Chapitre Vingt-Huit




"We must develop and maintain the capacity to forgive. He who is devoid of the power to forgive is devoid of the power to love. There is some good in the worst of us and some evil in the best of us. When we discover this, we are less prone to hate our enemies."

"Nous devons développer et de maintenir la capacité de pardonner. Celui qui est dépourvu du pouvoir de pardonner est dépourvu de la capacité d'aimer. Il y a du bon dans le pire d'entre nous et un mal dans le meilleur d'entre nous. Quand nous découvrons cela, nous sommes moins enclins à haïr nos ennemis."
Martin Luther King, Jr. 

POV BELLA

['You and me' – Ben Cocks]

La journée avec mon père et Élie s'était très bien passée. Nous étions allés nous promener dans le centre de Manhattan avant de faire un tour au Museum Of Modern Art à la demande d’Élie. Edward avait passé le plus clair de son temps à discuter avec mon père. Il semblait enfin réaliser que mon père l'avait accepter et qu'il n'avait donc rien à craindre. Tout du moins je l'espérais.
Nous venions de déposer ces derniers à l'aéroport quand Edward reçu un appel. Il s'agissait d'Emmett. Il parlait apparemment du bar. Je ne suivis pas trop la discussion et restait concentrée sur la route. Il y avait beaucoup de circulation à cette heure de la journée et nous devions nous rendre à Soho, au bar d'Edward et Emmett.
Edward voulait voir où en était la comptabilité. Emmett avait embauché deux personnes en plus de Jasper mais comme il était totalement incompétent dans ce domaine, il voulait s'assurer que Jasper n'avait pas dû tout gérer.
Jasper se trouvait derrière le bar quand nous pénétrâmes dans la salle.

« Hey ! Comment allez-vous tous les deux ! » dit Jasper alors qu'il venait de sauter par dessus le bar.

« Jazz ! Bien et toi ? » dis-je alors que je me jetais dans ses bras.

Je n'avais pas vu Jazz depuis plusieurs jours et le voir me fit le plus grand bien. Il semblait heureux étant donné le visage serein et joyeux qu'il affichait.

Chapitre Vingt-Sept


"You have to accept whatever comes and the only important thing is that you meet it with courage and with the best that you have to give."
"Vous devez accepter tout ce qui vient et la seule chose importante est que vous y répondiez avec courage et avec le meilleur que vous ayez à donner." 
Eleanor Roosevelt 


" Being deeply loved by someone gives you strength, while loving someone deeply gives you courage." 
"Être profondément aimé par quelqu'un te donne la force, tout comme aimer quelqu'un te donne profondément du courage."
Lao Tzu 


POV BELLA

[ « It's only life » - The shins]

Je venais de fondre dans l'étreinte chaude et rassurante de mon père. La sensation de ses lèvres sur le sommet de mon crâne me délivrant des angoisses qui me tenaillaient depuis des jours. Il m'avait énormément manqué pendant ce mois écoulé et je savourais ce moment intime occultant totalement le lieu où je me trouvais.

« Papa ! Je suis si heureuse de te voir ! Tu m'as tellement manqué !»

« Toi aussi ma fille tu m'as manqué ! Laisse-moi un peu te regarder ! »

Il prit mon visage entre ses mains et riva ses yeux dans les miens. Son regard navigua sur mon visage et son sourire se fit plus franc. Puis il leva la tête pour fixer un point derrière moi. Je me retournai et compris qu'il regardait Edward qui était resté en retrait. Ce dernier semblait embarrassé puisqu'il regardait le sol, ses deux mains soigneusement rangées dans ses poches. Mon père posa à nouveau ses yeux sur moi d'un air interrogatif.

Chapitre Vingt-Six



"Dans la douceur de l'amitié qu'il y ait le rire et le partage des plaisirs. Car dans la rosée des petites choses le cœur trouve son matin et sa fraîcheur."
Khalil Gibran 


" For happiness one needs security, but joy can spring like a flower even from the cliffsof despair.  "
"Pour le bonheur, certains ont besoin de sécurité, mais la joie peut éclore comme une fleur même des falaises de désespoir. "
Anne Morrow Lindbergh 


POV EDWARD

Je me réveillai doucement sous la chaleur des rayons de soleil qui venait caresser mon visage. Je ne voulais pas ouvrir les yeux préférant savourer la chaleur et la douceur du corps allongé à côté du mien. Bella avait son bras posé sur mon ventre alors que sa tête se trouvait dans le creux de mon cou. Je respirai à plein poumons son parfum délicat. Sa main se mit à bouger dessinant de petites arabesques sur ma peau. Je souris et déposai un baiser sur le dessus de sa tête. J'ouvris mes yeux pour contempler son magnifique visage. Sa respiration était plus rapide et je me doutais qu'elle était réveillée. J'admirai son visage et la douceur de ses traits alors qu'elle avait toujours les yeux fermés.

« B'jour » chuchota-t-elle.

« Bonjour ! » répondis-je.

Elle s'étira tout en roulant sur le dos. La sensation de froid que je ressentis lorsqu'elle s'éloigna me donna des frissons. Je me tournai face à elle et déposai ma main sur son ventre avant de laisser voyager celle-ci sur sa peau découverte. Son top remontait juste au dessous de sa poitrine me permettant de la contempler. Mon regard se déplaça le long de son corps tout en remontant vers son visage.

Chapitre Vingt-Cinq




"Life is always a matter of waiting for the right moment to act..."

"La vie a toujours été une question d'attendre le bon moment pour agir."
Paolo Coelho

"Quelqu'un a essayé de me dire 'garde là pour toujours', c'est le 'toujours' qui me pose un problème"
Tyler Hawkins

POV BELLA


Le soleil traversait les persiennes. J'ouvris difficilement les yeux. Mes rêves avaient été doux et la sensation de chaleur et d'apaisement que j'avais ressenti dans la nuit s'était évaporée au petit matin. Une brise légère pénétrait par la fenêtre entrouverte et machinalement je tirais la couette sur moi. Il m'avait semblé qu'Edward était venu me rejoindre mais par crainte de ne pas le voir, je fis passer une de mes mains derrière moi et constatais que le lit était froid. J'avais donc rêvé. Je fermais les yeux un instant avant de me tourner, la place située à côté de la mienne était vide. Pourtant, il me semblait sentir son parfum sur l'oreiller voisin.
Une larme silencieuse coula le long de ma joue alors que mon cœur se comprima. Je me levai le cœur lourd et décidai de préparer mes affaires pour partir. Il était neuf heures et je savais qu’Emmett n’allait pas tarder à arriver. Je ne voulais pas sortir de ma chambre et l’affronter pourtant je savais que c’était la seule solution pour que nous puissions parler.

Je soufflai et ouvris la porte de ma chambre. Le plancher grinçait sous le poids de mon corps, résonnant dans tout l'appartement. J'avançais doucement vers le salon, baigné de lumière alors que le silence se faisait de plus en plus pesant. Arrivée à la hauteur de la chambre de Jazz, je jetai un coup d’œil à travers la porte ouverte. Le lit n'était pas défait et personne ne semblait s'y trouver. Mon cœur se serra une première fois. Je fermais un instant les yeux avant de les rouvrir. Je continuai ma progression, le regard rivé au sol. Une fois dans le salon, je levai mes yeux et le vide de la pièce fit tomber une chape de plomb au fond de mon estomac. Je vacillai et mes jambes se mirent à trembler alors que je reculai pas à pas. Il était parti. Je plaquai ma main devant ma bouche étouffant un sanglot.

Chapitre Vingt-Quatre


"Des milliers de bougies peuvent être allumées par une seule bougie, et la vie de la bougie ne sera pas écourtée. Le bonheur ne diminue jamais en étant partagé."
Buddha


"Genuine forgiveness does not deny anger but faces it head-on."
"Le pardon véritable ne nie pas la colère, mais lui fait face de front."
Alice Duer Miller


POV BELLA

[« So much Time » - Boyce Avenue]

Le soleil se levait doucement sur New-York alors que la brise matinale venait caresser mon visage. Je tenais ma tasse de café fumante entre les mains tandis  que mes yeux observaient les bateaux qui circulaient. Le ciel était dégagé et les milliers de couleurs qui habillaient le ciel, ainsi que les quelques nuages présents ça et là m'offraient le plus magnifique des paysages. Tout en observant la ville s'éveiller, je plongeais mon nez dans le vêtement que je portais savourant le parfum de ma sérénité. Il n'y avait presque pas de bruit et je repensais à ces derniers jours.
Une douce sensation de chaleur se fit sentir au niveau de ma nuque avant que deux bras ne m'enserrent et que je me retrouve plaquée contre le torse de l'homme que j'aimais.

