Chapitre Vingt-Cinq




"Life is always a matter of waiting for the right moment to act..."

"La vie a toujours été une question d'attendre le bon moment pour agir."
Paolo Coelho

"Quelqu'un a essayé de me dire 'garde là pour toujours', c'est le 'toujours' qui me pose un problème"
Tyler Hawkins

POV BELLA


Le soleil traversait les persiennes. J'ouvris difficilement les yeux. Mes rêves avaient été doux et la sensation de chaleur et d'apaisement que j'avais ressenti dans la nuit s'était évaporée au petit matin. Une brise légère pénétrait par la fenêtre entrouverte et machinalement je tirais la couette sur moi. Il m'avait semblé qu'Edward était venu me rejoindre mais par crainte de ne pas le voir, je fis passer une de mes mains derrière moi et constatais que le lit était froid. J'avais donc rêvé. Je fermais les yeux un instant avant de me tourner, la place située à côté de la mienne était vide. Pourtant, il me semblait sentir son parfum sur l'oreiller voisin.
Une larme silencieuse coula le long de ma joue alors que mon cœur se comprima. Je me levai le cœur lourd et décidai de préparer mes affaires pour partir. Il était neuf heures et je savais qu’Emmett n’allait pas tarder à arriver. Je ne voulais pas sortir de ma chambre et l’affronter pourtant je savais que c’était la seule solution pour que nous puissions parler.

Je soufflai et ouvris la porte de ma chambre. Le plancher grinçait sous le poids de mon corps, résonnant dans tout l'appartement. J'avançais doucement vers le salon, baigné de lumière alors que le silence se faisait de plus en plus pesant. Arrivée à la hauteur de la chambre de Jazz, je jetai un coup d’œil à travers la porte ouverte. Le lit n'était pas défait et personne ne semblait s'y trouver. Mon cœur se serra une première fois. Je fermais un instant les yeux avant de les rouvrir. Je continuai ma progression, le regard rivé au sol. Une fois dans le salon, je levai mes yeux et le vide de la pièce fit tomber une chape de plomb au fond de mon estomac. Je vacillai et mes jambes se mirent à trembler alors que je reculai pas à pas. Il était parti. Je plaquai ma main devant ma bouche étouffant un sanglot.

Mon dieu qu’est-ce que j’ai fait ? … Pourquoi ? … Tu as fait la seule chose à faire … lui ouvrir les yeux … Mais il ne reviendra pas … Laisse-lui le temps …

A cette pensée, je me laissais glisser le long du mur et des larmes se mirent à couler sur mon visage. Mon corps entier était pris de spasmes alors que mon cœur se serrait violemment comme si on venait de m’en arracher une partie. Des images des derniers jours défilaient devant mes yeux. Je commençais à regretter ma décision et malheureusement je ne pouvais rien y faire. Il était parti. Comme ça. Sans rien dire. Des larmes continuaient à affluer dans mes yeux alors que je serrais fortement le tissu de mon top dans l'espoir d'apaiser la douleur qui se déchaînait dans ma poitrine.

Il s'était peut-être écoulé dix minutes ou une heure quand la sonnette de l'appartement me sortit de ma léthargie. J’ouvrais alors les yeux et les essuyais tout en me relevant. Cela devait être Emmett et je commençais à me demander ce que j'allais bien pouvoir lui dire.

« J'arrive » dis-je d'une voix tremblante.

Je tentais de calmer ma respiration et un coup d’œil au miroir proche de la porte me permis de constater que malgré mes tentatives, mes yeux étaient trop rouges pour qu'il ne se rende compte de rien.
Je soufflai et ouvrai la porte.

« Rose ! » dis-je surprise.

« Bella ! Qu’est ce qui se passe ? Emmett m’a demandé de venir chez toi et … » commença-t-elle en me dévisageant le regard inquiet.

« Je … Il est parti ! J’ai tout foutu en l’air ! » lâchai-je alors que je m’effondrai en pleurs.
Rose me prit dans ses bras et me dirigea vers le canapé.

« Ok ! Tu vas te calmer et m’expliquer »

« Je… » commençai-je en m’essuyant les yeux « Je… on a discuté hier soir après que vous soyez parti… et je lui ai demandé de venir avec moi dans ma maison… il… il a dit qu’il avait besoin de réfléchir… alors… »

« Mais quel crétin ! » me coupa-t-elle.

« Rose ! »

« Non, c’est un crétin ! Il t’aime et il préfère tout ruiner plutôt que d’affronter et de te faire confiance ! Je le crois pas ! » dit-elle en se levant brusquement du canapé.

« Rose ! Je… c’est ma faute ! »

« Non mais tu plaisantes j’espère ? »

« Non, je… quand il m’a dit ça je suis partie et c’est moi qui l’ai rejeté quand je suis rentrée ! Je… j’aurais dû lui parler ! »

« Isabelle Marie Swan, tu arrêtes ça de suite ! Tu as fait ce qu’il fallait ! Tu l’aimes et malgré tes peurs tu lui as fait confiance ! Maintenant c’est à lui de faire un pas vers toi ! »

« Je… »

« Non Bella, on va préparer tes affaires et tu vas faire comme tu l’as dit ! Il faut que tu prennes du recul et tu vas aller dans ta maison ! »

« Je ne suis plus sûre de… »

« Bellaaaaaaaaaa ! » me dit-elle en me faisant les gros yeux.

« Ok ! » soufflai-je.

« Maintenant, viens ! On va préparer tes affaires et je vais t’accompagner faire les courses ! On passera chez lui récupérer les affaires comme on l’avait prévu et ensuite on ira dans ta maison ! Et puis ça me permettra de voir ce lieu dont tu refuses de me parler ! »

« Si tu veux mais pourquoi aller chez lui, il ne viendra pas ! »

« Il viendra ! Je te promets qu’il te rejoindra !… » finit-elle perdue dans ses pensées.

« Rose ? »

« Je comprends pourquoi Em’ m’a demandé de venir ici, il doit être avec son frère ! »

« Je… »

« Bon allez, au boulot ! »

Rosalie me traîna jusque dans ma chambre. Je préparais mes affaires pendant qu’elle récupérait le sac qu’Edward avait laissé dans la chambre de Jasper. Surprise de le trouver encore ici, Rose me rassura en me disant que s’il avait laissé son sac c’est qu’il comptait revenir. Malgré mes protestations sur le fait que je voulais l’attendre, elle ne céda pas. Je l'accompagnais tel un automate dans le supermarché situé à côté de chez Edward puis ne me sentant pas le courage de monter avec elle, je la laissais partir pour récupérer ses affaires. Quinze minutes plus tard, nous repartions. J'étais plongée dans mes pensées n'en sortant que lorsque Rose me demandait des indications pour se rendre chez moi. Les premières maisons de mon quartier apparurent derrière la vitre de la voiture allégeant instantanément mon cœur. J'avais déjà l'impression de respirer correctement comme si le poids que je ressentais depuis quelques heures venait de s'envoler. Je fermais les yeux, inspirant à pleins poumons alors qu'une image d'Edward, le sourire aux lèvres, apparut derrière mes paupières. Je soufflais.

