait été cinglante par moment mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Et pourtant, alors que je m'étais imaginé qu'elle ne voudrait plus me voir, elle avait affirmé le contraire. Elle n'avait pas voulu me dire ce que Tanya lui avait dit mais ce que je savais c'était qu'elle ne l'avait pas cru. Lorsqu'elle m'avait dit ça, mon cœur avait explosé. Elle pensait que je n'étais pas responsable de ses actes, c'était vrai mais pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de croire que j'étais fautif. J'avais réussi à lui parler de Tanya et de Lauren même si les souvenirs de mon histoire avec cette dernière avaient ravivé un peu la souffrance que j'avais ressenti à cette période de ma vie. Elle ne m'avait pas coupé et avait écouté attentivement tout en me posant certaines questions. Je lui avais demandé ce qu'elle attendait de moi et elle m'avait demandé de ne rien lui cacher. Et c'est ce que j'allais faire. Elle acceptait d'être mon amie même si il m'avait semblé voir autre chose dans son regard. 

Les souvenirs de la discussion de la veille avec Emmett me revinrent. Elle avait peur de perdre ceux qui lui étaient chers et je savais que si je voulais que les choses avancent, il me faudrait encore être patient et la rassurer afin qu'elle s'ouvre. Elle ne m'avait pas parlé d'elle et je n'avais pas osé lui poser des questions de peur qu'elle se braque. J'allais donc, doucement, essayer qu'elle se confie et qu'elle m'en dévoile un peu plus sur ses peurs qui semblaient la ronger. Je savais qu'elle avait perdu sa mère alors qu'elle n'avait que seize ans, nous en avions vaguement parlé lorsque j'étais allé chez elle. Mais j'ignorais quelle genre de relation elles entretenaient. Dans sa lettre, elle m'avait fait part qu'elles étaient très liées et qu'elle avait ressenti cette même osmose entre nous mais c'était aussi ce qui l'effrayait. Ses craintes s'exprimaient aussi par les cauchemars récurrents qu'elle semblait faire. J'avais pu le constater il y a deux jours et aux dires de Jasper, ils pouvaient être très perturbants voire totalement terrorisants. Je savais que je devais la laisser venir mais je ne pouvais pas non plus rester là, attendant qu'elle se décide. Emmett, lorsqu'il était venu me réveiller vers onze heures, avait pris le temps de discuter avec moi. Il m'avait expliqué que Bella avait pardonné à Rose et Jazz et il voulait savoir ce que j'avais fait pour qu'elle semble si sereine au réveil. Je lui avais raconté ce qu'il s'était passé. Il m'avait dit alors de ne pas rester sans rien faire mais de lui montrer que je pouvais être là, sans lui donner l'impression de lui imposer les choses ou ma présence. Je devais faire doucement et selon mes envies de manière à ce qu'elle parle. J'avais pour la deuxième fois écouté ses conseils et je les avais appliqués lorsque nous avions discuté après que mon frère, sa femme et Jazz soient partis. Je les soupçonnais de l'avoir fait exprès et en même temps je ne pouvais que les remercier. Je ne serais pas si optimiste à l'heure qu'il est si nous n'avions pas pu nous parler. Le soleil commençait à chauffer sérieusement et je décidais de rentrer. 

Lorsque je pénétrais dans le salon, j'entendis une musique qui semblait provenir de la chambre d'ami. Je posais ma tasse sur l'îlot et me dirigeais vers le lieu d'où semblait venir cette mélodie. Alors que le piano enchaînait les accords, je me stoppais à quelques pas de la porte. Il s'agissait d'un morceau que j'avais composé au moment de la mort de mon grand-père. Ma mère avait composé les premiers accords et je l'avais terminée après avoir lu la lettre que mon « pap' » m'avait écrite juste avant de mourir. Dans cette note, il m'avait cité un très beau poème de William Blake

Je suis debout au bord de la plage
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon. 

Quelqu'un à mon côté dit :
"Il est parti !"
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard. C'est tout... 

Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
Pas en lui. 

Et juste au moment où quelqu'un près de moi dit : "il est parti !"
Il en est d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux,
S'exclament avec joie :
"Le voilà !"... 

C'est cela la mort. 

Le rythme de la musique était un peu plus vive et me ramena au moment présent. Je m'approchais de la porte et tentais d'entendre quelques bruits pour savoir si Bella était dans la pièce. Je frappais doucement mais elle ne répondait pas. Je poussais la porte qui était légèrement entrouverte et entrais. Elle était là. Assise sur le lit, les jambes repliées contre elle et le menton appuyé sur ses genoux. Elle avait les yeux fermés et son visage était détendu. Elle semblait totalement captivée par ce morceau. Je fus ému de voir qu'elle écoutait ce CD et me demandait comment elle avait pu l'avoir en sa possession. C'était un morceau que j'avais composé il y a presque quatre ans, un soir alors que je n'arrivais pas à dormir. Ma mère m'avait demandé de lui enregistrer quelques-uns de mes morceaux sur un CD en plus de celui-ci pour qu'elle puisse m'écouter de temps en temps. Elle avait justifié sa demande en m'expliquant que je ne vivais plus chez eux et qu'elle ne pouvait donc plus m'écouter lorsque je jouais la nuit et qu'elle ne dormait pas. J'avais arrêté de compter le nombre de fois où j'avais retrouvé ma mère assise sur le canapé alors que je montais me coucher lorsque j'étais adolescent. Elle savait que la musique était mon exutoire et qu'elle me permettait d'exprimer ce que je n'arrivais pas à dire par des mots. Mon regard se posa à nouveau sur Bella. Elle venait de resserrer sa prise sur ses jambes et je m'approchais doucement. Je contemplais son magnifique visage. Elle ne portait que son top et ses cheveux retombaient de part et d'autre de son visage mais ils ne m'empêchaient pas de l'admirer. Mes yeux remontèrent vers son visage alors que le rythme de la musique ralentissait. C'est alors que je vis une larme s'échapper d'un de ses yeux. Le premier réflexe fut de stopper sa course en attrapant celle-ci du bout du doigt. Je pouvais sentir la chaleur de son visage à l'extrémité de mon index. 

Alors que je recueillais cette eau, elle ouvrit les yeux. Je la regardais droit dans les yeux et elle m'offrit un magnifique sourire. La musique continuait à résonner dans la pièce alors que nous ne disions rien. Nous nous observions sans pour autant détourner nos regards. Je cherchais à déchiffrer les émotions qui émanaient de son regard. Elle semblait réellement touchée par la musique et mon cœur se serra à cette idée. C'était comme si elle avait lu chacune des émotions que dégageait ma composition. Lorsque les dernières notes du morceau se firent entendre. Je me sentais mal à l'aise, j'avais peur d'avoir franchi une barrière et qu'elle ne me fasse remarquer que j'aurais pu signaler ma présence avant d'entrer. Mais encore une fois, elle me surprit.


