Chapitre Vingt-Huit




"We must develop and maintain the capacity to forgive. He who is devoid of the power to forgive is devoid of the power to love. There is some good in the worst of us and some evil in the best of us. When we discover this, we are less prone to hate our enemies."

"Nous devons développer et de maintenir la capacité de pardonner. Celui qui est dépourvu du pouvoir de pardonner est dépourvu de la capacité d'aimer. Il y a du bon dans le pire d'entre nous et un mal dans le meilleur d'entre nous. Quand nous découvrons cela, nous sommes moins enclins à haïr nos ennemis."
Martin Luther King, Jr. 

POV BELLA

['You and me' – Ben Cocks]

La journée avec mon père et Élie s'était très bien passée. Nous étions allés nous promener dans le centre de Manhattan avant de faire un tour au Museum Of Modern Art à la demande d’Élie. Edward avait passé le plus clair de son temps à discuter avec mon père. Il semblait enfin réaliser que mon père l'avait accepter et qu'il n'avait donc rien à craindre. Tout du moins je l'espérais.
Nous venions de déposer ces derniers à l'aéroport quand Edward reçu un appel. Il s'agissait d'Emmett. Il parlait apparemment du bar. Je ne suivis pas trop la discussion et restait concentrée sur la route. Il y avait beaucoup de circulation à cette heure de la journée et nous devions nous rendre à Soho, au bar d'Edward et Emmett.
Edward voulait voir où en était la comptabilité. Emmett avait embauché deux personnes en plus de Jasper mais comme il était totalement incompétent dans ce domaine, il voulait s'assurer que Jasper n'avait pas dû tout gérer.
Jasper se trouvait derrière le bar quand nous pénétrâmes dans la salle.

« Hey ! Comment allez-vous tous les deux ! » dit Jasper alors qu'il venait de sauter par dessus le bar.

« Jazz ! Bien et toi ? » dis-je alors que je me jetais dans ses bras.

Je n'avais pas vu Jazz depuis plusieurs jours et le voir me fit le plus grand bien. Il semblait heureux étant donné le visage serein et joyeux qu'il affichait.

« Ça va ! Et toi Ed' ? Tu reviens bosser ? » dit-il en serrant la main d'Edward.

« Ça fait aller, je ne vais pas reprendre tout de suite mais je viens voir comment va mon bébé ! »

« Oh... tu... » reprit Jasper en hésitant.

« Non... je dois encore attendre huit jours, je n'ai pas le droit de travailler et puis le bar ferme à la fin de la semaine comme prévu non ? » demanda Edward.

« Ouais, ton frère m'a prévenu. » fit Jasper.

« Je monte à mon bureau, je reviens.. » reprit Edward en me regardant.

« Tu veux que je t'accompagne ? » lui demandai-je.

« Comme tu veux mais je vais juste chercher la comptabilité donc... »

« Je vais rester en bas avec Jazz alors... dépêche-toi ! » lui dis-je juste avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

« J'y cours... Jazz, mon frère a tout laissé sur le bureau ou bien... »

« Non... il a tout laissé en plan... mais je t'ai tout classé par journée, t'as plus qu'à rentrer les recettes et les dépenses... ! » reprit Jazz.

« Merci, je reviens de suite ! » lança-t-il alors qu'il se trouvait au pied des escaliers menant à son bureau.

« Alors ? » me demanda Jazz.

« Alors quoi ? » repris-je.

« Comment vas-tu ? »

« Ça va, je... je quitte définitivement l'appartement puisqu'Edward et moi, nous allons emménager définitivement à Staten Island ! »

« Oh ! » dit-il soucieux.

« Jazz, mon père te laisse l'appartement si tu veux ? » repris-je rapidement.

« C'est gentil mais... »

« Mais quoi ? Tu t'installes avec Makenna ? » repris-je taquine.

« Ouais » dit-il en se grattant le derrière de la nuque embarrassé que j'ai découvert ça toute seule.

« Jazz, c'est bien, je suis heureuse pour toi ! Tu sembles être heureux ? »

« Je le suis t'as pas idée ! Cette femme est merveilleuse ! Douce, calme et surtout très gentille ! Ça n'est pas la même chose qu'Alice mais... » dit-il avant de partir dans ses pensées.

Je posai ma main sur son avant bras.

« Jazz, Alice a fait ses choix, tu n'as pas à t'en vouloir pour ça ! »

« Je sais Bella mais je n'arrive pas à me dire que j'ai pu me tromper à ce point sur elle. Je l'aime encore tu sais et même si je suis bien avec Makenna, je pense encore très souvent à elle... » dit-il doucement comme s'il avait peur que quelqu'un l'entende.

« C'est normal Jazz, vous étiez ensemble depuis plus de quatre ans ! »

« ... »

« Jazz soit heureux c'est tout ce qui m'importe... hein ? Ça te dirai de venir avec elle vendredi, à la maison ? Y aura Emmett et Rose, on se fait un barbecue ! »

« Ouais... pourquoi pas ! Je lui en parle et je t'appelle ok ? »

« Pas de problème ! »

Nous continuâmes à discuter quelques minutes quand Edward revint. Nous quittâmes Jasper afin d'aller manger un morceau avant notre rendez-vous chez le psychiatre.

Nous prîmes un déjeuner léger que nous dégustâmes sur un des banc de Battery Park. Nous parlâmes un peu mais je voyais bien qu'Edward semblait soucieux. J'avais tenté de le faire parler mais il avait réussi à détourner la conversation vers le repas que nous avions organisé ce mercredi soir avec Em' et Rosalie. Il en avait profité pour appeler son frère afin que chacun amène quelque chose pour que je ne fasse pas toute la cuisine étant donné la journée qui nous attendait. Nous avions rendez-vous en début d'après-midi avec nos avocats et celui de Tanya. Vers 14h, nous prîmes la direction de l'hôpital.

Une fois arrivés, nous nous installâmes dans la salle d'attente. Le silence était pesant comme depuis le début de cette journée. Je regardai Edward qui n'avait pas détourner son regard de ses pieds. J'attrapai doucement sa main. Il releva la tête vers moi.

« Qu'est ce qu'il y a Edward ? »

« Je... » souffla-t-il avant de reprendre. « Ça te dérange si je vois le Dr Weber tout seul ? »

Je me figeai. Je ne comprenais pas pourquoi mais en même temps ce rendez-vous était pour lui, et si il ne voulait pas que je sois là, je devais l'accepter même si une légère angoisse me traversa le corps.

« N... non si c'est ce que tu veux... » dis-je en faisant fit de mon ressenti.

