No et moi - Delphine De Vigan

Résumé : 
Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies. 
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. 
A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle. 
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. 
No, privée d’amour, rebelle, sauvage. 
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

Mon avis : C'est un énorme coup de cœur et encore le mot est faible pour ce livre de Delphine De Vigan qui a été récompensée pour son autre livre Rien ne s'oppose à la nuit (Prix Renaudot des lycéens et Prix des Lectrices de Elle).

Pourquoi un coup de cœur?

Et bien pour pleins de raisons... Ce livre ou plutôt cette histoire est une avalanche de tendresse, d'espoir, d'espérance, de convictions, d'idéaux et de bonheur simple.

C'est l'histoire de Lou Bertignac, 13 ans, élève surdouée au QI de 160 qui est élève en seconde. Tout commence durant son cours de français avec Mr Marin qui leur demande de faire un exposé... Lou hésite et ne sais pas trop et puis comme ça elle lâche son sujet "les sans-abris" pas n'importe lesquels, non, les femmes.


On découvre une jeune fille attachante qui vit dans sa bulle cherchant à comprendre tout et sur tout. Jeune fille vive qui se pose beaucoup de questions, qui réfléchit en permanence au point de ne pas dormir. Issue d'une famille dont un drame a bouleversé les relations familiales, elle tente de trouver un sens... un sens à la vie, un sens à la société, un sens à ses rêves. Elle rêve d'être comme les autres.
"Je voudrais seulement être comme les autres, j'envie leur aisance, leurs rires, leurs histoires, je suis sûre qu'ils possèdent quelque chose que je n'ai pas, j'ai longtemps cherché un mot dans le dictionnaire un mot qui dirait la facilité, l'insouciance, la confiance et tout, un mot que je collerai dans mon cahier, en lettres capitales, comme une incantation"
On suit Lou dans ses diverses observations. Elle se balade dans plusieurs quartiers de Paris mais surtout à la gare d'Austerlitz où elle fait la rencontre de No (Nolween). No est une jeune fille de 18 ans qui vit dans la rue. Elle aime observer, analyser et comprendre les gens s'imaginant des vies ou des  histoires aussi farfelues que rocambolesques mais ses histoires nous touchent...

Ce livre raconte cette rencontre formidable entre Lou et No. On découvre ces deux jeunes filles, leur amitié mais surtout on découvre No au travers des yeux de Lou et ce qui rend l'histoire d'autant plus belle et d'autant plus riche.
Lire au travers des yeux d'une jeune fille de 13 ans en ayant le recul d'un adulte donne un effet et une ampleur hors du commun à tout... les émotions... les espoirs de Lou... la réalité... la tristesse.... la vie difficile de No... nos idéaux, nos convictions... nos rêves... mais surtout une infinie profondeur à l'incroyable altruisme et tendresse dont Lou fait preuve.

Les 248 pages se tournent les unes après les autres sans réellement le réaliser ce qui fait que lorsque la dernière page se tourne on se dit déjà... oui mais on en est pourtant pas frustré. Pourquoi?

Parce que l'auteur a su, avec brio, nous immerger dans la vie de Lou. Dans sa relation avec Lucas, un graçon de sa classe, dans sa relation avec ses parents, dans sa relation avec No et dans la tête de Lou. On découvre une jeune fille complexe qui du haut de ses 13 ans vous donne une claque monstrueuse. Elle grandit et s'affirme tout en traversant sa puberté.
"Moi je m'en fous pas mal qu'il y ait plusieurs mondes dans le même monde et qu'il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous-ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d'autres (B, C ou D), que mon monde soit une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide. Moi je préférerais être ailleurs, suivre une droite qui mènerait dans un endroit où les mondes communiquent entre eux, se recouvrent, où la vie est linéaire, sans rupture, où les choses ne s'arrêtent pas brutalement sans raison, où les moments importants sont livrés avec leur mode d'emploi (...) et les équipement nécessaires (...)."
"Je pense à l'égalité, à la fraternité, à tous ces trucs qu'on apprend à l'école et qui n'existe pas" 
"Moi je suis peut-être utopiste, n'empêche que je mets des chaussettes de la même couleur, ce qui n'est pas toujours son cas. Et pour exhiber une chaussette rouge et une chaussette verte devant trente élèves, on ne m'ôtera pas de l'idée qu'il faut avoir un petit coin de sa tête accroché dans les étoiles" 
On découvre en avançant dans l'histoire une jeune fille pleine de convictions et d'idéaux qui s'interroge sur des choses qui me font écho... comme ce passage :
"Dans les livres il y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation évolue, et même parfois des parties avec titres chargés de promesses, La rencontre, L'espoir, La chute, comme des tableaux. Mais dans la vie il n'y a rien, pas de titre, pas de pancarte, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusions imminentes. Dans la vie on est tout seul avec son costume, et tant pis s'il est tout déchiré."
Lou se bat contre elle-même mais aussi contre autre chose, les autres peut-être. On ouvre les yeux en même temps qu'elle... même si on sait déjà que c'est douloureux...
"Avant de rencontré No, je croyais que la violence était dans les cris, les coups, la guerre et le sang. Maintenant je sais que la violence est aussi dans le silence, qu'elle est parfois invisible à l’œil nu. (...) La violence est ce qui nous échappe, elle se tait, ne se montre pas, la violence est ce qui ne trouve pas d'explications, ce qui à jamais reste opaque."
 Même si la fin est presque prévisible... on garde espoir, on a envie de les soutenir alors on s'accroche avec Lou, avec No et aussi avec Lucas qui chacun à leur manière, avec leur maturité et leur personnalité, tente comme ils peuvent de rester fort et de faire face à cette réalité qui les dépasse.
Malgré tout on reste optimiste et je garde espoir... un peu comme Lou... je veux continuer d'espérer et me battre pour ces choses auxquelles je crois... L'auteur aussi avec ces quelques mots qui clôture presque le livre :
"- Melle Bertignac?
- Oui?
Ne renoncez pas."
 J'espère que ce petit avant-goût, mon avis vous aura donné envie de lire "No et Moi" parce qu'au delà d'une histoire qui semble utopique, je veux croire que l'auteur réussira à vous toucher, à vous captiver autant que moi.

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