« What
does not destroy me, makes me stronger. »
"Ce qui ne me détruit pas, me rend plus fort"
Friedrich Nietzsche
POV BELLA
[Gabriel
Thorn - « Tear Drops »]
Je
sortais mes vêtements alors que le morceau venait juste de débuter.
Cette sublime musique envahissait la pièce m'offrant une certaine
sérénité. Je continuais de préparer les affaires que je
souhaitais mettre parmi les vêtements que Rosalie avait déposé sur
une des chaises. Les notes s'enchaînaient. Je devais aller prendre
un douche mais je ne voulais pas sortir de cette pièce. Son parfum
saturait l'air ambiant de la chambre renforçant ce sentiment de paix
que dégageait cette mélodie. J'étais là, debout, alors que je
venais d'ôter mon short.
Le
soleil qui traversait les vitres chauffait la peau de mes jambes
dénudées. Le rythme calme donnait cette impression d'être dans une
bulle. J'étais totalement hypnotisée par les notes qui
s'enchaînaient avec une fluidité déconcertante. Mon regard était
fixe, posé sur le toit des immeubles situés devant moi. Je les
observais sans vraiment les regarder. Les accords joués me
traversaient de part en part faisant éclater des milliers d'émotions
dans tout mon être.
Je
fis quelques pas vers le lit avant de m'y asseoir. Je reculais
lentement ramenant mes jambes contre ma poitrine. Je fis glisser mes
bras autour avant de poser mon menton sur le sommet de mes genoux. Le
regard sur le sol, absorbée par chacune des notes, je ne pensais à
rien d'autre qu'aux milliers de sensations que me faisaient ressentir
ce morceau. Je frissonnais mais c'était agréable. C'était comme si
je flottais dans l'air. Le rythme s’accélérait par instant comme
si de nouvelles émotions déboulaient au beau milieu de cet air
triste et mélancolique pour redonner de l'espoir et de la vivacité
à cette mélodie. Je me concentrais à nouveau sur chacune des notes
aisément dévoilées et découvrait au-delà de la souffrance, de la
peine et de la douleur, de la joie, de la douceur et de l'amour. Je
réalisais alors pourquoi Emmett avait semblé si émotif, chez moi
l'autre jour. Il connaissait ces morceaux, ces compositions et il
savait que son frère avait retrouvé une part de lui en recommençant
à jouer. Edward avait dû beaucoup aimer cette fille pour qu'il ait
abandonné la musique pour elle. Aucune fausse note et beaucoup de
rythme à certains moments ne laissaient aucun doute planer quant à
sa maîtrise de cet instrument. Je n'arrivais pas à me concentrer
sur autre chose. Je fermais les yeux afin que la musique puisse
pénétrer chaque fibre de mon corps et de mon esprit.
Je
restais immobile un moment savourant ce morceau alors que des images
de ma mère, de mes amis et d'Edward défilaient devant mes yeux
clos. Je ne comprenais pas comment quelqu'un pouvait pousser une
personne a abandonner ce qui lui tenait à cœur et ce qui, quelque
part, le faisait vivre. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans la
peinture. Ça serait comme si on m'arrachait un bout de mon cœur ou
de mon âme. Je vis avec mes dessins. Ils sont le reflet de mes
émotions, de mes souvenirs, de mes désirs et de mes rêves. Alors
imaginer qu'on ait pu priver Edward de sa musique me serra le cœur.
Un doux parfum arriva sur mon visage alors qu'une larme silencieuse
coulait sur ma joue. Je la sentais glisser sur mon visage. Puis la
fraîcheur de l'eau qui dévalait le long de ma joue fut remplacée
par une légère caresse à l'endroit même où cette goutte aurait
dû poursuivre son chemin. J'ouvris les yeux. Edward se tenait devant
moi.
POV EDWARD
Bella
venait juste de me déposer un baiser sur la joue avant de me
remercier d'être là. Je sentais encore la chaleur de ses lèvres
sur ma peau. Je restais figé. Nous venions de discuter et je ne
réalisais toujours pas qu'elle ne m'en voulait pas. Elle avait été
cinglante par moment mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Et
pourtant, alors que je m'étais imaginé qu'elle ne voudrait plus me
voir, elle avait affirmé le contraire. Elle n'avait pas voulu me
dire ce que Tanya lui avait dit mais ce que je savais c'était
qu'elle ne l'avait pas cru. Lorsqu'elle m'avait dit ça, mon cœur
avait explosé. Elle pensait que je n'étais pas responsable de ses
actes, c'était vrai mais pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de
croire que j'étais fautif. J'avais réussi à lui parler de Tanya et
de Lauren même si les souvenirs de mon histoire avec cette dernière
avaient ravivé un peu la souffrance que j'avais ressenti à cette
période de ma vie. Elle ne m'avait pas coupé et avait écouté
attentivement tout en me posant certaines questions. Je lui avais
demandé ce qu'elle attendait de moi et elle m'avait demandé de ne
rien lui cacher. Et c'est ce que j'allais faire. Elle acceptait
d'être mon amie même si il m'avait semblé voir autre chose dans
son regard.
Les
souvenirs de la discussion de la veille avec Emmett me revinrent.
Elle avait peur de perdre ceux qui lui étaient chers et je savais
que si je voulais que les choses avancent, il me faudrait encore être
patient et la rassurer afin qu'elle s'ouvre. Elle ne m'avait pas
parlé d'elle et je n'avais pas osé lui poser des questions de peur
qu'elle se braque. J'allais donc, doucement, essayer qu'elle se
confie et qu'elle m'en dévoile un peu plus sur ses peurs qui
semblaient la ronger. Je savais qu'elle avait perdu sa mère alors
qu'elle n'avait que seize ans, nous en avions vaguement parlé
lorsque j'étais allé chez elle. Mais j'ignorais quelle genre de
relation elles entretenaient. Dans sa lettre, elle m'avait fait part
qu'elles étaient très liées et qu'elle avait ressenti cette même
osmose entre nous mais c'était aussi ce qui l'effrayait. Ses
craintes s'exprimaient aussi par les cauchemars récurrents qu'elle
semblait faire. J'avais pu le constater il y a deux jours et aux
dires de Jasper, ils pouvaient être très perturbants voire
totalement terrorisants. Je savais que je devais la laisser venir
mais je ne pouvais pas non plus rester là, attendant qu'elle se
décide. Emmett, lorsqu'il était venu me réveiller vers onze
heures, avait pris le temps de discuter avec moi. Il m'avait expliqué
que Bella avait pardonné à Rose et Jazz et il voulait savoir ce que
j'avais fait pour qu'elle semble si sereine au réveil. Je lui avais
raconté ce qu'il s'était passé. Il m'avait dit alors de ne pas
rester sans rien faire mais de lui montrer que je pouvais être là,
sans lui donner l'impression de lui imposer les choses ou ma
présence. Je devais faire doucement et selon mes envies de manière
à ce qu'elle parle. J'avais pour la deuxième fois écouté ses
conseils et je les avais appliqués lorsque nous avions discuté
après que mon frère, sa femme et Jazz soient partis. Je les
soupçonnais de l'avoir fait exprès et en même temps je ne pouvais
que les remercier. Je ne serais pas si optimiste à l'heure qu'il est
si nous n'avions pas pu nous parler. Le soleil commençait à
chauffer sérieusement et je décidais de rentrer.
