Chapitre Huit


« Aimer, c'est perdre le contrôle » 
 Paolo Coelho 

POV EDWARD

Nous étions assis depuis quelques minutes et le silence régnait toujours. Emmett avait rallumé une cigarette. Il tirait tellement dessus qu'il la termina en quatre ou cinq lattes. J'écrasais la mienne et je pris la parole.

« Emmett, c'est quoi cette histoire avec Benjamin ! »

« Rien »
dit-il en soufflant et en baissant la tête.

« Ne me dis pas rien ! Bordel ! Tu crois que je t'ai pas vu te tendre ! Tu crois que j'ai pas vu la tête qu'a faite Bella ! Alors s'il te plait ne me dis pas rien » dis-je en hurlant après m'être levé.

Je faisais les cents pas sous le perron afin de me calmer. J'étais énervé et en colère car je me doutais qu'il s'était passé quelque chose de grave et que cela concernait Bella. Puis des souvenirs des huit dernières semaines me revinrent. La dernière fois que j'avais vu Bella c'était au New Moon. Elle y était venue avec Rosalie, Alice et deux garçons. Elle semblait proche de l'un d'eux mais je ne l'avais jamais vu auparavant. Pourtant ce soir là, je l'avais vu mal à l'aise puis très proche de cet homme. C'était comme si elle ne savait pas sur quel pied danser. Pourtant, la façon dont elle lui avait sauté au cou après sa danse plus que suggestive m'avait semblé contredire ce que j'avais alors imaginé. Puis le souvenir du lundi suivant où Emmett m'avait dit que Jazz serait absent suite à des problèmes personnels me vint à l'esprit. Était-ce Bella, ce problème personnel ? Emmett avait relevé la tête vers moi alors que je ne l'avais pas quitté des yeux. Il semblait embarrassé et soucieux. Je décidais de revenir à la charge.

« Emmett, pour que maman décide d'exclure un de ses artistes « en or » comme elle l'appelait, il a dû se passer quelque chose de beaucoup plus grave que ce que vous laisser entendre alors dis-moi ! »

« Ce n'est pas à moi de t'en parler ! La seule chose que je peux te dire c'est que faire une crise ou te mettre en colère ne servira à rien ! »

« Et bien si TU ne peux pas m'en parler qui doit m'en parler ! Hein ! »
repris-je sèchement alors que ma patience s'effritait à chaque seconde.

« .. »

« C'est moi qui vais te dire ce qu'il s'est passé »
entendis-je d'une voix féminine.

 Rosalie était sur le perron, les bras croisés sur la poitrine. Emmett leva la tête vers sa petite amie semblant soulagé de sa présence. Je les regardais tous les deux à tour de rôle.

« Tu pouvais le lui dire Emmett ! » dit-elle

« Ouais.. mais, regarde-le. Il bout littéralement de colère. Je ne pense même pas que ça soit une bonne idée ! Mais bon après tout je ne vais pas te contredire ! »

« Non effectivement ! »

« Je vais rentrer. Comment va Bella ? »
lui demanda mon frère.

« Esmée à expliquer à Carlisle ce qu'il s'était passé. Il s'en doutait car il a vite fait le rapprochement avec la visite de Bella aux urgences. Elle est dans le salon avec eux deux mais elle souhaiterait que le sujet ne soit plus abordé, si c'est possible ! »

« Ça marche en même temps c'est compréhensible ! Bon je vais les rejoindre ne vous battez pas tous les deux hein ! »
dit-il en rigolant.

Cela eut au moins l'effet de détendre quelque peu l'atmosphère et d'apaiser la tension qui irradiait de tout mon être. Rosalie s'installa là où était Emmett quelques minutes plu tôt. Elle m'invita à faire de même ce que je fis. J'allais enfin avoir mes réponses même si je pense qu'elles ne risquaient pas d'être agréables vu que Rosalie avait parlé du passage de Bella aux urgences.

« Si je suis là c'est que c'est elle qui m'a demandé de venir t'expliquer. Elle souhaiterait que la fin de la soirée se passe bien donc pour cela, il ne doit pas y avoir de cachoteries entre nous. »

« Okay »


« Par contre Edward j'aime autant te prévenir que si tu n'es pas en mesure de rester calme après ce que je t'aurais dit, tu rentres chez toi ! Je ne supporterais pas que Bella fasse à nouveau les frais de tes actes. Est-ce que tu m'as bien comprise ! »

« Oui.. »
soufflais-je en baissant la tête.

J'ignorais les tenants de cette histoire mais Bella avait été hospitalisée ce qui signifiait que quelque chose de grave avait dû se passer. Mais malgré tout il me fallait me contrôler. Je voulais terminer cette soirée et avoir peut-être la chance de pouvoir discuter avec elle calmement. Le fait qu'elle ait demandé à Rosalie de venir m'expliquer me laissant un espoir infiniment plus grand de pouvoir arranger les choses avec elle.

« Bon, tu sais que Benjamin était l'artiste qu'exposait ta mère à la galerie. »

« Oui. Mais je ne le connais pas !»

« Si, c'était l'homme avec qui était Bella, le soir où nous sommes tous venus au New Moon pour le concert de Bobby ! Tu vois de qui je parle ! »

« Comment ne pas se souvenir ! »
répondis-je sarcastiquement. Je me souvenais parfaitement de ce visage dont le regard reflétait la jalousie et la possessivité. Je ne pouvais ôter de ma tête les images de cet homme embrassant Bella tout en ayant ses mains partout sur le corps de la femme que je désire plus que tout !

« Et bien, Benjamin s'est comporté comme le pire des enfoirés. Il était ensemble depuis peu, le mardi ou le mercredi de la même semaine il me semble. Mais il a commencé à se comporter comme quelqu'un de possessif limite agressif ! Notamment après la soirée au New Moon ! » me raconta-t-elle.

Elle me regardait dans le but de guetter mes réactions. Pour l'instant, je restais calme et j'avais réussi à réguler ma respiration et rester concentré sur ce qu'elle me disait.