« Ça va ? » me demanda Rose.

« Ouais... ça ira ! C'est là gare-toi » alors que nous arrivions devant ma maison.

[« Everloving »- Moby ]

L'herbe avait poussé sur le devant et je prévoyais déjà de passer la tondeuse afin de donner un semblant de vie à cette habitation.
Chargée de mes deux sacs, j’ouvrais la porte de ma maison. L'odeur de renfermé me percuta alors qu'une douce odeur de boiserie fit son apparition dans un deuxième temps. J'étais chez moi. Je fermais les yeux pour me laisser happer par l'atmosphère intérieure. Le bruit des talons de Rosalie sur le plancher, me sortit de ma bulle. Tout en déposant mes affaires, je me dirigeais vers les fenêtres afin de les ouvrir. Après avoir ouvert la dernière, je sortis sur le perron situé derrière la maison et contemplai la vue sur la baie. Les embruns marins portés par le vent vinrent fouetter mon visage alors qu'un miaulement discret se fit entendre.

« Tiens, tu es là toi ! » dis-je en découvrant mon invité.

C'était le chat qui venait régulièrement me rendre visite lorsque je venais ici, il avait bien grandi depuis la dernière fois. Je l'attrapais et entrais dans la maison afin de lui donner un peu de lait. Rose contemplait le salon et l'expression dans ses yeux me fit comprendre qu'elle trouvait la maison à son goût. Ce qu'elle me confirma presque aussitôt.

« Bella, c’est … c’est superbe ! »

« Merci » lui répondis-je.

« C’est toi qui a tout décoré ? »

« Ouais ! »

« C’est chaleureux et simple ! J’aime beaucoup ! »

« Je... c'est ce que je voulais... en quelque sorte ! »

« Oh... tu as un chat ? »

« Euh... non mais il... disons que cette boule de poil vient me rendre visite dès que je suis ici ! »

« Oh... il a l'air affamé ! » me dit-elle alors que ce dernier avait le museau plongé dans le bol de lait.

« Ouais, je crois bien ! Viens » lui dis-je en lui faisant signe de me suivre.

Je me dirigeais vers le derrière de la maison munie de deux verres et d'une bouteille de soda. Je m'installais sur la balancelle alors que Rose était en train d'admirer le paysage du haut du perron.

« C'est... wow... tu as une vue magnifique ! »

« Ouais ! C'est ce qui m'a décidé à prendre la maison en fait ! L'intérieur n'est pas très grand mais l'extérieur l'est ! Alors ! » dis-je en haussant les épaules.

« Je comprends ce qui t'a plu ! On entend seulement le bruit des vagues et ça donne l'impression d'être seul tellement c'est calme ! »

« Mmmm... viens t'asseoir ! »

« J'arrive ! »

Après quelques minutes de silence, je pris la parole et lui expliquai pour la maison. Rose semblait passionnée parce que je lui racontais me posant sans cesse des questions tout en respectant mes silences. Je savais que je pouvais compter sur elle et j'avoue que je m'en sentais soulagée. Au fur et à mesure de la discussion, nous avions orienté notre échange vers Edward et j'avoue que son absence commençait à me peser. Il était près de midi et je n'avais aucun signe de lui. Mes espoirs quant à sa venue, s'effritaient au fil des heures. Rose avait reçu un appel d'Emmett afin que cette dernière lui transmette l'adresse de la maison. Il allait venir avec Edward mais j'avais plus l'impression qu'ils le forçaient à venir. Je regrettai qu'il ne se décide pas par lui-même, mais peut-être qu'il ne se déciderait jamais. Il semblait être emmuré dans son silence comme si il craignait que je le laisse tomber. Il était mal et même si je n'étais pas au mieux, je ne comptais pas l'abandonner. Je voulais être là pour le soutenir quoi qu'il ressente, quoi qu'il advienne. Mais il ne semblait pas s'en rendre compte. Le regard rivé vers l'eau, je pensais à ce que j'allais faire.

Sur les conseils de Rose, je téléphonais à l'inspecteur et lui donnais l'adresse de ma maison tout en lui précisant que s'il voulait me joindre, il avait mon portable. Je devais être convoqué dans quelques temps et il me conseilla de contacter un avocat. Rose me transmit les coordonnées de celui des parents d'Edward car il semblait être compétent. Une fois le cabinet contacté, je revenais vers elle. Elle me proposa de préparer à manger car Emmett et Edward devaient arriver dans une heure tout au plus. Le cœur serré, je lui offris un maigre sourire car quelque chose me disait qu'Edward ne serait pas avec son frère. Ce malaise s'était insinué en moi depuis l'appel d'Em' et ne me quittait plus. Edward n'était pas prêt à s'ouvrir à moi et accepter que, malgré ses angoisses et ses peurs, j'étais prête à le soutenir. Je voulais croire en un nous et c'est avec cette conviction que je rejoignis Rose à l'intérieur. Pour me donner un peu d'entrain, je mis la chaîne en route. C'est sur les premiers accords de Prem sé, que nous entamions la préparation du repas.

POV EDWARD

[ «  I grieve » - Peter Gabriel ]

J’étais juste derrière la porte, rongé par les remords de mon comportement. Elle m’avait proposé de venir avec elle dans sa maison et j’avais refusé. Une maison dont mes amis ignoraient même jusqu’à son existence. Je ne me sentais pas à l’aise dans cet appartement sachant que Tanya savait où elle habitait et puis Jasper n’avait pas à supporter ma présence.
La main sur la poignée, je voulais aller lui parler et lui dire que j’acceptais mais… Mais quoi ?… Tu es un crétin… Va la voir, dis lui que tu acceptes c’est pas compliqué… Mais… Pas de mais… 

La lumière de sa chambre s’éteignit et je me sentis comme un con. Je fis alors ce que j’aurais dû faire depuis quelques minutes et j’entrais. Elle était là, allongée sur le lit. La lune éclairait faiblement son visage d’ange. Elle avait accepté de me suivre chez moi alors que je savais qu’elle ne s’y sentait pas bien. Et pourtant elle était restée avec moi.

Je m’approchai du lit et mon envie de la serrer dans mes bras me poussa à m’allonger juste à côté d’elle. Elle ne bougea pas et n’avait vraisemblablement pas senti ma présence. En même temps, si ça avait été le cas je n’aurai pas su quoi lui dire. J’étais tiraillé entre mon envie d’être avec elle et ma peur que quelqu’un s’en prenne à elle. Je fis glisser mes doigts dans ses doux cheveux tout en réfléchissant à la meilleure solution. Elle avait une maison et apparemment c’était grâce à Tyler, son premier amour, qu’elle l’avait eu. C’était son antre, son refuge et même si mon envie d’être auprès d’elle était forte, je ne voulais pas venir perturber son espace, son cocon avec mes craintes, mes peurs et mes angoisses. Ma fierté mal placée, peut-être, dictait en ce moment même ma conduite. Je devais reconnaître qu'elle ne méritait pas quelqu’un comme moi, quelqu’un de si faible, effrayé par une fille qui était pourtant enfermée derrière des barreaux mais qui réussissait tout de même à m’atteindre. Je déposais un baiser sur le sommet de sa tête tout en inspirant sa fragrance dont je ne me délecterai plus.