« Je... ce n'est pas que je ne veuille rien te dire mais... j'ai juste besoin de lui parler seul... tu sais au sujet de Tanya... »

« Ouais, pas de souci, je t'attendrais dehors ! Je dois le voir jeudi matin de toute façon donc ! »

« Merci Bella ! » me dit-il avant de m'attirer près de lui.

Il déposa un baiser sur le sommet de mon crâne alors que je serrais fortement sa main. Je m'inquiétais des raisons pour lesquelles il souhaitait voir le médecin seul surtout que depuis le début de la matinée, il était étrangement silencieux comparé aux deux derniers jours. J'éloignais rapidement mes pensées négatives afin de ne pas me focaliser là dessus.
Edward fut reçu par le docteur qui sembla aussi surpris que moi du désir d'Edward à être reçu seul.
Il m'embrassa avant de partir en consultation.


Je me dirigeais vers la sortie et m'installais sur un des bancs du parc, le portable à la main, attendant son appel. Il allait en avoir pour près d'une heure. Je fixais l'horizon perdue dans mes pensées. J'angoissais au sujet de cette rencontre avec Tanya. Je me demandais ce qui allait en ressortir. L'idée d'éviter le procès était très tentante mais je me demandais quels seraient les effets sur Edward. Je pensais soudainement que mon idée n'était peut-être pas la meilleure. Je fermais les yeux savourant les effets du soleil sur ma peau et la légère brise marine qui fouettait mon visage. Je dûs m'assoupir car ce fut la sonnerie de mon téléphone qui me sortit de ma léthargie.

« Allo ? »

« Bella, c'est Edward... Tu es où ? »

« Dans le parc, tu as fini ? »

« Euh oui mais le Docteur Weber, voudrait te voir... au sujet de Tanya... » hésita-t-il.

« Oh »

« Ouais »

« J'arrive »

« Ok »

Je raccrochais et me précipitais dans le service. Je fus accueillis seule par le médecin.

« Où est Edward ? » demandai-je alors que je pénétrais dans son bureau.

« Il vous attend dans la salle d'attente, je voulais vous voir seule. »

« Oh... » dis-je surprise.

« Je voulais savoir comment vous alliez et surtout comment vous aviez pris le fait que Mr Cullen veuille me voir seul ! »

« Pour le fait qu'Edward veuille vous voir seul, je dirais que je me suis sentie un peu mal, il ne me fait apparemment pas suffisamment confiance mais en même temps, il essaye de faire des efforts pour me parler alors ! » dis-je en haussant les épaules.

« Oui en effet, il souhaite faire des efforts pour vous parler mais ses insécurités ne lui facilite pas la tâche. »

« Je sais... »

« Et pour Tanya, Monsieur Cullen m'a dit qu'il souhaitait que vous soyez présente ! »

« Oui, je ne sais pas trop... je... ça me semblait être une bonne idée mais en y réfléchissant j'ai peur des effets que cette entrevue pourrait avoir ! »

« Comment ça ? »

« Et bien il a été paniqué quand il a reçu cet appel, et je me demande si ça ne va pas avoir un effet négatif sur lui... »

« Peut-être mais il souhaite le faire. »

« Je sais, il m'a dit avoir besoin de comprendre... »

« En effet mais je l'ai aussi prévenu qu'il pourrait n'avoir aucune réponse. Melle Denali est très malade, elle a souhaité que je lui fasse part de son état de santé ce que j'ai fait ! Après libre à lui de vous en parler ou pas mais je voulais que vous sachiez qu'il risque de ressortir fort déçu de cet entretien et il aura besoin de vous. »

« D'accord...»

« Nous avons beaucoup parlé mais je l'ai incité à en faire de même avec vous. Soyez patiente car ses peurs, ses angoisses et sa crainte de l'abandon sont très ancrées en lui. »

« Mmmh »

« Et vous comment vous sentez-vous au milieu de tout ça ? »

« Je me sens mieux. Mes angoisses ont presque toutes disparues, si ce n'est celle de le perdre mais nous en avons déjà discuté. »

« Oui en effet ! »

« Sinon mes cauchemars ont disparus et je suis beaucoup moins alerte »

« Vous semblez bien vous remettre en effet et c'est tant mieux, vous serez d'autant plus solide pour aider Mr Cullen. »

« Ouais » dis-je en pensant aux silences plus que présents d'Edward aujourd'hui.

« On se voit toujours jeudi matin, n'est-ce pas ? »

« Oui, je viendrais ! »

« Très bien, je vais donc vous laissez rejoindre Mr Cullen, bon après-midi Melle Swan » me dit-il en me serrant la main.

« Bonne journée docteur ! »

Je quittais le bureau du Dr Weber et je partis rejoindre Edward. Je le trouvais assis en train de feuilleter un magazine.

« Hey ! » dis-je en m'approchant.

Il releva la tête.

« Tu as fini ? »

« Oui, ça c'est bien passé pour toi ? »

« Ouais » souffla-t-il.

« Tu vas le revoir ou pas ? »

« Mmmh oui... » me dit-il comme s'il me cachait quelque chose.

« Bien ! » répondis-je ne souhaitant pas insister.

« On y va ? » me demanda-t-il.

« Ouais, tu veux rentrer ou bien... »

« Ouais, je suis fatigué ! »

« Ok ! »

Nous prîmes la direction de la maison. Une fois rentrés, Edward monta se reposer dans la chambre pendant que je décidais de peindre. Je préparai mon matériel tout en repensant à cette journée. Edward avait été silencieux durant tout le trajet du retour et il était parti s'isoler. Je craignais ses silences mais je ne devais pas le forcer à me parler. Il semblait distant et même si sa rencontre avec Tanya devait l'angoisser, j'aurai aimé qu'il m'en parle. Je soufflai tout en me disant qu'il ne fallait pas que je baisse les bras maintenant.
Je peignis pendant près de quatre heures. Quand je relevais la tête de ma toile, il était plus de dix-neuf heures et Edward n'était toujours pas redescendu. Inquiète, je montai à l'étage. Je le vis allongé sur le lit, les yeux fermés. Je restai quelques minutes à le contempler. Il semblait si serein dans son sommeil. Je souris avant de refermer doucement la porte et de descendre pour préparer quelque chose à manger. Je décidais de le réveiller dès que le repas serait prêt s'il ne se réveillait pas entre temps.
Je préparai tranquillement le repas quand le téléphone résonna dans la pièce. Je me précipitai pour répondre en espérant que cette sonnerie stridente n'ait pas réveillé Edward.

« Allo ? » soufflai-je.