« Désolée, j'espère que... tu ne m'en veux pas ! »

« T'en vouloir pour quoi ? »

« Pour avoir écouter ta composition ! C'est Rose et Emmett qui me l'ont prêtée et je... je.. j'ai beaucoup aimé ton morceau, celui que tu m'as envoyé et... je... je voulais en écouter d'autres ! Ce morceau-là » dit-elle en désignant le poste « Il est magnifique ! »

« Je ne t'en veux pas.. c'est juste que je suis surpris ! Je me demandais comment tu avais eu ce disque ! Mais j'ignorais qu'Emmett en avait une copie ! »

« Pourquoi ? »

Je pris place à côté d'elle sur le lit. Elle avait placé ses mains sous ses cuisses alors que celles-ci retombaient le long du lit. 

« C'est un disque que j'avais enregistré pour ma mère ! Mais j'ignorais qu'Emmett en avait un lui aussi ! » 

« Oh ! En tout cas ce morceau est sublime. Il est à la fois triste et plein d'espoir ! C'est... je sais pas... il m'a touché en fait ! » dit-elle alors qu'elle baissait les yeux vers ses jambes tout en faisant bouger ses pieds qui pendaient dans le vide. 

« Je .. merci... je.. c'est un morceau que j'ai composé au moment de la mort de mon grand-père en fait ! Mais lui voulait que nous continuions de vivre car pour lui la mort n'était qu'une étape, enfin c'est ce qu'il ne cessait de dire ! » dis-je en haussant les épaules. 

« Mmmh peut-être mais la cicatrice que laisse la perte d'un être cher ne disparaît jamais réellement ! Elle se referme lentement et peut se rouvrir à chaque instant ! » 

« Oui, mais cela ne doit pas cependant nous empêcher d'être heureux ! Pour eux en quelque sorte ! Mon « pap' », comme je l'appelais, disait que le bonheur et l'amour ne doivent pas être ensevelis sous la tristesse et la peine ! Nous devons être heureux pour ceux qui sont partis ! Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire jusqu'à ce que je lise un poème qu'il avait cité dans sa dernière lettre ! Je te la ferais lire si tu veux ! » 

« Pourquoi pas..mais c'est personnel alors je ne voudr... » 

« Non, si je te le propose c'est que ça ne me gêne pas ! Crois-moi ! » la coupais-je. 

« D'accord » souffla-t-elle.

Une autre de mes compositions résonna dans les enceintes du poste situé face à nous. C'était une reprise d'un grand compositeur que j'avais tenté de remanier en changeant les rythmes. Ce n'était pas une grande réussite mais ma mère adorait ce morceau. Bella avait toujours les yeux posés sur ses pieds. Elle semblait jouer avec ses orteils et le sourire qui se dessinait sur son visage me prouvait que cela devait l'amuser. Je ne pouvais pas détourner les yeux d'elle et elle devait sentir mon regard sur elle car elle me jetait quelques coups d’œil avant de sourire à plusieurs reprises. Je ne pourrais jamais me lasser de ce sourire qui illuminait tout son visage. J'avais l'impression d'être un obsédé à l'observer ainsi mais en même temps elle me fascinait. 

Hormis la musique, il n'y avait pas un bruit dans l'appartement. Je ne m'étais jamais senti aussi serein qu'en cet instant. J'étais toujours assis à côté d'elle et le silence entre nous n'était absolument pas oppressant bien au contraire. Je n'aurais jamais imaginé qu'un moment comme celui-ci puisse me rendre si heureux. Je me laissais tomber sur le lit de manière à être allongé. Je croisais mes bras derrière ma tête. Bella posa son regard sur moi et se mit à rire. Elle se tourna ensuite de manière à être dos à la fenêtre et croisa ses jambes en tailleur. Elle me regardait de temps à autre pendant que ses doigts jouaient avec le drap. Je ne disais rien mais le sourire qui était désormais scotché sur mon visage ne cachait rien de ma joie d'être là avec elle sans qu'elle ne soit gênée. Je ne sais pas combien de temps nous étions restés allonger sur le lit mais les morceaux du CD avaient continué de défiler. 

Lorsque nous entendîmes nos amis rentrer, j'entendis Bella souffler. La voix d'Emmett résonnait dans l'appartement et Rose et Jazz semblaient rire. Bella me dévisagea et nous nous mîmes à rire doucement. Aucun de nous n'avait esquivé le moindre geste pour rejoindre les autres. Bella s'allongea à côté de moi, sur le côté, sa tête reposant dans une de ses mains. Elle fixait la porte de la chambre guettant l'arrivée d'un de nos amis.

« Tu crois qu'ils vont nous chercher ? » me demanda-t-elle dans un murmure

« Je sais pas ! »

« J'ai pas envie de bouger.. je suis bien là ! » me dit-elle en rougissant.

Ces simples mots me réchauffèrent et accélérèrent les battements de mon cœur.

« Moi aussi je suis bien ! Et bien profitons encore de ces quelques minutes d'intimité avant de les voir débarquer ! »

Elle se mit à rire tout en laissant retomber sa tête sur le matelas. J'adorais ce son et je réalisais que je ne pourrais plus m'en passer. Elle plia son bras et posa sa tête sur celui-ci. Elle était désormais complètement allongée et j'étais toujours sur le dos, le visage tourné vers elle. Nos yeux se fixaient et ce que j'y vis me troubla. Son regard dégageait de l'envie, de l'affection et ce petit quelque chose qui me procura un frisson des plus agréables. Je fermais les yeux de bien-être mais je pouvais sentir son regard sur moi. Je ne voulais pas ouvrir les yeux et sa proximité me permettait de sentir son souffle sur mon visage. Lorsque j'ouvris les yeux à nouveau, ce fut pour plonger dans ses prunelles chocolat. Son regard était brillant et sa main jouait à nouveau avec un bout du drap. Elle paraissait si fragile et les rougeurs qui coloraient à nouveau son visage l'embellissaient. Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir.

« Je crois qu'ils arrivent » chuchota-t-elle.

« Je pense aussi.. » répondis-je

Alors que je la dévisageais toujours je la vis se redresser et fixer la porte. Je ne détournais pas pour autant mon visage d'elle. Je préférais ne pas savoir qui se trouvait là mais au vue du calme apparent, je pouvais dire qu'il ne s'agissait pas de mon frère.

« Vous êtes là ? » entendis-je.

« Ouais, on écoutait le CD que tu m'as donné hier » répondit Bella.

« Oh ! Jazz voulait savoir si tu étais prête pour aller passer tes radios et aller au poste » reprit Rose.

Je regardais Bella l'air perplexe. Elle baissa la tête vers moi. 

« Ouais, Jazz m'a demandé d'aller vérifier que tout allait bien après le coup que j'ai reçu et d'aller porter plainte ! » dit-elle l'air gênée. « Mais je refuse d'aller chez les flics ! Il le sait donc dis-lui qu'il est hors de question que j'aille à l'USV ! » reprit-elle en regardant Rose 

« Tu veux que je vous accompagne ? » demandais-je. 