Je restais auprès d’elle contemplant son visage détendu tout en essayant de faire les bons choix.
Alors que les premières lueurs du jour perçaient aux travers des persiennes, je me relevai et quittai sa chambre. Je ne pouvais rester car je savais qu’elle finirait par me quitter. Qui voudrait d’une personne effrayée et si fermée. Je voulais me livrer, lui faire confiance mais ce mode de fonctionnement que j’avais repris depuis mon histoire avec Lauren était trop bien ancré en moi et je ne pouvais pas lui faire subir ce silence permanent. Elle avait raison, je devais lui faire confiance mais j’en étais incapable. 

… Mais elle n’est pas Lauren !… Je sais… Alors tu vas tout foutre en l’air pour ça !… Je ne fous pas tout en l’air, je la protège !… Ah parce que t’éloigner de la femme que tu aimes et qui t’aime c’est la protéger… ou tu es sans cœur ou alors tu es le pire des crétins que la terre ait connue !… Oh ta gueule…

Je me levai après avoir déposé un dernier baiser dans ses cheveux.

« Je t’aime » lui murmurai-je.

Je me dirigeai vers la chambre de Jasper et me changeais juste avant de quitter l’appartement.
Emmett devait se rendre chez elle vers 9h, je l’appelai pour lui dire de me rejoindre au Starbucks qui se situait tout près du poste de police.
Je marchais tranquillement en repensant à ces derniers jours. Je n’avais pas su lui dire ce qui me rongeait et la détermination dont elle avait fait preuve la veille à mon appartement me fit réaliser qu’elle commençait à se lasser. Je savais que je ne pourrais pas revenir dans mon appartement, il me faudrait donc en trouver un autre.
Installé en terrasse avec un café, j'attendais Emmett. Mon téléphone sonna à plusieurs reprises. Rose. Je ne voulais pas lui parler sachant qu'elle devait être avec Bella à l'heure qu'il est. Emmett arriva cinq minutes plus tard.

« Salut frangin ! »

« Salut ! » lui répondis-je alors qu'il s'asseyait face à moi.

« Bon tu m'expliques ? Je viens de recevoir un appel de Rose ! Il se passe quoi avec Bee ? »

« Je... je suis parti. »

« Et ? Parce que je veux bien que tu sois parti mais Rose vient de me défoncer au téléphone parce qu'elle a trouvé Bella dans un état lamentable chez elle ! Alors Ed', qu'est-ce qui se passe ? »

« Je... Elle m'a invité dans sa maison mais je lui ai demandé de me laisser réfléchir ! Puis... »

« Tu as quoi ? » dit-il un peu plus fort.

Je levai ma tête vers lui et le regard qu'il me lançait n'était en rien compréhensif et ne me permettait pas de garder le silence.

« Je lui ai demandé de réfléchir ! »

« Mais pourquoi ? »

« Je… c'est sa maison ! C'est son cocon et je ne me sens pas à l'aise avec ça et... »

« Foutaise » hurla-t-il en se levant.

« Em' ! » dis-je un peu plus fort.

« Non Ed', tu joues à quoi là ? Non mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Parce que Bella te propose de vous retrouver tous les deux dans un endroit calme pour que vous puissiez souffler et vous retrouver sereinement et toi ! Toi tu lui dis qu'il faut que tu réfléchisses ! » cria-t-il attirant les regards des personnes aux alentours sur nous.

« Em' calme-toi s'il te plaît ! »

« Me calmer ! Non mais... » commença-t-il tout en regardant les gens autour de lui « Quoi ! Ça vous pose un problème ! Si ça vous va pas, barrez-vous ! » dit-il en s'adressant aux personnes situées en terrasse.

« Em' » murmurai-je.

« Bon il est bientôt 10h, on va aller chez les flics mais je te garantis qu'après on va causer sérieusement ! »

« ... »

« Tu m'as bien compris ? » releva-t-il.

« Ouais » soufflais-je las.

Je me levai et nous nous dirigions dans un silence total vers le poste de police. Je fus accueilli par un policier qui me dirigea vers le bureau de Monsieur Uley.

Pendant plus de deux heures, il me fallut raconter dans les moindres détails, tout ce qui s'était passé avec Tanya, de ma rencontre avec elle au pub jusqu'à l'agression de la semaine passée.
Une fois fait, l'inspecteur m'informa que nous serions, Bella et moi, convoqués au tribunal lorsqu'une date de procès serait déterminée. En attendant, il me conseilla de quitter la ville ou de partir de nos domiciles respectifs afin de ne pas être ennuyés et surtout de nous rapprocher d'un avocat. Je lui indiquai que nous suivrions ses conseils. Il me demanda de l'appeler afin que je puisse lui dire où il pouvait nous joindre. Je savais que nous ne serions pas ensemble alors je l'informai que je me rendais chez mes parents mais que Bella l’appellerait sans faute.
Je ressortis du poste avec Emmett. Une fois dehors, celui-ci, me demanda de le suivre sans discuter. Je devais récupérer mes affaires chez Bella avant de me rendre chez mes parents. Ces derniers devaient rentrer demain et je savais qu'auprès d'eux, je ne pourrais qu'aller mieux et surtout, je savais qu'aucun d'entre eux ne me harcèleraient en questions inutiles.

« Où est-ce qu'on va ? » demandai-je à mon frère.

« Chez Bella, on va chercher ton sac ! J'ai eu un sms de Rose »

« Oh ! Mais... »

« T'inquiète pas, elle est déjà partie ! Enfin si inquiète-toi parce que t'as merdé sur toute la ligne ! Alors tu vas récupérer tes affaires et je vais t'emmener chez elle ! »

« Non » repris-je un peu fort.

« Non ! Mais c'est pas toi qui décide cette fois-ci ! Tu commences à me les briser sérieusement Ed' ! Tu fais n'importe quoi et tu ne t'en rends même compte ! Et puis tu comptes aller où ? Hein ? Chez Toi ?! »

« Non, chez les parents ! »

« Hors de questions ! Tu vas assumer et faire confiance à Bella ! »

« Je... » commençai-je alors que je serrais la mâchoire tout en regardant vers l’extérieur de la voiture afin d'empêcher mes larmes de jaillir.

« Tu ? » commença-t-il alors que je le vis se stationner devant l'immeuble de Bella.

« Rien Emmett mais je n'ai pas envie de l'ennuyer avec mes problèmes ! Elle est déjà assez mal comme ça ! » repris-je.