« Donc, ce soir là, Bella était tendue, mal à l'aise. Elle voulait donner une chance malgré tout à Benjamin pensant que le problème venait d'elle. Mais les deux textos qu'il lui a envoyé le soir même étaient plutôt inquiétants même agressifs. Ces messages étaient liés au fait qu'Alice avait parlé de toi à Benjamin. Bella n'a jamais nié sa relation avec toi mais je pense que c'est ça qui a tout déclenché et mais qui l'a aussi décidé à mettre un terme à leur relation. Le lendemain, nous sommes allées faire les magasins et elle avait rendez-vous avec Benjamin le soir même. Je l'avais accompagné et ton frère m'a rejoint quelques minutes plus tard devant son immeuble. Nous attendions devant la voiture que Bella redescende. Puis elle est arrivée en courant, le visage couvert de coupures, un de ses bras était plein de sang et l'autre était plaqué contre sa poitrine. Il l'avait agressée mais elle avait réussi à s'échapper juste à temps. Nous sommes partis tous les trois aux urgences et ton frère a appelé ton père. Bella a été soignée et il lui a fallu beaucoup de temps pour s'en remettre. Je crois que la peinture l'a beaucoup aidée dans ce sens. Elle a porté plainte. Il avait déjà été violent avec deux de ses ex compagnes et du coup il est à l'heure actuelle en prison et à sa sortie il a l'interdiction d'approcher Bella à moins de 500m. Quand Esmée l'a appris, elle l'a viré sur le champ. Mais Bella n'était pas d'accord au départ. Elle prenait sa défense comme elle l'avait fait pour toi. Mais Esmée ne s'est pas laissé faire et tu connais ta mère sur ce point là, quand elle a décidé quelque chose, on ne la fera pas changer d'avis ! Voilà l'histoire !»

Rosalie venait de tout me dire et ce que je venais d'apprendre ré-intensifia la colère qui couvait déjà en moi. Je serrais mes poings qui étaient posés sur mes jambes. Je fixais un point imaginaire alors que mon esprit tentait d'assimiler le fait que Bella avait été agressé. Rosalie serra mon épaule avec sa main. Je levais la tête vers elle.

« Edward, elle va bien … mais je dois te dire autre chose.. »

Elle allait bien. J'essayais de m'en convaincre mais vu sa réaction toute à l'heure, elle ne semblait pas aller si bien que ça.

« Y a autre chose ? » lui répondis-je surpris. Que pouvait-il lui être arrivé de pire.

« Ça te concerne en quelques sortes ! »

« Comment ça ? »


« Et bien Tanya est allée chez Bella et nous a suivi au centre commercial le dimanche ! »

« Quoi ! » dis-je en me levant brutalement. Je me pinçais machinalement l'arrête du nez pour tenter de rester calme. « Comment ? »

« Je ne sais pas. Mais quand Bella est allée porter plainte à l'USV, un des inspecteurs l'a informé de l'ordonnance restrictive concernant Tanya et elle l'a reconnu sur les photos, d'après Jazz. Tout ce que je sais c'est que ça fait plus de quatre semaines que Bella ne l'a pas vu. De toute façon, des flics sont en permanence devant chez elle pour l'arrêter si jamais elle venait à se présenter chez Bella ! »

« Putain ! » criais-je « Cette fille me pourrit la vie et il faut en plus qu'elle tente de faire du mal à Bella ! J’appellerai l'inspecteur lundi. Je ne comprends pas pourquoi ils ne l'ont toujours pas arrêté. Elle n'a pas pu disparaître comme ça ! »

Puis je réalisais ce que cela signifiait. Bella devait donc être au courant pour moi.

« Elle sait ? » repris-je

« Non, l'inspecteur ne lui a pas dit le nom de l'autre personne ! »

Je soufflais de soulagement. Au moins, elle n'aurait rien de plus à me reprocher.

« Mais … Edward... elle a accepté de te dire ce qu'il s'était passé pour Benjamin, il me semblerait juste que tu lui dises pour Tanya ! » me dit-elle

« Ouais t'as sans doute raison... mais .. pas tout de suite ! Okay ! »

« N'attends pas trop longtemps, elle risque de mal le prendre si elle l'apprend par hasard... et puis vu que nous avons tendance à mettre les deux pieds dans le plat tous, c'est quelque chose qui pourrait arriver plus vite que tu ne l'imagines! »

Elle n'avait pas tort. Rien que ce qui s'était passé aujourd'hui me permettait de le mesurer. J’acquiesçais et Rosalie me fit un sourire. Elle décidait de rentrer et je lui avais dit que je restais encore quelques minutes dehors afin de me calmer. Je m'appuyais sur la balustrade qui faisait le tour de la maison. Je regardais le soleil se coucher. Le ciel était teinté de rose, de violet et de bleu. La chaleur retombait doucement et une légère brise fouettait mon visage. Je repensais à Bella. Tout n'avait pas dû être facile pour elle ses dernières semaines : moi d'abord qui me conduit comme un crétin, ses examens, son travail à la galerie, Tanya et son agression. Pourtant elle semblait si forte. Elle avait gardé ce sourire qui illuminait son visage et semblait plus se préoccuper des autres que d'elle même quitte à prendre la défense de salauds dans mon genre ou pire d'individus comme Benjamin. Mon cœur se serra à l'idée qu'on puisse s'en prendre encore à elle. Tanya était toujours en liberté et mes craintes ne faisaient qu'augmenter. Mais j'allais employer tous les moyens possibles pour que cela n'arrive pas. Je la protègerais coute que coute même si elle ne veut plus de moi. Mais d'abord il allait falloir que je l'affronte à nouveau et ce dans quelques minutes. Je me dirigeais vers l'intérieur de la maison.

Une fois la porte franchie, j'entendis des rires. Tout le monde semblait heureux. Je m'avançais dans le salon. Ma mère posa son regard sur moi avant de me sourire. Sourire que je lui retournais. Je regardais ensuite Bella. Elle semblait gênée. Je lui mimais un « je suis désolé » auquel elle répondit par un doux sourire en faisant un geste de la main comme pour me dire que ce n'était pas grave. Puis sans la quitter des yeux, je me réinstallais à ma place. Nous avions parlé du voyage de mes parents et des lieux qu'ils avaient prévus de visiter. Nous étions passés à table et c'est ainsi que je me retrouvais assis entre mon père et Emmett et que Bella se retrouva en face de moi. Au moment où elle s'installa, nous nous étions regardés. J'essayais de guetter dans son regard quoique ce soit qui aurait pu la gêner par rapport à nos places. Mais si cela la gênait, elle ne le fit pas voir. Ma mère avait, comme à son habitude, cuisiné à manger pour un régiment. Nous avions parlé de tout et de rien et mon père m'avait interrogé pour savoir si je fermais le bar pendant quelques jours cet été. Je n'avais encore rien prévu mais Emmett et Rosalie ayant décidé de partir la première semaine d'août, je serais certainement dans l'obligation de fermer. Ma mère arriva avec le dessert et profita de ce moment pour me parler du service qu'elle souhaitait que je lui rende pendant son absence.