« B'jour » entendis-je alors qu'il déposait un baiser dans le creux de mon cou provoquant un frisson de désir.

« Bonjour » murmurai-je en fermant les yeux, tout en basculant ma tête sur son épaule.

« Tu es déjà debout ? » me demanda-t-il.

« Oui, j'aime cet endroit le matin alors que la vie s'éveille ... » repris-je.

Je posais ma tasse sur le rebord avant de me tourner face à lui et de plonger mes yeux dans ces deux magnifiques émeraudes. Je me trouvais alors face à son visage angélique qui me souriait, faisant instantanément accélérer le rythme de mon cœur. Je m'avançais doucement et déposais mes lèvres sur la plus douce des tentations, ses lèvres. 

« Et toi, bien dormi ? » demandai-je.

« Ça peut aller ? » me dit-il.

Je le regardais droit dans les yeux et je savais qu'il me mentait. Il avait voulu sortir le lendemain de son réveil et ce malgré la désapprobation du médecin. Je n'avais pas réussi à le faire changer d'avis malgré le chantage que je lui avais fait. Et ma faiblesse face à lui avait, une fois de plus, fonctionné car cela faisait désormais trois jours que je vivais chez lui. Dire que je n'étais pas heureuse serait un doux euphémisme car depuis ces derniers jours je savourais la douce sensation d'être dans ses bras et d'embrasser ses lèvres, mais quelques tensions régnaient malgré tout. Je m'inquiétais pour Edward depuis notre arrivée ici et son silence n'apaisait pas ce malaise.

« Edward, le médecin t'a donné des antalgiques à prendre si tu avais mal, pourquoi ne les as-tu pas pris hier soir ? »

« Bella ... ça va ... je n'ai pas bien dormi mais ce n'est pas à cause de ça ! »

« C'est à cause de quoi alors ? » lui demandai-je sachant très bien qu'il n'avait pas passé une seule nuit calme depuis son retour chez lui.

« J'ai fait encore des cauchemars mais rien de grave rassure-toi ! » me dit-il en me plaquant contre son torse.

« Edward! » soufflai-je.

« C'est rien, s'il te plaît ... ça va passer ! » me dit-il en plongeant son regard dans le mien.

« Okay ! » capitulai-je.

Tanya avait été remise en cellule juste après ma déposition et l'inspecteur Uley avait appelé Edward hier, après avoir appris qu'il était sorti de l'hôpital, afin qu'il vienne témoigner le lendemain. Tanya devait passer devant le juge en début de semaine. Le procureur avait besoin de son témoignage pour compléter le dossier. 

« Tu dois y être à quelle heure ? » demandai-je.

« Dans trois heures ! » me dit-il.

« Je vais aller prendre ma douche et toi … » dis-je en le pointant du doigt « Tu vas prendre ton petit déjeuner … »

Il m'attrapa par le bras et me plaqua contre lui tout en m'embrassant dans le cou. Je sentais ses mains qui glissaient sous mon pull pour venir caresser ma peau avec une délicatesse infinie.

« Je ne peux pas venir avec toi sous la douche ? » chuchota-t-il tout en déposant des baisers dans mon cou juste avant de plonger ses yeux dans les miens.

« Edward, tu sais ce que le médecin a dit, pas d'efforts pendant une semaine ! » lui répondis-je.

Il me lança alors ce regard auquel je ne pouvais résister tout en faisant la moue.

« Edward ! » le menaçai-je.

« S'il te plaît ! » me supplia-t-il.

« Arghhh » dis-je en m'attrapant la tête « Arrête ! Comment veux-tu que je résiste si tu me tentes comme ça ! » terminai-je en le repoussant légèrement.

Je l'entendis alors rire et ce son me fit lever la tête instantanément. Il avait les yeux plissés et son sourire illuminait la totalité de son visage. Je le contemplai dans cet état de joie et, devant cette vision mon cœur se gonfla. Il s'approcha à nouveau de moi et fis glisser sa main sur ma joue. Nous restâmes un moment à nous fixer. Ce que je vis dans son regard était magique me donnant cette douce sensation de voler. A cet instant, il n'y avait plus que lui et moi. Je pouvais entendre mon cœur battre la chamade et sentir le sien sous ma main. Je tentais de remettre mes idées en ordre ce qui était très difficile en sa présence puisqu’il n'avait pas totalement découvert l'effet qu'il avait sur moi, je pris une décision pour nous sachant que cette douche ne serait pas une bonne idée. Même si je mourrais d'envie de la partager avec lui. Je résistais à ses tentatives depuis hier et j'avais failli craquer plus d'une fois, surtout hier soir.

Flashback :

J'étais assise sur son lit. Je lisais confortablement mes mails et répondait à celui de mon père. Il avait décidé de rentrer dans trois jours afin de venir passer quelques jours avec moi à New-York avant de rentrer chez eux. Edward était au téléphone avec sa mère.
Je répondais à Charlie quand Edward est venu s'installer sur le lit. Il avait posé sa tête sur mon épaule, juste après y avoir déposé un baiser.
« Tu écris à ton père ? » me demanda-t-il. 
 « Oui ! » dis-je en terminant mon mail avant de l'envoyer ! 
« Tu veux boire quelque chose ? » 
 « Et toi ? » lui demandai-je en fermant mon ordinateur. 
« Je prendrais bien un thé ! » me dit-il. 
« Okay je vais préparer ça, et toi tu ne bouges pas ! » lui dis-je en passant au dessus de lui et en déposant un baiser sur ses lèvres.

Ce que je n'avais pas prévu en l'enjambant, c'est qu'il allait me tirer vers lui et que j'allais me retrouver à califourchon sur lui. Il m'avait attiré vers lui pour m'embrasser. Je m'étais laissé faire mais ce qui avait commencé par un chaste baiser, s'était terminé en une bataille douce et sensuelle de nos langues. Ses mains s'étaient glissées sous mon top afin de caresser ma peau qui s'électrisait sous leurs passages. Totalement absorbée par ce baiser et par les caresses d'Edward, je sentais le feu prendre vie au fond de moi. Mes mains avaient alors commencé à se glisser sous son tee-shirt et à caresser chaque parcelle de son corps. Mes doigts dessinaient les muscles de son abdomen en prenant soin d'éviter l'endroit où il était blessé. Puis à bout de souffle, nous nous étions séparés avant que lui ne continue à déposer des baisers le long de ma mâchoire tout en descendant vers mes épaules, provoquant des gémissements incontrôlés de ma part. C'était comme s'il savait où me caresser et où m'embrasser car chacun de ses gestes intensifiait le feu qui me consumait depuis quelques minutes. Puis doucement il agrippa le bas de mon tee-shirt pour me l'enlever et au moment où je me redressais, je ne pus que constater qu'il ne désirait pas seulement un câlin étant donné l'ampleur de sa virilité, que je pouvais sentir à travers mon short. Il bougea alors légèrement le bassin provoquant une friction contre mon intimité qui ne manqua pas de me faire gémir. Je fermais les yeux à cette sensation. Des frissons de plaisir se propagèrent dans mon dos entraînant un léger mouvement de mon bassin. Au moment même où ce dernier venait de bouger, Edward émit un gémissement rauque qui attisa immédiatement le feu qui menaçait d'exploser dans mon bas ventre. Lorsque j'ouvris les yeux, je fus rapidement attiré par son regard qui était noirci par le désir.
Mais lorsqu'il se redressa pour enlever son tee-shirt, je vis son pansement qui me fit hésiter. Repensant aux recommandations du médecin, je me stoppais brusquement. 
« Edward ? Ça va ? » lui demandais-je inquiète alors que je vis son visage se crisper. 
« Oui, très bien ! » me répondit-il alors que je le vis serrer les dents. 
« Edward ? » repris-je en l'interrogeant du regard « Stop, c'est pas une bonne idée ! » terminai-je en me relevant. 
« Où tu vas ?» me demanda-t-il. 
« Préparer le thé ! » dis-je.  
« Tu vas pas me laisser comme ça... Ouille » commença-t-il alors qu'il se levait pour me suivre. 
« Oh que si ! C'est pas sérieux ! Tu as encore mal ! » dis-je alors que j'entrais dans la cuisine, Edward sur mes talons. 
« Mais on s'en fout... » me dit-il l'air penaud.  
« Non Edward tu avais mal il n'y a même pas deux minutes, en plus le médecin a dit pas d'efforts ! » lui dis-je en me tenant face lui le regard sévère, espérant qu'il abandonne car je savais que s'il revenait à la charge, je risquais de craquer. 
« Je n'ai pas mal » me dit-il en se tenant droit face à moi. 
« Ah bon ! » dis-je en m'approchant de lui avant d'effectuer une légère pression là où il était blessé. 
« Aïe ! Mais ça va pas ! » reprit-il en se reculant. 
« Je t'ai à peine touchée ! Alors ne me dit pas que tu n'as pas mal ! » repris-je en arquant les sourcils et le regard entendu. 
« C'est bon t'as gagné ! Mais saches que je ne compte pas lâcher l'affaire ! » reprit-il vexé alors que je me sentais soulagée même si j'étais totalement frustrée. 
« Oh ça je me doute bien ! » dis-je en riant avant de retourner préparer le thé.