« Co.. comme tu veux mais je ne voudrais pas te déranger ! Je vais juste passer une radio » reprit-elle. 

« Non pas du tout, c'est un peu à cau.. » 

« Edward..je t'ai déjà dit que tu n'étais pas responsable des actes de cette folle ! » me coupa-t-elle. 

« Elle a raison » reprit Rosalie. 

« Okay » soufflais-je alors que je me redressais. 

« Je vais à la douche et on peut y aller ! » nous dit Bella. 

« D'accord, je vais prévenir Jazz ! A tout de suite ! » répondit ma belle-sœur. 

« Je.. je vais te laisser ! » dis-je en me levant. 

« A tout de suite ! » me répondit-elle.

Je laissais Bella dans la chambre et partis en direction du salon, là où devaient se trouver mes amis et mon frère. 
J'arrivais dans le salon et mon frère me dévisageait. 

« Euh.. vous faisiez quoi tous les deux dans la chambre ? » me demanda-t-il. 

« Rien, on écoutait le CD que tu as prêté à Bella ! » 

« Donné, je lui ai donné ! Tu ne m'en veux pas ? » reprit-il gêné. 

« Non, Em', je ne t'en veux pas ! » 

« Alors vous avez réussi à discuter ? » me demanda Jasper qui venait d'arriver. 

« Ouais » soufflais-je en m'asseyant sur un des fauteuils du salon. 

« Et ? » reprit mon frère. 

« Et.. bien disons qu'on a mis les choses à plat, sur Tanya et tout ce qu'il s'était passé mais.. ». Je cherchais mes mots. Je n'avais pas pu en savoir plus sur elle et sur ses peurs mais je savais qu'avec le temps, elle m'en parlerait peut-être. 

« Mais ? » reprit Jazz. 

« Mais c'est surtout moi qui ait répondu à ses questions et je n'ai pas osé lui demander des réponses à celles que je me pose ! C'est tout ! ». 

« Bella ne se confie pas comme ça ! » entendis-je dire Rose. 

« Non ça c'est sûr ! » reprit Jasper. 

« Il va falloir qu'elle apprenne à te faire confiance mais que tu essayes toi aussi de la faire parler ! Bella ne parle pas facilement, j'ai dû batailler très souvent pour savoir ce qui la tracassait ! Rien que pour savoir ce qu'Alice lui avait dit, je crois que j'ai dû user de tout un tas de stratagèmes ! » reprit Rose. 

« Et comme je te l'avais déjà dit l'autre matin, pour ses cauchemars, ça n'a pas été simple non plus » reprit Jazz en me regardant. 

« Je sais ! » 

« Mais bon ça a l'air de s'être plutôt bien passé, tu n'as aucune ecchymose sur le visage » reprit mon frère en me donnant une tape sur l'épaule.

Nous nous mîmes à rire ensemble devant l'humour de mon frère.

« Oui, ça c'est bien passé ! Elle accepte qu'on soit ami ! C'est déjà un bon début ! » 

« Ne t'inquiète pas, elle t'aime tu sais ! Elle nous l'a dit ce matin ! » dit ma belle-sœur. 

« Qu'est-ce que j'ai dit ce matin ? »

Bella venait d'arriver dans le salon. Elle était magnifique. Elle portait un pantalon ample noir avec un top blanc en broderie anglaise. Ses cheveux mouillés tombaient en cascade sur ses épaules. Et elle s'était maquillée ce qui lui permettait de masquer les quelques ecchymoses qu'elle avait sur le visage. Elle regardait Rose d'un regard noir qui signifiait qu'elle ne lui laissait pas le choix, il fallait qu'elle lui réponde. 

« Que tu nous pardonnais » reprit Jasper sauvant Rose d'une probable mise au point. 

« Oui, mais comme je l'ai dit à Edward, si vous me cachez à nouveau des choses me concernant, je serais moins indulgente ! » 

« Ouais, on a compris ! » répondit Rose. 

« Tu es prête ? » demanda Jasper. 

« Ouais mais... » reprit-elle en me regardant « Edward va venir avec nous, alors je sais pas si.. » 

« Je vais prendre une douche, j'en ai pour dix minutes. » répondis-je en regardant mes amis qui semblaient surpris par ce que Bella venait de dire. 

« On t'attend ! » me dit-elle.

Je fonçais sous la douche et m'habillais rapidement avec les vêtements que je portais la veille. Rose les avaient apparemment lavés car il sentait bon le propre. Il faudrait que je pense à la remercier. Je revenais au salon et je partis avec Bella et Jasper en direction du cabinet de radiologie. Rose et Emmett avaient décidé de rester pour préparer le repas pour que nous puissions manger tous ensemble en revenant.

Pendant que Bella passait sa radio, Jazz et moi avions parlé. Il souhaitait que Bella aille porter plainte et j'étais d'accord avec lui mais Bella refusait catégoriquement de s'y rendre. Je ne savais pas comment la faire changer d'avis. Jasper avait essayé plusieurs fois ce matin mais elle ne démordait pas. Il pensait ne pas lui dire et l'y emmener de force. Je lui avais fait part de mon doute à ce sujet lui expliquant que Bella risquait de ne pas apprécier. Je réfléchissais à comment je pourrais faire pour l'inciter à se rendre au poste mais je ne trouvais rien hormis peut-être de lui en parler de but en blanc. J'étais perdu dans mes pensées quand Bella revint vers nous. Elle s'assit à côté de moi et nous expliquait qu'elle devait attendre les résultats pour les amener à son médecin. Apparemment, elle n'avait rien et je fus soulager en l'apprenant. Le radiologue, lorsqu'il lui remit les résultats, lui expliqua qu'elle risquait d'avoir mal à la nuque et à la tête pendant quelques jours et il lui donna un certificat médical qu'elle devait transmettre à la police vu que cet examen faisait suite à une agression. Elle marmonna quelques mots que je ne compris pas mais elle n'avait semble-t-il toujours pas accepté d'aller porter plainte. 

Nous sortions du cabinet et je proposais à Bella de retourner chez mon frère à pied. Jasper n'y vit aucun inconvénient mais le regard qu'il me jeta me fit comprendre qu'il se demandait ce que je comptais faire. Je m'approchais de lui pendant que Bella attrapait ses affaires dans la voiture et je lui expliquais que je comptais la convaincre de se rendre à la police. Il acquiesça. Bella était revenue près de nous.

« Ça te dit ou pas ? » lui demandai-je. 

« Ouais ! » 

« Ok, et bien on y va ! Tu préviens les autres » demandais-je à Jasper. 

« Pas de souci, à toute à l'heure ! »

Le cabinet se trouvait à un quart d'heure de l'appartement de mon frère mais comme je comptais passer devant le poste où se trouvait l'USV, il nous faudrait un peu plus de vingt minutes pour rentrer.