Lorsque
je pénétrais dans le salon, j'entendis une musique qui semblait
provenir de la chambre d'ami. Je posais ma tasse sur l'îlot et me
dirigeais vers le lieu d'où semblait venir cette mélodie. Alors que
le piano enchaînait les accords, je me stoppais à quelques pas de
la porte. Il s'agissait d'un morceau que j'avais composé au moment
de la mort de mon grand-père. Ma mère avait composé les premiers
accords et je l'avais terminée après avoir lu la lettre que mon «
pap' » m'avait écrite juste avant de mourir. Dans cette note, il
m'avait cité un très beau poème de William Blake
Je
suis debout au bord de la plage
Un
voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il
est la beauté, il est la vie.
Je
le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un
à mon côté dit :
"Il
est parti !"
Parti
? Vers où ?
Parti
de mon regard. C'est tout...
Son
mât est toujours aussi haut,
Sa
coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa
disparition totale de ma vue est en moi,
Pas
en lui.
Et
juste au moment où quelqu'un près de moi dit : "il est parti
!"
Il
en est d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers
eux,
S'exclament
avec joie :
"Le
voilà !"...
C'est
cela la mort.
Le
rythme de la musique était un peu plus vive et me ramena au moment
présent. Je m'approchais de la porte et tentais d'entendre quelques
bruits pour savoir si Bella était dans la pièce. Je frappais
doucement mais elle ne répondait pas. Je poussais la porte qui était
légèrement entrouverte et entrais. Elle était là. Assise sur le
lit, les jambes repliées contre elle et le menton appuyé sur ses
genoux. Elle avait les yeux fermés et son visage était détendu.
Elle semblait totalement captivée par ce morceau. Je fus ému de
voir qu'elle écoutait ce CD et me demandait comment elle avait pu
l'avoir en sa possession. C'était un morceau que j'avais composé il
y a presque quatre ans, un soir alors que je n'arrivais pas à
dormir. Ma mère m'avait demandé de lui enregistrer quelques-uns de
mes morceaux sur un CD en plus de celui-ci pour qu'elle puisse
m'écouter de temps en temps. Elle avait justifié sa demande en
m'expliquant que je ne vivais plus chez eux et qu'elle ne pouvait
donc plus m'écouter lorsque je jouais la nuit et qu'elle ne dormait
pas. J'avais arrêté de compter le nombre de fois où j'avais
retrouvé ma mère assise sur le canapé alors que je montais me
coucher lorsque j'étais adolescent. Elle savait que la musique était
mon exutoire et qu'elle me permettait d'exprimer ce que je n'arrivais
pas à dire par des mots. Mon regard se posa à nouveau sur Bella.
Elle venait de resserrer sa prise sur ses jambes et je m'approchais
doucement. Je contemplais son magnifique visage. Elle ne portait que
son top et ses cheveux retombaient de part et d'autre de son visage
mais ils ne m'empêchaient pas de l'admirer. Mes yeux remontèrent
vers son visage alors que le rythme de la musique ralentissait. C'est
alors que je vis une larme s'échapper d'un de ses yeux. Le premier
réflexe fut de stopper sa course en attrapant celle-ci du bout du
doigt. Je pouvais sentir la chaleur de son visage à l'extrémité de
mon index.
Alors
que je recueillais cette eau, elle ouvrit les yeux. Je la regardais
droit dans les yeux et elle m'offrit un magnifique sourire. La
musique continuait à résonner dans la pièce alors que nous ne
disions rien. Nous nous observions sans pour autant détourner nos
regards. Je cherchais à déchiffrer les émotions qui émanaient de
son regard. Elle semblait réellement touchée par la musique et mon
cœur se serra à cette idée. C'était comme si elle avait lu
chacune des émotions que dégageait ma composition. Lorsque les
dernières notes du morceau se firent entendre. Je me sentais mal à
l'aise, j'avais peur d'avoir franchi une barrière et qu'elle ne me
fasse remarquer que j'aurais pu signaler ma présence avant d'entrer.
Mais encore une fois, elle me surprit.
«
Désolée, j'espère que... tu ne m'en veux pas ! »
«
T'en vouloir pour quoi ? »
«
Pour avoir écouter ta composition ! C'est Rose et Emmett qui me
l'ont prêtée et je... je.. j'ai beaucoup aimé ton morceau, celui
que tu m'as envoyé et... je... je voulais en écouter d'autres ! Ce
morceau-là » dit-elle en désignant le poste « Il est
magnifique ! »
«
Je ne t'en veux pas.. c'est juste que je suis surpris ! Je me
demandais comment tu avais eu ce disque ! Mais j'ignorais qu'Emmett
en avait une copie ! »
«
Pourquoi ? »
Je
pris place à côté d'elle sur le lit. Elle avait placé ses mains
sous ses cuisses alors que celles-ci retombaient le long du lit.
«
C'est un disque que j'avais enregistré pour ma mère ! Mais
j'ignorais qu'Emmett en avait un lui aussi ! »
«
Oh ! En tout cas ce morceau est sublime. Il est à la fois triste et
plein d'espoir ! C'est... je sais pas... il m'a touché en fait !
» dit-elle alors qu'elle baissait les yeux vers ses jambes tout
en faisant bouger ses pieds qui pendaient dans le vide.
«
Je .. merci... je.. c'est un morceau que j'ai composé au moment de
la mort de mon grand-père en fait ! Mais lui voulait que nous
continuions de vivre car pour lui la mort n'était qu'une étape,
enfin c'est ce qu'il ne cessait de dire ! » dis-je en haussant
les épaules.
«
Mmmh peut-être mais la cicatrice que laisse la perte d'un être cher
ne disparaît jamais réellement ! Elle se referme lentement et peut
se rouvrir à chaque instant ! »
«
Oui, mais cela ne doit pas cependant nous empêcher d'être heureux !
Pour eux en quelque sorte ! Mon « pap' », comme je l'appelais,
disait que le bonheur et l'amour ne doivent pas être ensevelis sous
la tristesse et la peine ! Nous devons être heureux pour ceux qui
sont partis ! Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire jusqu'à ce
que je lise un poème qu'il avait cité dans sa dernière lettre ! Je
te la ferais lire si tu veux ! »
«
Pourquoi pas..mais c'est personnel alors je ne voudr... »
«
Non, si je te le propose c'est que ça ne me gêne pas ! Crois-moi !
» la coupais-je.
«
D'accord » souffla-t-elle.
Une
autre de mes compositions résonna dans les enceintes du poste situé
face à nous. C'était une reprise d'un grand compositeur que j'avais
tenté de remanier en changeant les rythmes. Ce n'était pas une
grande réussite mais ma mère adorait ce morceau. Bella avait
toujours les yeux posés sur ses pieds. Elle semblait jouer avec ses
orteils et le sourire qui se dessinait sur son visage me prouvait que
cela devait l'amuser. Je ne pouvais pas détourner les yeux d'elle et
elle devait sentir mon regard sur elle car elle me jetait quelques
coups d’œil avant de sourire à plusieurs reprises. Je ne pourrais
jamais me lasser de ce sourire qui illuminait tout son visage.
J'avais l'impression d'être un obsédé à l'observer ainsi mais en
même temps elle me fascinait.
Hormis
la musique, il n'y avait pas un bruit dans l'appartement. Je ne
m'étais jamais senti aussi serein qu'en cet instant. J'étais
toujours assis à côté d'elle et le silence entre nous n'était
absolument pas oppressant bien au contraire. Je n'aurais jamais
imaginé qu'un moment comme celui-ci puisse me rendre si heureux. Je
me laissais tomber sur le lit de manière à être allongé. Je
croisais mes bras derrière ma tête. Bella posa son regard sur moi
et se mit à rire. Elle se tourna ensuite de manière à être dos à
la fenêtre et croisa ses jambes en tailleur. Elle me regardait de
temps à autre pendant que ses doigts jouaient avec le drap. Je ne
disais rien mais le sourire qui était désormais scotché sur mon
visage ne cachait rien de ma joie d'être là avec elle sans qu'elle
ne soit gênée. Je ne sais pas combien de temps nous étions restés
allonger sur le lit mais les morceaux du CD avaient continué de
défiler.