« Edward, tu sais que je t'avais parlé d'un service que je voulais que tu me rendes pendant que nous partons avec ton père ! »

« Oui ! »

« Et bien j'aimerais qu'Emmett et toi, vous donniez un coup de main à Bella pour le vernissage de Nahuel dans deux semaines ! »


« Et bien pas de souci » . Je tournais la tête vers Bella afin de vérifier que cela ne la dérangeait pas. « Mais à condition que Bella soit d'accord, bien évidemment ! »

« Euh.. je pense pouvoir gérer ça seule Esmée ! La seule aide dont j'aurais éventuellement besoin, sera celle qu'Emmett m'a proposée toute à l'heure pour accrocher les tableaux ! » répondit-elle à ma mère tout en souriant à mon frère.

Je venais d'avoir ma réponse. Elle ne souhaitait absolument pas ma présence mais était-ce bien surprenant ! Non malheureusement pour moi. Je baissais la tête vers mon assiette, faisant tourner ma cuillère dans la crème anglaise qui entourait le fondant au chocolat que nous avait servi ma mère.

« Comme tu veux, mais je ne veux pas que tu sois seule le soir du vernissage ! Donc Emmett ou Edward, je compte sur votre présence ! »

« Oui M'man »
répondit mon frère.

« Edward ? ».

Emmett venait de me donner un coup de coude afin que je réponde à ma mère.

« Oui Maman, pas de souci ! Je libèrerai Emmett et je gèrerais le bar avec Jazz ! »
Je restais à table, la tête dans mon assiette. Tout le monde discutait mais je ne prêtais plus attention à la discussion en cours. Le repas toucha à sa fin et ma mère nous proposa d'aller prendre le café dans le salon. Je me sentais mal. Bella ne m'avait pas adressé une regard du repas, ignorant totalement ma présence. Je me sentais mal à l'aise et j'avais envie de partir. Mais je ne le devais pas. Alors pour essayer de faire tomber la tension qui émanait de mon corps, je sortis quelques minutes afin de prendre l'air. Je me dirigeais vers la baie vitrée.

« Edward tu vas où ? »
me demanda Emmett.

« Je.. je vais prendre l'air.. »

« Okay ! Tu veux que je t'accompagne ? »

« Non ça ira.. à tout de suite ! »

Je me retrouvais donc dehors. Il était plus de 23h et le temps s'était considérablement rafraîchi. Je me déplaçais le long de la terrasse. Cette dernière était en teck et faisait quasiment le tour de la maison. Je descendais les quelques marches qui menaient au jardin. Je m'étais allongé dans l'herbe sous le chêne et je regardais le ciel à travers les feuilles. La brise qui soufflait faisait bouger légèrement les feuilles et me permettait par moment d'apercevoir la lune. Je fermais les yeux. Je me sentais mieux et ma respiration était calme. Je pensais aux moments que j'avais passés dans ce jardin. Emmett et moi, adolescents en train de jouer au football américain avec mon père sous le regard de ma mère. Je repensais aussi à ma vie depuis cette époque-là. Les choses que j'avais faites dont j'étais fier et celle dont j'étais beaucoup moins fier. Ce qui me ramena une fois de plus à Bella. J'avais beau essayé de me vider la tête tout me ramenait à elle. Ce n'était pas seulement la femme que j'admirais mais ce qu'elle dégageait. Ses peintures et son coup de crayon m'avaient fait réagir dès les premières fois. Elle faisait passer tellement de choses dans ses toiles que ça en était par moment effrayant. Quand Rosalie disait que la peinture l'avait aidé à aller mieux, je n'en doute pas. Cela devait être son exutoire. Je réfléchissais aux raisons qui l'avaient conduites à peindre des parties de moi mais je ne trouvais pas. 
C'est le bruit de la baie vitrée qui claqua qui me sortit de mes songes. J'entendis quelqu'un marcher sur la terrasse et descendre les marches mais je n'avais pas ouverts les yeux. Puis je fus frappé par ce parfum ! Son parfum. J'ouvrais les yeux. Bella était devant moi, les mains dans le dos en train de regarder le ciel. Je l'observais mais ne disait rien. Je pensais qu'elle devait être consciente de ma présence mais je décidais que je ne voulais pas la déranger étant donné qu'elle m'avait ignoré pendant tout le repas.

« Tu sais que je ne t'en veux pas.. » me dit-elle

Je restais abasourdi par sa phrase. Elle ne m'en voulait pas. Mais pourquoi ?

« Tu ne m'avais rien promis et je n'attendais rien de plus de toi..comme je n'attends rien de plus aujourd'hui ! » me dit-elle en s'asseyant à côté de moi les jambes allongées devant elle. Elle se pencha en arrière pour se mettre en appui sur ses mains et leva à nouveau la tête vers le ciel.

« .. » Je ne savais pas quoi répondre. Je la voulais mais elle ne me voulait pas. Je sentis mon cœur se serrer mais je ne pouvais rien y faire. Je récoltais ce que j'avais semé. Pris à son propre jeu, c'était bizarre mais au moins je réalisais à quel point j'avais pu faire souffrir certaines filles.

« Mais, je ne m'étais pas préparée à te voir, à te revoir ! Mais même à New York le monde est petit ! Je suis l'amie de Rosalie qui est ta belle sœur et je suis l'employé de ta mère ! Cela paraissait donc inévitable mais je ne pensais pas que ça arriverait si tôt ! »

« Je suis désolé mais je n'ai été prévenu de ta présence que ce soir ! Je voulais partir car je ne pensais pas que ça serait une bonne idée mais ma mère a insisté. » répondis-je d'un souffle !

Elle se mit à rire. Je ne comprenais pas pourquoi elle riait à cet instant car ce que je venais de dire n'avait rien de drôle ! Puis elle reprit !

« Toi ! Désolé »
me dit-elle en me regardant droit dans les yeux !

« Qui a-t-il de si drôle ? »

« Edward, je ne vais pas y aller par quatre chemins ! Tu as fait tout ce qu'il fallait pour que je tombe sous tes charmes ! Nous avons couché ensemble en étant parfaitement au courant de ta manière de fonctionner ! Une fille, une nuit et adieu ! Alors tes excuses je me demande ce qu'elles viennent faire ici ! Tu es si arrogant et si imbu ta personne que ça en est écœurant ! Mais le pire dans tout ça c'est que je n'arrive même pas à te détester ! »

Son regard était plein de colère, malgré le calme apparent, et d'une détermination sans faille. Elle venait de me dire ça d'une traite sans me quitter des yeux. C'était peut être ce qui était le plus douloureux. Sa vision de moi était négative et je ne savais quoi lui dire pour la faire changer d'avis. J'aurais voulu lui parler de Tanya, mais à cet instant ce n'était certainement pas la meilleure chose à faire et pourtant j'ignorais quand je serais amené à la revoir. Elle se leva. Je la regardais d'un air interrogatif.