Nous marchions depuis quelques minutes et je savais que nous n'étions plus très loin du lieu où je voulais qu'elle aille. Nous n'avions rien dit depuis notre départ du centre de radiologie alors que nous avions échangé plusieurs regards. Je ne savais pas pourquoi je me sentais si fébrile à l'idée de parler avec elle ou pourquoi elle n'osait pas me parler mais je décidais de ne pas m'en préoccuper pour l'instant. Alors que nous étions à l'angle de la rue, je décidais de lui parler. 

« Bella » dis-je en m'arrêtant avant qu'elle ne voit au loin l'enseigne du poste. 

« Oui » dit-elle en se stoppant avant de se tourner pour me faire face. 

« Je... on est dans la rue où se trouve le poste de police ! » 

« Edward, je t'... » 

« Écoute-moi s'il te plaît » la suppliais-je. 

« .. » Elle hocha la tête. 

« Je sais que tu ne veux pas y aller.. je ne sais pas pourquoi mais je suis mort de trouille à l'idée qu'elle puisse s'en prendre à nouveau à toi ! Je ne peux pas laisser ça se produire ! Je sais que tu penses que je ne suis pas responsable, mais si je n'essaye pas de te convaincre de porter plainte contre elle, je m'en voudrais encore plus si jamais elle devait t'agresser encore une fois ! » lâchais-je d'une traite alors que je n'avais pas détourné mes yeux des siens. 

« Je.. » dit-elle hésitante. 

« Bella, s'il te plaît ? » le suppliais-je du regard. 

« Okay » souffla-t-elle. 

« Merci » dis-je en m'approchant d'elle avant de la serrer dans mes bras dans un geste instinctif.

Je réalisais alors ce que je venais de faire et me reculais rapidement. 

« Désolé ! » 

« Non, c'est bon ! Mais Edward ? » 

« Oui ? » 

« Si je vais porter plainte, je le fais pour toi, ça serait moi, je n'irai pas ! Je ne pense pas qu'elle s'en prenne à nouveau à moi et si jamais ça devait arriver, je ne me laisserais pas faire donc tu n'as pas à t'inquiéter pour moi okay ? » 

« Bella.. je. » 

« Non c'est bon, on y va et après quand on ressortira de là, on n'en parle plus ! » 

« D'accord ! » répondis-je.

Nous reprenions notre marche en direction du poste. Une demi-heure plus tard, nous ressortions du poste de police. Les inspecteurs avaient pris nos dépositions et avaient vérifié les conditions de l'ordonnance restrictive. Ils s'étaient également excusés pour ne pas avoir assuré la protection de Bella la nuit dernière mais les policiers en faction avaient été appelés pour une agression et avaient donc dû aller prêter mains fortes aux autres policiers déjà sur place. Un des inspecteurs m'informa qu'une surveillance serait mise en place devant mon appartement et devant celui de Bella dès ce soir. 

Lorsque nous arrivâmes chez mon frère, ma belle-sœur nous invita à nous installer sur la terrasse. Nous avions mangé tous ensemble et le repas s'était passé dans la bonne humeur. Nous avions beaucoup ri et Bella et moi avions échangé plusieurs fois des regards complices sous les regards joyeux de mon frère et de Rose qui n'en avaient pas loupé une miette. J'étais heureux de cette journée qui aurait pu mal tourner. En fin d'après-midi, Jasper et Bella rentrèrent chez eux tandis que je rentrais chez moi. 

Je venais de franchir la porte de mon appartement et Bella me manquait déjà. Cette journée avait été idyllique et j'aurais aimé qu'elle se prolonge. Je décidais de terminer le morceau que j'avais fait écouté à Marcus l'autre jour, celui-là même qu'il me conseillait de jouer à Bella. Je passais une partie de la nuit à peaufiner cette composition. C'est donc heureux que je partis rejoindre mon lit vers quatre heures du matin.

Le lendemain matin, je partis en direction du bar le cœur léger. Ma nuit avait été courte mais je me sentais en forme. Emmett était déjà là quand j'arrivais. Nous avions préparé ensemble la mise en place de la salle et du comptoir pour ce soir et en milieu d'après-midi, Em' repartit pour passer du temps avec Rose. Pendant ce temps, je m'enfermais dans mon bureau pour me reposer un peu sur mon canapé. Je m'allongeais dessus quand la sonnette du bar retentit. Je me relevais et descendais. Je me demandais qui pouvait bien venir au bar à cette heure-ci. J'ouvris la porte et me trouvais face à Bella. Elle semblait embarrassée. 

« Salut » me dit-elle. 

« Salut ! » 

« J'étais chez Rose et... et Emmett m'a dit que tu étais resté au bar ! Alors je me suis dit que tu accepterais peut-être de venir boire un café ! » 

« Euh... ». J'étais tellement surpris que je ne savais pas quoi lui répondre. 

« Mais si tu es occupé, c'est pas grave ! » 

« Non.. c'est juste que je suis surpris ! » 

« C'est pas grave laisse tomber ! » me dit-elle alors qu'elle s'éloignait déçue.

Je l'attrapais par le poignet et elle se tourna vers moi.

« Non, je suis content, tu me laisses le temps de fermer mon bureau et on y va ? »

« Okay ! »

« Viens, reste pas sur le trottoir ! »

Elle me suivit à l'intérieur. Je fermais le bar et nous partîmes en direction du Starbucks le plus proche. Une fois nos cafés commandés, je lui proposais de nous rendre à la pointe sud de Manhattan dans le parc situé juste en face de la Statue de la Liberté. Quinze minutes plus tard, nous étions installés sur un banc. Le même banc où je m'étais assis quelques mois plus tôt lorsqu'elle m'avait dit qu'elle ne voulait plus me voir. Je buvais tranquillement mon café alors qu'elle avait le regard rivé sur l'horizon.

« Vous êtes bien rentrés avec Jazz hier soir ? » lui demandais-je pour engager la conversation.

« Ouais ! Merci et toi ? »

« Oui, je suis bien rentré aussi ! »

« C'est magnifique la vue qu'on a d'ici ! J'avoue que je n'y suis jamais venue ! Habitant New-York depuis quelques années, je suis vraiment une piètre new-yorkaise ! » reprit-elle.

« J'aime venir ici quand j'ai besoin de réfléchir. ! » répondis-je avant de boire une gorgée de mon café.

Le soleil brillait mais la petite brise qui soufflait rafraîchissait l'air chaud de cette fin d'après-midi. Je regardais les bateaux qui se croisaient dans la baie et les personnes qui circulaient dans le parc tout en terminant mon café. Bella ne disait toujours rien. Je me demandais pourquoi elle avait voulu venir me voir. J'allais lui poser la question mais elle prit la parole avant moi.

« Ça fait si longtemps que je n'ai pas entendu les cris des mouettes ! » dit-elle la voix pleine de nostalgie tout en regardant les oiseaux voler au dessus de nos têtes.

« Pourtant, même chez moi je peux les entendre ! »

« Oui mais pas chez moi ! » me dit-elle en riant.