Lorsque
nous entendîmes nos amis rentrer, j'entendis Bella souffler. La voix
d'Emmett résonnait dans l'appartement et Rose et Jazz semblaient
rire. Bella me dévisagea et nous nous mîmes à rire doucement.
Aucun de nous n'avait esquivé le moindre geste pour rejoindre les
autres. Bella s'allongea à côté de moi, sur le côté, sa tête
reposant dans une de ses mains. Elle fixait la porte de la chambre
guettant l'arrivée d'un de nos amis.
«
Tu crois qu'ils vont nous chercher ? » me demanda-t-elle dans
un murmure
«
Je sais pas ! »
«
J'ai pas envie de bouger.. je suis bien là ! » me dit-elle en
rougissant.
Ces
simples mots me réchauffèrent et accélérèrent les battements de
mon cœur.
«
Moi aussi je suis bien ! Et bien profitons encore de ces quelques
minutes d'intimité avant de les voir débarquer ! »
Elle
se mit à rire tout en laissant retomber sa tête sur le matelas.
J'adorais ce son et je réalisais que je ne pourrais plus m'en
passer. Elle plia son bras et posa sa tête sur celui-ci. Elle était
désormais complètement allongée et j'étais toujours sur le dos,
le visage tourné vers elle. Nos yeux se fixaient et ce que j'y vis
me troubla. Son regard dégageait de l'envie, de l'affection et ce
petit quelque chose qui me procura un frisson des plus agréables. Je
fermais les yeux de bien-être mais je pouvais sentir son regard sur
moi. Je ne voulais pas ouvrir les yeux et sa proximité me permettait
de sentir son souffle sur mon visage. Lorsque j'ouvris les yeux à
nouveau, ce fut pour plonger dans ses prunelles chocolat. Son regard
était brillant et sa main jouait à nouveau avec un bout du drap.
Elle paraissait si fragile et les rougeurs qui coloraient à nouveau
son visage l'embellissaient. Des bruits de pas se firent entendre
dans le couloir.
«
Je crois qu'ils arrivent » chuchota-t-elle.
«
Je pense aussi.. » répondis-je
Alors
que je la dévisageais toujours je la vis se redresser et fixer la
porte. Je ne détournais pas pour autant mon visage d'elle. Je
préférais ne pas savoir qui se trouvait là mais au vue du calme
apparent, je pouvais dire qu'il ne s'agissait pas de mon frère.
«
Vous êtes là ? » entendis-je.
«
Ouais, on écoutait le CD que tu m'as donné hier » répondit
Bella.
«
Oh ! Jazz voulait savoir si tu étais prête pour aller passer tes
radios et aller au poste » reprit Rose.
Je
regardais Bella l'air perplexe. Elle baissa la tête vers moi.
« Ouais,
Jazz m'a demandé d'aller vérifier que tout allait bien après le
coup que j'ai reçu et d'aller porter plainte ! » dit-elle
l'air gênée. « Mais je refuse d'aller chez les flics ! Il le
sait donc dis-lui qu'il est hors de question que j'aille à l'USV !
» reprit-elle en regardant Rose
«
Tu veux que je vous accompagne ? » demandais-je.
«
Co.. comme tu veux mais je ne voudrais pas te déranger ! Je vais
juste passer une radio » reprit-elle.
«
Non pas du tout, c'est un peu à cau.. »
«
Edward..je t'ai déjà dit que tu n'étais pas responsable des actes
de cette folle ! » me coupa-t-elle.
«
Elle a raison » reprit Rosalie.
« Okay »
soufflais-je alors que je me redressais.
«
Je vais à la douche et on peut y aller ! » nous dit Bella.
«
D'accord, je vais prévenir Jazz ! A tout de suite ! » répondit
ma belle-sœur.
«
Je.. je vais te laisser ! » dis-je en me levant.
«
A tout de suite ! » me répondit-elle.
Je
laissais Bella dans la chambre et partis en direction du salon, là
où devaient se trouver mes amis et mon frère.
J'arrivais
dans le salon et mon frère me dévisageait.
«
Euh.. vous faisiez quoi tous les deux dans la chambre ? » me
demanda-t-il.
«
Rien, on écoutait le CD que tu as prêté à Bella ! »
«
Donné, je lui ai donné ! Tu ne m'en veux pas ? » reprit-il
gêné.
«
Non, Em', je ne t'en veux pas ! »
«
Alors vous avez réussi à discuter ? » me demanda Jasper qui
venait d'arriver.
«
Ouais » soufflais-je en m'asseyant sur un des fauteuils du
salon.
«
Et ? » reprit mon frère.
«
Et.. bien disons qu'on a mis les choses à plat, sur Tanya et tout ce
qu'il s'était passé mais.. ». Je cherchais mes mots. Je n'avais
pas pu en savoir plus sur elle et sur ses peurs mais je savais
qu'avec le temps, elle m'en parlerait peut-être.
«
Mais ? » reprit Jazz.
«
Mais c'est surtout moi qui ait répondu à ses questions et je n'ai
pas osé lui demander des réponses à celles que je me pose ! C'est
tout ! ».
«
Bella ne se confie pas comme ça ! » entendis-je dire Rose.
«
Non ça c'est sûr ! » reprit Jasper.
«
Il va falloir qu'elle apprenne à te faire confiance mais que tu
essayes toi aussi de la faire parler ! Bella ne parle pas facilement,
j'ai dû batailler très souvent pour savoir ce qui la tracassait !
Rien que pour savoir ce qu'Alice lui avait dit, je crois que j'ai dû
user de tout un tas de stratagèmes ! » reprit Rose.
«
Et comme je te l'avais déjà dit l'autre matin, pour ses cauchemars,
ça n'a pas été simple non plus » reprit Jazz en me
regardant.
«
Je sais ! »
«
Mais bon ça a l'air de s'être plutôt bien passé, tu n'as aucune
ecchymose sur le visage » reprit mon frère en me donnant une
tape sur l'épaule.
Nous
nous mîmes à rire ensemble devant l'humour de mon frère.
« Oui,
ça c'est bien passé ! Elle accepte qu'on soit ami ! C'est déjà un
bon début ! »
«
Ne t'inquiète pas, elle t'aime tu sais ! Elle nous l'a dit ce matin
! » dit ma belle-sœur.
«
Qu'est-ce que j'ai dit ce matin ? »
Bella
venait d'arriver dans le salon. Elle était magnifique. Elle portait
un pantalon ample noir avec un top blanc en broderie anglaise. Ses
cheveux mouillés tombaient en cascade sur ses épaules. Et elle
s'était maquillée ce qui lui permettait de masquer les quelques
ecchymoses qu'elle avait sur le visage. Elle regardait Rose d'un
regard noir qui signifiait qu'elle ne lui laissait pas le choix, il
fallait qu'elle lui réponde.
«
Que tu nous pardonnais » reprit Jasper sauvant Rose d'une
probable mise au point.
« Oui,
mais comme je l'ai dit à Edward, si vous me cachez à nouveau des
choses me concernant, je serais moins indulgente ! »
«
Ouais, on a compris ! » répondit Rose.
«
Tu es prête ? » demanda Jasper.
«
Ouais mais... » reprit-elle en me regardant « Edward va
venir avec nous, alors je sais pas si.. »
«
Je vais prendre une douche, j'en ai pour dix minutes. » répondis-je
en regardant mes amis qui semblaient surpris par ce que Bella venait
de dire.
«
On t'attend ! » me dit-elle.