« Bella, c'est Esmée ! »

« Oh, Esmée, comment allez-vous ? »

« Je vais bien merci, et vous ? »

« Je vais bien, vous voulez parler à Edward ? »

« Non, je t'appelai car nous avons reçu un appel de notre avocat au sujet du rendez-vous de mercredi et il cherchait à joindre Edward mais il n'a pas réussi ! »

« Oh, Edward dort depuis que nous sommes rentrés de l'hôpital. Il a dû éteindre son téléphone »

« Oui en effet, tu peux lui demander de le rappeler demain matin, c'est important apparemment ! »

« Oui, mais vous savez de quoi il s'agit ? »

« Non il n'a rien voulu nous dire, il souhaitait juste le joindre et ça semblait urgent ! »

« D'accord je le lui dirais ! »

« Merci Bella ! Je... comment va-t-il ? »

« Ça fait aller... enfin je pense, il ne me parle pas beaucoup à vrai dire ! » finis-je dans un murmure.

« Bella ? »

« Mmmh » répondis-je alors que je sentais mon cœur se serrer face à ce constat.

« Tu sais Edward n'a jamais trop parlé aux autres, se confier c'est comme... »

« Je sais oui... je... le médecin a dit qu'il avait peur d'être abandonné et je ne sais pas vraiment tout alors... »

« Nous n'en savons pas plus que toi, ma chérie... Edward a toujours été secret... On suppose avec Carlisle que son histoire avec Lauren n' a fait qu'empirer les choses... disons qu'il s'était investi pleinement dans cette relation et quand elle est partie et en plus avec ce qui s'est passé, il a beaucoup souffert, encore ! J'avais l'impression de le revoir alors qu'il n'avait que huit ou dix ans. A cette période, il s'était déjà beaucoup refermé sur lui-même mais Carlisle et moi n'avons jamais su pourquoi... »

« Ouais... pas très simple tout ça... »

« Non en effet mais depuis qu'il est avec toi, je ne sais pas... quand vous êtes venus samedi soir j'ai eu l'impression de revoir mon petit garçon alors j'ose espérer qu'il commence à passer au dessus de ce qui le tracasse ! »

« Moi aussi » murmurai-je.

« Bella, je vais devoir te laisser, Carlisle et moi sommes invités à un gala de charité ! »

« Ouais bien sûr ! Embrassez Carlisle de ma part ! »

« Pas de souci Bella, embrasse Edward de la notre, d'accord ? »

« Je n'y manquerai pas ! A bientôt Esmée ! »

« A bientôt ! »

Je retournai préparer mon repas tout en repensant aux mots d'Esmée. Edward n'avait pas toujours été si réservé et je me demandais d'où cela venait. Il parlait peu de son enfance pour ne pas dire parlait pas du tout. Il s'était bien confié au sujet de sa relation avec Lauren mais hormis ça c'était le silence le plus complet. Je soufflai en réalisant que je n'en savais pas tant que ça sur lui. Je ne savais pas comment faire pour changer ça et quelque part je commençais à angoisser face à ses silences. Et s'il décidai de s'éloigner une nouvelle fois ! Je secouai la tête refusant de penser à ça. Je me concentrai à nouveau sur ce que j'étais en train de faire à moitié perdue dans mes réflexions.

Des bruits de plancher qui craque me sortirent de mon aparté inconscient. Je levai la tête vers les escaliers et je le vis. Il portait un tee-shirt blanc et son jean tombait sur ses hanches dévoilant l'élastique de son boxer. Il était pieds nus et l'état de ses cheveux lui donnait un côté sexy. Je ne pouvais détourner mon regard de son corps. Ses yeux ensommeillés me scrutèrent avant qu'un léger sourire ne se dessine sur son magnifique visage.

« S'lut » murmura-t-il.

« Bien dormi ? » lui demandai-je.

« Mmmh, très bien » dit-il alors qu'il s'approchait de moi.

« J'ai préparé un petit truc pour dîner... » dis-je en retournant le bacon qui était en train de griller dans la poêle.

Il se colla contre moi et fit passer ses bras autour de ma taille dans un geste tendre et doux avant de poser sa tête dans le creux de mon épaule.

« Ça sent bon ! » murmura-t-il au creux de mon oreille juste avant de déposer quelques baisers légers dans mon cou ce qui me fit fermer les yeux instantanément.

« Merci... » soufflai-je troublée.

Nous restâmes ainsi le temps que je fasse cuire les quatre tranches de bacon. Puis il me libéra et s'assit sur le plan de travail. Pendant que je m'affairais à terminer la préparation de ma salade je sentis son regard posé sur moi. Un silence aussi apaisant qu'angoissant régnait dans la pièce mais je ne voulais pas le briser même si l'envie de le faire me tordait le ventre.

['You found me ' - Joshua Radin feat Maria Taylor]

Je lui fis signe de me suivre et déposai le nécessaire sur la table située sous la pergola. Il faisait encore chaud mais je pensais que nous serions mieux dehors qu'à l’intérieur où la sensation d'étouffement que j'avais ressenti quelques minutes plus tôt m'était devenue insupportable. Je m'installai à table pendant qu'il faisait de même croisant les doigts pour qu'il se décide enfin à me parler. Je tentai d'avaler quelques bouchées mais ma gorge était si serrée que je n'y arrivai pas. Je soufflai un bon coup pour tenter de me donner le courage suffisant pour débuter une conversation. Je levai la tête vers lui. Il fixait la baie tout en mangeant. Je restai quelques minutes figée à le contempler. Mon estomac se serra d'anticipation. Son silence me bouffait de l'intérieur et mon appréhension quant à la réaction qu'il allait peut-être avoir mettait mes nerfs à rude épreuve. Je déposai mes couverts dans mon assiette et levai à nouveau la tête vers lui. Il me regardait fixement d'un air dubitatif comme s'il craignait que j'aborde un sujet déplaisant. Je lui offris un maigre sourire qui ne devait certainement pas atteindre mes yeux et me lançai.

« Edward, je... tu es si silencieux depuis ce matin, je voulais savoir ce qu'il y avait ? Enfin... si tu veux bien m'en parler ! » dis-je doucement.

« ... » Il semblait réfléchir mais la ride qui se dessina entre ses yeux me montrait que cela n'allait pas être si simple.

« Edward ? » l'implorai-je.

« Il n'y a rien de particulier... tu sais déjà ce qui ne vas pas ! » lâcha-t-il.

« Tanya ? »

« Ouais entre autre » souffla-t-il.

« Je comprends que tu sois mal par rapport à ça mais tu ne seras pas seul face à elle, je serais là... »

« Je sais » murmura-t-il.

« Edward ? Parle-moi ! Je ne peux pas deviner... et ce silence que tu as instauré depuis ce matin, m'angoisse... j'ai... j'ai besoin que tu me parles... » lâchai-je.