« Ah ! »

« La dernière fois, c'était avec ma mère et mon père ! Quelques jours avant son accident ! » lâcha-t-elle.


Je ne savais pas quoi lui répondre et je ne voulais surtout pas l'empêcher de continuer étant donné que pour la première fois elle semblait vouloir me parler. Je la regardais et ses yeux étaient humides. Ce souvenir lui rappelait aussi que sa mère n'était plus là. J'attrapais sa main et entrelaçais mes doigts aux siens. Elle regarda nos mains un instant avant de serrer la mienne. Je fixais à nouveau l'horizon et je l'entendis souffler.

« Ma mère voulait manger des fruits de mer. Alors mon père nous a emmené au bord de l'océan. Il aurait fait n'importe quoi pour elle. Nous allions très souvent à la plage pour regarder les étoiles dans le ciel mais ce soir-là nous nous étions installés sur les rochers de la jetée. Pendant que je sautais de rocher en rocher, mes parents s'étaient assis sur l'un d'eux, mon père serrant ma mère contre lui. Ma mère était très vive et enthousiaste, l'opposé de mon père, calme et par moment taciturne. Mais ils s'aimaient. Je crois que ma mère était le soleil de mon père, son satellite, son étoile du berger un peu …. comme pour moi » finit-elle dans un murmure

Je ne voulais rien dire et en même temps que pouvais-je bien lui dire ? Alors je caressais doucement le dessus de sa main avec mon pouce tout en serrant sa main un peu plus fort pour lui signaler que je l'écoutais si jamais elle voulait encore parler.

« Je... ma mère et moi, étions très liées. C'était plus qu'une mère pour moi. Je.. nous peignions très souvent toutes les deux et dans ces moments-là, nous n'avions pas besoin de parler parce que nous savions ce que l'autre pensait. Ça a toujours été déroutant pour les personnes extérieures. Nous étions si fusionnelles que lorsque nous allions chez des amis, les gens pensaient qu'elle me couvait trop mais ça n'était pas ça, c'était... juste elle et moi en fait. »

« ... »

« Elle savait quand j'allais mal, quand j'étais triste, quand quelque chose me dérangeait ou bien quand je voulais être seule ! Mon père ne comprenait pas au début mais au fil du temps et en nous observant il a surtout compris que ma mère et moi étions juste complices, peut-être un peu plus que certaines complicités mère-fille mais il ne s'en plaignait pas. Je n'ai jamais eu besoin de parler avec elle, elle devinait tout, comme je devinais tout pour elle. Quand elle a perdu le bébé qu'elle portait, je ne lui ai jamais posé de questions. Je .. je savais qu'elle ne voulait pas en parler alors nous avons passé toute une semaine à peindre. Il était rare que l'une ou l'autre ne peigne pendant l'absence de l'autre.... même si chacune faisait ce dont elle avait envie ! Ça n'a pas été facile de rentrer en Master d'Histoire de l'Art et de peindre sans elle.. mais je savais qu'elle aurait été déçue si je n'avais pas été au bout ! Alors...»

« ... » Je jetais un œil vers elle et constatais que des larmes coulaient sur ses joues. Je la vis les essuyer avant d'attraper son verre et de boire une gorgée de son café.

Elle ne parla plus et se contentait de regarder devant elle. J'étais ravi qu'elle me parle de sa relation avec sa mère. Elles semblaient effectivement très liées et j'imaginais bien la douleur que Bella avait dû ressentir en perdant sa mère. Je serrais toujours sa main dans la mienne.

« Bella ? »

« Mmmh ! »

« Je.. pourquoi es-tu venu me voir cet après-midi ? Pas que ça ne me fasse pas plaisir, bien au contraire mais tu ne devais pas aller à la galerie ? »

« La galerie est fermée le lundi ! Et je sais pas...quand je suis partie de chez Rose, je n'avais pas envie de rentrer.. et je pensais à toi alors ! » dit-elle en haussant les épaules avant de me regarder et de sourire.

« Ça te dit qu'on marche un peu ! » lui proposais-je.

« Ouais ! »

Nous marchions l'un à côté de l'autre dans le parc. Bella m'avait parlé à nouveau de sa mère et de son père dont elle n'avait plus de nouvelles depuis quelques jours. Elle semblait angoissée de ne pas savoir où il se trouvait et si il allait bien. Elle m'avait posé quelques questions au sujet de ma musique et des morceaux que nous avions écouté la veille chez Rosalie. Elle était complètement captivée par tout ce que j'avais pu lui raconter. Vers 17h, il était l'heure pour moi de retourner au bar et je lui avais demandé si elle voulait que je la raccompagne. Elle avait refusé prétextant qu'elle devait aller rendre visite à une de ses amies de la fac. C'est ainsi que nous nous quittions devant le bar. Je lui avais redonné mon numéro de portable et elle m'avait redonné le sien même s'il était toujours en mémoire sur mon téléphone. Je n'avais résisté à l'envie de lui déposer un baiser sur la joue et elle en avait fait de même juste avant que je ne la regarde s'éloigner.

Emmett arriva vers 18h et Jasper quelques minutes plus tard. La soirée se déroula sans problème et nous avions fermé le bar vers une heure de matin car il n'y avait pas eu beaucoup de monde. Je rentrais chez moi et me couchais en pensant à Bella qui n'avait pas quitté mes pensées depuis cet après-midi.

Je ne vis pas Bella les jours suivants mais je savais que Jazz devait l'accompagner le lendemain pour le vernissage au MET. Je devais passer la soirée avec Emmett et nous avions donc confié le bar à Jasper. Mon frère avait embauché deux extra pour donner un coup de main à Jazz. Mon frère avait commandé des pizzas puisque Rose et Bella dînaient toutes les deux en ville. J'étais ravi de retrouver mon frère et j'en avais profité pour lui parler d'Irina. Il ne semblait pas surpris. Il m'avait expliqué qu'il l'avait croisé lorsqu'il était allé ramener les toiles de Benjamin au cabinet de son père. Ils s'étaient échangés quelques banalités et il m'avait dit que c'était mieux comme ça. Rose était désormais dans sa vie et même si elle était au courant qu'il l'avait vu, il ne souhaitait en aucun cas entretenir une quelconque relation avec elle. J'avais été soulagé d'un grand poids lorsqu'il m'avait dit qu'il ne m'en voulait pas de ne pas lui en avoir parlé. Nous étions toujours sur la terrasse quand Rose et Bella rentrèrent vers 23h. J'étais content de la voir puisque nous ne nous étions pas vus depuis le lundi. Elle rayonnait dans sa robe bleue nuit. Rose se jeta sur la bouche de mon frère pendant que je disais bonsoir à Bella.

« Vous avez passé une bonne soirée ? » demanda mon frère.

« Excellente ! N'est-ce pas Bella ? » répondit Rose.

« Oui, le resto était très sympa et j'avoue que le repas aussi ! Je crois que je n'ai jamais autant mangé de ma vie ! » dit-elle en se laissant presque tomber sur la chaise.