Edward était retourné dans la chambre et lorsque j'étais revenue avec les deux tasses, j'avais eu l'impression de me retrouver face à un enfant à qui on venait de retirer son jouet préféré. Je m'étais mise à rire devant sa bouille adorable avant de  m'installer à côté de lui. Cela n'avait pas duré bien longtemps car peu de temps après, il était revenu à l'attaque mettant ma volonté à rude épreuve mais nous avions fini par nous endormir dans les bras l'un de l'autre.

Fin du Flashback

 [« Your song » – Ellie Goulding]

Edward continuait de me dévisager et de me caresser quand je revins à moi. C'est alors que je m'écartai puis déposai un baiser sur ses lèvres juste, avant de courir en direction de la salle de bains.

« Bella ! » m'appela-t-il alors que je venais de franchir la porte fenêtre.

Je riais aux éclats en courant et je pouvais entendre Edward juste derrière moi.

« Bella, si je t'attrape ! » me menaça-il en riant.

« Essaie toujours » lui criai-je en riant.

J'eus juste le temps de fermer la porte à clé de la salle de bains avant de m'écrouler de rire derrière et entendais Edward qui peinait à reprendre son souffle.

« Je te garantis que quand tu sortiras de cette salle de bains, tu me le paieras ! » me dit-il en riant.

« Bah on verra ! » repris-je.

« Bella, tu sortiras bien à un moment de toutes façons ! »

« Et bien je vais attendre que tu sois parti ! Deux heures ça passera vite » lançai-je taquine.

« Mouais.. t'es pas drôle ! » me dit-il alors que j'imaginais sa tête boudeuse en disant ça. Ce qui me fit sourire instantanément.

« Edward, soit raisonnable ! Tu sais qu'il ne faut pas plaisanter avec ta blessure sinon ce n'est pas huit jours que tu vas attendre mais un mois ! » repris-je plus sérieusement.

« Mais.. arghhh pourquoi faut-il que tu aies toujours raison ! » cria-t-il derrière la porte en tapant légèrement dessus !

« Je... » commençai-je. « C'est aussi frustrant pour moi » lâchai-je alors que je venais de rouvrir la porte.

« C'est vrai ? » me demanda-t-il en affichant cette mimique de gosse qui me faisant tant craquer.

« Oui » soufflai-je alors que je m'approchais de lui.

« Vrai de vrai ! » me redemanda-t-il en m'attirant vers lui glissant ses bras autour de ma taille.

« Oui, vrai de vrai ! » repris-je avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres.

« Bon ! Et bien on va attendre alors ! »

« Je crois que c'est mieux en effet ! »

« Mouais pas si sûr ... ! » bouda-t-il.

« ... » je ne répondis rien mais lui offrit un sourire en coin tout en reculant.

« File à la douche tentatrice ! » me dit-il en me donnant une légère tape sur les fesses.

« A tout de suite ! » dis-je en riant.

« Mouais ! Évite les shorts pendant quelques jours parce que c'est pas gentil de me tenter avec ses jambes divines que je rêve de caresser à longueur de journée... tu es trop tentante pour mon bien ! » lâcha-t-il alors qu'il partait à reculons vers le salon.

Je lui offris un clin d’œil et partais sous la douche. Je me glissai sous l'eau et quelques minutes plus tard, j'entendis la sonnette de l'appartement. Je me figeai un bref instant me ramenant vers des souvenirs peu agréables. ...Zen... elle est en prison.. elle ne viendra pas.. Je soufflai un bon coup et terminai ma douche. Il devait s'agir d'Emmett puisqu'il devait accompagner son frère au poste.
Je ressortis de la salle de bain quelques minutes plus tard enroulée dans une serviette.

« Edward ! La place est libre ! » criai-je alors que j'allais m'habiller dans la chambre.

J'enfilai mon pantalon en lin blanc et ma tunique rouge à bretelle. Je n’entendais aucun bruit dans l'appartement et Edward ne m'avait pas répondu. Je trouvais ça bizarre surtout que j'avais entendu quelqu'un sonner quelques minutes plus tôt. Je pris donc la direction du salon. Il n'y avait personne.

« Edward ? » l'appelai-je alors que je me dirigeais vers la terrasse.

Je constatai qu'il n'y avait personne non plus. Je me tournai vers le salon et l'appelai à nouveau.

« Edward si c'est une blague ! Elle n’est pas drôle ! » repris-je.

Alors que je me déplaçais vers la porte d'entrée, je vis Edward prostré assis les genoux repliés vers lui contre le dossier du canapé qui se balançait d'avant en arrière. Je m'approchai rapidement de lui.

« Edward ? » l'appelai-je à nouveau alors que je déposais ma main sur son épaule.

Il sursauta au moment même où je posais ma main et lorsqu'il releva son visage vers moi, je vis qu'il pleurait et son regard reflétait la peur.

« Edward ? Qu'est-ce qu'il y a ? » dis-je en posant mes deux mains sur ses épaules.

Il me regardait mais son regard semblait vide. Il ne répondait pas et je commençais à m'inquiéter. Je l'avais retrouvé dans ce même état dans la salle de bain le premier jour où nous étions rentrés. Il m'avait dit qu'il avait fait un faux mouvement et qu'il s'était fait mal. Je n'avais pas relevé sur l'instant même si je ne l'avais pas cru.

« Edward, c'est Bella ... tout va bien ! » murmurai-je en m'asseyant à côté de lui.

Je fis glisser mon bras autour de son épaule et l'attirais tant bien que mal près de moi. Il se laissa faire. Je posai sa tête sur mes genoux et caressai ses cheveux doucement. Edward ne parlait toujours pas, le regard dans le vide et j'ignorai quoi faire. La réaction qu'il avait était plus importante que la dernière fois.

« Edward ? Dis-moi ce qui se passe ? Tu me fais peur ! » dis-je doucement alors que je sentais la panique monter en moi.

Je caressai ses cheveux tout en lui murmurant des mots que j'espérais rassurants. Je repensai à la dernière fois où il avait eu cette réaction. Alors que j'essayais de comprendre, la sonnette de l'appartement se mit à retentir et Edward se recroquevilla encore plus sur lui et, à ce moment-là, je fis le lien. Je voulais aller ouvrir mais Edward s'était accroché à ma tunique si fortement que je ne pus me redresser.

« Qui est-ce ? » hurlais-je.

Mais personne ne répondit. Je serrai plus fortement Edward.

« Edward, il faut que j'aille voir qui c'est ? » lui dis-je.

« Non ... non ... non » murmura-t-il tout en s'agrippant plus fortement à ma tunique.

« Edward, calme-toi, c'est ... » commençai-je.

« Edward ? » entendis-je.

Je levais la tête et trouvais Emmett face à nous.

« J'ai un double » me dit-il en me montrant les clés « Qu'est-ce qu'il a ? »

« Je ne sais pas mais faut qu'on dégage de cet appartement et vite ! » lâchai-je.

« Bella qu'est ce qui s'est passé ? »

« Je.. » commençai-je en continuant de caresser les cheveux d'Edward tout en serrant sa main de mon autre main. « J'étais sous la douche et la sonnette a retenti et quand je suis sortie de la salle de bain je l'ai trouvé dans cet état-là ! Je ... »

« Quoi Bella ? » me demanda Emmett.

« Ça fait deux fois. Ca plus les cauchemars … je commence à m'inquiéter pour lui ! Il me dit que tout va bien mais regarde-le, il est mort de trouille ! »

« Je vais appeler Rose ! »

« Merci ! » répondis-je. « Em' ! » repris-je.

« Ouais ! »

« Appelle l'inspecteur ! Hors de questions qu'il témoigne aujourd'hui ! »

« Ouais ! Bonne idée ! »

« Passe-moi mon téléphone s'il te plait ? »

« Ouais ! Tiens » me dit-il en me le tendant. « Tu appelles qui ? » me demanda Emmett.

« Jazz ! On va aller chez moi ! »

« Ok ! »

« Dis, tu peux préparer un sac avec des fringues à ton frère ? » 

« Ça marche ! » me dit-il en se dirigeant vers la chambre.