Il freina brusquement. Je tournai ma tête vers lui et vis qu'il serrait le volant à s'en faire blanchir les phalanges alors que sa respiration semblait saccadée. Il était en colère et j'attendais patiemment qu'il se calme ne souhaitant pas envenimer les choses. Mon frère n'avait jamais été violent mais je savais que quand quelque chose le contrariait il pouvait être agressif.

« Ed'... » commença-t-il en expulsant l'air de ses poumons et en se tournant face à moi « … tu vas m'écouter parce que là, tu es, soit stupide soit inconscient ! »

« ... » je le dévisageai attendant qu'il poursuive.

« On monte ! » lâcha-t-il.

Nous grimpions jusqu'à l'appartement de Bella. Je réalisai alors que je n'avais pas les clés.

« Em' je n'ai pas... » commençais-je alors que je le vis frapper à la porte.

Je bloquai ma respiration et quand je vis Jasper ouvrir la porte j'expirai totalement.

« Hey ! » dit-il.

« Salut » fis-je alors qu'Emmett me fit signe d'entrer.

« Salut Jazz » fit mon frère une fois la porte de l'appartement close.

« Je... je vais chercher mes affaires » dis-je en désignant la chambre de Jazz.

« Euh Ed' » me dit Jasper alors que je me dirigeais vers sa chambre.

« Quoi ? »

« Tes affaires sont avec Bella ! » lâcha-t-il.

« Oh »

« Ouais … je... Rose vient de m'appeler parce qu'elle n'arrivait pas à joindre Emmett ! Elle se doutait que vous viendriez ici alors elle m'a demandé de venir vous y attendre. »

« Merci Jazz ! » dit Emmett.

« Okay, on va passer chez moi et puis on ira chez les parents ! » dis-je amorçant un pas vers la porte d'entrée.

« Non » lâcha mon frère. « Tu restes ici avec Jazz, je vais aller chez toi, je reviens ! » conclut-il.

« Comme tu veux ! » dis-je en haussant les épaules.

« Jazz tu... » commença Emmett.

« Ouais pas de souci ! Tu en as pour longtemps ? »

« Non, une heure tout au plus ! »

« Okay ! »

Mon frère partit rapidement. Jasper s'excusa quelques minutes le temps qu'il passe un coup de téléphone à une amie pour qu'elle garde encore le fils de son ami Peter. J'étais là au beau milieu de son appartement et son parfum saturait littéralement la pièce. Une sensation de manque se fit sentir mais je décidais de ne pas y prêter attention. J'avais pris une décision et j'allais m'y tenir. Je vis Jazz entrer dans sa chambre et ses paroles m'arrivaient par bribes. Il semblait avoir rencontré une femme et j'en fus heureux pour lui. Il le méritait. J'avançais doucement vers la fenêtre me rappelant de la dernière fois où j'étais assis à cet endroit.

[ « Life and death » - Michael Giacchino]

Une fois devant la fenêtre du salon, je dirigeais mon regard vers le square situé en contrebas. Des enfants jouaient pendant que les adultes semblaient discuter confortablement assis sur le banc. Je ne voulais pas embêter Jasper. Et Emmett n'était plus là. Je savais qu'Em' avait décidé de m'emmener chez Bella mais je ne voulais pas y aller. A quoi bon de toute façon ! Je n'étais pas prêt à lui parler et elle devait en avoir plus que marre de mes états d'âme. Même si elle n'était pas Lauren, mon manque de communication finirait par tout gâcher. Je commençais à regretter d'avoir voulu la séduire sachant que notre relation était vouée à l'échec.
Cette carapace, avait semble-t-il toujours été là, mais elle s'était renforcée durant mes premières année d'école. Je ne supportais pas la présence des autres et je ne faisais confiance à personne. C'est ce qui avait fait qu'au fil des années je m'étais réfugié dans la musique, m'éloignant des autres dans le seul but de ne pas m'attacher.

Là où nous vivions avec mes parents avant de venir à New York, j'avais un ami, Vladimir. Je l'avais rencontré alors que j'étais encore dans le primaire. Mes parents ignoraient jusqu'à son existence et ils n'en savaient toujours rien aujourd'hui. Je ne devais rien dire à l'époque, car ses parents à lui ne devaient pas savoir que nous nous voyons et, je n'en avais jamais trouvé l'intérêt après ça.

Flashback
Vladimir était né en Roumanie et habitait juste à côté de chez moi. Il avait mon âge. Nous nous retrouvions très souvent dans la forêt qui bordait nos maisons respectives à l'insu de nos parents. Vladimir avait toujours été très secret, il me parlait peu de ses parents mais je pouvais sentir qu'il était très seul. 

Nous avions construit au fil des années, une amitié solide. Je lui racontais tout et il me soutenait, surtout quand les autres élèves se moquaient de moi, car je ne partageais pas les hobbys de ces enfants de 8 ans. En effet, j'aimais les livres et la musique classique. Du coup, pendant les cours, j'étais très souvent seul et au fil du temps je m'y étais habitué. Je savais que je verrais Vladimir chaque soir, alors ça ne m'était pas paru important. Pendant près de 7 ans, nous nous retrouvions chaque soir juste avant le dîner pour parler de nos journées. Il me poussait à me faire des amis en me disant que la solitude n'était pas une bonne chose. Il m'avait aidé et j'avais tenté de me faire des amis quand j'étais entré dans un nouvel établissement. 

Ce soir-là, je devais lui dire qu'une fille m'avait proposé d'être mon amie et qu'elle viendrait chez moi ce week-end. J'étais excité à l'idée de la lui présenter. Mais une fois dans le bois, je ne l'avais pas vu. A la place, j'avais découvert un bout de papier plié en deux. C'était Vladimir. Ses parents avaient découverts qu'il sortait en douce et du coup, il me disait qu'on ne pourrait plus se voir. J'avais couru jusque chez lui mais je n'avais pu que constater que la maison était vide. J'étais rentré chez moi et avais interrogé mes parents. La seule réponse que j'eus de ma mère fut que les voisins avaient déménagé dans la journée. Je m'étais alors enfermé pendant plusieurs jours dans ma chambre. Ma mère avait tenté de savoir ce qui n'allait pas mais mon silence l'avait stoppé dans ces attentions envers moi au fil du temps. Vladimir était le seul et véritable ami que j'avais eu car à cette époque je ne partageais rien avec mon frère. Nous nous étions promis de rester toujours en contact et il n'avait pas tenu sa promesse. 