« Cool » reprit Em'.

« Vous voulez boire autre chose les garçons ? » nous demanda Rose.

« Euh non, je vais pas tarder à rentrer de toute façon ! » repris-je.

« Okay comme tu veux ! Bella tu veux quelque chose ? »

« Non, je vais rentrer aussi ! Je dois être à la galerie vers neuf heures ! Comme je ferme demain après-midi pour pouvoir me préparer pour le vernissage au MET ! » répondit elle.

« Bon et bien comme tu veux ! »

« Je veux bien une bière, moi par contre ! » releva mon frère en regardant Rose.

« Je vais te chercher ça ! Vous attendez que je revienne avant de partir tous les deux ! »

« Oui ! » lui répondit Bella.

« Alors, Jazz t'accompagne toujours demain ? » demanda mon frère à Bella.

« Non, il doit garder le fils de son ami Peter qui doit être à Washington demain et il doit y rester jusqu'à dimanche pour affaires ! Enfin d'après ce que j'ai compris ! »

« Okay, je comprends mieux pourquoi il nous a demandé de ne pas bosser demain et samedi ! J'croyais que c'était pour une femme par pour un mioche ! » reprit Em'.

« Le fils de Peter est autiste et Jasper y est très attaché tu sais.. » dit-elle doucement.

« Oh ! » fit mon frère.

« Tu as trouvé quelqu'un pour t'accompagner demain ? » demandais-je.

« Non mais ce n'est pas grave ! J'irais toute seule et puis Nahuel sera là lui aussi alors ! » me répondit-elle en haussant les épaules.

Elle semblait perdue dans ses pensées. Je me demandais à quoi elle pensait. Nous échangions quelques regards avec mon frère, interloqués par le silence de Bella. Mais aucun de nous ne releva. Rose revint vers nous quelques minutes après. Je saluais mon frère et ma belle-sœur et Bella fit de même.

« Tu veux que je te raccompagne ? » lui demandais-je.

« Oui, pourquoi pas ! » me répondit-elle.

C'est ainsi que Bella et moi récupérions ma voiture dans le sous-sol et que nous prîmes la direction de son appartement.

« Jazz va garder le fils de Peter chez vous ? »

« Non, il va chez Peter ! Ça fait trop de changement pour lui sinon ! C'est un enfant qui a besoin de repères alors quand Jasper doit le garder, il va chez lui. »

« Okay ! »

Du coup cela signifiait que quand Bella allait rentrer demain soir, elle serait seule chez elle. Sachant que Tanya n'avait toujours pas été appréhendée, j'étais un peu inquiet. J'avais appelé chaque jour l'inspecteur Uley pour savoir où en était l'enquête mais il semblerait que cette dernière soit introuvable. J'étais perdu dans mes pensées jusqu'à ce que Bella ne parle. 

« Edward ça va ? » 

« Ouais pourquoi ? » 

« Je sais pas, le feu est passé au vert et tu n'as pas démarré ! » 

« Désolé, je réfléchissais ! » 

« A quoi tu pensais ? » 

« Euh... » 

« Edward dis-moi ! » me dit-elle en me dévisageant. 

« Je pensais juste que tu allais rentrer seule demain et que Tanya était toujours dans la nature ! Et je m'inquiète c'est tout ! » 

« Oh.. » 

« ... » 

« Tu veux m'accompagner au vernissage demain ? » 

« Tu es sérieuse ? » 

« Bah après tout j'ai une invitation pour deux personnes, tu es le fils d'Esmée, je ne pense pas que ça posera un problème ! Et puis comme ça tu pourras me ramener et ça évitera que tu t'inquiètes pour rien ! Non ? » 

« Euh.. » 

« Mais si tu veux pas c'est pas grave ! » 

« Si si.. mais faut que je vois avec Em' s'il peut gérer le bar seul demain soir, c'est vendredi et ... » 

« Oui vous avez beaucoup de monde ! C'est pas grave.. je t'enverrais un message quand je serais rentrée si tu veux ! » 

« Non » claquais-je. 

« .. » Bella me regardait surprise. 

« Je … Je vais essayer de m'arranger, je t'appelle pour te le dire okay ! » 

« Okay ! Mais ne t'embête pas pour moi non plus hein ? » 

« Tu ne m'embêtes pas Bella ! » 

« Ouais.. »

Nous étions arrivés devant chez elle et apparemment une voiture avec deux policiers surveillait les lieux. J'attendis que Bella soit entrée dans son immeuble avant de repartir chez moi. Une fois à mon appartement, j'appelais Emmett pour lui expliquer que je ne pourrais pas être là demain soir au bar. Il me rassura en m'expliquant qu'il n'y avait pas de souci et qu'il était content que Bella me l'ait proposé. Je décidais donc de lui envoyer un message pour la prévenir. Puis j'allais me coucher. 

POV BELLA 

Edward venait de me déposer chez moi. J'avais passé ma soirée avec Rose et nous avions beaucoup parlé. Je lui avais raconté ma semaine et ce qu'il s'était passé avec Edward lundi après-midi. Je lui avais parlé de mes parents comme si c'était quelque chose de naturel. Cette sensation était bizarre car plus j'y réfléchissais, plus je repensais aux moments où il était venu chez moi en début d'année et la facilité que j'avais eu à lui parler de moi. Moi qui était pourtant discrète et qui n'aimait pas parler de ma vie, je m'étais retrouvée à lui raconter la relation que j'entretenais avec mes parents et plus précisément avec ma mère. Nous avions parlé de mes dessins mais aussi de sa musique. Il semblait vivre avec et pour elle. J'avais l'impression qu'il exprimait beaucoup de chose par sa musique et que c'était un peu son exutoire comme le dessin l'était pour moi. J'avais été émue par toutes ses compositions mais l'entendre parler des moments où il les avait créées était tout aussi intéressant. Edward me fascinait. Il parlait plus facilement de sa musique que de ses sentiments même si en écoutant bien chaque morceau on arrivait à déceler ses émotions voir ses états d'âmes au moment où il les avait composées. 

Rose m'avait rassuré en me disant que j'avais fait un grand pas vers lui et qu'il fallait que j'avance, que je continue d'aller vers lui. Mais je savais que ça n'était pas aussi simple. Je l'aimais et cet espèce de lien que nous avions me rappelait trop ma mère et j'avais peur de le perdre lui aussi. Mais en même temps depuis notre discussion, il ne quittait pas mes pensées. Je me sentais bien auprès de lui, en sécurité et sereine alors Jasper ne pouvant venir avec moi au vernissage du MET, j'avais parlé avec Rose de mon envie d'inviter Edward. Je ne voulais pas que ça le dérange, ni le forcer à faire quelque chose qu'il ne voudrait pas. Rose m'avait certifié qu'il serait ravi et effectivement il n'avait pas dit non. Il devait juste s'arranger avec Emmett pour le bar. 