Je téléphonais à Jasper pour l'informer que je venais à l'appartement avec Edward. Tout en expliquant la situation, je caressai les cheveux d'Edward et observai son visage guettant le moindre détail qui me dirait qu'il s'était calmé. Il tremblait légèrement et je fis glisser ma main sur ses bras dénudés. Je tentai de calmer ma respiration qui s'était emballée due à mon angoisse face à sa réaction. Jasper me rassura et me donna quelques conseils pour Edward. Il en profita pour m'expliquer qu'il ne serait pas à l'appartement car il devait rester chez Peter encore quelques jours, mais qu'en cas de problèmes il viendrait. Emmett revint au moment où je terminai ma communication.

« C'est bon ! J'ai eu Jazz ! » dis-je.

« Rose sera là dans quelques minutes je lui ai dit de pas sonner ! »

« Merci ! » soufflai-je.

« Il dort ! » me dit Em'.

« J'en étais pas sûre mais comme ses tremblements et sa respiration se calmaient et bien je le supposais! »

« Ouais, bouge pas ! »

[ « Turn and Turn again » - All Thieves]

Emmett se baissa et souleva son frère comme s'il soulevait un enfant. Il déposa Edward sur le canapé et je le recouvris du plaid. Je m'accroupis à côté du canapé et caressai ses cheveux. Pourquoi ne m'avait-il rien dit ? Il semblait si fragile, là, allongé ainsi. Des cernes étaient dessinées sous ses yeux endormis alors que la petite ride entre ces derniers était apparue, signe qu'il était soucieux. J'entendis Emmett se servir à boire dans la cuisine. Il revint quelques minutes plus tard avec un verre d'eau. Je le posais sur la table basse avant de porter à nouveau mon regard sur Edward. Ce n'était pas une bonne idée de revenir ici. 

… Peut-être que vous auriez dû aller à Staten Island ? ... NON... Mais en même temps c'est là-bas que tu te sens le mieux quand ça ne va pas … Oui mais ... Mais quoi ? ... Cette maison c'est la tienne et personne ne la connait même pas ton père ... pourquoi ? ... y a rien à cacher là-bas... c'est juste ton cocon de paix... qui lui ferai certainement du bien à lui aussi ... alors ?... Ouais peut-être … 

Rose arriva quelques minutes plus tard. Je lui expliquai la situation pendant que mon ami appelait le poste de police pour leur dire qu'Edward ne viendrait que le lendemain. Rose trouvait que c'était une bonne idée et n'avait pas compris pourquoi Edward avait refusé cette solution dès le départ, étant donné ce qui c'était passé ici. 

« Il pensait peut-être qu'il se sentirait mieux chez lui malgré tout ! » dis-je.

« Ouais mais pas après tout ce qui s'est passé j'aurais pensé le contraire ! Et toi, comment ça va ? » me demanda mon amie.

« Bah je te dirais pas que je dors bien mais j'avoue que dès que j'entends cette foutue sonnette, ça me file des frissons. Mais comme je sais qu'elle est hors d'état de nuire, je me calme assez vite ! »

 « Ouais ! » dit-elle alors qu'elle observait Edward dormir.

« Je vais aller préparer mes affaires ! Tu le surveilles ? »

« Pas de souci ! » me répondit-elle.

Je rangeai rapidement mes affaires et attrapai le cadre photo posé sur la table de nuit d'Edward. C'était une photo de ses parents et je pensais qu'il aimerait l'avoir avec lui. Je fermai les volets et ressortis de la chambre.
Je posai mon sac dans le couloir à côté de celui d'Edward, et lorsque j'entrai dans le salon, je vis Edward assis sur le canapé qui était semble-t-il en pleine discussion avec Emmett, assis juste à côté de lui.

« Pourquoi tu ne l'as pas dit frérot ! » entendis-je Emmett.

« Je sais pas ... je ne voulais pas inquiéter Bella ! » dit-il.

« Parce que tu crois que je me suis pas inquiétée ! » lâchai-je alors que je venais me placer face à lui.

 « Je.. » commença-t-il.

« Edward, tu fais des cauchemars depuis ton réveil, dès que la sonnette de la porte retentit soit tu sursautes soit tu... tu.. » commençai-je alors que mes nerfs lâchaient à cause de la peur que j'avais eu pour lui « Tu m'as fait peur tout à l'heure ! » terminai-je.

Il se leva et vint me serrer dans ses bras. Je lui rendis son étreinte en glissant mes bras autour de sa taille tout en le serrant le plus fortement possible, en prenant soin de ne pas lui faire mal. Des larmes coulaient sur mon visage, laissant échapper l'angoisse que j'avais accumulé depuis quelques jours, face à ses cauchemars et à ses craintes qu'il ne cessait de camoufler. Je n'avais pas été dupe et à aucun moment je n'avais cru ses excuses mais je voulais qu'il me fasse confiance et qu'il me parle comme nous avions réussi à le faire depuis trois jours. Nous nous étions confiés l'un à l'autre sur nos sentiments, nos passés et nos envies. Pour la première fois depuis Tyler, je m'étais ouverte à quelqu'un et j'avais décidé de lui faire confiance. Il me semblait qu'il voulait en faire autant mais apparemment, il n'avait pas suffisamment confiance en moi pour me parler de ça, pour me parler de ce qui le rongeait depuis quelques jours. Je soufflai un bon coup avant de me reculer et de planter mon regard dans le sien.

« On va aller chez moi ! » lâchai-je en le regardant.

« Non » me dit-il. « Ça va mieux donc on reste ici ! Je vais aller voir Uley et ensuite on ira se balader ! »

« Non Edward ! On a essayé de faire comme tu voulais mais maintenant on fait à ma façon ! Tu viens avec moi, chez moi ! Et tu vas prendre tes médocs tous les soirs et ensuite tu feras comme moi ! Tu iras voir la psy de l'hôpital pour discuter de ce qui s'est passé ! Ok ! »

« Je ... » commença-t-il.

« Edward c'est non négociable et on part de suite ! » lâchai-je alors que je le fixais d'un regard plus que déterminé.

« Mais ... »

« Edward, je crois qu'il ne vaut mieux pas ... » commença Rose.

« Me contrarier ! Effectivement ! » terminai-je pour elle.

« D'accord ! » souffla-t-il « Comme tu veux ! »

« Bien ! Em', on y va ? »

« Ouais ! »

Alors que je me dirigeais vers le couloir, Rose m'attrapa par le bras et m'entraîna vers l'ascenseur. Nous descendions tous les quatre. Edward discutait avec son frère ou plutôt son frère lui remontait gentiment les bretelles, en disant qu'il avait déconné en ne me parlant pas. Sa réaction était légitime et il n'avait pas à s'en vouloir de ne plus se sentir en sécurité dans son appartement. Emmett insista sur le fait que j'avais raison et qu'il fallait qu'il en parle à quelqu'un avant que ça n'empire. Edward avait le regard vissé au sol et par moment il me semblait voir une goutte tomber, comme s'il pleurait. Alors que nous arrivions en bas, Emmett passa un bras autour des épaules de son frère et le dirigea vers leur voiture. Lorsqu'il releva le visage vers moi, il avait les yeux rougis et ce que je vis dans son regard me serra le cœur. Il s'en voulait et c'était très visible.

« Bella ? » me demanda Rose.

« Ouais ... »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Je m'en veux d'avoir été aussi sèche ! Je ... »

« Non mais tu plaisantes j'espère ! » me dit-elle alors qu'on marchait sur le trottoir pour aller rejoindre leur véhicule.

« Bah non ! »

« Attends, il faut aussi qu'il te fasse confiance.. tu lui fais bien confiance toi ! » me dit-elle.

« Ouais » soufflai-je.

« C'est vrai ! Ça lui coute quoi !!! »

« Rien ! Enfin si ça lui coûte mais ... »

« Pas de mais Bella ! Vous allez en discuter quand vous serez chez toi, okay ? »

« Oui tu as raison ! » lui répondis-je alors que mon cœur se serrait à l'idée de l'avoir blessé.

Arrivés devant la voiture d'Emmett, je montais à l'arrière avec Edward alors que mes deux amies prirent place à l'avant.  Edward regardait à travers la fenêtre le regard dans le vide. J'attrapais sa main et il tourna sa tête vers moi m'offrant un maigre sourire. Je tentais de lui sourire en retour mais je m'inquiétais vraiment pour lui. Je serrais un peu plus fort sa main. Un silence lourd régnait dans l'habitacle jusqu'à ce qu'Emmett mette un peu de musique.