« J'étais venue pour te dire aurevoir, Rosalie me ramène chez moi ! »

Je baissais la tête. Je jouais avec l'herbe en l'attrapant et en la tirant de tel sorte que quelques brins se retrouvaient entre mes doigts.

« Bonsoir Edward ! » me dit-elle.

Puis elle se tourna et commençait à se diriger vers la terrasse. ..Putain mais tu fais quoi là... retiens-là.. la laisse pas se barrer comme ça... Je me levais d'un bond et la rattrapais en quelques enjambées. J'attrapais son poignet et je la tournais vers moi un peu vivement.

« Ne me touche pas ! » l'entendis-je hurler. Elle était tendue et venait de retirer violement son poignet de ma main.

« Désolé, je ne voulais pas.. »

Je la vis baisser la tête et s'essuyer les yeux avec le revers du bras. Puis elle redressa la tête vers moi. Ce que je vis, me serra le cœur. Son regard était effrayé et elle reculait de quelques pas en ayant croisé les bras sur sa poitrine comme pour se protéger.

« Bella, qu'est-ce qu'il y a » dis-je

« Rien ! Je dois partir.. »

« Okay, je...je... non c'est pas grave.. je te raccompagne » dis-je en lui faisant un signe vers la maison.

Nous avancions vers la maison. Nous arrivions à peine sur la terrasse et je crevais d'envie de lui dire quelque chose mais j'étais lâche et je ne savais pas comment lui dire tout ce que j'aurais aimé lui dire. Elle allait partir, j'allais la laisser partir.

« Bella... » dis-je au moment où elle allait ouvrir la baie vitrée.

« Oui » me dit-elle en se tournant face à moi

« Quand je me suis excusé toute à l'heure, je le pensais ! Je.. je n'avais pas à me comporter avec toi comme ça.. je..je suis un con et je regrette que ça se soit passé comme ça.. est-ce qu'on pourrait essayer de se revoir.. »

« Edward, je veux bien accepter tes excuses ! Tu dis être un con ! Je ne vais pas te contredire ! Oui Edward, tu es un vrai connard qui prend les femmes pour des jouets, pour ne pas dire autre chose.. tu regrettes...mmmmh j'en doutes tu es trop égocentrique et narcissique pour ça... mais c'est vrai tout est plus facile en se comportant comme ça alors quand je vois quel enfoiré tu es, non, je n'ai pas envie de te revoir! Sur ce bonsoir ! »

Je n'avais pas pu lui répondre car elle pénétrait dans le salon sitôt sa phrase terminée. Je la regardais saluer mes parents et attraper ses affaires. J'étais resté sur la terrasse. Bloqué, figé, elle ne voulait pas me revoir et elle venait de le dire clairement. Je me doutais que ça se passerait ainsi mais je pensais aussi qu'elle accepterait de me revoir mais apparemment, elle en avait décidé autrement.


Rosalie sortit sur la terrasse pour venir ma saluer. Elle m'enlaça tout en me chuchotant qu'elle m’appellerait demain avant de passer me voir mais de ne pas baisser les bras. J'avais les larmes aux yeux en réalisant la dureté des mots de Bella même s'ils auraient pu être plus abrupts. Emmett embrassa sa petite amie et je la vis se diriger vers la porte d'entrée. Bella venait tout juste de sortir. J'entendis le bruit du moteur de la voiture de Rosalie. Elle était partie et je réalisais qu'elle me manquait déjà. Sentiment auquel j'allais devoir m'habituer puisqu'elle ne désirait pas me revoir. Vaincu, je rentrais dans le salon. Ma mère passa furtivement sa main dans mon dos et partit dans la cuisine suivi de mon père. Mon frère me proposa de me raccompagner mais je préférais rentrer seul. Je souhaitais donc un bon voyage à mes parents et je quittais le domicile familial. Une fois dans ma voiture, je n'avais pas envie de rentrer et je pris la direction d'un bar que je connaissais bien du côté de Soho. Arrivé au bar, je me commandais un triple whisky sec. J'en étais au quatrième verres quand je vis Jazz débarquer. 

« Salut » me dit-il 

« Salut » 

Jasper commanda la même chose que moi. Je me demandais ce qu'il venait faire, ne devait-il pas être avec Alice ? 

« Qu'est ce que tu fous là tout seul ?» lui demandais-je 

« Je suis venu boire un verre, ça se voit pas ! » 

« Si, Alice n'est pas avec toi ! » 

« Non, on s'est disputé.. en quelques sortes.. alors je préfère la laisser se calmer ! Je suis donc sorti et là j'ai un ami qui doit me rejoindre ! » 

« Okay ! » 

« Et toi, qu'est-ce qui t'arrive ? » 

« Rien, envie de sortir aussi, soirée difficile ! » 

« Très difficile parce que vu ta tête tu dois pas en être à ton premier verre hein ! » 

« Non c'est vrai, le quatrième ou.. je sais plus ! » 

« le sixième, va peut-être falloir te calmer ! T'es venu comment ! » 

« Comment tu sais ? » 

« Le barman vient de me le dire, bon t'es venu comment ? » 

« Avec ma voiture ! » 

« Ouais et tu comptes rentrer comment chez toi ? » 

« Bah en voiture ! » 

« Dans cet état-là ? » 

« Bah ouais.. » 

« Ouais bon ben bouge pas je reviens ! » 

Je vis Jasper s’éloigner et sortir un téléphone de sa poche. Pendant ce temps, je recommandais un triple whisky. Je ne sentais plus la brûlure de l'alcool mais uniquement l'état apaisant qu'il me procurait. Je ne pensais plus et c'était agréable. Jazz revint quelques minutes plus tard et donna mon verre à moitié plein au barman ! 

« Eh qu'est-ce que tu fais ? » 

« Je te ramène chez toi, t'as assez bu ! » 

« Pas la peine je vais rentrer tout seul » lui répondis-je. 

« C'est non discutable ! Edward ! » 

Je me levais et attrapais Jazz par le col de sa chemise. 

« Tu ne me raccompagneras pas ! C'est clair ! » 

« Ed' tu me lâches ! Je ne suis pas ton ennemi » 

Je le relâchais brutalement et je sortis du bar bousculant quelques personnes au passage. Il me semblait les entendre râler mais je n'y faisais pas attention. J'avançais vers la sortie.

[ « Arm your eyes » - Aaron

Une fois dehors, l'air frais de la nuit fouettait mon visage. Je regardais à droite puis à gauche cherchant un endroit où aller. Je ne savais pas où aller. Je ne voulais pas rentrer chez moi. J'avais besoin d'air, besoin d'éclaircir mon esprit embrumé par les vapeurs d'alcool. Je commençais à marcher doucement puis plus rapidement. 