Je venais de fermer la porte de l'appartement et me déshabillais avant d'aller prendre une douche. Je mis en route mon pc et la chaîne hi-fi avant de prendre la direction de la salle de bains. Je me délassais sous l'eau chaude alors que les premiers accords du « VideCor Meum » de Hanz Zimmer résonnaient dans tout l'appartement. J'étais ravie que ma voisine soit à moitié sourde et que mon appartement soit suffisamment isolé car cela me permettait de mettre le volume assez fort. Ces voix qui surgissaient de cette mélodie créaient chez moi un sentiment de bien être. Je sortis de la salle de bain saturée de vapeur d'eau en peignoir de bain tout en me séchant les cheveux avec une serviette. Je mis ma bouilloire en route pour me préparer un thé et me dirigeais vers mon ordinateur pour ouvrir ma boite mail. Je vérifiais si mon père m'avait envoyé un courriel et je constatais que c'était le cas. M'asseyant sur la chaise devant mon bureau j'ouvrais son message. 

Ma Bella... 

J'espère que tu vas bien ! Nous venons de revenir de la forêt amazonienne et nous sommes épuisés. Élie est partie dormir et comme je me sens malgré tout en forme, je me suis dit que j'allais t'envoyer un petit message. Ce séjour était fabuleux. La nature est si luxuriante là-bas et les populations indigènes sont tellement accueillantes. J'ai été choqué au départ de voir ces hommes et ces femmes qui se promènent pratiquement nus mais c'est leur mode de vie ! D'ailleurs il est vrai que l'atmosphère est tellement humide et chaude qu'on est bien presque nu ! Je t'ai envoyé une photo d’Élie et moi en « tenue locale » ! Ne te moques pas de ton vieux père s'il te plaît, je n'ai plus le corps d'un homme de vingt ans !  

Élie a tenté d'apprendre notre langue aux enfants avec les livres qu'elle avait emporté et elle était fière car les enfants ont réussi à retenir quelques mots. Nous avons, nous aussi, tenter d'apprendre leur dialecte mais j'avoue ne pas avoir réussi. Leur façon de vivre est si proche de la nature que ça en est impressionnant ! Je pense que tu ne seras pas surprise si je te dis que je me suis vraiment senti à l'aise lorsque j'ai accompagné les hommes à la pêche ! Tu trouveras aussi une autre photo où je tiens un poisson dans mes mains, ne me demande pas ce que c'est, je n'en ai aucune idée mais une fois que c'est cuit le goût est un peu bizarre mais ça se mange !! Élie n'en a pas voulu, elle préférait manger du manioc. J'ai goûté divers serpents et autres bestioles mais j'avoue que je n'ai pas pu manger leurs espèces de cafards ! Trop gluants et rien que l'aspect suffisait à me couper l'appétit. 
J'ai pris plein de photos, Élie les chargera sur l'ordinateur et te les enverra demain dans la matinée. Il nous reste quelques jours encore pour en profiter et j'avoue que j'aurais aimé prolonger mon voyage mais je suis aussi très pressé de te revoir pour te serrer dans mes bras, ma fille chérie ! 

J'ai vu que tu t'étais disputée avec Alice, j'espère que les choses s'arrangeront entre vous mais c'est ta vie alors si tu estimes qu'elle ne doit plus en faire partie je le respecte ! Je suis ravie que tu arrives encore à vendre tes toiles, ta mère serait fière de toi tu sais ! Tu as en quelque sorte réalisé son rêve ! Tu es douée ma fille, ne l'oublie jamais ! Je suis le plus heureux des pères quand je vois ce que tu es devenue ! Pourtant je te sens si seule, t'es-tu fait d'autres amis ? Tu me parlais de Jasper et de Rosalie, si je me souviens bien alors j'espère que tout se passe bien avec eux ! Je voudrais aussi que tu te trouves un homme qui fera ton bonheur et que je pourrais devenir, un jour, le grand-père gâteau des plus beaux enfants de la Terre. Il est tant que tu ouvres ton cœur à un autre homme ma chérie !  

Tu sais, depuis que ta mère est partie, je n'ai jamais su comment te dire que même si elle te manque et même si l'amour que tu lui portais t'as fait souffrir quand elle est partie, elle voudrait que tu sois heureuse ! Que tu n'aies pas peur d'aimer ! Après ta rupture avec Tyler je t'ai vu t'isoler, te renfermer sur toi même et je n'ai jamais su trouver les mots qui auraient pu te réconforter mais tu es forte ma fille alors vis ta vie, laisse-toi le droit d'aimer et permet-toi de t'attacher aux personnes que tu aimes ! Regarde-moi avec Élie, je ne pensais pas et je ne voulais pas m'attacher à nouveau à quelqu'un de peur de perdre à nouveau une personne chère à mon cœur et pourtant Élie fait partie de ma vie ! Je l'aime, pas autant que je t'aime ou que j'aimais ta mère mais elle me rend heureux alors après tout pourquoi devrais-je m'en priver ! Je sais que ta mère n'aurait pas voulu que je reste seul !  
Il est tard à Rio et je vais aller rejoindre ma femme dans notre lit ! Écris-moi, dis-moi ce qui s'est passé dans ta vie, je sens que tu ne m'as pas tout dit dans ton dernier message...  

Je t'embrasse très fort ma chérie. 
Je t'aime.  

Ton papa. 


J'essuyais les larmes qui avaient coulé pendant que je lisais les quelques mots de mon père. Il avait semble-t-il réussi à découvrir ce que j'avais tenté de cacher. Il ne savait pas à quel point il était présent et que même ses silences me montraient à quel point il était fier de moi, même si ses mots avaient plus de valeurs désormais. Il me manquait et j'avais hâte de le revoir. Je constatais que je n'avais pas réussi à lui cacher ma solitude et qu'il avait bien cerné mes craintes. Je me demandais juste depuis quand il était aussi clairvoyant. … Je pense que ça date de ton retour après la mort de Tyler.. quand tu es arrivée chez lui épuisée...et que tu étais tellement maigre qu'il a cru que tu étais malade.. tes silences et ton isolement pendant ton séjour ont dû lui mettre la puce à l'oreille.. et puis c'est ton père... quel père serait-il s'il n'avait pas fait attention à ça.. hein... peut-être serait-il temps de l'écouter...

Le sifflement de la bouilloire me fit reprendre mes esprits. Je me servis de l'eau chaude dans une tasse et y mettais le sachet de thé. Puis m'installant à nouveau sur ma chaise j'ouvrais les photos que mon père avaient jointes à son message. Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire en découvrant Charlie qui ne portait qu'une sorte de culotte rouge orangée. Élie quant à elle portait une jupe très courte et avait semble-t-il gardé son tee-shirt. L'autre photo de mon père était fabuleuse. Il souriait littéralement et ses yeux pétillaient. Juste à côté de lui un indigène, qui levait les deux pouces en l'air ! Un truc que mon père avait dû leur apprendre j'en étais certaine ! Je décidais de répondre à mon père tout en buvant mon thé. Mon regard se posa sur l'extérieur alors que la voix de Lisa Gerrard (« I asked for love ») se diffusait dans le salon. Il faisait nuit noire dehors mais une brise légère faisait bouger les rideaux laissant entrer un peu de fraîcheur dans mon appartement. Mon téléphone vibra au même instant. Je regardais qui m'avait envoyé un message. Edward.