Son visage se crispa. Il reposa ses couverts doucement et pris sa tête entre ses mains. Au bout de quelques secondes il releva la tête vers moi, le regard torturé.

« Je... je ne peux pas... » lâcha-t-il juste avant de se lever et de rentrer à l'intérieur.

Je restai quelques minutes immobile, figée parce qu'il venait de me dire. Il ne pouvait pas ou il ne voulait pas. Les questions défilaient à toute vitesse dans mon esprit. Je me relevai brutalement renversant mon verre d'eau sur la table. Je me dirigeai vers l'intérieur. Il était assis sur le canapé la tête entre les mains, le regard rivé au sol. Je m'approchai doucement et pris place juste à côté de lui. Je fis glisser ma main dans son dos dans un geste réconfortant.

Ne pas le brusquer... tu dois le laisser décider... reste calme... il parlera... quand il le décidera..

Je mordis ma langue afin de ne pas exploser. Il leva alors la tête vers moi. Nos regards s'accrochèrent. Les milliers d'émotions qui virevoltaient dans ses yeux étaient aux antipodes de celles de ce week-end. La peur, la tristesse, la souffrance et l'angoisse traversaient ses prunelles magnifiques serrant mon cœur violemment. Je tentai de retenir mes larmes et je fus ravie de mon self-control. Puis doucement, il se laissa glisser sur le canapé de telle sorte qu'il posa sa tête délicatement sur mes genoux. Ma main vint immédiatement se loger dans ses cheveux alors que l'autre courrait le long de son épaule et de son bras. Je fermai les yeux et une larme s'échappa malgré moi. Il semblait si mal et je me sentis si impuissante en cet instant que je ne fis rien d'autre que de laisser mes mains caresser ses cheveux espérant lui apporter un peu de paix malgré tout. Nous restâmes un long moment ainsi car quand je repris conscience, nous étions tous les deux allongés sur le canapé, sa tête blottie contre ma poitrine. La nuit était tombée et seule la bougie posé sur le dessus de la cheminée éclairait faiblement la pièce. Mes mains reprirent leurs caresses dans les cheveux de l'homme que j'aimais. J'aimais faire glisser mes doigts entre ses mèches tout en grattant légèrement son cuir chevelu. Son parfum envahissait le petit espace où nous étions et je respirai à pleins poumons cette odeur qui me rassurait. Je fermai les yeux savourant l'instant. Nous n'avions pas parlé mais ce moment tendre que nous étions en train de partagé regonflait mon cœur d'espoirs. Premier moment de proximité depuis que le jour s'était levé et je m'en délectai.

J'écoutai sa respiration lente et profonde devenir plus rapide juste avant que de légers mouvements animent son corps. Il fit glisser son bras autour de ma taille me serrant plus fortement contre lui. Des frissons prirent possession de mon corps au même instant avant que la sensation de sa main chaude qui glissait sur ma peau dénudée ne m'électrise faisant exploser des milliers de bulles dans mon ventre. Je le contemplai et je le vis doucement lever la tête vers moi. Je souris juste avant de déposer un baiser sur son front dans un geste tendre espérant lui transmettre mes excuses quant à l'attitude intrusive que j'avais eue plus tôt. Il vint alors déposer ses lèvres sur les miennes avec une infinie douceur me faisant tout oublier le temps d'un battement d'ailes de papillon.

« Je suis désolé » murmura-t-il contre mes lèvres.

« ... » je le regardai tendrement mais je décidai de ne rien dire espérant qu'il poursuive. Ce qu'il fit.

« Je... ce n'est pas que je ne veux pas te parler mais je ne sais pas comment le faire... »

« ... » je ne releva pas à l'inverse je pris possession de sa main et fis glisser mes doigts entre les siens.

« Je... Je sais que je dois voir Tanya demain mais après ce que m'a dit le Dr Weber, je ne suis plus sûr que ça soit une bonne idée. Tanya est atteinte de troubles dissociatifs de la personnalité et d'après ce que m'a expliqué le médecin, elle ignore comment elle a pu faire ça. Elle veut s'excuser car elle a dû accepter ce qu'il s'est passé mais elle ne peut pas expliqué son geste puisqu’elle n'en a aucun souvenir. Elle a fait une crise psychotique schizophrénique apparemment ! »

« Mmmh » murmurai-je tout en continuant de le caresser.

« J'ai envie de la voir mais je ne veux pas te l'imposer. J'ai envie de la voir autant que j'ai envie de la fuir. Je n'aurai aucune réponse quant à son geste et en même temps, je ne me sens pas la force de supporter un procès ! Je suis complètement perdu et je n'ai pas envie que tu subisses mes incertitudes et mes craintes sachant que j'ignore quelles réactions je vais pouvoir avoir lorsque je serai face à elle ou à l'issue de cette entrevue. » dit-il d'un souffle.

Il baissa la tête sur nos mains jointes et commença à faire glisser son pouce sur le dessus de ma main. Un sourire se dessina sur mon visage. Il venait de parler. Mon cœur fit une triple embardée dans ma cage thoracique mais je me calmai rapidement afin de lui répondre.

« Edward, tu ne m'imposes rien, tes craintes je ne peux pas te dire que je ressens les mêmes mais je suis inquiète pour toi quand à ces réactions que tu appréhendes. Je t'ai dit que je serais là et je ne compte pas me défiler. Je ne t'abandonnerai pas, je te l'ai dit ».

Pendant que je venais de m'exprimer il avait relever sa tête vers moi tentant de vérifier que je pensais ce que j'étais en train de lui dire. Il plongea sa tête contre ma poitrine tout en me serrant à nouveau contre lui.

« Je t'aime... » murmura-t-il.

Je ne répondis pas mais déposai un baiser sur le sommet de son crâne. Nous restâmes enlacés encore quelques minutes avant qu'il ne reprenne la parole.

« Tu crois qu'il reste de la salade ? » me demanda-t-il.

« Hum, si aucun animal n'est venu pioché dans nos assiettes qui se trouvent dehors, peut-être ! Pourquoi tu as faim ? »

« Ouais ! » souffla-t-il en se redressant.

« Et bien allons voir au pire je ferai autre chose. »

« Mmmh »

Un rapide coup d’œil sous la pergola me permit de constater que le chat avait dû passé par là car si la salade était intacte, les tranches de bacon avaient disparu de nos assiettes. Nous ramassâmes nos assiettes et je préparais à nouveau une salade composée. Edward jeta ce qui se trouvait dans nos assiettes et les lava pendant que je m'activai à nous préparer quelques choses de consistant. Nous mangeâmes confortablement installés sur le canapé. Nous avions allumé la télé que je regardai sans vraiment faire attention au programme en cours. Puis alors qu'une publicité pour un voyage en Europe passa sur mon petit écran, je repensai à ce que j'avais dit à mon père et dont je n'avais pas encore fait part à Edward.