Le regard rivé sur le sol, j'avançais. Plus rien ne m'importait. Je me déplaçais sans but. Le monde extérieur me semblait absent. Je n'entendais plus les bruits de la ville, mon esprit était vidé. Mes seuls repères, les lumières des phares des véhicules, les lampadaires publics qui éclairaient les rues et mes pieds qui battaient à un rythme frénétique le bitume. L'alcool qui m'avait enivré était toujours présent dans mon organisme mais mes idées semblaient plus claires au fur et à mesure de mes pas. Des souvenirs de la soirée m’assaillirent. L'air était devenu humide. Je le sentais entrer dans mes poumons. La moiteur ambiante me collait au bras, au corps alourdissant un peu mes vêtements. Mais je ne m'en préoccupais pas. La soirée que je venais de passer ne s'était pas déroulée de la façon dont je l'aurais souhaité mais il fallait que je fasse avec. Bella ne me voulait pas dans sa vie mais je ne me voyais pas sans elle, même en tant qu'amie. J'arrivais même à me résigner sur la possibilité de vivre autre chose avec elle. Je savais pertinemment que les sentiments que je nourrissais à son égard ne me permettraient pas de rester seulement ami avec elle mais j'étais prêt à tout pour pouvoir la revoir. Seulement, ses mots avaient été clairs. Elle ne le voulait pas. Les mots qu'elle avait prononcés résonnaient en moi et je n'arrivais pas à les chasser. Alors pour tenter de me vider la tête de son image, je marchais, tête baissée, avançant tant bien que mal. Mes pieds se posaient l'un devant l'autre. Je bougeais tel un automate.

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Quand je levais la tête, je me trouvais au sud de Manhattan, à Battery Park. Je m'installais sur un banc duquel je pouvais apercevoir la Statue de la Liberté. Les lumières éclairaient cette majestueuse dame. C'était comme si elle avait émergé de l'eau, fixant le large. Je l'observais sans vraiment la regarder. Des images de Bella envahissaient mon esprit à m'en faire tourner la tête. Je fermais les yeux laissant mes autres sens prendre le relais. Les odeurs d'iode se dégageaient de la baie. Le parc était désert et seul le bruit des bateaux venaient perturber le silence qui régnait à cette heure tardive de la nuit. Je me sentais seul mais la solitude était devenue mon amie depuis très longtemps. 

Depuis mes 15 ans, je m'étais enfermé dans ma bulle. Il n'y avait pas de raisons particulières mais ma période de l'adolescence pour mes parents n'avait pas été très agréable. Je ne parlais quasiment pas et je ne demandais jamais rien à personne. Je comptais sur moi et je ne souhaitais surtout pas embêter tout le monde, et surtout mes parents, avec mes questions ou mes problèmes. J'avais 16 ans quand mes parents ont déménagé ici. Ma mère pensait que ça me ferait du bien de changer d'environnement alors quand mon père a obtenu ce poste, ils ont décidé que c'était le bon moment. Mais le fait était que rien n'avait changé. Je m'enfermais encore plus et les seules sorties que je faisais étaient avec ma mère au MOMA ou dans mon jardin pour jouer au football américain avec mon frère et mon père. Je restais enfermé dans ma chambre le reste du temps pour jouer du piano ou de la guitare. Et quand je ne composais pas et bien je lisais. Je ne m'étais fait aucun ami au lycée et je n'en voyais pas l'intérêt puisque le dernier que j'avais eu m'avait déçu. Je ne voulais plus être déçu alors je limitais les contacts avec les autres. 

Ce fut à la faculté, lorsque j'avais commencé mes études de commerce et que j'avais rencontré Irina, Embry et Leah, que je m'étais enfin ouvert aux autres. Nous avions formé un quatuor et ces trois-là avaient tout fait pour que je me socialise. Ils me traînaient partout : dans les bars, en boite de nuit, dans les soirées étudiantes et même dans une boite de strip-tease pour mes 20 ans. Quatre années pendant lesquelles j'étais parfaitement heureux. Puis j'étais parti à l'étranger pour ma dernière année d'étude et si au départ nous avions maintenu le contact, nous nous étions très vite éloigné chacun ayant pris une route différente. J'avais prolongé d'une année mon séjour en Angleterre et j'avais travaillé dans diverses boites. C'est là-bas que j'avais fait la rencontre de Marcus et Bobby. Une fois rentré au pays, j'avais alors proposé à mon frère, tout juste diplômé, de s'associer avec moi pour ouvrir un bar du côté de Soho. A nous deux, entre nos économies et l'héritage de mon grand-père nous avions pu réaliser notre projet. Puis j'avais rencontré Lauren à ce moment-là. Tout était parfait. Jusqu'à ce que le destin en est décidé autrement. 

Depuis un an, je survivais. Ma liberté était si importante que je ne me préoccupais de rien ne souhaitant pas m'engager à nouveau. J'étais redevenu solitaire. Je ne voulais ennuyer personne. Mes parents, mon frère, Rosalie et mes deux amis Bobby et Marcus avaient vu l'Edward heureux, insouciant et ouvert. Mais ils avaient aussi vécu ma descente aux enfers. J'avais même été traîné de force par mes deux meilleurs amis à Londres dans le seul but de me changer les idées. C'est là que j'avais recommencé à jouer. Mais quelque chose était brisé, avec un impossible retour en arrière. Je n'arrivais pas à parler des choses qui n'allaient pas, préférant garder tout pour moi, quitte à ce que je me détruise intérieurement. J'estimais que mes proches avaient assez souffert de mon silence pendant mon adolescence et de mon histoire avec Lauren et qu'ils n'avaient pas encore à subir mon mal-être. Alors quand j'étais avec eux, je remettais le masque du parfait jeune homme heureux. Seule ma mère arrivait à trouver la faille mais je ne lui laissais jamais le temps de briser les murs que j'avais pris soin de reconstruire en quelques mois. Alors je faisais la seule chose que je savais faire : fuir. Fuir pour ne pas affronter, pour ne pas tomber encore plus bas. Mais depuis que Rosalie était arrivée à New York, la tâche était devenue plus difficile. Rosalie avait cette capacité à vous décrypter rien qu'en vous regardant évoluer avec les autres. Elle ne parlait pas souvent mais elle posait les mots justes au moment opportun. C'est ainsi qu'en l'espace de deux mois elle avait réussi à exploser certaines de mes barrières découvrant ainsi les sentiments que j'éprouvais pour Bella. Bella. Une petite annonce. Une semaine. Un petit bout de femme d'une simplicité et d'une fragilité admirable. Un jeu dangereux que j'avais initié et voilà comment être pris à son propre piège. Je me haïssais pour ne pas avoir su m'y prendre avec elle. Mais la réputation de coureur de jupon que je m'étais parfaitement construite sur Manhattan était arrivée aux oreilles de Bella. Elle savait dans quoi elle s'embarquait et pourtant elle ne regrettait pas. Elle avait dépeint un parfait tableau de ma personne, de celui que j'affichais en société : le parfait connard « arrogant et imbu de sa personne » et pourtant elle ne me détestait pas. Pourquoi ? Je l'ignorais. 