Je
fonçais sous la douche et m'habillais rapidement avec les vêtements
que je portais la veille. Rose les avaient apparemment lavés car il
sentait bon le propre. Il faudrait que je pense à la remercier. Je
revenais au salon et je partis avec Bella et Jasper en direction du
cabinet de radiologie. Rose et Emmett avaient décidé de rester pour
préparer le repas pour que nous puissions manger tous ensemble en
revenant.
Pendant
que Bella passait sa radio, Jazz et moi avions parlé. Il souhaitait
que Bella aille porter plainte et j'étais d'accord avec lui mais
Bella refusait catégoriquement de s'y rendre. Je ne savais pas
comment la faire changer d'avis. Jasper avait essayé plusieurs fois
ce matin mais elle ne démordait pas. Il pensait ne pas lui dire et
l'y emmener de force. Je lui avais fait part de mon doute à ce sujet
lui expliquant que Bella risquait de ne pas apprécier. Je
réfléchissais à comment je pourrais faire pour l'inciter à se
rendre au poste mais je ne trouvais rien hormis peut-être de lui en
parler de but en blanc. J'étais perdu dans mes pensées quand Bella
revint vers nous. Elle s'assit à côté de moi et nous expliquait
qu'elle devait attendre les résultats pour les amener à son
médecin. Apparemment, elle n'avait rien et je fus soulager en
l'apprenant. Le radiologue, lorsqu'il lui remit les résultats, lui
expliqua qu'elle risquait d'avoir mal à la nuque et à la tête
pendant quelques jours et il lui donna un certificat médical qu'elle
devait transmettre à la police vu que cet examen faisait suite à
une agression. Elle marmonna quelques mots que je ne compris pas mais
elle n'avait semble-t-il toujours pas accepté d'aller porter
plainte.
Nous
sortions du cabinet et je proposais à Bella de retourner chez mon
frère à pied. Jasper n'y vit aucun inconvénient mais le regard
qu'il me jeta me fit comprendre qu'il se demandait ce que je comptais
faire. Je m'approchais de lui pendant que Bella attrapait ses
affaires dans la voiture et je lui expliquais que je comptais la
convaincre de se rendre à la police. Il acquiesça. Bella était
revenue près de nous.
«
Ça te dit ou pas ? » lui demandai-je.
«
Ouais ! »
«
Ok, et bien on y va ! Tu préviens les autres » demandais-je à
Jasper.
«
Pas de souci, à toute à l'heure ! »
Le
cabinet se trouvait à un quart d'heure de l'appartement de mon frère
mais comme je comptais passer devant le poste où se trouvait l'USV,
il nous faudrait un peu plus de vingt minutes pour rentrer.
Nous
marchions depuis quelques minutes et je savais que nous n'étions
plus très loin du lieu où je voulais qu'elle aille. Nous n'avions
rien dit depuis notre départ du centre de radiologie alors que nous
avions échangé plusieurs regards. Je ne savais pas pourquoi je me
sentais si fébrile à l'idée de parler avec elle ou pourquoi elle
n'osait pas me parler mais je décidais de ne pas m'en préoccuper
pour l'instant. Alors que nous étions à l'angle de la rue, je
décidais de lui parler.
«
Bella » dis-je en m'arrêtant avant qu'elle ne voit au loin
l'enseigne du poste.
«
Oui » dit-elle en se stoppant avant de se tourner pour me faire
face.
«
Je... on est dans la rue où se trouve le poste de police ! »
«
Edward, je t'... »
«
Écoute-moi s'il te plaît » la suppliais-je.
«
.. » Elle hocha la tête.
«
Je sais que tu ne veux pas y aller.. je ne sais pas pourquoi mais je
suis mort de trouille à l'idée qu'elle puisse s'en prendre à
nouveau à toi ! Je ne peux pas laisser ça se produire ! Je sais que
tu penses que je ne suis pas responsable, mais si je n'essaye pas de
te convaincre de porter plainte contre elle, je m'en voudrais encore
plus si jamais elle devait t'agresser encore une fois ! » lâchais-je
d'une traite alors que je n'avais pas détourné mes yeux des siens.
«
Je.. » dit-elle hésitante.
«
Bella, s'il te plaît ? » le suppliais-je du regard.
«
Okay » souffla-t-elle.
«
Merci » dis-je en m'approchant d'elle avant de la serrer dans
mes bras dans un geste instinctif.
Je
réalisais alors ce que je venais de faire et me reculais
rapidement.
«
Désolé ! »
«
Non, c'est bon ! Mais Edward ? »
«
Oui ? »
«
Si je vais porter plainte, je le fais pour toi, ça serait moi, je
n'irai pas ! Je ne pense pas qu'elle s'en prenne à nouveau à moi et
si jamais ça devait arriver, je ne me laisserais pas faire donc tu
n'as pas à t'inquiéter pour moi okay ? »
«
Bella.. je. »
«
Non c'est bon, on y va et après quand on ressortira de là, on n'en
parle plus ! »
«
D'accord ! » répondis-je.
Nous
reprenions notre marche en direction du poste. Une demi-heure plus
tard, nous ressortions du poste de police. Les inspecteurs avaient
pris nos dépositions et avaient vérifié les conditions de
l'ordonnance restrictive. Ils s'étaient également excusés pour ne
pas avoir assuré la protection de Bella la nuit dernière mais les
policiers en faction avaient été appelés pour une agression et
avaient donc dû aller prêter mains fortes aux autres policiers déjà
sur place. Un des inspecteurs m'informa qu'une surveillance serait
mise en place devant mon appartement et devant celui de Bella dès ce
soir.
Lorsque
nous arrivâmes chez mon frère, ma belle-sœur nous invita à nous
installer sur la terrasse. Nous avions mangé tous ensemble et le
repas s'était passé dans la bonne humeur. Nous avions beaucoup ri
et Bella et moi avions échangé plusieurs fois des regards complices
sous les regards joyeux de mon frère et de Rose qui n'en avaient pas
loupé une miette. J'étais heureux de cette journée qui aurait pu
mal tourner. En fin d'après-midi, Jasper et Bella rentrèrent chez
eux tandis que je rentrais chez moi.
Je
venais de franchir la porte de mon appartement et Bella me manquait
déjà. Cette journée avait été idyllique et j'aurais aimé
qu'elle se prolonge. Je décidais de terminer le morceau que j'avais
fait écouté à Marcus l'autre jour, celui-là même qu'il me
conseillait de jouer à Bella. Je passais une partie de la nuit à
peaufiner cette composition. C'est donc heureux que je partis
rejoindre mon lit vers quatre heures du matin.
Le
lendemain matin, je partis en direction du bar le cœur léger. Ma
nuit avait été courte mais je me sentais en forme. Emmett était
déjà là quand j'arrivais. Nous avions préparé ensemble la mise
en place de la salle et du comptoir pour ce soir et en milieu
d'après-midi, Em' repartit pour passer du temps avec Rose. Pendant
ce temps, je m'enfermais dans mon bureau pour me reposer un peu sur
mon canapé. Je m'allongeais dessus quand la sonnette du bar
retentit. Je me relevais et descendais. Je me demandais qui pouvait
bien venir au bar à cette heure-ci. J'ouvris la porte et me trouvais
face à Bella. Elle semblait embarrassée.
«
Salut » me dit-elle.
«
Salut ! »
«
J'étais chez Rose et... et Emmett m'a dit que tu étais resté au
bar ! Alors je me suis dit que tu accepterais peut-être de venir
boire un café ! »
«
Euh... ». J'étais tellement surpris que je ne savais pas quoi
lui répondre.
«
Mais si tu es occupé, c'est pas grave ! »
«
Non.. c'est juste que je suis surpris ! »
«
C'est pas grave laisse tomber ! » me dit-elle alors qu'elle
s'éloignait déçue.