Quelques minutes plus tard, nous étions devant mon immeuble. Pendant que mes amis attrapaient les affaires, je fonçai à mon appartement.
Je déposai mon sac à côté du canapé et ouvrai une à une toutes les fenêtres de la salle. L'appartement était inoccupé depuis quelques jours et sentait le renfermé. Une fois fait, je pris la direction de ma chambre avec ma valise. Je pénétrai à l'intérieur appréciant le calme de la pièce. J'étais chez moi et c'était comme si toutes les angoisses des derniers jours s'étaient évaporées. J'ouvrai les persiennes et fermai les yeux appréciant la chaleur du soleil qui caressait mon visage. Je me tournais face à ma chambre et m’asseyais sur mon lit. Mon regard navigua sur les nombreux tableaux accrochés et je soufflai de soulagement. J'étais chez moi et le sentiment de sécurité qui m'envahit fut très agréable. Je repensai aux derniers évènements alors que des bruits se faisaient entendre dans le salon. Mes amis devaient être entrés chez moi. Je m'inquiétais pour Edward et j'espérais qu'il se sentirait mieux ici. Je devais avouer mon soulagement quant à la décision que j'avais prise de quitter son appartement. Je dormais mal depuis plusieurs nuits et je regrettais de ne pas avoir fait demi-tour quand nous étions entrés chez lui.

Flashback :

Suite à la décision d'Edward quant à sa sortie de l'hôpital, j'avais voulu qu'il vienne chez moi. Je ne me sentais pas de retourner dans cet appartement après tout ce qu'il s'y était passé. Mais Edward m'avait dit qu'il voulait rentrer chez lui, qu'il s'y sentirait plus à l'aise que chez moi sachant que je partageais mon appartement avec Jazz. J'avais tenté avec mes amis de le faire changer d'avis mais sans succès. J'avais même pensé à l'emmener avec moi, dans ma maison à Staten Island, mais je ne me sentais pas prête pour ça.
C'est ainsi que le lendemain matin, j'étais passée le prendre et que nous étions rentrés à son appartement.
Il venait à peine d'ouvrir la porte que je ressentis un frisson d'effroi me parcourir le dos. Rose et Em' étaient venus tout nettoyer mais les images trop fraîches de ce qui s'était passé me glacèrent sur place. Je n'avais rien dit et lorsque mon regard s'était posé sur Edward, j'avais vu le même sentiment de crainte dans ses yeux. Il m'avait offert un léger sourire quand il s'était aperçu que je le dévisageais accompagné d'un « Tout va bien.. » peu convaincant.
Je préparai le repas tandis qu'Edward prenait une douche. Je venais de mettre le saladier au frigo quand la sonnette de l'appartement avait retenti. Figée sur place par ce son, je m’étais dirigé tout de même vers la porte. Il s'agissait du facteur. J'avais soufflé de soulagement réalisant par la même occasion que Tanya était sous les verrous et qu'elle ne pouvait pas revenir. J'avais repris mes activités mais quand je posais mes yeux sur l'horloge, je m’étais rendu compte qu'Edward était sous la douche depuis plus d'une heure. J'avais frappé à la porte de la salle de bains à plusieurs reprises avant de l'ouvrir. Ce que j'y avais découvert m'avait fait paniquer. Edward était assis par terre, prostré, appuyé contre la baignoire, les jambes repliées vers lui, le regard vide et il se balançait d'avant en arrière. Je m'étais approchée doucement de lui avant de poser ma main sur son bras. Il avait relevé la tête vers moi et son regard avait changé. Je l'avais interrogé et il m'avait expliqué qu'il avait fait un faux mouvement. Ce que j'avais vu dans ses yeux, ne m'avait sur l'instant laissé aucun doute, il m'avait menti. J'ignorais ce qu'il lui était arrivé mais ce qui se passa la nuit suivante m'avait permis d'y voir plus clair. Il s'était réveillé une première fois en hurlant, le regard emplit de terreur. J'avais tenté de le rassurer tout en essayant de le faire parler. La seule chose qu'il avait fait, avait été de me serrer fort contre lui juste avant de se rendormir. Cette nuit-là je n'avais pas beaucoup dormi car Edward s'était réveillé à plusieurs reprises refusant à chaque fois d'en parler, préférant se murer dans le silence. Le lendemain, Rose et Emmett étaient venus. Je l'avais surpris en train de sursauter dès que la sonnette de son appartement avait retenti et quand, après le départ de son frère et mon amie, j'avais exigé qu'on parle de ce qui n'allait pas, pointant tout ce que j'avais remarqué, il avait esquivé une fois de plus en prétextant que tout allait bien.
Fin du Flashback.

Je repensai à tout ça, me demandant pourquoi Edward ne voulait pas me dire ce qu'il avait. Je repensai aux cauchemars que j'avais faits au sujet de mon père et je savais dans quel état ce genre de rêves pouvait nous mettre. L'angoisse de perdre quelqu'un vous ronge en attisant vos craintes les plus perverses, causant par la même occasion une douleur insupportable, déchirant vos entrailles. Un frisson me parcourut le corps lorsque les images de mes rêves refirent surface. Je me pris la tête entre les mains afin de me calmer. Je sentis quelqu'un s'asseoir à côté de moi puis une main me caresser le dos.

« Ça va ? »

« Ouais ! Je suis juste fatiguée ! » lâchai-je.

Et c'était vrai mes trois dernières nuits n'avaient pas été de tout repos. Edward s'était réveillé sans cesse et la plupart du temps quand il se rendormait vers cinq heures, je me levais pour me rendre sur la terrasse.

« N'en veux pas à mon frère ! » entendis-je.

« ... » Je relevais la tête vers Emmett.

« Il ... il ne voulait pas te déranger chez toi surtout que Jazz vit aussi ici ! » reprit-il.

« Mais si je lui avais proposé c'est que ça ne me dérangeait pas ! » dis-je un peu vivement.

« Bee, mon frère ne se confie que très rarement ! Quand il était petit, ma mère devait ruser pour savoir ce qui n'allait pas et les rares fois où elle y arrivait, il partait s'enfermer dans sa chambre pendant plusieurs jours. Il avait appris à faire confiance aux autres, grâce à quelques personnes qui ont su le prendre comme il était, mais... Lauren a tout bousillé.. depuis.. il ne fait plus confiance à personne ! Même à moi ! Ça va un peu mieux, il commence à s'ouvrir mais… il fait beaucoup d'efforts pour ça ... »

« Je sais ! Mais ce n'est pas une raison Em' ! Il est mort de trouille et au lieu de ... de … » commençais-je « … De me dire qu'il veut partir ! Il préfère faire comme si tout allait bien ! »

« Il ne voulait pas gêner, enfin c'est ce qu'il m'a dit ! Tu ne vis pas seule et ... »

« Bah dans ces cas-là ! On serait allé ailleurs ! »

« Mais où ? Tu sais que chez n... »

« Mais j'ai un autre chez moi à New York ! » le coupais-je en me levant brusquement.

« Tu as quoi ? » me demanda-t-il surpris.

Je réalisai que j’avais parler de ce que je cachais à tout le monde depuis plus de deux ans. Je passai une main dans mes cheveux avant de reprendre.

« Il y a presque trois ans, j'ai reçu une grosse somme d'argent.. c'était.. suite à la mort de Tyler ! »

« Oh ! »

« Ouais, je.. quand je suis arrivée sur New-York, la famille de Tyler m'a contactée ! J'étais l'unique bénéficiaire de l'assurance vie de Tyler et je l'ignorai ! J'avais refusé au départ mais les parents de Tyler avaient insisté en me proposant d'acheter quelque chose qui me ferait plaisir ! J'avais emménagé ici depuis quelques jours à peine et même si j'adore cet appartement, je voulais quelque chose de plus calme ! En me baladant avec Alice, du côté de Staten Island, je suis tombée sous le charme d'une maison ! Comme elle était à vendre, Alice m'a poussé à l'acheter ! Et c'est ce que j'ai fait ! »

« Wow ! Mais tu n'y vas jamais ? »

« Si j'y allais tous les week-end ! Mais ces derniers mois, je n'y ai pas mis les pieds une seule fois ! Mon programme de cours était chargé et mes week-end aussi ! Du coup ... » dis-je en haussant les épaules.

« Ok ! »

« C'est pour ça que si ça gênait ton frère de venir ici, il aurait dû me le dire ! Il aurait dû me faire confiance ! Mais apparemment je ne ... »

« Non ! Bella il te fait confiance mais le problème est ailleurs ! Edward a toujours été comme ça et c'est depuis qu'il t'a rencontré qu'il fait de gros efforts pour nous parler, pour me parler mais … ne le laisse pas s'il te plaît ! Laisse-lui le temps ! »

« Em', je ne compte pas le laisser ! Mais je voudrais qu'il me fasse confiance ! Il ne va pas bien et même ça il ne me l'a pas dit ! Je lui ai tout dit et je ne lui cache rien alors j'aimerai que... »

« Tu ne lui as pas tout dit ! La maison ?.. » me dit-il en se moquant de moi.