J'étais perdu, le regard dans le vague quand une mélodie me parvint à mes oreilles. Quand je sentis les vibrations dans ma poche, je réalisais qu'il s'agissait de mon portable. Rosalie. Il était 5h du matin et je ne voyais pas pourquoi elle m'appelait à cette heure. Je ne décrochais pas et décidais de rentrer chez moi. Je passerai récupérer mon véhicule demain dans la journée puisque le bar où je m'étais rendu ne se trouvait qu'à deux blocs de chez moi. Je marchais tranquillement. Le jour commençait à poindre. Une heure plus tard j'étais devant la porte de mon appartement. Je rentrais et fonçais dans ma douche. J'avais les muscles des jambes en compote et une douche me permettrait de me réchauffer et de me détendre.

J'allais me glisser dans mon lit quand la sonnette de mon appartement retentit. Je regardais le réveil. Il était un peu plus de six heures. J'hésitais à aller répondre mais un deuxième coup plus fort me fit réagir. Je me dirigeais donc vers la porte d'entrée. Rosalie. A peine avais-je ouvert la porte qu'elle glissa dans l'appartement comme une furie. 

« Mais ça va pas bien dans ta tête ? T'étais où ? J'ai Jazz qui m'appelle vers 1h du matin pour me dire qu'il t'a trouvé complètement stone dans un bar et que tu étais rentré tout seul après l'avoir menacé ! Putain Edward qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ? » 

« .. » Je baissais la tête. Je ne savais pas quoi lui dire. 

« Edward, j'ai essayé de t'appeler quasiment toute la nuit avec Emmett, tu étais où ? » 

« Je suis allé marcher. Je n'ai pas pris ma voiture rassure-toi et désolé je n'ai pas entendu mon téléphone sonner ! » 

« Désolé ! Putain Edward on a cru avec Emmett qu'il t'était arrivé quelque chose de grave ! » 

« Rosalie... qu'est-ce que tu veux que je te dise, j'avais besoin d'être seul, de prendre l'air.. » 

« Ouais et tes six triples whisky, ils étaient obligatoires aussi !! Putain Ed' tu peux pas à chaque fois que quelque chose ne va pas te détruire purement et simplement ! » 

« MAIS QU'EST CE QUE TU VEUX QUE JE FASSE BORDEL ! J'AI TOUT PERDU … PAR MA FAUTE ... ET COMME SI C'ÉTAIT PAS SUFFISANT, ELLE NE VEUT MEME PLUS ENTENDRE PARLER DE MOI ! » hurlais-je avant de m'effondrer en larmes. 

« Ed' lève-toi ! » 

« ... » Je n'arrivais même plus à contrôler ces traîtresses. Je ne comprenais pas pourquoi je réagissais comme ça mais c'était plus fort que moi. 

« Putain ! Ed' TU TE LEVES ET TU ARRETES CA ! » hurla-t-elle 

« Barre-toi » lui dis-je calmement en lui désignant la porte d'entrée. 

« Non ! » 

Je me relevais et m'approchais d'elle. J'étais plus grand qu'elle et en me tenant droit devant elle, mon regard viré dans le sien je repris. 

« Rose, TU TE CASSES ! » lui dis-je sèchement. 

« Non, je ne partirais pas ! T'as besoin qu'on te botte le cul et que tu te bouges ! Je ne compte pas lâcher Edward parce que ton comportement d'associal commence à me taper sur le système ! Il est où l'Edward de l'an passé ! Celui qui rigolait, celui qui était optimiste, celui qui ne se laissait jamais abattre ! Hein ! Même ton frère dit qu'il a l'impression d'être revenu 8 ans en arrière ! » 

« Rose, dégage ! » dis je en articulant alors que je sentais ma colère grandir. 

« Non ! » me dit-elle en me regardant froidement. 

« Très bien reste si tu veux, je vais me coucher ! Si tu pars claque la porte en partant ! » repris-je après avoir soufflé. 

Je me dirigeais vers ma chambre et au moment où je passais la porte de ma chambre, je tournais la tête. Rosalie était toujours dans le salon, debout, les bras croisés sur la poitrine et les yeux noirs de colère. Je ne m'en préoccupais pas. Je sautais sur mon lit, la tête dans mon oreiller et je m'endormis rapidement. Épuisé.


Je me réveillais quelques heures plus tard. Il était pas loin de 15h. Je m'habillais et me dirigeais vers ma cuisine pour me faire mon petit déjeuner avant de me rendre au bar. Je devais préparer la soirée de ce soir et contacter Marcus. Il devait venir lors de la deuxième quinzaine de juillet et je voulais organiser avec lui un concert au bar. Quand j'arrivais dans la cuisine, Rose était en train de faire cuire des œufs et du bacon. Elle me tendit une tasse à café. 


« Merci ! » lui dis-je 

« Bien dormi ? » me demanda-t-elle. 

« Ça peut aller ! » 

« Très bien ! J'ai appelé ton frère et ce soir tu restes avec moi ! » 

« Quoi ! Non Rose, j'ai des trucs à faire au bar ! » 

« C'est non discutable Edward ! Ton frère a eu Marcus c'est okay pour le dernier vendredi de Juillet, concert à 21h ! Donc maintenant tu n'as plus rien à faire ! » 

« Putain ! Mais vous avez pas fini tous de vouloir gérer ma vie ! JE NE RESTERAIS PAS ! » dis-je en crachant froidement les derniers mots. 

« Edward, tu vas te calmer et tout de suite ! Si tu ne veux pas qu'on gère ta vie, conduis-toi en adulte et redeviens celui que tu étais, il y a un peu plus d'un an ! J'ai l'impression que mon ami est devenu un homme froid, amorphe et solitaire ! » 

« Rose, ça me regarde, vis ta parfaite vie de couple avec Emmett et foutez moi la paix ! C'est CLAIR ! » 

J'étais désormais en colère. Je ne voulais que personne ne se préoccupe de moi. Je voulais être seul et me replonger dans le travail. De toutes façons, je n'avais rien de mieux à faire. Rosalie était heureuse avec mon frère et elle devrait se préoccuper de lui plutôt que de moi. Je n'avais rien demandé à personne et je ne comprenais pas cet acharnement à vouloir me faire faire des choses que je ne voulais pas. 