« Edward ? »

« Mouais ! » dit-il la bouche presque pleine ce qui m'arracha un petit rire.

« Je... je devais aller chez mon père d'ici la fin de la semaine mais je... je lui ai dit que je ne viendrai pas ! »

« Oh ! » dit-il surpris.

« Je... je voulais passer ces quelques jours avec toi à la place mais peut-être que tu ne veux pas... je ne t'oblige... »

« Non c'est bon... Bella c'est une bonne idée mais... » me coupa-t-il.

« Mais ? » l'interrogeai-je.

« Je ne sais pas... j'ai un truc de prévu pendant mes congés... c'est compliqué... ça te dérange si on en parle à un autre moment?... je... j'ai pas encore décidé en fait ! »

« Oh... pas de problème » murmurai-je une pointe de déception dans la voix.

Une fois notre repas terminé, nous partîmes nous coucher, épuisés par cette journée plus que stressante.
Le lendemain matin, je me réveillai seule dans le lit. Surprise, je descendis rapidement en bas mais Edward ne s'y trouvait pas. Essayant de ne pas paniquer face à cette absence dont il ne m'avait pas fait part, je me dirigeai vers la cuisine pour me préparer un thé. Un bout de papier posé sur le plan de travail attira mon attention.

Bella,
Je suis parti rejoindre Emmett en ville. J'ai appelé l'avocat et l'avocat de Tanya a accepté que tu m'accompagnes pour l'entrevue avec elle.
Je rentrerai dans l'après-midi, ne t'inquiète pas.
Je t'aime.
Edward.

Je soufflai de soulagement en réalisant qu'il ne s'était pas éclipsé sans rien me dire mais en même temps une étrange sensation de malaise me traversa comme si quelque chose que je ne maitrisai pas allait se passer. Et cette impression me donna un frisson d'effroi.
Je pris mon petit déjeuner et décidai d'appeler Rose.

« Hey ! » dis-je.

« Bella ! »

« Rose, comment vas-tu ? »

« Bien ! Je suis seule à la maison, Edward a appelé Emmett très tôt ce matin ! Il voulait le voir ! »

« Je sais, il est parti alors que je dormais et je viens de trouver son mot ! »

« Oh ! Tu sais pourquoi il voulait voir Emmett ? »

« Non, peut-être pour le bar ? »

« Mmmh possible ! Bon qu'as-tu prévu aujourd'hui ? »

« Rien, je voulais te proposer de venir à la maison ! Enfin si ça te dit ? Si tu n'as rien de prévu ? »

« Non je n'ai rien de prévu ! Tu veux que je vienne vers quelle heure ? »

« Et bien je sais pas quand tu veux ? »

« Je peux être là dans une heure, ça te va ? »

« Parfait ! »

« Et bien à toute à l'heure alors ! »

« Je t'attends ! »

« Ok ! J'arrive ! »

« Bye Rose ! »

« Bye ! »

Je raccrochai et mon regard se posa sur l'extérieur. J'étais ravie que Rosalie vienne me rejoindre ici car depuis que j'avais lu le mot d'Edward, je ne me sentais pas très bien. Je savais que mon amie chasserait mes angoisses dès qu'elle serait ici et comme cela faisait un petit moment que nous n'avions pas pu nous retrouver, je trépignai d'impatience.
Je décidai de ranger un peu, puis je me préparai tranquillement en l'attendant.

['So Cold' - Ben Cocks]

Une heure plus tard, Rose arriva. Nous nous sautâmes dans les bras et l'étreinte rassurante de mon amie me réchauffa le cœur. Je me sentais émotive ces derniers temps et le fait qu'elle soit là me fit du bien. Nous nous installâmes sous la pergola et nous passâmes presque deux heures à parler de tout et de rien. Elle devait sentir que quelque chose me préoccupait mais elle ne chercha à aucun moment à me faire parler. C'était Rosalie. Elle faisait preuve de beaucoup de patience attendant que je me décide à parler. Mais je savais aussi que si je ne le faisais pas, elle ferait preuve, à un moment ou un autre, de persuasion pour que je me confie à elle.
Nous préparâmes le repas toutes les deux. Alors que nous étions en train de déguster notre met, Rosalie engagea la conversation.

« Alors qu'as-tu prévu pendant tes vacances ? » me demanda-t-elle.

« Je... Je vais rester ici ! »

« Tu ne devais pas aller chez ton père ? »

« Si mais j'ai annulé ! Je voulais passer ces quelques jours avec Edward mais... » commençai-je.

« Mais ? »

« Mais je ne sais pas, il semble avoir prévu autre chose mais je ne sais pas quoi ? Il est resté très évasif et je pense qu'il a prévu de s'éloigner quelques temps ! »

« ... » elle me regardait perplexe.

« Ouais, je … nous avons un peu parlé hier au sujet... de... au sujet de Tanya ! Et quand je lui ai parlé du fait que je n'irai pas chez mon père pour être avec lui, je l'ai senti se tendre et il est devenu très distant tout d'un coup. C'était bizarre... »

« Hum... nous n'en avons pas vraiment parlé ! Je sais qu'il devait aller voir son ami Marcus à Londres mais j'ignore si c'est toujours d'actualité ! Je demanderai à Em' peut-être que lui sait quelque chose ! »

« Non » claquai-je avant de reprendre plus doucement « Je... ne lui demande rien ! Je veux qu'Edward m'en parle ! Si effectivement il doit partir à Londres je pense qu'il m'en parlera ! Je ne pense pas qu'il doive partir dans les prochains jours sinon il m'en aurait parler ! Enfin j'espère ! »

« Ouais surement ! » reprit-elle.

« Comment ça va vous deux ? » me demanda-t-elle.

« Je... c'est compliqué ! ... le week-end c'est bien passé mais depuis hier, il est silencieux et distant. Je ne sais pas Rose, c'est comme s'il avait de nouveau érigé ses murs entre nous ! Il m'a parlé de ses angoisses hier mais quand j'essaye de le faire parler de lui, de sa vie d'avant, hormis Lauren car pour ça je sais quasiment tout ce qu'il y a à savoir, il se bloque et se referme complètement ! Alors je ne sais pas... » terminai-je en haussant les épaules.

« ... »

Je sentais les larmes monter. Mes angoisses quant à un nouveau départ de sa part ressurgirent.

« Rose, je suis perdue... j'ai l'impression qu'il va de nouveau mettre de la distance entre nous et je suis morte de trouille à l'idée qu'il me laisse ! » lâchai-je.