« Coucou ! Je pourrais t'accompagner demain soir, je me suis arrangé avec Em' ! J'espère que ta proposition tient toujours ? Passe une bonne nuit et à demain. Je t'embrasse. Edward »

J'étais contente qu'il puisse m'accompagner. Je devais avouer que plus le temps passait, plus j'appréciais sa compagnie. Je composais un message afin de lui répondre.

« Bien sûr que ma proposition tient toujours ! Pourquoi diable crois-tu que j'ai changé d'avis! Passe une bonne nuit et ne compose pas trop tard.. même si j'aimerais pouvoir entendre ce morceau qui doit être sans nul doute magnifique.. sinon tu ne pourras pas m'accompagner demain..je t'embrasse. B »

J'hésitais à l'envoyer mais malgré tout, j'appuyais sur la touche d'envoi. J'espérais juste que mon audace ne le gêne pas. Je n'eus pas bien longtemps à attendre car mon portable vibra à nouveau.

« Je ne veux pas m'imposer alors je voulais être sûr que tu étais toujours d'accord ! Tu veux entendre ce morceau.. et bien si ça ne tenait qu'à moi, je te le ferais écouter tout de suite ! Mais il faut que tu dormes aussi ! Il est tard et demain tu vas être épuisée ! D'ailleurs, je suis déjà au fond de mon lit à contempler le ciel étoilé depuis ma fenêtre ! Et je vais aller rejoindre les bras de Morphée.. en attendant... ! Bonne nuit. E »

J'éteignais la lampe de mon bureau et rabattait l'écran de mon ordinateur. Puis je me levais pour m'installer sur le rebord de la fenêtre et contemplait le ciel étoilé. Edward avait raison, le ciel était rempli de ces points scintillants. C'était la première fois, à New-York, que je voyais un ciel aussi lumineux. L'absence de lune en était peut-être la raison. Je restais un moment assise, là, tenant mon portable entre mes mains. Je relisais le message d'Edward. Il aurait aimé me faire entendre son morceau dans l'instant. Mon cœur se mit à battre plus fort en m'imaginant avec lui, contemplant le ciel étoilé pendant qu'il jouerait pour moi. Je repensais à toutes ces nuits que j'avais passé sur le rebord de la fenêtre de ma chambre cherchant dans le ciel, l'étoile qui brillait pour ma mère. Mon père avait raison, il fallait que je m'ouvre et que j'accepte de m'attacher aux autres. Que j'accepte les sentiments que je nourrissais vis à vis d'Edward et qu'apparemment il ressentait également pour moi. M'attacher à lui ne signifiait pas que j'allais indubitablement le perdre. Plus je pensais à lui, plus il me manquait. Je fermais les yeux quelques instants. J'attrapais le bloc qui se trouvait sur la tablette à ma droite et le fusain qui était posé dessus. J'avais envie de dessiner. Je répondis tout de même à Edward.

« Je contemple aussi le ciel... merci car la nuit est vraiment magnifique ! Mais je ne peux pas dormir, je viens de recevoir un mail de mon père! Et mes doigts me picotent. Je vais donc dessiner avant d'aller, moi aussi rejoindre les bras de Morphée.. en attendant mieux... Dors bien à demain. Je t'embrasse ! B »

Il était minuit passé et Jasper ne rentrerait que dans deux heures. Cela me laissait suffisamment de temps pour mettre en œuvre ce que j'avais en tête depuis quelques minutes. Je pris alors mon fusain entre les mains et commençait à tracer les contours de mon croquis. J'affinais certains traits et j'en accentuais d'autres. Je soufflais sur mon dessin par moment afin d'éloigner la poussière que créait le fusain lorsqu'il entrait en contact avec les grains de la feuille. Je terminais mon dessin en retouchant la forme des yeux et les ombres des paupières et du nez. J'insistais un peu plus sur l'oreiller sur lequel ce visage était posé. Puis je débutais le dessin de la main posée juste à côté de ce visage. Après un peu plus d'une heure mon dessin était achevé. Je soufflais une dernière fois dessus et passais mon doigt sur le fusain incrusté dans le papier afin d'estomper les traits et de donner une certaine fluidité et une douceur à mon œuvre. Je tenais le dessin entre mes mains et déposais le fusain sur la tablette. Je tournais alors mon visage vers l'extérieur et contemplais à nouveau le ciel. Certaines étoiles étincelaient plus que d'autres. Nous n'étions pas encore en août mais une étoile filante vint embraser le ciel juste sous mes yeux. Je refis alors le vœu que j'avais fait il y a quelques jours. Et j'espérais sincèrement qu'il se réalise. 

Alors que je regardais mon dessin, je ne pus m'empêcher de passer à nouveau mes doigts sur son visage. Lorsque je l'avais contempler pendant qu'il dormait après mon réveil auprès de lui, chez Rose, je n'avais pas pu m'empêcher de penser qu'il était magnifique. Je me demandais comment une fille aussi simple que moi avait réussi à faire changer un homme comme lui. Les traits fins de son visage étaient un pur bonheur pour un artiste. Si simple et pourtant si compliqué à reproduire. Mais j'étais satisfaite du résultat car mes doigts avaient réussi à reproduire ce visage d'ange endormi qui ne cessait de hanter mes nuits. Pas que je m'en plaigne, étant donné les cauchemars que je faisais depuis quelques semaines mais je n'imaginais pas pouvoir mettre sur papier, cette image gravée dans mon esprit. 

Je contemplais une dernière fois le ciel et me dirigeais vers ma chambre, le dessin toujours en main. Je le déposais sur ma table de chevet face à moi avant de me glisser dans les draps frais la tête tournée vers mon dessin. 
Mon portable était éclairé ce qui signifiait que j'avais reçu un autre message. 

« Je serais curieux de savoir ce que tu vas dessiner... Je suis heureux que tu es eu des nouvelles de ton père.. tu dois être rassurée.. Repose-toi bien ! Je t’appellerais demain midi pour savoir à quelle heure je dois passer te prendre ! Bonne nuit. Bx. Edward »

Je souriais en regardant le dessin de son visage. Si seulement il savait ce que j'avais dessiné. Je basculais sur le dos, un sourire niais scotché aux lèvres alors que mon cœur s'emballait quelque peu. Je serrais mon portable contre ma poitrine et relisais son message. Demain Edward allait m'accompagner au vernissage. Je posais mon téléphone à côté de moi et m'endormis rapidement en songeant à ce merveilleux moment que j'avais imaginé plus tôt alors qu'un regard vert attentionné semblait me regarder.

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...

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