« Non Edward, ça nous regarde aussi ! Tu crois que ton frère est heureux quand il voit dans quel état tu te mets ! Tu crois qu'il est heureux quand il reçoit un coup de fil de Jazz en plein milieu de la nuit parce qu'il t'a vu partir d'un bar complètement ivre ! Tu crois qu'il est heureux quand il te regarde te détruire à petit feu parce que tu es incapable de réaliser que toutes les femmes ne sont pas comme cette salope de Lauren !Et crois-tu encore qu'il est heureux quand il réalise que son petit frère est tombé amoureux d'une fille géniale et que ce dernier n'est même pas foutu de se battre et que celui-là même baisse les bras dès les premiers obstacles ! »

« Mais.. » 

« Non Edward pas de mais, j'en ai marre, arrête de penser que tu ennuies les autres avec tes problèmes, arrête de croire que tu es assez fort pour tout gérer, arrête de tenir à l'écart de ta vie les gens qui t'aiment parce que tu as peur de décevoir ou de souffrir ! Parce que tu n'es pas tout seul dans cette merde ! » 

« .. ». Ma colère était retombée. Rosalie venait de m’asséner le coup de grâce. Tout ce que je pensais était en train de partir en miettes. 

« Et oui ça me regarde aussi parce que ce n'est pas toi qui a écouté ton frère pleurer au téléphone quand je vivais encore à Chicago parce qu'il te voyait faire n'importe quoi avec toutes ces filles ! Ce n'est pas toi qui a subi la tristesse de ton frère ces deux derniers mois parce qu'il ne savait pas quoi faire pour te faire réagir ! Ce n'est pas toi non plus qui a vu ta mère pleurer parce qu'elle te voyait te détruire à petit feu sans savoir pourquoi ! Ce n'est pas toi qui a dû soutenir ton frère parce qu'il était persuadé que si tu ne te confiais plus à lui c'est parce qu'il n'avait pas été là pour toi au moment des histoires avec l'autre pétasse. Alors écoute-moi bien ! Tu vas arrêter tes conneries et te reprendre en main. Tu vas accepter l'aide qu'on t'offre ton frère et moi. C'est bien compris ? » 

« ... » je ne savais pas quoi répondre. Je fis donc oui de la tête. 

Elle souffla un grand coup. Elle se servit un verre d'eau qu'elle but d'un trait. Mon regard ne l'avait pas quitté. J'étais ébahi. Rosalie ne me connaissait pas vraiment puisque je ne l'avais pas revue en dehors des repas de fêtes à la maison quand son père l’autorisait à venir chez nous ou bien quand nous allions chez ma tante Carmen. La dernière fois que je l'avais vu c'était un mois avant que je parte avec Bobby et Marcus à Londres. Nous avions dû nous voir au cours d'un repas chez mes parents. A cette époque là, je restais enfermé chez moi, seul, ne désirant voir personne. 

« Et en ce qui concerne Bella. T'as fait une connerie mais il ne tient qu'à toi de réparer ! C'est Bella que tu veux ! Okay alors conduis-toi en adulte ! Bordel cette fille de 25 ans est plus mature et plus forte que toi du haut de tes 28 ans ! La vie ne l'a pas épargnée et je pense que tu es loin d'imaginer tout ce qu'elle a pu subir ! Et pourtant elle continue d'avancer. » 

« Oui mais ça ne change rien.. elle ne veut plus me voir ! » soufflais-je. 

« Edward, arrête ! Elle t'aime, tu sais, mais elle est persuadée que tu es un enfoiré de première et que tu ne pourras jamais être celui qu'elle voudrait que tu sois ! Et ce qui me rend folle de rage c'est que nous savons toi et moi que tu es capable d'être autre chose qu'un connard arrogant et prétentieux ! » 

« Elle quoi ? Rosalie je pense que tu te trompes ! » 

« Elle t'aime et non je ne me trompe pas...faudrait être aveugle pour ne pas le voir ! Même Jazz le dit, il s'est même engueulé avec Alice à ce sujet ! Alors ! » dit-elle en haussant les épaules. 

« Alors pourquoi, ne veut-elle plus me voir.. là je ne suis plus.. » 

« Putain mais vous les mecs vous êtes incapables de réfléchir trente secondes ! Tu crois qu'après le coup que tu lui as fait, elle allait te sauter dans les bras ou accepter que vous soyez amis ! Descend de ton nuage ! Parce que je t'assure que si tu la veux, tu vas ramer et crois-moi pas qu'un peu.. !! » 

« .. » 

« Si seulement tu n'avais pas été si con ! Tu serais heureux avec elle à l'heure qu'il est! » 

« Merci Rosalie de me le rappeler, c'est pas comme si je ne me culpabilisais pas déjà ! Hein ! » 

« Ouais ! Bon on va aller chez moi rejoindre Emmett. Il a besoin de la voiture pour aider Jazz ! » 

« Qu'est ce qui se passe avec Jazz ? » 

« Il a quitté Alice hier soir en fait ! Quand tu l'as vu, il attendait qu'Emmett vienne le chercher. Il a passé la nuit chez nous ! » 

« Merde ! Qu'est-ce qui s'est passé ?» 

« Bah Alice est passée chez Bella, hier soir après le repas chez tes parents. Bella lui a dit qu'elle t'avait vu et qu'elle avait eu du mal à ne pas... enfin bref... Alice s'était énervée et Bella l'a mise à la porte ! Quand elle est arrivée chez elle, Jazz lui a demandé pourquoi elle était énervée. Elle lui a expliqué et il l'a traité de folle. Il lui a aussi dit qu'il fallait qu'elle arrête de se mêler de la vie de Bella, qu'elle était suffisamment responsable pour prendre ses décisions toute seule. Alice lui a fait une crise. Du coup Jazz lui a dit qu'il se barrait et qu'il reviendrait quand elle déciderait de se calmer ! Mais comme apparemment, il en a pris plein la tête ça n'est pas prêt d'arriver. Donc pour résumé, Alice bosse aujourd'hui, du coup Jazz va récupérer ses affaires chez eux et va s'installer chez Bella en attendant de trouver un appartement ! » 

« Okay ! » 

« Et puis de toi à moi avec ta greluche, l'autre, la Tanya qui traîne dans les parages, Emmett et moi on est plus rassurés de savoir qu'elle n'est pas toute seule. » 

« Oui c'est sûr » murmurais-je plus pour moi même sentant une pointe de jalousie éclore. 