« Oh Bella ! » dit-elle tout en se levant pour me prendre dans ses bras.

Je me laissai aller dans l'étreinte douce et chaleureuse de mon amie laissant mes larmes couler. Quelques minutes plus tard, je levai la tête vers elle.

« Rose, je suis désolée ! Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça ! Je savais que ça ne serait pas facile ! Le psy m'avait prévenu et Em' aussi mais là je suis vidée, épuisée ! Je ne sais plus quoi faire et je me sens complètement inutile pour lui ! »

« Bella, ne dis pas ça ! Tu n'as pas idée du bien que tu as pu lui faire ! Je crois que tu ne le réalises pas ! »

« Rose, il ne parle pas ou plutôt il ne me parle plus ! Je lui avait dit plus de secrets, plus de mensonges et je sens qu'il me cache quelque chose mais j'ignore ce que c'est ! »

« Tu comptes faire quoi ? » me demanda-t-elle tout en me fixant.

« Je... je vais d'abord l'accompagner à son rendez-vous avec l'avocat et Tanya ! Je lui ai dit que je ne l'abandonnerai pas et je compte tenir ma promesse ! Après, je ne sais pas ! J'ai rendez-vous avec Weber jeudi et je pensais en parler avec lui. Mais rien que d'imaginer qu'il va prendre le large alors que je commençai à entrevoir une issue heureuse après ce week-end me ronge ! »

« Je me doute mais je ne pense pas qu'il décide de partir à nouveau ! Son frère l'a menacé à ce sujet et peut-être qu'Edward se sera confié à lui cet après midi ! »

« Je l'espère ! »

« J'en parlerai ce soir avec Emmett et je t’appellerai, d'accord ? »

« Ok ! » soufflai-je.

Après notre repas, nous décidâmes d'aller nous balader le long de la baie. Je jetai un coup d’œil à mon téléphone espérant avoir eu un message d'Edward mais ce ne fut pas le cas. L'après-midi s'écoula lentement et vers 17h Rosalie reprit la direction de son domicile.
Je m'occupais tant bien que mal en attendant Edward. Mes nerfs étaient à fleur de peau. Je n'avais eu aucune nouvelle de la journée. Rose avait reçu un appel d'Emmett qui m'avait rassurée quelque peu sachant qu'Edward était toujours avec lui.

Stressée et tendue, je décidai d'évacuer mes tensions en peignant. J'attrapai une toile sur laquelle en quelques minutes je déversai ma colère, ma tristesse, mes angoisses et cette douleur insidieuse qui se répandait depuis quelques heures dans mon corps rendant désagréable chacun de mes mouvements.

Deux heures plus tard, vidée de toutes émotions, je montai tel un automate afin de prendre une douche. Je laissai mes affaires telles qu'elles ne prenant pas soin de ranger ma toile plus qu'expressive. L'horloge de mon réveil m'indiquait vingt heures trente et Edward n'était toujours pas là. Mon cœur reçut une décharge violente me pliant en deux de douleur. Je me calmai en posant ma main sur ma poitrine et en tentant de reprendre ma respiration. Je me redressai, fébrile, et me déshabillai lentement. Puis comme un papillon attiré par la lumière je me rapprochai de la fenêtre, laissant mon regard se perdre à l’extérieur. Vidée de toutes pensées cohérentes, je contemplai le soleil qui avait entamé sa course vers le crépuscule laissant ses rayons filtrés à travers les nuages. Des nuances de rose, d'orangés et de violet coloraient le ciel. J'ouvris doucement la fenêtre. La légère brise marine fit voleter les voilages avant de venir caresser ma peau recouverte de sueur qui sous l'effet du vent se macula de petits grains, des milliers de frissons me parcourant le corps. La fraîcheur de la baie me ramena à l'instant présent. Je me dirigeai vers la salle de bain. Je laissai la vapeur d'eau envahir la salle de bains avant de me glisser sous le jet d'eau chaude de ma douche. L'eau courrait le long de mon corps telle une caresse détendant chaque muscle de mon corps hypertendu. Je fermai les yeux savourant cette sensation agréable et à la fois suffocante de la chaleur qui avait pris possession de la pièce. L'eau bouillante qui se répandait sur chaque centimètre de ma peau provoquait une brûlure violente éveillant chaque terminaison nerveuse de mon être me permettant de prendre conscience de la vie qui courrait dans mes veines. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes tempes alors que le froid se propageait au fond de moi malgré la chaleur étouffante qui régnait dans ce petit espace. Je plaquai une main contre le carrelage froid de la douche et je laissai les larmes couler. Je ne contrôlai plus rien et je décidai de lâcher prise en me laissant glisser le long du carrelage. 

Quelques minutes plus tard, j'éteignis l'eau et attrapai une serviette dans laquelle je m'enroulai. Puis doucement, je me dirigeai vers ma chambre. Je m'allongeai sur mon lit, le regard rivé vers le jardin. Fixant le décor presque irréel que m'offrait le coucher de soleil au travers des feuilles des arbres qui bordait mon terrain, je ne pensais plus. Je tirai doucement la couette afin de me couvrir, le fenêtre étant encore ouverte. Épuisée par ces deux derniers jours, je pensais à Edward et à son silence juste avant de m'endormir. Seule.

POV EDWARD

['Between us' – Peter Bradley]