Je
l'attrapais par le poignet et elle se tourna vers moi.
«
Non, je suis content, tu me laisses le temps de fermer mon bureau et
on y va ? »
«
Okay ! »
«
Viens, reste pas sur le trottoir ! »
Elle
me suivit à l'intérieur. Je fermais le bar et nous partîmes en
direction du Starbucks le plus proche. Une fois nos cafés commandés,
je lui proposais de nous rendre à la pointe sud de Manhattan dans le
parc situé juste en face de la Statue de la Liberté. Quinze minutes
plus tard, nous étions installés sur un banc. Le même banc où je
m'étais assis quelques mois plus tôt lorsqu'elle m'avait dit
qu'elle ne voulait plus me voir. Je buvais tranquillement mon café
alors qu'elle avait le regard rivé sur l'horizon.
«
Vous êtes bien rentrés avec Jazz hier soir ? » lui
demandais-je pour engager la conversation.
«
Ouais ! Merci et toi ? »
«
Oui, je suis bien rentré aussi ! »
«
C'est magnifique la vue qu'on a d'ici ! J'avoue que je n'y suis
jamais venue ! Habitant New-York depuis quelques années, je suis
vraiment une piètre new-yorkaise ! » reprit-elle.
«
J'aime venir ici quand j'ai besoin de réfléchir. ! » répondis-je
avant de boire une gorgée de mon café.
Le
soleil brillait mais la petite brise qui soufflait rafraîchissait
l'air chaud de cette fin d'après-midi. Je regardais les bateaux qui
se croisaient dans la baie et les personnes qui circulaient dans le
parc tout en terminant mon café. Bella ne disait toujours rien. Je
me demandais pourquoi elle avait voulu venir me voir. J'allais lui
poser la question mais elle prit la parole avant moi.
«
Ça fait si longtemps que je n'ai pas entendu les cris des mouettes !
» dit-elle la voix pleine de nostalgie tout en regardant les
oiseaux voler au dessus de nos têtes.
«
Pourtant, même chez moi je peux les entendre ! »
«
Oui mais pas chez moi ! » me dit-elle en riant.
«
Ah ! »
«
La dernière fois, c'était avec ma mère et mon père ! Quelques
jours avant son accident ! » lâcha-t-elle.
[« Comptine d'un autre été » - Yann Tiersen]
Je
ne savais pas quoi lui répondre et je ne voulais surtout pas
l'empêcher de continuer étant donné que pour la première fois
elle semblait vouloir me parler. Je la regardais et ses yeux étaient
humides. Ce souvenir lui rappelait aussi que sa mère n'était plus
là. J'attrapais sa main et entrelaçais mes doigts aux siens. Elle
regarda nos mains un instant avant de serrer la mienne. Je fixais à
nouveau l'horizon et je l'entendis souffler.
«
Ma mère voulait manger des fruits de mer. Alors mon père nous a
emmené au bord de l'océan. Il aurait fait n'importe quoi pour elle.
Nous allions très souvent à la plage pour regarder les étoiles
dans le ciel mais ce soir-là nous nous étions installés sur les
rochers de la jetée. Pendant que je sautais de rocher en rocher, mes
parents s'étaient assis sur l'un d'eux, mon père serrant ma mère
contre lui. Ma mère était très vive et enthousiaste, l'opposé de
mon père, calme et par moment taciturne. Mais ils s'aimaient. Je
crois que ma mère était le soleil de mon père, son satellite, son
étoile du berger un peu …. comme pour moi » finit-elle dans
un murmure
Je
ne voulais rien dire et en même temps que pouvais-je bien lui dire ?
Alors je caressais doucement le dessus de sa main avec mon pouce tout
en serrant sa main un peu plus fort pour lui signaler que je
l'écoutais si jamais elle voulait encore parler.
«
Je... ma mère et moi, étions très liées. C'était plus qu'une
mère pour moi. Je.. nous peignions très souvent toutes les deux et
dans ces moments-là, nous n'avions pas besoin de parler parce que
nous savions ce que l'autre pensait. Ça a toujours été déroutant
pour les personnes extérieures. Nous étions si fusionnelles que
lorsque nous allions chez des amis, les gens pensaient qu'elle me
couvait trop mais ça n'était pas ça, c'était... juste elle et moi
en fait. »
«
... »
«
Elle savait quand j'allais mal, quand j'étais triste, quand quelque
chose me dérangeait ou bien quand je voulais être seule ! Mon père
ne comprenait pas au début mais au fil du temps et en nous observant
il a surtout compris que ma mère et moi étions juste complices,
peut-être un peu plus que certaines complicités mère-fille mais il
ne s'en plaignait pas. Je n'ai jamais eu besoin de parler avec elle,
elle devinait tout, comme je devinais tout pour elle. Quand elle a
perdu le bébé qu'elle portait, je ne lui ai jamais posé de
questions. Je .. je savais qu'elle ne voulait pas en parler alors
nous avons passé toute une semaine à peindre. Il était rare que
l'une ou l'autre ne peigne pendant l'absence de l'autre.... même si
chacune faisait ce dont elle avait envie ! Ça n'a pas été facile
de rentrer en Master d'Histoire de l'Art et de peindre sans elle..
mais je savais qu'elle aurait été déçue si je n'avais pas été
au bout ! Alors...»
«
... » Je jetais un œil vers elle et constatais que des larmes
coulaient sur ses joues. Je la vis les essuyer avant d'attraper son
verre et de boire une gorgée de son café.
Elle
ne parla plus et se contentait de regarder devant elle. J'étais ravi
qu'elle me parle de sa relation avec sa mère. Elles semblaient
effectivement très liées et j'imaginais bien la douleur que Bella
avait dû ressentir en perdant sa mère. Je serrais toujours sa main
dans la mienne.
«
Bella ? »
«
Mmmh ! »
«
Je.. pourquoi es-tu venu me voir cet après-midi ? Pas que ça ne me
fasse pas plaisir, bien au contraire mais tu ne devais pas aller à
la galerie ? »
«
La galerie est fermée le lundi ! Et je sais pas...quand je suis
partie de chez Rose, je n'avais pas envie de rentrer.. et je pensais
à toi alors ! » dit-elle en haussant les épaules avant de me
regarder et de sourire.
«
Ça te dit qu'on marche un peu ! » lui proposais-je.
«
Ouais ! »
Nous
marchions l'un à côté de l'autre dans le parc. Bella m'avait parlé
à nouveau de sa mère et de son père dont elle n'avait plus de
nouvelles depuis quelques jours. Elle semblait angoissée de ne pas
savoir où il se trouvait et si il allait bien. Elle m'avait posé
quelques questions au sujet de ma musique et des morceaux que nous
avions écouté la veille chez Rosalie. Elle était complètement
captivée par tout ce que j'avais pu lui raconter. Vers 17h, il était
l'heure pour moi de retourner au bar et je lui avais demandé si elle
voulait que je la raccompagne. Elle avait refusé prétextant qu'elle
devait aller rendre visite à une de ses amies de la fac. C'est ainsi
que nous nous quittions devant le bar. Je lui avais redonné mon
numéro de portable et elle m'avait redonné le sien même s'il était
toujours en mémoire sur mon téléphone. Je n'avais résisté à
l'envie de lui déposer un baiser sur la joue et elle en avait fait
de même juste avant que je ne la regarde s'éloigner.
Emmett
arriva vers 18h et Jasper quelques minutes plus tard. La soirée se
déroula sans problème et nous avions fermé le bar vers une heure
de matin car il n'y avait pas eu beaucoup de monde. Je rentrais chez
moi et me couchais en pensant à Bella qui n'avait pas quitté mes
pensées depuis cet après-midi.