« Em' » dis-je en lui donnant un coup d'épaule.

« Ça va ! J'ai rien dit ! C'est juste un détail mais au moins tu souris ! » me dit-il en me serrant contre lui.

« Vrai ! Merci ! »

« De rien ! »

[« Crash to me » - Dave Matthews Band (version de Jay Loftus)]

Le silence refit surface alors qu'Emmett me tenait par les épaules tout en me caressant le bras. Je regardais par la fenêtre le jeu de lumière du soleil sur la façade de l'immeuble située juste en face. J'étais subjuguée par ces reflets qui semblaient s'intensifier par moment. Le bruit doux de la ville pénétrait à l'intérieur troublant le calme de la chambre. Ce bruit n'était pas agressif mais témoignait de la vie qui existait à l'extérieur.

Je pensais à cette maison. La vue y était magnifique. L'océan m'avait offert cette liberté que je chérissais tant. Le bruit des vagues et du ressac apaisaient mes tourments quand je me sentais mal. La nature verdoyante qui entourait la maison me donnait l'oxygène nécessaire à ma vie libérant l’oppression permanente que je ressentais la semaine en ville. Aller là-bas me semblait être une bonne idée. Pourtant, c'était mon havre de paix et je ne l'avais jamais partagé avec qui que ce soit. Même Alice qui avait été une très bonne amie n'y était jamais venue. D'ailleurs elle ignorait que je l'avais acheté. Je lui avais dit qu'elle avait été vendue et que je chercherais une maison plus tard, car pour l'instant j'avais l'appartement de mon père. Mais étais-je prête à permettre à quelqu'un d'y entrer ? 

« Je vais te laisser, je vais rejoindre les autres ! » fit Emmett en me sortant de mes pensées.

« Ouais j'arrive dans deux minutes ! » repris-je.

« Ok ! »

Je me levai du lit et commençai à ranger mes affaires. Lorsque j'ouvris ma table de nuit pour y glisser le livre que j'avais pris chez Edward, je vis la photo que j'avais faite sur la terrasse de la maison. J'avais pris cette photo car la scène que j'avais pu observer m'avait attendrie. Il s'agissait d'une photo du jardin de la maison. Un petit chat  s'était endormi paisiblement sur le plaid, posé sur la vieille balancelle que j'avais repeinte. Ce même chat qui venait me voir chaque week-end et qui semblait avoir pris ses aises, en dormant sur cette balancelle à chacune de mes venues. Je me souvenais de mes habitudes quand je m'y rendais. Lorsque j'arrivais le vendredi, je prenais le temps de déguster un chocolat chaud ou une orangeade en fonction de la saison, assise sur cette balancelle, tout en admirant la baie. Après quelques minutes, je voyais ce chaton pointer le bout de son nez. Il restait là et quand je repartais le lundi matin, il n'était déjà plus là ! J'aimais la sérénité que dégageait ce lieu et l'idée qu'Edward puisse y pénétrer me fit sourire. Cette maison, je l'avais décorée moi-même avec des meubles anciens que j'avais rénové ! J'avais réalisé tous les travaux pour donner un côté cosy à ce lieu. Je fermais les yeux et revoyait l'intérieur comme si je m'y trouvais. Je pouvais voir le salon baigné par les rayons de soleil du matin et les voilages qui se soulevaient au gré de la brise. Je sentais la fraîcheur de l'océan qui parfumait la maison de ses embruns et le bois qui était le matériau principal de mon antre. Mes toiles ou plutôt mes essais étaient disséminés ça et là sur divers chevalets dans la pièce principale. J'avais même un vieux piano droit, qui ne devait plus être accordé, qui était situé juste à côté de la cheminée. Des images du feu qui crépitait dans l'âtre, l'hiver, me parvenaient. Je me revoyais installée sur le canapé, recouverte de la couverture au crochet de ma mère, lisant un livre de littérature tout en savourant un chocolat chaud. Je souriais. 

L'idée de savoir Edward dans cette maison m'effrayait autant qu'elle m'attirait. J'ignorais s'il allait accepter de m'accompagner là-bas mais sachant que personne ne savait où elle se trouvait, y compris Tanya, nous y serions tranquilles. Je décidais donc de lui en parler ce soir en espérant que ce lieu, qui m'avait maintes fois apaisée, ait le même effet sur lui.

Je retrouvais mes amis quelques minutes plus tard. Edward était assis sur le canapé fixant un point imaginaire quant à Rose et Emmett, ils étaient assis dans un des fauteuils. Je pris la direction de la cuisine en laissant traîner mon regard sur Edward qui ne semblait pas avoir pris conscience de ma présence. J'interrogeai Rose du regard qui haussa les épaules en guise de réponse avant de venir près de moi.

« Il est comme ça depuis qu'on est arrivé ! » me dit-elle.

« Ah ! »

J'ouvris quelques placards et mon réfrigérateur afin de faire un état des lieux de ce qu'il me restait. Si nous devions ne passer qu'une nuit ici, je commanderai des plats à emporter pour ce soir dans le cas contraire, il faudra que j'envisage d'aller faire quelques courses. L'envie de partir là-bas me rongeait depuis quelques minutes. L'apaisement que j'avais trouvé ici en arrivant commençait à disparaître et j'en ignorais la raison. 

Edward semblait perdu dans ses pensées et mon estomac se tordit de le voir ainsi. Son visage était inexpressif, son regard absent. Seuls les mouvements de sa poitrine me permettaient de voir qu'il était vivant car à cet instant on aurait dit que j'avais une statue dans mon salon. Em' se leva pour s'installer à côté de lui. Il passa un bras autour de ses épaules ce qui le fit réagir. Il lui parlait doucement tant et si bien que de là où je me trouvais je n'entendais pas ce qu’il lui disait. Je proposais aux autres une des boissons présentes dans mon frigo, ce qui se limitait soit à de l'eau soit à une bière. A ce moment-là, Edward releva la tête vers moi. Il m'offrit un maigre sourire et son regard se fit plus doux. Je lui souris en retour avant de servir mes amis.

« On va pas tarder ! » me dit Rose alors que je venais de lui donner son verre.

« Vous pouvez rester ! » répondis-je.

« Je sais... mais je pense que vous avez besoin de parler ... tous les deux ! »

« Ouais ! D'ailleurs tu bosses demain ? »

« Euh … Non ! Pourquoi ? »

« Et bien j'aurais un service à te demander ! »

« Je t'écoute ! »

« Voilà, je … j'ai une maison à Staten Island et je pense qu'on va aller là-bas quelques jours ! » commençai-je alors que Rose me regardait l'air perplexe.

« Ouais c'est une longue histoire, je t'expliquerai ! »

« D'accord mais que veux-tu que je fasse ? »

« Je ... je voudrais que tu m'y accompagnes pendant qu'Emmett et Edward seront avec Uley ! Je dois aérer et aller faire des courses entre autre ! »

« Pas de souci ! Em' m'a dit qu'Edward était attendu à 10h, je passe te prendre vers 9h ? »

« Parfait comme ça Em' restera avec Ed' jusqu'au rendez-vous ! »

« Ok ! »

« Merci ! »

« De rien ! Mais ... je peux te poser une question ? »

« Pour faire court cette maison, je l'ai acheté avec l'argent de l'assurance vie de Tyler et personne n'y ai jamais entré à part moi ! »

« Oh ! »

« C'était ça que tu voulais savoir ? »

« Oui mais tu n'y vas jamais ? »

« Si j'y allais tous les week-end sauf depuis quelques mois ! »

« D'accord je comprends mieux ! »

Rose et moi continuèrent de discuter. Elle me proposa de passer chez Edward pour récupérer d'autres affaires que nous pourrions amener chez moi. Je lui demandais de prendre la guitare d'Edward car je savais que la musique était importante pour lui et que s'il voulait extérioriser ce qui le bouffait, la musique serait son échappatoire tout comme le dessin l'était pour moi. Je n'avais pas dessiné depuis ce fameux soir mais l'envie de déverser mes sentiments pour exorciser cette soirée me dévorait de plus en plus. Mais pour cela, j'avais besoin de retrouver un semblant de sérénité que je n'avais plus ressenti depuis plusieurs jours.