Je me réveillai doucement alors que le jour se levait à peine. Bella était endormie juste à côté de moi. Je contemplai son visage avec tendresse alors que ma main caressa délicatement sa peau. Sa peau se recouvrit d'une légère chair de poule et je souris en observant l'effet que je pouvais avoir sur elle, même endormie. La journée d'hier n'avait pas été idéale. Angoissé par mon rendez-vous avec Tanya, je n'avais pas voulu en parler avec Bella alors afin d’extérioriser mes craintes, j'avais décidé de voir le Dr Weber seul. Je sais que je l'avais déçu mais je ne me sentais pas de lui faire part de mes angoisses, elle en avait déjà suffisamment à gérer. Je fermais les yeux en repensant à cette journée, où elle avait paru inquiète en permanence. Elle avait tenté à plusieurs reprises d'instaurer un dialogue avec moi mais à chaque fois j'avais détourné le sujet jusqu'à hier soir lors du repas. Je m'étais confié sur mes peurs et sur ce que nous avions parlé avec le Dr Weber au sujet de Tanya. Elle m'avait laissé parler sans jamais rien dire. Ses seuls gestes m'avaient donné la confiance nécessaire pour que je lui parle. Elle avait promis de ne pas m'abandonner et je lui faisais confiance mais j'étais perdu quand à ce que moi je désirais. Je la désirais elle, elle était mon oxygène mais elle méritait d'être heureuse et sereine et à l'heure qu'il est, je ne pouvais pas lui offrir tout ça. C'est la raison pour laquelle j'étais resté évasif lorsqu'elle m'avait parlé de ses congés et du fait qu'elle avait décidé de ne plus aller chez son père pour passer du temps avec moi. Je ne voulais pas lui dire que je devais partir dans deux jours à Londres car j'ignorais encore si j'allais y aller, si j'allais y aller seul ou avec elle. La blesser ne faisait pas parti de ce que j'envisageai pour elle. J'avais discuté de tout ça avec le psychiatre mais je n'avais pas trouvé le courage d'écouter ses conseils et de m'ouvrir à elle. Je ne me sentais pas prêt, pas encore. Je lui faisais confiance mais cette peur viscérale qu'elle m'abandonne qui semblait s'être envolée était revenue au galop ce matin. Elle avait été là, à chaque fois, présente sans jamais se plaindre, ni même s’effondrer. Je sentais bien qu'elle s'épuisait face aux murs que j'avais à nouveau érigés entre nous bien malgré moi. Pourtant autant je voulais qu'elle soit heureuse avec moi autant en cet instant, elle souffrait auprès de moi. Le dilemme qui faisait rage dans ma tête depuis la veille ne me permettait pas d'avoir les idées claires. C'est ainsi que je décidai d'appeler mon frère. 

Il était six heures quand je composai son numéro. Il me répondit la voix ensommeillée mais très rapidement il comprit que quelque chose n'allait pas. C'est ainsi qu'après avoir laissé un mot à mon amour, j'étais parti rejoindre Em' en ville.

Il m'emmena sur le bateau de Carlisle conscient que le large me ferait le plus grand bien.
Nous avions passé notre journée à discuter de tout et de rien jusqu'à ce que je lâche tout. Sa présence rassurante que j'avais retrouvé depuis peu me fit le plus grand bien. Il me conseilla sans jamais m'influencer et j'avoue que même si je n'avais encore décidé de rien, ce moment passé avec lui avait été bénéfique. Il avait appelé Rose afin de la rassurer. Elle était avec Bella et quelque part cela me réconforta de savoir qu'elle n'avait pas passé sa journée seule.

Je quittai mon frère vers 17h et pris la direction de Battery Park. Je restais près de deux heures, immobile, assis sur ce banc face à la baie. Je réfléchissais répondant à diverses questions mais chacune me ramenait à elle. Elle qui essayait de me soutenir, elle qui faisait tout son possible pour que je m'ouvre. Mes échanges avec Emmett, le Dr Weber et même avec Jasper que j'avais croisé ce matin alors que j'étais passé au bar pour déposer la comptabilité que j'avais achevé avant ma sieste hier après-midi résonnaient dans mon esprit. Il fallait que je parle à Bella mais alors que je tentais de trouver le meilleur moyen pour le faire et que mes doutes concernant mon avenir avec elle me taraudait, un nom surgit de nulle part me fit réagir, Carlisle. Mon père. Je l'avais écarté de ma vie et dans l'instant il me semblait être la meilleure personne qui pourrait m'aider à y voir clair. Je marchai depuis près d'une demi-heure, me demandant si je prenais la bonne décision en me confiant à lui, quand je pris la direction de l'hôpital. Carlisle travaillait ce soir et je décidais qu'il était temps. Il était mon père et par conséquent il aurait dû être mon repère. Décidé à m'ouvrir à celui qui a toujours été là pour moi malgré mes rejets incessants, je l'appelai. 

Nous nous retrouvâmes devant l'hôpital. Lorsqu'il me vit il sembla surpris de ma visite mais ne le fit pas remarquer. Il m'accompagna au café situé en face de l'hôpital en m'expliquant qu'il avait prévenu son service qu'il prenait une pause. Il était de garde cette nuit et pour l'instant, le service était calme.

« Comment vas-tu ? »

« Je vais bien Papa ! Enfin presque !»

« Que me vaut ta visite surprise, fils ? » me demanda-t-il.

« J'ai besoin de te parler ! »

C'est ainsi que pendant plus de deux heures, je lui parlai de tout. Ma rencontre avec mon ami, Vladimir là où nous habitions avant, son départ précipité, mes années d'études et tout ce qui s'était passé, mon voyage à Londres, ma rencontre avec Marcus et Bobby. Je partageai sans retenue ma vie depuis toutes ses années, mes silences, mes peurs et le plus important l'abandon. Celui-là même que j'avais ressenti de manière violente à deux reprises, Vladimir d'abord et ensuite Lauren. Mon père m'écouta silencieusement acquiesçant par moment. Je lui parlai de ma rencontre avec Bella, ce qu'il s'était passé avec Tanya et enfin le travail sur moi-même que j'avais engagé avec le Dr Weber sur les conseils de la femme que j'aime. Il me posa quelques questions auxquelles je répondis et enfin je lui demandai conseil au sujet de ce voyage à Londres et sur mes angoisses concernant Bella.

« Edward, c'est à toi seul de faire ce qui te semble juste. Bella est une jeune femme formidable et je pense, néanmoins, que t'éloigner d'elle vous blessera, te blessera bien plus que tu ne peux l'imaginer. Ton idée de partir loin d'ici est une bonne idée, cela ne pourra que te faire du bien mais sans elle, j'ignore si tu seras capable de te reconstruire. Elle a été là à chaque fois que tu en as eu besoin alors je te dirais pose-toi une seule question, te sens-tu capable de partir si loin d'elle malgré tes craintes ? »

Je réfléchis quelques instants mais la réponse je la connaissais. Rien que d'imaginer être loin d'elle me serra le cœur violemment. La sensation désagréable que j'avais ressenti ce matin en partant sans rien lui dire était restée ancrée dans mon esprit toute la journée. Et à cet instant, la douleur resurgit plus violente encore en imaginant l'état dans lequel elle devait être puisque je ne lui avais donné aucune nouvelle de la journée. Des images de son visage rongé par la souffrance se projetèrent devant moi. Je fermai les yeux quelques instants afin de me ressaisir. Je sentis la main chaude de Carlisle alors que je m'agrippai au bord de table.

« Edward ? »

« Je... Non... non, je ne peux pas... je ne m'en sens pas capable ! » lâchai-je en le fixant droit dans les yeux.

« Alors tu sais ce qu'il te reste à faire ! » me dit-il en souriant.

« Ouais ! »

« Je vais devoir te laisser, je dois retourner travailler mais je te remercie de t'être confié ainsi ! »

« Mmmh ! » dis-je alors que je m'imaginai déjà dans les bras de Bella.