J'avais attendu pendant des mois et des mois une lettre, un mot de lui mais rien n'était jamais arrivé. Résigné, je m'étais encore plus isolé des autres, repoussant même la jeune fille qui avait accepté d'être mon amie. Il valait mieux pour moi que je reste tout seul plutôt que de perdre un autre ami.
Fin du flashback

Le souvenir flou du visage rond de mon ami passa devant mes yeux. Je repris alors pied dans la réalité. Je me dirigeais vers la porte d'entrée. Jasper était encore au téléphone. J'attrapais le bloc situé sur la table basse et décidais de laisser un mot. Je ne pouvais pas revenir vers Bella. Mes angoisses et mes peurs avaient ressurgi depuis cet incident et je savais qu'elles finiraient par détruire ma relation avec elle. Une fois le mot rédigé, je sortis de l'appartement. Je hélai un taxi et pris la direction de chez mes parents. J'avais besoin de réfléchir.
Une fois arrivé, je refermai la porte derrière moi et pris la direction de ma chambre. Je pris soin d'éteindre mon téléphone et débranchait celui de la maison. Je fermai les volets et une fois la pièce plongée dans le noir, je me couchai sur mon lit et m'endormis aussitôt.

Un rire machiavélique résonna dans la maison. Je me réveillai en sursaut, un frisson d'effroi parcourant mon corps. Je me levai et me dirigeai vers ma porte. Je descendis les marches de l'escalier le plus doucement possible alors qu'une voix froide trop familière semblait provenir du salon. J'entendais une autre voix, douce cette fois, parler. Je descendais encore jusqu'à ce que j'arrive dans le salon. Tanya était en bas et menaçait Bella avec une arme. Je me figeai.

« Ah te voilà ! » m'interpela Tanya.

« ... » La panique empêcha un quelconque son de sortir de ma bouche.

J'avais le regard rivé dans les yeux embués de Bella. Elle semblait terrifiée et je l'étais tout autant.

« Tu vois je te l'avais dit... si je ne peux pas t'avoir, elle ne t'aura pas ! »

Et là au ralenti, je vis Tanya diriger l'arme vers Bella et lui tirer dessus. Bella fut projetée quelques mètres plus loin sous la force de l'impact. Mes yeux ne pouvaient se détacher de son corps sans vie sur le sol alors que le sang, son sang se répandait sur le tapis de mes parents.

« Noooooooooooooooooooooooooooon » hurlai-je en me dirigeant vers elle.

[ « Tyler » - Marcelos Zarvos]

Je m'approchais du corps de Bella et la serrais dans mes bras. Je tentais de faire pression sur sa blessure mais le sang continuait de couler abondamment. La sensation de son sang chaud sur mes mains me fit paniquer. J'allais la perdre et je ne pourrais rien y faire.

« Bella, non ! »

« Ed... Edward... je suis désolée... je t'aime... » murmura-t-elle alors que ses yeux étaient rivés aux miens.

« Non Bella reste avec moi » répondis-je la voix emplie de sanglots.

« J'ai si froid... »

« Chut... Shhh... Bella garde tes forces... » tentai-je de la rassurer alors que je caressai ses cheveux.

Je continuais mes gestes tout en lui chuchotant des mots rassurants. Puis je sentis son corps s'alourdir alors que je voyais ses paupières se fermer.

« Non Bella, reste avec moi ! » pleurai-je.

Elle esquissa un léger sourire tout en déposant une main sur ma joue. Puis son bras retomba au sol. Je venais de la perdre. La douleur que je ressentis à cet instant fut d'une violence inimaginable. C'est comme si chacun de mes membres venaient d'être arrachés et que mon cœur avait cessé de battre. Un hurlement sourd sortit de ma poitrine résonnant dans le salon. Mes yeux ne pouvaient la quitter occultant la présence de celle à qui j'allais arracher le cœur pour m'avoir enlevé l'être qui m'était le plus cher.

Mon corps était secoué de toutes parts. Je me redressais pour faire face à ce visage froid. Elle me regardait tout en esquissant un sourire, ce qui déclencha un raz de marée de colère et de haine, dévastant le semblant d'humanité qui me restait. Alors que je me jetai sur elle, une voix familière résonna dans ma tête.

« Edward... »

« ... »

« Putain Edwaaaaaaaaaard Réveille-toi !!! » entendis-je alors que je revenais à moi.

J'ouvrais les yeux. J'étais recroquevillé sur moi-même et quand je relevais mon visage, je vis mon frère qui était à genoux sur mon lit.

« Edward ? Putain ! » lâcha-t-il.

« Emmett ? »

« Ouais c'est moi ! »

J'attrapai sa main et la serrai fortement.

« Qu'est ce qui t'es arrivé ? »

« Je... Bella » commençai-je en me redressant vivement sur mes dernières paroles.

« Quoi Bella ? »

« Où elle est ? »

« Edward... qu'est ce qui se passe ? »

« Tanya était ici ! Elle... elle a tiré sur Bella... » débitai-je complètement paniqué.

« Edward tu as fait un cauchemar, Bella va bien ! »

« Non Em', je te dis que Tanya lui a tiré dessus » continuai-je alors que je me dirigeai vers le salon.

[ « Summer » - Marcelo Zarvos]

Emmett me suivait et me stoppa avant que je ne commence à descendre les escaliers. Il me tourna face à lui.

« Edward... tu as fait un cauchemar, Bella va bien... je te le jure ! »

« Em'... je te... » répétai-je persuadé qu'il essayait d'apaiser ce que je ressentais.

« Edward... tu étais chez Jazz et Bee, quand je suis revenu, tu étais parti ! J'ai donc essayé de t'appeler mais sans succès alors je suis venu ici et quand je suis entré je t'ai entendu hurler. J'ai couru jusqu'à ta chambre et je t'ai vu allongé sur ton lit. Tu étais en train de t'arracher la peau des bras tout en hurlant... regarde... » me dit-il en désignant mes bras qui étaient couverts d'éraflures.

« ... » Du sang recouvrait mes bras alors que des larmes baignaient désormais mes yeux.

« Ed' tu as fait un cauchemar, tout va bien ! » me dit-il tout en m'attirant dans ses bras.

Mon frère me serra fort et je me sentis instantanément en sécurité. Je soufflai pour me calmer. Emmett me dirigea vers le salon puis la cuisine. Il me fit asseoir sur un tabouret et me servit un verre d'eau.

« Ed', faut que tu ailles voir le psy à l’hôpital ! » lâcha-t-il.

« Ouais ! » soufflai-je.

« C'est ce genre de rêve que tu fais depuis une semaine ? » me demanda-t-il.

« Je... non... enfin si mais ça se passe pas toujours pareil mais l'issue est toujours la même... je n'ai pas su la protéger Em' ! » lâchai-je avant de pleurer à nouveau.

« Ed', elle va bien ! Elle sait se défendre toute seule ! … » me dit-il en posant une main sur mon épaule. « … faut que tu lui fasses confiance ! »

« Je... j'en ai envie mais je ne peux pas... j'ai... regarde-moi, je suis bouffé par la peur de la perdre et... je ne peux pas lui imposer ça ! » repris-je.