[« Believe in me » - Lenny Kravitz]

Emmett et Rose partirent une heure plus tard. Je me retrouvais donc, seule, avec Edward. Je le regardais alors qu'il était assis sur le rebord de la fenêtre. Là où il était assis quelques mois plus tôt alors que je réalisais mes dessins. Je m'approchai doucement. Il ne bougea pas. Appuyée contre le mur juste derrière lui, je fis glisser mes doigts dans ses cheveux tout en regardant vers l'extérieur. Le silence qui régnait dans l'appartement ne me gênait aucunement. Je restai là plusieurs minutes avant qu'il ne se tourne vers moi. Il m'attira entre ses jambes et plaqua sa tête à la hauteur de mon ventre tout en me serrant la taille fortement. Je repris mes caresses dans ses cheveux et mon autre main se baladait sur son dos. 

« Je suis désolé » murmura-t-il.

« Je sais ! » répondis-je dans un murmure.

Il resserra sa prise et la sensation d'humidité qui se fit sentir au niveau de mon ventre me permit de réaliser qu'il devait pleurer. Ne trouvant pas de mots justes pour tenter de l'apaiser, je continuai mes gestes tout en fixant l'horizon. Staten Island allait être une très bonne idée, pensais-je. Le voir si mal me tordait le ventre, me ramenant à des souvenirs moins heureux. Je passai beaucoup de temps dans cette position avec Tyler lorsqu'il se sentait mal, pendant ses « redescentes » de coke. Dans ces moments-là, il s'accrochait à moi comme à une bouée puis parfois sans raison apparente, il s'énervait contre moi. Je fermais les yeux en repensant aux gifles que j'avais pu me prendre même si ce genre de comportement était plutôt réservé à ses états de manque. Plongée dans mes souvenirs, je fus ramené à la réalité lorsque je sentis les mains d'Edward sur la peau de mon dos me provoquant des frissons incontrôlables. Je soupirai d'aise et embrassai le dessus de sa tête profitant du parfum doux et musqué de ses cheveux.

« Je t'aime » lui murmurai-je.

Quelques minutes plus tard, il releva son visage vers moi. Ses mains se posèrent sur mes hanches alors que les miennes se fixèrent sur ses épaules. Ses yeux étaient rougis mais le sourire discret qui se dessina sur son visage me fit du bien.

« Je... » commença-t-il.

« Viens, on va s'installer sur le canapé » lui dis-je en le tirant par la main.

Une fois installés, j'attrapais la carafe d'eau et nous servis un verre d'eau à chacun. Edward l'attrapa et le fit glisser entre ses mains.

« J'aurai dû t'écouter et ne pas retourner chez moi ! » lâcha-t-il.

« Oui mais en même temps, c'était chez toi alors ! » dis-je en haussant les épaules.

« Je sais mais … quand on est arrivé chez moi, je me suis senti mal mais je pensais pouvoir passer au dessus de ça ! Apparemment ça n'a pas été le cas ! »

« En effet ! »

« Chaque bruit, chaque pas m'inquiétait et le bruit de la sonnette était le pire de tous ! » reprit-il.

« Pourquoi ne pas me l'avoir dit ! Surtout que j'ai voulu qu'on en parle dès le premier soir ! »

« Je sais mais je pensais pas que ça dégénérerait à ce point ! Puis quand les cauchemars ont surgi dès la première nuit, puis encore et encore, j'ai senti que ça ne passerait pas ! Mais je ne voulais pas te déranger avec ça ! Tu semblais déjà soucieuse et je voyais que tu ne dormais pas bien puisque chaque fois que je me réveillais le matin, j'étais tout seul dans le lit ! »

« Edward, si j'étais soucieuse, c'est parce que tu ne dormais pas bien ! Tu gémissais les trois quart de la nuit quand tu ne te réveillais pas en hurlant ! Tu attendais quoi pour m'en parler ! Je t'ai tendu la perche à plusieurs reprises mais tu ne l'as pas saisi ! Tu dois me faire confiance et apprendre que parfois demander de l'aide ça ne veux pas dire te rabaisser ! Je sais que tu as du mal à faire confiance et vu ce que tu as vécu je peux le comprendre ! Mais je ne suis pas elle ! » lâchai-je d'une traite le regard rivé au sien.

« Je sais... mais ici tu vis avec Jazz et je ne voulais pas l'ennuyer ! Ni te déranger chez toi ! » reprit-il en baissant les yeux sur son verre.

« Edward ? »

« ... »

« Edward regarde-moi ! » repris-je vu qu'il fixait toujours son verre.

« ... » Il leva son visage vers moi.

« Si je t'ai proposé de venir chez moi, c'est que ça ne me dérangeais pas et Jazz est chez son ami en ce moment ! » commençai-je « Et puis ! Je … j'ai un autre endroit à moi ! »

« Hein ? » reprit-il surpris.

« Je … j'ai une maison à Staten Island ! Personne ne la connait et j'aimerais que tu y viennes avec moi ! »

« Je … tu as une maison mais comment... je... » me dit-il tout en cherchant des réponses à ses questions dans mon regard.

« C'est une maison que j'ai acheté, il y a presque trois ans avec l'argent de l'assurance vie de Tyler » terminai-je dans un murmure.

« Tyler ? »

« Ouais … peu importe ! J'ai acheté cette maison quelques mois après être arrivée ici et personne n'y a jamais mis les pieds hormis moi ! C'est … c'est ma bulle en quelque sorte … ma cachette … et je voudrais que tu y viennes avec moi ! »

« Mais … si tu n'y a jamais amené personne … je suis pas sûr que.. »

« Si je te le propose c'est que ça ne me gêne pas ! » le coupais-je avant qu'il commence à me fournir des arguments sans fondements pour ne pas venir.

« Bella … je ... »

« Accepte … s'il te plaît ! Je ne vais pas pouvoir rester ici, j'ai besoin d'aller là-bas … mais en même temps je ne veux pas me séparer de toi … alors ... »

« Je ... »

« S'il te plaît » le suppliai-je.

Je voyais clairement qu'il ne se sentait pas à l'aise mais je voulais à tout prix qu'il vienne.

« Je … tu permets que j'y réfléchisse ? »

Sa réponse me serra le cœur. Ne me faisait-il pas assez confiance ? Pourquoi voulait-il y réfléchir ? Pleins de questions se bousculaient dans ma tête alors qu'il me dévisageait toujours. Je sentais une légère amertume au fond de moi ce qui me fit lui répondre plus sèchement que je ne l'aurai voulu.

« Ok, je vais te laisser y réfléchir ! » dis-je en me levant.

J'attrapai ma veste et mes clés et me dirigeai vers la porte. Edward était toujours assis sur le canapé.

« Tu pars ? » me demanda-t-il.

J'avais la main sur la poignée de la porte. Je fermais les yeux ne voulant pas craquer devant lui.

« Je ... je vais acheter de quoi manger ! » dis-je avant d'ouvrir la porte et de la claquer.

Une fois la porte fermée, je soufflai pour tenter de stopper les larmes qui menaçaient de s'échapper de mes yeux. Je serrai les poings et descendis les escaliers rapidement. Une fois dehors, je fus enveloppé par la chaleur suffocante de fin de journée. Je commençai à marcher sans savoir où j'allai, mais il me fallait vider ma tête et mon cœur de cette amertume malsaine. J'appelai Jazz pour qu'il vienne à l'appartement. Je lui expliquai rapidement que j'avais besoin de prendre l'air. Il ne chercha pas à comprendre et je l'en remerciai. Il m'informa qu'il serait chez moi dans une dizaine de minutes tout au plus. Il savait qu'il ne m'y trouverait pas. 
Je continuai de marcher. Je marchais vite comme pour évacuer la rage et la colère qui se propageaient en moi. Je lui avais fait confiance me dévoilant sans restriction alors qu'il ne semblait pas vouloir m'accorder la sienne. Certes il venait de me parler mais parce qu'il s'y sentait obligé. Il ne m'avait rien dit de lui même. Il ne me faisait clairement pas confiance puisqu'il refusait de venir avec moi. Ou non il devait y réfléchir. Moi qui quelques mois plus tôt lui aurait dit la même chose, je l'aurai suivi sans hésitation aujourd'hui. Il ne me faisait clairement pas confiance et mon cœur se serra violemment devant cette constatation. 
Je me sentais bouillir de l'intérieur en réalisant les dommages que Lauren avait causé dans sa vie, souhaitant à cet instant, pulvériser cette femme pour avoir tant fait de mal. Même Tyler dans ses excès de violence n'avait jamais fait autant de dégâts. C'est sa mort qui avait fait de moi cette femme sans attache, qui ne souhaitait se lier à personne de peur de perdre un être cher. Je craignais de perdre Edward et ça me dévorait de l'intérieur. Il ne voulait pas se confier et je restais persuadée qu'il finirait par partir. Que pouvait-il bien me trouver ? C'était d'ailleurs une excellente question. Je continuais de marcher tout en essayant de répondre à chacune des questions qui me taraudaient. 
Puis comme si mes pas me libéraient, je voyais de plus en plus clair. Je rangeais profondément chacune des questions qui me faisaient souffrir inutilement au fond de mon esprit.
Quand je relevai la tête, je vis que je me trouvais dans le parc où Edward et moi avions discuté la première fois. La Statue de la Liberté se tenait face à l’océan, droite et fière, comme si rien ne pouvait l'atteindre, comme si rien ne pouvait la perturber. Je respirais les embruns à plein poumons alors que la lumière déclinait. J'ignorais combien de temps j'étais restée ainsi appuyée sur le garde corps face à la baie, mais je me sentais mieux. Plus aucune question ne venait perturber mon esprit malmené depuis ces derniers jours. Je me sentis soudain fatiguée, épuisée, vidée et décidai de rentrer. Si Edward ne voulait pas venir et bien soit, je partirai seule demain matin.