« Edward ? »

« Ouais ! » soufflai-je.

« Je sais que ça n'a pas du être facile pour toi de venir me voir mais sache que ta mère et moi seront toujours là pour toi quoi qu'il arrive, quoi que tu décides ! »

« Merci ! »

« De rien ! Allez file, va retrouver Bella ! Elle doit être morte d'inquiétude ! »

« Ouais ! »

['Back together' – Babybird]

Je me levai et attrapai mon téléphone. Il était plus de vingt-deux heures et composai son numéro espérant qu'elle décroche. Personne ne répondit. Je commençai à être inquiet, je courrai jusqu'à ma voiture et fonçai vers Staten Island à toute vitesse priant pour ne pas être arrêté. J'essayai encore et encore de l'appeler mais elle ne décrochait toujours pas. Mon cœur se serrait et les larmes menaçaient de jaillir mais je ne devais pas craquer, pas maintenant. J'arrivais chez nous en moins de vingts minutes. Je me garai et sortis rapidement du véhicule en me précipitant à l'intérieur.

« Bella ? » l'appelai-je.

Personne ne me répondit. La lumière de la cuisine était allumé et tout son matériel de peinture jonchait le sol du salon. Mon regard balaya la pièce espérant la voir apparaître à tout moment mais ce ne fut pas le cas. Alors que je regardais vers le jardin, je vis quelque chose qui attira mon attention. Je m'approchai doucement de l'endroit où se trouvait ce que je venais d'apercevoir. Plus j'approchai, plus je me sentis mal. 
J'attrapai la toile qui était posée à même le sol. Des couleurs toutes plus sombres les unes que les autres et ce rouge qui maculait en partie la toile déchirèrent mon cœur de manière violente. Ses toiles avaient toujours été l'expression de ses émotions et si elle pouvait vous faire pleurer, vous toucher ou encore vous apaiser, celle-ci laminait mon corps, enfonçant des morceaux de verre dans chaque pore de ma peau. Cette toile exprimait une souffrance palpable qui explosa en moi en milliers de fragments. Je réalisai alors que mon silence avait été plus destructeur que ce que je m'étais imaginé. J'avais voulu la protéger et j'avais fait tout le contraire. 
Je lâchai alors la toile comme si elle m'avait brûlé et me retournai paniqué. Je me précipitai dans chacun des coins du rez-de-chaussé espérant la trouver recroquevillée dans un coin mais il n'y avait personne. Je me précipitais à l'étage. L'orage qui menaçait depuis le début de soirée, commençait à gronder, éclairant les pièces à chaque éclair attisant mon angoisse. Je sentis l'air froid et humide alors que j'avançais vers la chambre. Mes membres tremblaient rendant mes pas difficiles. Paralysé par la peur de ce que j'allais découvrir en entrant dans la chambre dont la porte était grande ouverte, je restais figé à quelques pas de l'entrée. Puis un pas après l'autre, j'avançai. 

Lorsque je fus au niveau de l'encadrement de la porte, le spectacle qui s'offrit devant moi me glaça d'effroi. Qu'est-ce que j'avais fait ? Les éclairs lumineux de l'orage qui se propageaient dans le ciel éclairaient la pièce. La fenêtre était grande ouverte et les rideaux se soulevaient au rythme des bourrasques du vent froid qui pénétrait dans la pièce. Je la cherchais du regard quand une petite forme sur le lit attira mon attention. Je m'approchai doucement. Je fis le tour du lit et m'agenouillai au pied du lit. Elle était repliée sur elle même, seuls ses cheveux bruns éparpillés sur l'oreiller apparaissaient. Roulée en boule sous la couette, je ne voyais pas son visage. La couette se soulevait à un rythme régulier, seul signe qu'elle était en vie et qu'elle dormait probablement. Je levai ma main et repoussai délicatement ses cheveux afin d'apercevoir son visage. Le tonnerre grondait à l'extérieur alors que les éclairs, tels des flashs, déchiraient le ciel. Un grondement sourd résonna à l'extérieur et Bella se recroquevilla encore plus sur elle-même. Je me redressai et le plus doucement possible je repoussai les dernières mèches qui me masquait son visage. Le flash de lumière qui venait d'illuminer la pièce me figea instantanément. Son visage était crispé et elle semblait avoir pleuré. Je posai délicatement mes doigts sur son visage que je caressai avec le plus de légèreté possible. Son corps se tendit et dans un geste brusque elle se saisit de mon poignet avant d'ouvrir les yeux.

« Edward ? » murmura-t-elle.

« ... » je ne répondis pas face au regard triste qu'elle me lança.

Elle posa alors son regard à l'endroit où elle m'avait agrippé avant de ramener son regard à nouveau vers moi. Puis elle me tira vers elle tout en douceur. Je me relevai et m'asseyait sur le bord du lit. Elle se recula. Je soulevai la couette et me glissai en dessous tout en douceur. Dès que je fus allongé, elle vint alors se blottir contre moi. Je fis glisser mon bras derrière elle, en même temps qu'elle déposait sa tête sur mon torse. Je posai ma main sur ses reins tout en laissant mes doigts glisser sur sa peau chaude. Elle agrippa mon tee-shirt et souffla comme si elle était soulagée. Elle tenait toujours mon poignet avec son autre main quand soudain elle fit glisser sa main dans la mienne, entrelaçant ses doigts avec les miens. Je me détendis quelque peu alors que la rage que j'éprouvais envers moi-même de l'avoir mis dans cet état-là se dissipait à son contact. Je sentis sa jambe glisser sur les miennes avant que son corps ne se relâche complètement.

« Je suis désolé » murmurai-je alors que je déposais un baiser sur sa tête plaquant ma main pour la rapprocher encore plus.

« Je t'aime » murmura-t-elle à moitié inconsciente.

« Tu n'as pas idée à quel point je m'en veux, et à quel point je t'aime... » lâchai-je.

« Ne m'abandonne pas » murmura-t-elle à nouveau.

« Aucun risque... je reste c'est promis ! » terminai-je.

Sa respiration se calma à nouveau signe qu'elle s'était endormi. Je la serrai fortement et je m'endormis sous les bruits que provoquaient la pluie violente qui s'abattait dehors.
Nous avions rendez-vous le lendemain après-midi avec nos avocats et je décidai de parler à Bella de tout y compris du voyage à Londres que je voulais faire avec elle. Il était hors de question que je m'éloigne d'elle et que je la fasse à nouveau souffrir. Aujourd'hui j'avais avancé grâce à mon père qui avait su trouver les mots justes pour que je me décide à faire confiance aux autres et principalement à celle qui comptait désormais le plus pour moi. Bella.



Disclaimer : 
Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...

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