« C'est pas à toi d'en décider ! Si elle, elle veut que tu sois auprès d'elle, tu n'as pas à choisir pour elle ! »

« Je... Em', je ne parle pas, je... je suis rongé par mes angoisses, je ne dors plus ou bien je hurle la nuit... ce n'est pas... elle n'a pas à subir ça... »

« Ed', regarde-moi ! »

« ... » je levai les yeux vers lui.

« Elle s'en fout de ça... si elle t'a sorti de chez toi, c'est parce qu'elle s'inquiétait pour toi... et là depuis ce matin, elle est en panique à l'idée que tu ne la rejoignes pas chez elle. Elle attend, elle t'attend parce que si elle a décidé de te faire venir dans sa maison, c'est pour la simple et bonne raison qu'elle s'y sentira mieux et qu'elle pourra être là pour toi ! Alors arrête de te trouver des excuses pour ne pas aller la rejoindre ! »

« Je... »

« Ed', la seule question que tu dois te poser c'est est-ce que tu l'aimes ? »

« Bien sûr que je l'aime ! C'est même plus fort que ça, je... »

« Alors, ne t'éloigne pas, elle aussi t'aime et quand on aime quelqu'un, on le soutient quoi qu'il en coûte, quoi qu'il se passe ! Tu sais pour Rose tout n'a pas toujours été blanc ! Je l'ai soutenu tout comme elle m'a soutenu quand ça n'allait pas bien ! C'est pas en s'enfermant dans le silence et dans la solitude qu'on s'en sort ! Tu devrais le savoir ! »

« Ouais... mais... »

« Pas de mais frangin ! Tu vas prendre une douche et moi aussi parce que j'ai dû courir dans tout New York depuis ce matin et j'ai besoin de me rafraîchir, ensuite on ira chez elle, ok ? »

« Mmmh »

« Viens ! »

J'emboîtais le pas à mon frère jusqu'à l'étage non sans avoir jeté un coup d’œil au sol du salon. Il était immaculé et je devais bien admettre que tout cela n'était que le fruit de mon imagination.

[ « Give me love » - Ed Sheeran ]

Une heure plus tard, nous pénétrions dans un quartier constitué essentiellement de petites maisons. Mon frère s'arrêta devant une petite maison en bois blanc. La porte en bois avait une vitre en verre soufflé qui empêchait quiconque de voir à l'intérieur. J'avais les mains moites et mon regard était rivé au sol. La tension dans mon corps augmenta au moment où Emmett actionna la cloche située à droite de la porte. J'entendis la porte s'ouvrir.

« Em' ! »

C'était la voix de Rosalie. Je levai les yeux vers elle. Ce que je vis dans ses yeux fit retomber la pression même si j'ignorai comment Bella allait réagir face à moi. Je n'eus pas longtemps à attendre car je la vis surgir juste à côté de Rose.

« Entrez » dit-elle.

Je suivis mon frère à l'intérieur. Je jetai un regard pour voir où je me trouvais et la sensation de paix qui m'envahit au même moment me libéra de toutes tensions. L'intérieur de cette maison était d'une simplicité sans nom mais l'ambiance chaleureuse qui s'en dégageait était des plus agréables. Mes yeux survolaient la pièce. Les murs étaient recouverts de tableaux, le canapé ancien gisait au milieu du salon recouvert de sa couverture multicolore, le plancher en bois brut dégageait une chaleur agréable alors que les boiseries blanches des murs donnaient de la lumière à la pièce. J'étais soufflé par la beauté du lieu. Une douce musique résonnait dans la pièce. Mon regard dériva jusqu'à ce qu'il s'ancre dans deux prunelles chocolat emplies de tendresse. Ses yeux brillaient dégageant des milliers d'émotions accélérant les battements de mon cœur. Pourquoi avais-je agi ainsi ? Elle était là et par son regard, elle me transmettait toutes ses peurs mais aussi tout son amour et son soutien, juste pour moi.

Je fis alors les quelques pas qui nous séparaient, oubliant la présence de Rose et mon frère, et je me jetai dans ses bras. Je la serrai si fort dans mes bras que j'aurais voulu que nos corps fusionnent. Son parfum m’enivrait et sa chaleur irradiait au travers de mes vêtements. Je sentis ses mains fourrager dans mes cheveux alors qu'elle déposait des baisers sur ma tempe. Le visage enfoui dans son cou, je ne voulais plus la lâcher. J'avais l'impression d'avoir retrouvé ma maison, mon chez moi. Je réalisai alors qu'elle était la chose la plus importante et que je ne pourrais plus m'éloigner d'elle. Elle me murmurait des « je t'aime » et des « tu m'as manqué » tout en m'embrassant. Je la relâchais un peu et elle profita de cet instant pour me prendre le visage entre ses mains, rivant son regard au mien.

« Edward... je ne veux pas que tu doutes... je sais que tu penses que je vais me lasser de tes silences mais ça ne sera pas le cas... tu arriveras à me faire confiance et la preuve est que tu es ici, maintenant ! Alors on n'ira à ton rythme mais je ne te lâcherai pas ! Je te le promets »

Je ne sus quoi lui répondre tellement ces mots firent exploser mon cœur d'amour pour elle. Mes angoisses s'envolèrent alors que ses yeux ne lâchaient pas les miens. Mes peurs s'enfouirent plus profondément, relâchant la tension qui m'habitait. Je l'attirai vers moi replongeant ma tête dans son cou. Je déposais des baisers au creux de son oreille alors que mes mains venaient de glisser sous son tee-shirt afin de caresser sa peau douce et délicate.
J'ignore combien de temps, nous étions restés ainsi mais Bella n'avait pas bougé d'un millimètre. Elle me tenait tout contre elle, caressant mes cheveux, m'embrassant par moment laissant plus qu'à l'accoutumée ses lèvres en contact avec ma peau. Je sentais mon cœur revivre et l'euphorie qui émanait de mon corps me redonna l'énergie suffisante pour croire que je ne la perdrais pas.
Je la sentis relâcher sa prise autour de moi et je me reculai instinctivement.

« Viens... » me dit-elle alors qu'elle se saisissait de ma main.

Elle m'entraîna vers une porte située dans le fond du salon. Emmett et Rose étaient assis sur la balancelle. La vue du perron était magnifique. Deux arbres se trouvaient en plein milieu du jardin et on pouvait voir la baie et ses bateaux. Seul le bruit des vagues nous parvenait et les embruns marins embaumaient l'air ambiant. Bella me souriait et je lui rendis son sourire.

« Bon ! On va vous laisser ! » lâcha mon frère.

« Non, vous restez manger ! » reprit ma belle.

« Mais c'est que... » commença Emmett.