C'est ainsi que nous avions passé la fin d'après midi à aider Jazz pour ses affaires. Pendant qu'il était parti avec Emmett chez Bella, j'étais resté avec Rosalie. Emmett avait embauché deux extras pour le début de soirée et nous étions allés au bar vers 22h. Le bar était plein à craquer et les deux personnes avaient très bien géré le début de soirée. J'avais rappelé Marcus et nous avions passé une bonne heure a discuté. J'étais rentré chez moi vers 5h du matin et je m'étais couché rapidement. Épuisé. Je devais passer mon dimanche avec Emmett et j'avais décidé de lui parler.



POV BELLA 

Rosalie m'avait déposé chez moi. Le repas chez les Cullen s'était plutôt bien passé. Dire que j'avais été surprise de voir Edward était un euphémisme. Rosalie m'avait avoué qu'elle était au courant de la présence d'Edward au repas. Je m'étais un peu emportée mais elle avait réussi à me convaincre que si elle l'avait fait c'était dans le seul but de nous permettre de parler de ce qui s'était passé et de réaliser ce que nous ressentions l'un envers l'autre. Puis après que le sujet « Benjamin » est été abordé, Rosalie m'avait conseillé de parler à Edward. Sa réaction m'avait surprise mais Rosalie insista sur le fait que si Edward avait réagi comme ça c'était parce qu'il était certainement plus attaché à moi que je ne voulais l'admettre. Ne souhaitant pas me confronter à lui dans l'immédiat, je l'avais autorisé à en parler avec lui. Je voulais aussi que la soirée se passe bien. Esmée et Carlisle devaient partir dimanche. Je ne voulais pas que cette soirée soit gâchée et puis je ne voulais plus parler de cette histoire. J'avais beaucoup discuté avec Esmée au sujet de la galerie. Emmett et quelques minutes plus tard Rosalie étaient revenus et nous avions continué de parler. Emmett m'avait fait un énorme câlin et s'était excusé de la réaction de son frère. Nous avions continué à discuter tous les cinq mais je me demandais ce qu'Edward faisait dehors. Puis il était revenu parmi nous. Il m'avait mimé un désolé auquel je lui avais répondu par un haussement d'épaule. Il n'était pas responsable et je ne voulais plus en parler. A table, je m'étais retrouvée assise en face de lui et il m'avait fallu lutter pour ne pas le regarder. Alors quand Esmée lui a demandé de me donner un coup de main pour le vernissage de Nahuel, je n'avais pas forcément réagi de la bonne manière. J'avais répondu à Esmée que je pouvais le gérer seul avec Emmett. Edward semblait déçu. Je ne comprenais pas pourquoi. C'était lui qui avait décidé de ne pas me revoir et comme je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis, je m'étais faite une raison. J'allais donc l'éviter afin qu'il ne se sente pas harcelé. Le repas toucha à sa fin et alors que j'aidais Esmée et Rosalie a débarrasser, je vis Edward sortir seul juste après que son frère lui ait proposé de l'accompagner. Rosalie me fit un signe de la tête afin de m'inviter à le rejoindre. Mon corps s'était dirigé vers l'extérieur. Je ne savais pas quoi lui dire mais c'était comme si mes pieds m'avaient guidé vers lui. Une fois dehors malgré ma forte attirance pour lui, je n'avais pas céder. Il s'était excusé. J'avais ri car je ne comprenais pas sa démarche. Alice m'avait dit qu'il était le genre de mec à ne pas rester avec une fille et à les utiliser comme bon lui semblait. Alors oui, quand il s'était excusé, cela m'avait fait rire. Je n'avais pas hésité à lui dire ce que je pensais de lui, même si je ne lui en voulais pas. Mais apparemment, il l'avait aussi mal pris. Je ne comprenais plus rien, j'avais l'impression d'avoir à faire à un autre homme. Mais je ne devais pas me laisser amadouer de la sorte. Il était conscient de l'effet qu'il avait sur moi et c'est comme ça que j'avais cédé la dernière fois. Je ne voulais pas qu'il revienne dans ma vie car je prenais le risque de m'attacher à lui, plus que je ne l'étais déjà. Je ne croyais pas au coup de foudre mais ce que je ressentais envers Edward était plus qu'une simple attirance. A ce moment là, j'avais décidé de m'éloigner car je sentais que mes efforts pour maintenir cette distance entre nous étaient en train de vaciller. Je m'étais levée après lui avoir dit au revoir. C'est alors que je l'avais senti me saisir le poignet et me tourner face à lui. Dès le contact de sa peau, je m'étais tendue. Effrayée, des images de Benjamin m'assaillant, mes yeux s'embuèrent. Je priais pour qu'il ne me fasse pas de mal arrachant mon bras de sa main. Puis sa voix me ramena au moment présent. Il semblait inquiet. Quand je levais la tête, mes yeux fixèrent les siens. Ses yeux reflétaient de la tristesse, de l'inquiétude mais aussi autre chose... de la crainte. C'était comme s'il avait fait tomber un masque. Comme si ce que je voyais à l'instant n'était pas l'homme que j'avais rencontré il y a près de deux mois. … ne te laisses pas embobiner... ne le laisse pas voir que tu as des sentiments pour lui.. il va essayer de te faire craquer mais ce n'est pas bon... pas bon pour toi... tu dois te protéger.. mais.. pas de mais...il est toujours le même homme arrogant et prétentieux.. ce genre d'homme ne change pas... alors.. éloignes-toi et vite … Il s'était encore excusé mais cette fois-ci je les avais acceptées mais à sa demande de me revoir, j'avais refusé. Cet homme était dangereux pour ma santé mentale et l'attraction qui l’exerçait sur moi était trop pernicieuse. Je le saluais et partais rejoindre Rosalie. J'avais remercié Carlisle et Esmée pour la soirée. Emmett m'avait prise dans ses bras en me promettant de faire attention et de l'appeler si j'avais des ennuis. Il m'a dit qu'il passerait mardi matin à la galerie puisque nous avions fermé exceptionnellement demain. Je ne devais donc rouvrir la galerie que mardi matin à 10h. Sur le trajet du retour Rosalie ne m'avait posé aucune question sur mon échange avec Edward mais je savais que tôt ou tard, elle me le demanderait. 

J'avais à peine eu le temps de prendre une douche que mon téléphone avait sonné. Alice. Elle voulait passer chez moi. Je lui avais dit que je l'attendais puisque je ne travaillais pas demain et en plus j'envisageai de passer ma nuit à peindre. C'est ainsi que vingts minutes plus tard, elle débarquait chez moi.

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...


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