Je
ne vis pas Bella les jours suivants mais je savais que Jazz devait
l'accompagner le lendemain pour le vernissage au MET. Je devais
passer la soirée avec Emmett et nous avions donc confié le bar à
Jasper. Mon frère avait embauché deux extra pour donner un coup de
main à Jazz. Mon frère avait commandé des pizzas puisque Rose et
Bella dînaient toutes les deux en ville. J'étais ravi de retrouver
mon frère et j'en avais profité pour lui parler d'Irina. Il ne
semblait pas surpris. Il m'avait expliqué qu'il l'avait croisé
lorsqu'il était allé ramener les toiles de Benjamin au cabinet de
son père. Ils s'étaient échangés quelques banalités et il
m'avait dit que c'était mieux comme ça. Rose était désormais dans
sa vie et même si elle était au courant qu'il l'avait vu, il ne
souhaitait en aucun cas entretenir une quelconque relation avec elle.
J'avais été soulagé d'un grand poids lorsqu'il m'avait dit qu'il
ne m'en voulait pas de ne pas lui en avoir parlé. Nous étions
toujours sur la terrasse quand Rose et Bella rentrèrent vers 23h.
J'étais content de la voir puisque nous ne nous étions pas vus
depuis le lundi. Elle rayonnait dans sa robe bleue nuit. Rose se jeta
sur la bouche de mon frère pendant que je disais bonsoir à Bella.
«
Vous avez passé une bonne soirée ? » demanda mon frère.
«
Excellente ! N'est-ce pas Bella ? » répondit Rose.
«
Oui, le resto était très sympa et j'avoue que le repas aussi ! Je
crois que je n'ai jamais autant mangé de ma vie ! » dit-elle
en se laissant presque tomber sur la chaise.
«
Cool » reprit Em'.
«
Vous voulez boire autre chose les garçons ? » nous demanda
Rose.
«
Euh non, je vais pas tarder à rentrer de toute façon ! » repris-je.
«
Okay comme tu veux ! Bella tu veux quelque chose ? »
«
Non, je vais rentrer aussi ! Je dois être à la galerie vers neuf
heures ! Comme je ferme demain après-midi pour pouvoir me préparer
pour le vernissage au MET ! » répondit elle.
«
Bon et bien comme tu veux ! »
«
Je veux bien une bière, moi par contre ! » releva mon frère
en regardant Rose.
«
Je vais te chercher ça ! Vous attendez que je revienne avant de
partir tous les deux ! »
«
Oui ! » lui répondit Bella.
«
Alors, Jazz t'accompagne toujours demain ? » demanda mon frère
à Bella.
«
Non, il doit garder le fils de son ami Peter qui doit être à
Washington demain et il doit y rester jusqu'à dimanche pour affaires
! Enfin d'après ce que j'ai compris ! »
«
Okay, je comprends mieux pourquoi il nous a demandé de ne pas bosser
demain et samedi ! J'croyais que c'était pour une femme par pour un
mioche ! » reprit Em'.
«
Le fils de Peter est autiste et Jasper y est très attaché tu sais..
» dit-elle doucement.
«
Oh ! » fit mon frère.
«
Tu as trouvé quelqu'un pour t'accompagner demain ? » demandais-je.
«
Non mais ce n'est pas grave ! J'irais toute seule et puis Nahuel sera
là lui aussi alors ! » me répondit-elle en haussant les
épaules.
Elle
semblait perdue dans ses pensées. Je me demandais à quoi elle
pensait. Nous échangions quelques regards avec mon frère,
interloqués par le silence de Bella. Mais aucun de nous ne releva.
Rose revint vers nous quelques minutes après. Je saluais mon frère
et ma belle-sœur et Bella fit de même.
«
Tu veux que je te raccompagne ? » lui demandais-je.
«
Oui, pourquoi pas ! » me répondit-elle.
C'est
ainsi que Bella et moi récupérions ma voiture dans le sous-sol et
que nous prîmes la direction de son appartement.
«
Jazz va garder le fils de Peter chez vous ? »
«
Non, il va chez Peter ! Ça fait trop de changement pour lui sinon !
C'est un enfant qui a besoin de repères alors quand Jasper doit le
garder, il va chez lui. »
«
Okay ! »
Du
coup cela signifiait que quand Bella allait rentrer demain soir, elle
serait seule chez elle. Sachant que Tanya n'avait toujours pas été
appréhendée, j'étais un peu inquiet. J'avais appelé chaque jour
l'inspecteur Uley pour savoir où en était l'enquête mais il
semblerait que cette dernière soit introuvable. J'étais perdu dans
mes pensées jusqu'à ce que Bella ne parle.
«
Edward ça va ? »
«
Ouais pourquoi ? »
«
Je sais pas, le feu est passé au vert et tu n'as pas démarré ! »
«
Désolé, je réfléchissais ! »
«
A quoi tu pensais ? »
«
Euh... »
«
Edward dis-moi ! » me dit-elle en me dévisageant.
«
Je pensais juste que tu allais rentrer seule demain et que Tanya
était toujours dans la nature ! Et je m'inquiète c'est tout ! »
«
Oh.. »
«
... »
«
Tu veux m'accompagner au vernissage demain ? »
«
Tu es sérieuse ? »
«
Bah après tout j'ai une invitation pour deux personnes, tu es le
fils d'Esmée, je ne pense pas que ça posera un problème ! Et puis
comme ça tu pourras me ramener et ça évitera que tu t'inquiètes
pour rien ! Non ? »
«
Euh.. »
«
Mais si tu veux pas c'est pas grave ! »
«
Si si.. mais faut que je vois avec Em' s'il peut gérer le bar seul
demain soir, c'est vendredi et ... »
«
Oui vous avez beaucoup de monde ! C'est pas grave.. je t'enverrais un
message quand je serais rentrée si tu veux ! »
«
Non » claquais-je.
«
.. » Bella me regardait surprise.
«
Je … Je vais essayer de m'arranger, je t'appelle pour te le dire
okay ! »
«
Okay ! Mais ne t'embête pas pour moi non plus hein ? »
«
Tu ne m'embêtes pas Bella ! »
«
Ouais.. »
Nous
étions arrivés devant chez elle et apparemment une voiture avec
deux policiers surveillait les lieux. J'attendis que Bella soit
entrée dans son immeuble avant de repartir chez moi. Une fois à mon
appartement, j'appelais Emmett pour lui expliquer que je ne pourrais
pas être là demain soir au bar. Il me rassura en m'expliquant qu'il
n'y avait pas de souci et qu'il était content que Bella me l'ait
proposé. Je décidais donc de lui envoyer un message pour la
prévenir. Puis j'allais me coucher.
POV BELLA
Edward
venait de me déposer chez moi. J'avais passé ma soirée avec Rose
et nous avions beaucoup parlé. Je lui avais raconté ma semaine et
ce qu'il s'était passé avec Edward lundi après-midi. Je lui avais
parlé de mes parents comme si c'était quelque chose de naturel.
Cette sensation était bizarre car plus j'y réfléchissais, plus je
repensais aux moments où il était venu chez moi en début d'année
et la facilité que j'avais eu à lui parler de moi. Moi qui était
pourtant discrète et qui n'aimait pas parler de ma vie, je m'étais
retrouvée à lui raconter la relation que j'entretenais avec mes
parents et plus précisément avec ma mère. Nous avions parlé de
mes dessins mais aussi de sa musique. Il semblait vivre avec et pour
elle. J'avais l'impression qu'il exprimait beaucoup de chose par sa
musique et que c'était un peu son exutoire comme le dessin l'était
pour moi. J'avais été émue par toutes ses compositions mais
l'entendre parler des moments où il les avait créées était tout
aussi intéressant. Edward me fascinait. Il parlait plus facilement
de sa musique que de ses sentiments même si en écoutant bien chaque
morceau on arrivait à déceler ses émotions voir ses états d'âmes
au moment où il les avait composées.