« On a fait à manger avec Rose et on vous attendait ! Donc ! A table ! »

« Okay ! »

Rose et Bella dressèrent la table. Ce fut difficile pour elle car je refusais de la lâcher. Cela la fit rire et mon frère n'hésita pas à me charrier à ce sujet. Je râlai pour la forme mais pour rien au monde je ne voulais m'éloigner d'elle. C'est ainsi que je serrais entre mes mains un bout de son tee-shirt me collant à elle dès que l'occasion se présentait et profitait de ces moments pour l'embrasser un peu partout ou tout simplement pour la serrer contre moi. Elle était mon oxygène, mon tout et surtout ma raison de vivre.
Nous prîmes notre repas et les discussions diverses et variées s'installèrent, détendant l’atmosphère et chassant les tensions de la matinée.
Emmett et Rose partirent vers 20h et je me retrouvais seul avec Bella.

Nous étions installés dans le canapé lorsqu'un orage se fit entendre. Bella se précipita à l'extérieur pour fermer les volets et faire entrer le chat qui avait passé son après-midi entre ses jambes, quémandant des caresses sans cesse. J'avais voulu l'aider mais elle m'avait ordonné de rester assis, prétextant ma blessure au ventre. J'avais râlé mais je ne pus que me résigner face à son air déterminé.
Elle revint quelques minutes plus tard complètement mouillée. Je ris en la voyant entrer mais mes éclats de rire se calmèrent rapidement devant la vue qui se profilait devant moi. Son tee-shirt mouillé faisait ressortir les courbes de son corps et je pouvais allègrement contempler les formes de son soutien-gorge. Ma virilité fut de suite allumée et je savais qu'elle ne cèderait pas avant deux jours. Je secouais la tête chassant de ma tête les idées peu catholiques qui avaient assailli mes pensées. Je me raclai la gorge.

« Je vais me changer ! » me dit-elle alors qu'elle se dirigeait vers un escalier en spirale situé dans un coin du salon.

« Okay ! »

« Bah tu viens ! »

« Hein ? » fis-je en me tournant vers elle alors qu'elle était appuyée contre la rampe.

« Je vais te montrer l'étage ! »

« Oh ! »

Je me levai précipitamment et une douleur se fit sentir dans mon bas ventre. Ma grimace n'échappa pas à Bella qui une fois là-haut, me tendit mes antalgiques avec un verre d'eau. Elle me proposa un somnifère que je refusai ne voulant pas être assommé pour cette nuit. Je vis que je la contrariais mais je n'y prêtais pas attention en lui offrant un sourire qui je savais la ferait craquer.
Elle me fit faire le tour de l'étage. Il y avait deux chambres. La décoration était simple mais elle lui ressemblait. Une des chambres donnait sur la baie et possédait un balcon. C'était apparemment la chambre que nous occuperions puisque mon sac et le sien étaient posés au pied du lit. C'est alors que je vis ma guitare. Je me tournais vers Bella.

« Tu... tu as pris ma guitare ? » lui demandai-je, ne sachant pas quand elle l'avait récupéré.

« Ouais, ça me semblait être une bonne idée ! » me dit-elle en haussant des épaules alors qu'elle était en train d'enlever son jean.

Mes yeux ne purent se détourner de ses jambes expédiant la joie qu'elle ait pu penser à ma guitare au fond de mon esprit. Elles étaient fines et longues. Sa peau d'albâtre me donnait envie de me délecter de la douceur de sa peau. Je fermai les yeux et des souvenirs de sa peau sous mes doigts m'assaillirent. J'allais mourir de combustion spontanée, si elle ne cessait pas de faire comme si c'était normal.

« Edward ? Ça va ? » me demanda-t-elle alors qu'elle déposait sa main sur mon bras.

« Ouais ! »

« Oh mon dieu ! Edward Mais qu'est-ce que tu as fait à tes bras ? »

« Je... c'est rien ! » dis-je en rabaissant les manches de mon tee-shirt.

« Non, ce n'est pas rien... Viens on va nettoyer ça ! » me dit-elle en me prenant la main.

Elle me fit asseoir sur le bord de la baignoire et attrapa de quoi désinfecter mes plaies. Pendant plusieurs minutes, elle s'attela à panser chacune de mes blessures, puis fit un bandage sur chacun de mes bras. Je la vis souffler et s'essuyer les yeux alors qu'elle rangeait.

« J'ai fait un cauchemar cet après-midi, pendant que j'étais chez mes parents !... » murmurai-je les yeux fixés sur mes bandages « … c'est Em' qui m'a réveillé et je me suis infligé ça tout seul ! » terminai-je.

Je relevai la tête vers elle mais elle était déjà proche de moi plaquant ma tête contre son ventre.

« Je suis désolée ! » souffla-t-elle.

« De quoi ! » demandai-je en la faisant reculer.

« Je... de ne pas avoir été là ! »

« Mais Bella c'est moi qui aie décidé de te tenir à distance ! Je suis venu te voir hier soir dans ta chambre ! et... »

« Je sais... » me coupa-t-elle.

« Tu... »

« Je pensais que j'avais rêvé mais... pourquoi tu n'es pas resté ? »

« Je... j'avais peur... je suis effrayé, je ne te parle pas et j'avais peur que tu te lasses ! Alors j'ai préféré m'éloigner avant que l'un de nous en souffre ! »

« Edward... regarde-moi ! » me dit-elle alors qu'elle était à genou face à moi.

« Ouais... »

« Je t'ai dit que je ne me lasserai pas... qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu le comprennes... Je... je suis autant morte de trouille que toi à l'idée de te perdre mais faut avancer ! J'ai accepté de te faire confiance malgré tout mais sache que quoi qu'il arrive, tu n'arriveras pas à te débarrasser de moi ! Ok ? »

« Ok ! »

« Viens, on va aller se coucher ! La journée a été éprouvante ! »

« Je te suis ! »

« Mets-toi au lit, je vais tout fermer en bas et monter deux chocolats chauds ! Ça te dit ? »

« Ouais pourquoi pas ! » dis-je en haussant les épaules.

[ «  Only Love » - Ben Howard ]

Pendant que Bella était en bas, je me déshabillai et enfilai un tee-shirt. Je m'approchai de la fenêtre et contemplai la tempête qui sévissait dehors. Le tonnerre grondait alors que les éclairs illuminaient le ciel. C'était un orage d'été et je me sentais en sécurité ici. Bella avait raison, cet endroit était très apaisant. Je souriais en repensant à la bêtise que j'avais failli faire. Mais j'avais pu compter sur mon frère qui, comme depuis quelques mois, savait trouver les mots justes et, qui plus est, était devenu un élément indispensable à ma vie.
Perdu dans mes pensées, je sentis deux bras s'enrouler autour de ma taille. Je glissai mes mains sur les siennes tout en prenant soin d’entrelacer nos doigts.

« Je t'aime » murmura-t-elle.

« Je t'aime » répondis-je en approchant sa main de ma bouche.

Elle se recula un instant. Surpris, je me retournai vivement l'interrogeant du regard.

« Je reviens ! » chuchota-t-elle.