[« Fade into you »  - Mazzy Star]

Lorsque j'arrivai à l'appartement Edward et Jazz était en pleine discussion sur le canapé. Jasper hocha de la tête alors qu'Edward se leva. Je le vis s'approcher rapidement de moi mais le regard que je lui lançai le stoppa dans sa course.

« Je vais à la douche ! » lâchai-je un peu froidement.

« Ok ! » répondit Edward sur un ton déçu.

Sans lui jeter un regard de plus, je pris la direction de ma chambre. Je me déshabillais quand quelqu'un frappa.

« Bee, c'est Jazz ! »

« Entre ! » dis-je.

« Ça va ? Tu es dans une tenue présentable ? » me demanda-t-il alors qu'il se tenait face à moi les yeux fermés.

« Oui c'est bon ! Et je vais mieux pour répondre à ta question. »

« Il se sent mal ! »

« Bah il peut ! »

« Bee, c'est pas facile pour lui ! »

« ... » je le regardai perplexe l'incitant à poursuivre sa plaidoirie.

« Bee, rappelle-toi, tu ne voulais pas de lui dans ta vie et en quelques jours tu le laisses entrer ! Tu lui annonces que tu as une maison à Staten Island que personne ne connait, où personne n'a jamais été et tu lui demandes de venir avec toi ! Laisse-lui le temps de te faire confiance ! »

« Jazz, je lui ai tout dit de moi ! Il sait tout, je lui ai fait confiance alors que tu sais que je ne donne pas ma confiance comme ça ! J'ai lâché prise pour l'accepter dans ma vie malgré le fait que j'ai failli le perdre comme ma mère ou Tyler ! J'ai accepté de vivre avec mes craintes de le perdre un jour persuadée que le bonheur et l'amour que je ressentais pour lui méritaient que je le vive ! Mais il ne me fait pas confiance ! Il est mort de trouille, il fait des cauchemars, il est inquiet mais il refuse de m'en parler ! Que veux-tu que je fasse ? » dis-je un peu fort.

« Je sais ! » dit-il en posant sa main sur mon épaule dans un geste d'apaisement.

« Donc demain matin, Rose et Em' viennent vers 9h et je partirais seule ou avec lui ! Mais je ne ferai pas un pas de plus vers lui ! Je pense que maintenant c'est à lui de savoir ce qu'il veut ! » repris-je plus doucement mais sur un ton décidé.

« Bee ... » souffla-t-il.

« Non Jazz pas de Bee … je suis épuisée ! Je n'ai pas bien dormi depuis des jours pour ne pas dire pas du tout ! Je vais aller prendre ma douche et aller me coucher ! »

« Et Edward ? »

« Je … comme il veut soit il dort dans ta chambre soit il dort avec moi ! C'est lui qui voit mais je n'ai pas envie de discuter avec lui ! Il sait ce que je veux, il sait ce que je ressens pour lui alors maintenant c'est à lui de décider ! Rose avait raison ! Je lui ai donné ma confiance je ne peux pas faire plus ! »

« Comme tu veux ! »

« Tu retournes chez Peter ? » lui demandai-je.

« Ouais ! Il part à l'aube pour aller à Dallas et il revient dans trois jours mais je pensais venir avec le fils de Peter ici, pour être avec Edward s'il décide de rester à l'appartement ! »

« Ok ! Mais il t'a dit quelque chose ? » lui demandais-je en réalisant ce qu'il venait de me dire.

« Ouais … euh … et bien … il m'a un peu expliqué ce qu'il s'était passé chez lui et ce qu'il ressentait ! »

« Génial ! » dis-je sur un ton sarcastique.

« Bee ! » me dit-il sur un ton réprobateur.

« Quoi ! Tout est parfait ! Il ne me parle pas à moi, ni à son frère mais il le fait avec toi ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise ! » lui répondis-je amèrement.

« Ça n'est pas ça ! Je ne le connais pas plus que ça... c'est peut-être plus facile pour lui du fait que je ne sois pas plus impliqué ! »

« Ouais peut-être ! Bon je file à la douche ! » dis-je en attrapant mes affaires.

« Bella, ne le prend pas mal ! »

« Non tu as raison ! Je suis juste déçu ou plutôt dans le brouillard mais rassure-toi, je n'en ferai pas une montagne ! » lui répondis-je en feignant l'indifférence.

« Ouais … je vois ! Je vais vous laisser ! Bonne nuit ! » me dit-il juste avant de m'enlacer.

Je lui rendis son étreinte. Il sortit de la pièce et je pris la direction de la salle de bains. Ma peau était recouverte d'une pellicule de sueur et mes cheveux étaient dans un état pitoyable dû aux effets de la chaleur et de l'humidité. J'entendis la porte d'entrée claquer me signalant que Jasper venait de partir. J'allumai l'eau chaude et me glissai sous le jet d'eau. Je fermais les yeux en savourant la sensation du liquide couler sur ma peau. J'aurai pu rester des heures sous ce filet d'eau mais je ne rêvais que d'une chose, me coucher dans mon lit sous mes draps frais et dormir.

Quand je sortis de la salle de bains, le reste de l'appartement était plongé dans le noir. J'espérais trouver Edward dans mon lit mais quand je pénétrais dans ma chambre je ne pus que constater que ce dernier était vide. Je ressentis une pointe légère mais je ne devais m'en prendre qu'à moi-même. Je l'avais cherché. Après avoir enfilé ma nuisette en coton bleu, je me dirigeais vers la cuisine dans le but de me préparer un thé. La porte de la chambre de Jasper était fermée. Je me demandais si Edward était sorti mais un bruit me parvint de la chambre de mon ami. Il avait donc choisi de dormir seul. Une fois mon thé prêt, je repartis dans ma chambre. Je m'installais sur le lit et trop énervé, j'attrapais mon livre, celui que j'avais commencé chez Edward. Il s'agissait d'un roman de Douglas Kennedy, « La poursuite du bonheur ». L'histoire se déroule dans les années 50 à New-York et raconte le destin de deux femmes séparées par une génération mais liées par un même homme qui seront confrontées chacune à des choix. J'avais commencé ce livre il y a trois jours mais je m'étais rapidement plongée dans cette histoire passionnante qui avait su occuper mes nuits d'insomnies à veiller sur Edward. 

Je buvais tranquillement mon thé quand j'entendis le plancher grincer dans le couloir. Je tendais l'oreille pour déceler une présence mais je n'en avais pas besoin. Sa seule présence me faisait réagir. Et le voile de frissons qui me parcourait le corps à cet instant ne laissait aucun doute, quant à sa présence derrière la porte de ma chambre qui était entrouverte. Je me demandais ce qu'il allait faire. N'entendant plus un bruit, je plongeais à nouveau dans ma lecture. Je ne sais pas combien de temps il s'écoula mais je sentis mes paupières se fermer toute seule. Je posai mon livre sur ma table de chevet et éteignis ma lumière. Il était plus de minuit et mon manque de sommeil se faisait ressentir. 

Éreintée, je fermais les yeux alors que mon esprit, lui, continuai de se demander si j'avais fait le bon choix vis à vis d'Edward. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière. C'était à lui de faire un choix, dans tous les cas j'irai à Staten Island pour me retrouver, me ressourcer et continuer d'avancer. Mon père devait arriver après-demain et je me faisais une joie de le revoir après ce long mois d'absence. Je devrais aussi retourner à la galerie samedi afin de tout mettre en ordre avant le retour d'Esmée dans moins d'une semaine désormais. Il me sembla sentir mon lit bouger mais le sommeil m'avait déjà embrassé ne me permettant pas de savoir si Edward était enfin venu ou si je rêvais que ce fus le cas.

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...