Rose
m'avait rassuré en me disant que j'avais fait un grand pas vers lui
et qu'il fallait que j'avance, que je continue d'aller vers lui. Mais
je savais que ça n'était pas aussi simple. Je l'aimais et cet
espèce de lien que nous avions me rappelait trop ma mère et j'avais
peur de le perdre lui aussi. Mais en même temps depuis notre
discussion, il ne quittait pas mes pensées. Je me sentais bien
auprès de lui, en sécurité et sereine alors Jasper ne pouvant
venir avec moi au vernissage du MET, j'avais parlé avec Rose de mon
envie d'inviter Edward. Je ne voulais pas que ça le dérange, ni le
forcer à faire quelque chose qu'il ne voudrait pas. Rose m'avait
certifié qu'il serait ravi et effectivement il n'avait pas dit non.
Il devait juste s'arranger avec Emmett pour le bar.
Je
venais de fermer la porte de l'appartement et me déshabillais avant
d'aller prendre une douche. Je mis en route mon pc et la chaîne
hi-fi avant de prendre la direction de la salle de bains. Je me
délassais sous l'eau chaude alors que les premiers accords du
« VideCor Meum » de Hanz Zimmer résonnaient
dans tout l'appartement. J'étais ravie que ma voisine soit à moitié
sourde et que mon appartement soit suffisamment isolé car cela me
permettait de mettre le volume assez fort. Ces voix qui surgissaient
de cette mélodie créaient chez moi un sentiment de bien être. Je
sortis de la salle de bain saturée de vapeur d'eau en peignoir de
bain tout en me séchant les cheveux avec une serviette. Je mis ma
bouilloire en route pour me préparer un thé et me dirigeais vers
mon ordinateur pour ouvrir ma boite mail. Je vérifiais si mon père
m'avait envoyé un courriel et je constatais que c'était le cas.
M'asseyant sur la chaise devant mon bureau j'ouvrais son message.
Ma Bella...
J'espère que tu vas bien ! Nous venons de revenir de la forêt amazonienne et nous sommes épuisés. Élie est partie dormir et comme je me sens malgré tout en forme, je me suis dit que j'allais t'envoyer un petit message. Ce séjour était fabuleux. La nature est si luxuriante là-bas et les populations indigènes sont tellement accueillantes. J'ai été choqué au départ de voir ces hommes et ces femmes qui se promènent pratiquement nus mais c'est leur mode de vie ! D'ailleurs il est vrai que l'atmosphère est tellement humide et chaude qu'on est bien presque nu ! Je t'ai envoyé une photo d’Élie et moi en « tenue locale » ! Ne te moques pas de ton vieux père s'il te plaît, je n'ai plus le corps d'un homme de vingt ans !
Élie a tenté d'apprendre notre langue aux enfants avec les livres qu'elle avait emporté et elle était fière car les enfants ont réussi à retenir quelques mots. Nous avons, nous aussi, tenter d'apprendre leur dialecte mais j'avoue ne pas avoir réussi. Leur façon de vivre est si proche de la nature que ça en est impressionnant ! Je pense que tu ne seras pas surprise si je te dis que je me suis vraiment senti à l'aise lorsque j'ai accompagné les hommes à la pêche ! Tu trouveras aussi une autre photo où je tiens un poisson dans mes mains, ne me demande pas ce que c'est, je n'en ai aucune idée mais une fois que c'est cuit le goût est un peu bizarre mais ça se mange !! Élie n'en a pas voulu, elle préférait manger du manioc. J'ai goûté divers serpents et autres bestioles mais j'avoue que je n'ai pas pu manger leurs espèces de cafards ! Trop gluants et rien que l'aspect suffisait à me couper l'appétit.
J'ai pris plein de photos, Élie les chargera sur l'ordinateur et te les enverra demain dans la matinée. Il nous reste quelques jours encore pour en profiter et j'avoue que j'aurais aimé prolonger mon voyage mais je suis aussi très pressé de te revoir pour te serrer dans mes bras, ma fille chérie !
J'ai vu que tu t'étais disputée avec Alice, j'espère que les choses s'arrangeront entre vous mais c'est ta vie alors si tu estimes qu'elle ne doit plus en faire partie je le respecte ! Je suis ravie que tu arrives encore à vendre tes toiles, ta mère serait fière de toi tu sais ! Tu as en quelque sorte réalisé son rêve ! Tu es douée ma fille, ne l'oublie jamais ! Je suis le plus heureux des pères quand je vois ce que tu es devenue ! Pourtant je te sens si seule, t'es-tu fait d'autres amis ? Tu me parlais de Jasper et de Rosalie, si je me souviens bien alors j'espère que tout se passe bien avec eux ! Je voudrais aussi que tu te trouves un homme qui fera ton bonheur et que je pourrais devenir, un jour, le grand-père gâteau des plus beaux enfants de la Terre. Il est tant que tu ouvres ton cœur à un autre homme ma chérie !
Tu sais, depuis que ta mère est partie, je n'ai jamais su comment te dire que même si elle te manque et même si l'amour que tu lui portais t'as fait souffrir quand elle est partie, elle voudrait que tu sois heureuse ! Que tu n'aies pas peur d'aimer ! Après ta rupture avec Tyler je t'ai vu t'isoler, te renfermer sur toi même et je n'ai jamais su trouver les mots qui auraient pu te réconforter mais tu es forte ma fille alors vis ta vie, laisse-toi le droit d'aimer et permet-toi de t'attacher aux personnes que tu aimes ! Regarde-moi avec Élie, je ne pensais pas et je ne voulais pas m'attacher à nouveau à quelqu'un de peur de perdre à nouveau une personne chère à mon cœur et pourtant Élie fait partie de ma vie ! Je l'aime, pas autant que je t'aime ou que j'aimais ta mère mais elle me rend heureux alors après tout pourquoi devrais-je m'en priver ! Je sais que ta mère n'aurait pas voulu que je reste seul !
Il est tard à Rio et je vais aller rejoindre ma femme dans notre lit ! Écris-moi, dis-moi ce qui s'est passé dans ta vie, je sens que tu ne m'as pas tout dit dans ton dernier message...
Je t'embrasse très fort ma chérie.
Je t'aime.
Ton papa.
J'essuyais
les larmes qui avaient coulé pendant que je lisais les quelques mots
de mon père. Il avait semble-t-il réussi à découvrir ce que
j'avais tenté de cacher. Il ne savait pas à quel point il était
présent et que même ses silences me montraient à quel point il
était fier de moi, même si ses mots avaient plus de valeurs
désormais. Il me manquait et j'avais hâte de le revoir. Je
constatais que je n'avais pas réussi à lui cacher ma solitude et
qu'il avait bien cerné mes craintes. Je me demandais juste depuis
quand il était aussi clairvoyant. … Je pense que ça date de ton
retour après la mort de Tyler.. quand tu es arrivée chez lui
épuisée...et que tu étais tellement maigre qu'il a cru que tu
étais malade.. tes silences et ton isolement pendant ton séjour ont
dû lui mettre la puce à l'oreille.. et puis c'est ton père... quel
père serait-il s'il n'avait pas fait attention à ça.. hein...
peut-être serait-il temps de l'écouter...
Le
sifflement de la bouilloire me fit reprendre mes esprits. Je me
servis de l'eau chaude dans une tasse et y mettais le sachet de thé.