Elle me tendit une tasse fumante de chocolat et retourna vers l'entrée de la chambre.
Je la vis éteindre la lumière et quelques secondes plus tard elle reprit sa place. Je la fis passer devant moi. Je posais ma tasse fumante sur la table de nuit avant de serrer mes bras autour de sa taille. Je faufilai mes mains sous son tee-shirt souhaitant profiter de la douceur de sa peau. Je l'entendis gémir et ce son délicat me fit la serrer plus fort contre moi. La sensation de son corps chaud contre le mien me redonnait vie alors que son parfum calmait les palpitations de mon cœur. J'embrassai le sommet de sa tête. Je me sentais bien. Nous étions restés quelques minutes ainsi avant qu'elle ne me pousse vers le lit. Couchés, elle vint se blottir tout contre moi. 

La tête dans le creux de mon épaule, je pouvais sentir ses doigts fins caresser ma peau alors que sa bouche déposait des baisers humides sur ma poitrine. Mon cœur battait si fort qu'elle devait l'entendre malgré les bruits du vent et de l'orage qui grondaient à l'extérieur. J'étais au chaud auprès de la femme que j'aime et cette douce sensation me fit fermer les yeux. Ma main bougeait, telle un automate, le long de son échine et je pouvais sentir tout l'effet que je lui faisais. Sa respiration était rapide alors que ses gestes étaient désormais plus appuyés sur mon ventre. Je sentis ses mains se déplacer de plus en plus loin, voletant désormais au niveau de l'élastique de mon caleçon. Sa jambe glissa alors sur les miennes venant buter contre ma virilité plus que réveillée me laissant échapper un gémissement peu discret. Je ne relevai pas car je voulais qu'elle prenne, elle-même la décision de ce qui pourrait suivre. Elle n'en fit rien. Je soufflai et tentai de calmer mes pulsions en pensant à des choses peu agréables mais en vain.

« Je... j'en ai très envie mais... » commença-t-elle.

« Le médecin a dit une semaine ! » finis-je pour elle.

« Ouais ! Je... »

« C'est bon, j'apprécie aussi ce que tu fais et nous aurons tout le temps de nous rattraper ! »

« Mmmh »

Je continuai mes gestes sur sa peau fine alors que ses doigts voletaient au-dessus de ma peau, m'empêchant de calmer mon envie d'elle qui devenait de plus en plus importante. Elle leva la tête vers moi et vint déposer un baiser sur mes lèvres. La sensation de douceur qui se dégageait de ce baiser était euphorique et apaisant. Je fis glisser lentement ma langue quémandant l'accès à sa bouche qu'elle m'accorda dans l'instant. Nos langues se caressaient sensuellement et alors que mes mains avaient pris d'assaut sa peau, je vis des milliers d'étoiles briller devant mes yeux allégeant le poids de mon corps qui m'avait semblé lourd toute cette journée. Après ce baiser des plus agréables, elle posa sa tête à nouveau sur ma poitrine. Je déposais encore quelques baisers sur son front faufilant mes mains au travers de ses cheveux pendant qu'elle déplaçait ses mains sur ma poitrine cajolant ma peau avec une infinie délicatesse.

Puis, je sentis sa respiration se calmer et ses gestes se firent moins précis et moins appuyés. Un coup d’œil, sous les éclairs qui flashaient la pièce par moment, me permis de constater qu'elle s'était endormie. Je fermai les yeux à mon tour espérant que ma nuit serait calme.
Je me relevai en sursaut, le corps en sueur, avec une douleur monstrueuse dans la poitrine. Je posai instinctivement une main sur mon cœur qui battait à tout rompre. Je tentai de savoir où je me trouvais et quand je tournai la tête je vis Bella assise sur le lit face à moi.

« Bella... » chuchotai-je alors que je croyais l'avoir vu mourir quelques instants plus tôt sous mes yeux.

« Shhhh... Edward... tu as fait un cauchemar... » me dit-elle en m'attirant vers elle.

Je me laissai faire alors qu'elle me blottissait contre elle. Elle serra ses bras autour de moi tout en déposant des baisers sur mon front.

« Je suis désolé... je ne voulais pas te réveiller... » murmurai-je.

« Ce n'est pas grave... j'ai cru que tu ne te réveillerais pas... »

« J'ai... »

« Oui... tu as crié mais j'ai dû te secouer un peu pour te réveiller ! Tout va bien... rendors-toi... »

« Bella ? »

« Oui ? »

« Merci... »

« Je t'aime ! »

Elle continua à caresser doucement mes cheveux et je me délectais de ses gestes. Je ne voulais pas fermer les yeux au risque de revoir se jouer les scènes horribles qui venaient de défiler derrière mes paupières closes.

« Bella ? »

« Mmmmh » me dit-elle doucement.

« Je... » commençai-je.

Elle tenta de se redresser mais je la serrai plus fort pour qu'elle demeure là où elle était. Je voulais lui parler mais je savais que je ne pourrai rien lui dire si je la regardais, par crainte de voir quelque chose qui ne me plairait pas dans ses yeux.

« Tu veux en parler ? » chuchota-t-elle.

« C'est toujours le même rêve... » commençai-je « Je... tu es là et Tanya aussi mais... cette fois ce n'est pas à moi qu'elle s'en prend mais à toi, j'ai eu si peur... y... y avait tout ce sang et... » paniquai-je.

« Shhhh... on est en sécurité ici Edward, personne ne connaît cette maison sauf Rose et Em' et elle est enfermée ! Elle ne peut plus nous atteindre ! Okay ? » reprit-elle tout en appuyant ses caresses et ses baisers.

« J'ai peur en permanence et j'ose plus fermer les yeux... je... c'est... je sais pas comment arriver à me sortir ces images de la tête ! » finis-je par lâcher.

« Okay... bouge pas ! » me dit-elle en se détachant de moi pour sortir du lit. Je la vis se rendre dans la salle de bains et revenir quelques minutes plus tard avec un verre d'eau et un comprimé.

« C'est... »

« Un somnifère, tu vas en prendre un et demain tu viens avec moi à l'hôpital ! J'ai rendez-vous avec la psy ! »

« Je... »

« Edward tu as besoin de dormir et je t'assure qu'il ne m'arrivera rien ! » dit-elle en faisant courir sa main dans mes cheveux.

« Je sais pas quoi dire... »

« Rien, avale et au lit ! » reprit-elle. « Je ne pars pas ! » rajouta-t-elle.

« Okay ! »

Je me réinstallai et elle m'attira vers elle. Je fis glisser mon bras autour de sa taille alors que j'avais le visage niché au creux de son cou. Elle reprit ses caresses dans mes cheveux tout en faisant courir son autre main sur le dessus de la mienne. Je fermai les yeux et je m'endormis sous ses attentions. Mes parents arrivaient le lendemain et je savais que la belle-mère et le père de Bella seraient là aussi puisqu'ils avaient décidé de venir passer quelques jours avec leur fille. Je ne savais pas comment tout cela allait se passer mais j'étais sûr d'une chose, je ne voulais plus m'éloigner et j'espérais que son père m’apprécierait.

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...

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