Puis m'installant à nouveau sur ma chaise j'ouvrais les photos que
mon père avaient jointes à son message. Je ne pus m'empêcher de
pouffer de rire en découvrant Charlie qui ne portait qu'une sorte de
culotte rouge orangée. Élie quant à elle portait une jupe très
courte et avait semble-t-il gardé son tee-shirt. L'autre photo de
mon père était fabuleuse. Il souriait littéralement et ses yeux
pétillaient. Juste à côté de lui un indigène, qui levait les
deux pouces en l'air ! Un truc que mon père avait dû leur apprendre
j'en étais certaine ! Je décidais de répondre à mon père tout en
buvant mon thé. Mon regard se posa sur l'extérieur alors que la
voix de Lisa Gerrard (« I asked for love ») se
diffusait dans le salon. Il faisait nuit noire dehors mais une brise
légère faisait bouger les rideaux laissant entrer un peu de
fraîcheur dans mon appartement. Mon téléphone vibra au même
instant. Je regardais qui m'avait envoyé un message. Edward.
«
Coucou ! Je pourrais t'accompagner demain soir, je me suis arrangé
avec Em' ! J'espère que ta proposition tient toujours ? Passe une
bonne nuit et à demain. Je t'embrasse. Edward »
J'étais
contente qu'il puisse m'accompagner. Je devais avouer que plus le
temps passait, plus j'appréciais sa compagnie. Je composais un
message afin de lui répondre.
«
Bien sûr que ma proposition tient toujours ! Pourquoi diable
crois-tu que j'ai changé d'avis! Passe une bonne nuit et ne compose
pas trop tard.. même si j'aimerais pouvoir entendre ce morceau qui
doit être sans nul doute magnifique.. sinon tu ne pourras pas
m'accompagner demain..je t'embrasse. B »
J'hésitais
à l'envoyer mais malgré tout, j'appuyais sur la touche d'envoi.
J'espérais juste que mon audace ne le gêne pas. Je n'eus pas bien
longtemps à attendre car mon portable vibra à nouveau.
«
Je ne veux pas m'imposer alors je voulais être sûr que tu étais
toujours d'accord ! Tu veux entendre ce morceau.. et bien si ça ne
tenait qu'à moi, je te le ferais écouter tout de suite ! Mais il
faut que tu dormes aussi ! Il est tard et demain tu vas être épuisée
! D'ailleurs, je suis déjà au fond de mon lit à contempler le ciel
étoilé depuis ma fenêtre ! Et je vais aller rejoindre les bras de
Morphée.. en attendant... ! Bonne nuit. E »
J'éteignais
la lampe de mon bureau et rabattait l'écran de mon ordinateur. Puis
je me levais pour m'installer sur le rebord de la fenêtre et
contemplait le ciel étoilé. Edward avait raison, le ciel était
rempli de ces points scintillants. C'était la première fois, à
New-York, que je voyais un ciel aussi lumineux. L'absence de lune en
était peut-être la raison. Je restais un moment assise, là, tenant
mon portable entre mes mains. Je relisais le message d'Edward. Il
aurait aimé me faire entendre son morceau dans l'instant. Mon cœur
se mit à battre plus fort en m'imaginant avec lui, contemplant le
ciel étoilé pendant qu'il jouerait pour moi. Je repensais à toutes
ces nuits que j'avais passé sur le rebord de la fenêtre de ma
chambre cherchant dans le ciel, l'étoile qui brillait pour ma mère.
Mon père avait raison, il fallait que je m'ouvre et que j'accepte de
m'attacher aux autres. Que j'accepte les sentiments que je
nourrissais vis à vis d'Edward et qu'apparemment il ressentait
également pour moi. M'attacher à lui ne signifiait pas que j'allais
indubitablement le perdre. Plus je pensais à lui, plus il me
manquait. Je fermais les yeux quelques instants. J'attrapais le bloc
qui se trouvait sur la tablette à ma droite et le fusain qui était
posé dessus. J'avais envie de dessiner. Je répondis tout de même à
Edward.
«
Je contemple aussi le ciel... merci car la nuit est vraiment
magnifique ! Mais je ne peux pas dormir, je viens de recevoir un mail
de mon père! Et mes doigts me picotent. Je vais donc dessiner avant
d'aller, moi aussi rejoindre les bras de Morphée.. en attendant
mieux... Dors bien à demain. Je t'embrasse ! B »
Il
était minuit passé et Jasper ne rentrerait que dans deux heures.
Cela me laissait suffisamment de temps pour mettre en œuvre ce que
j'avais en tête depuis quelques minutes. Je pris alors mon fusain
entre les mains et commençait à tracer les contours de mon croquis.
J'affinais certains traits et j'en accentuais d'autres. Je soufflais
sur mon dessin par moment afin d'éloigner la poussière que créait
le fusain lorsqu'il entrait en contact avec les grains de la feuille.
Je terminais mon dessin en retouchant la forme des yeux et les ombres
des paupières et du nez. J'insistais un peu plus sur l'oreiller sur
lequel ce visage était posé. Puis je débutais le dessin de la main
posée juste à côté de ce visage. Après un peu plus d'une heure
mon dessin était achevé. Je soufflais une dernière fois dessus et
passais mon doigt sur le fusain incrusté dans le papier afin
d'estomper les traits et de donner une certaine fluidité et une
douceur à mon œuvre. Je tenais le dessin entre mes mains et
déposais le fusain sur la tablette. Je tournais alors mon visage
vers l'extérieur et contemplais à nouveau le ciel. Certaines
étoiles étincelaient plus que d'autres. Nous n'étions pas encore
en août mais une étoile filante vint embraser le ciel juste sous
mes yeux. Je refis alors le vœu que j'avais fait il y a quelques
jours. Et j'espérais sincèrement qu'il se réalise.
Alors
que je regardais mon dessin, je ne pus m'empêcher de passer à
nouveau mes doigts sur son visage. Lorsque je l'avais contempler
pendant qu'il dormait après mon réveil auprès de lui, chez Rose,
je n'avais pas pu m'empêcher de penser qu'il était magnifique. Je
me demandais comment une fille aussi simple que moi avait réussi à
faire changer un homme comme lui. Les traits fins de son visage
étaient un pur bonheur pour un artiste. Si simple et pourtant si
compliqué à reproduire. Mais j'étais satisfaite du résultat car
mes doigts avaient réussi à reproduire ce visage d'ange endormi qui
ne cessait de hanter mes nuits. Pas que je m'en plaigne, étant donné
les cauchemars que je faisais depuis quelques semaines mais je
n'imaginais pas pouvoir mettre sur papier, cette image gravée dans
mon esprit.
Je
contemplais une dernière fois le ciel et me dirigeais vers ma
chambre, le dessin toujours en main. Je le déposais sur ma table de
chevet face à moi avant de me glisser dans les draps frais la tête
tournée vers mon dessin.
Mon
portable était éclairé ce qui signifiait que j'avais reçu un
autre message.
«
Je serais curieux de savoir ce que tu vas dessiner... Je suis heureux
que tu es eu des nouvelles de ton père.. tu dois être rassurée..
Repose-toi bien ! Je t’appellerais demain midi pour savoir à
quelle heure je dois passer te prendre ! Bonne nuit. Bx. Edward »
Je
souriais en regardant le dessin de son visage. Si seulement il savait
ce que j'avais dessiné. Je basculais sur le dos, un sourire niais
scotché aux lèvres alors que mon cœur s'emballait quelque peu. Je
serrais mon portable contre ma poitrine et relisais son message.
Demain Edward allait m'accompagner au vernissage. Je posais mon
téléphone à côté de moi et m'endormis rapidement en songeant à
ce merveilleux moment que j'avais imaginé plus tôt alors qu'un
regard vert attentionné semblait me regarder.
Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...
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